L’expérience de l’écriture chez Hans Erich Nossack est intimement liée à celle qu’il a faite, et les Allemands de sa génération avec lui, de la destruction par la guerre aérienne. Ou plutôt, sa deuxième expérience, car il en avait eu une première. Dans une postface de 1961 intégrée à ce volume, le critique littéraire Walter Boehlich raconte que ce fils de cafetiers auxquels il prêtait main-forte enfant comme adulte, devenu un « ouvrier un peu intellectuel » en étudiant à Iéna, avait entrepris la rédaction d’un journal, tenu pendant vingt-cinq ans. D’un côté, le comptoir, la vie sociale et familiale, les clients commerçants, ouvriers, employés ; de l’autre, les mots, la pensée de soi, la vie qui s’écrit – mais jamais dans le but de publier.
Choses vues à Hambourg en 1943
Bonne nouvelle ! « L’effondrement », de Hans Erich Nossack – salué en son temps par W.G. Sebald mais quasiment tombé dans l’oubli – ressort dans une nouvelle traduction. Rédigé dès novembre 1943, ce court texte restitue le point de vue des habitants de l’Allemagne nazie bombardés par les avions alliés. Une expérience de la catastrophe matérielle et morale faite par l’auteur lui-même.
Pierre Benetti (En attendant Nadeau)
6 février 2022 à 11h36