Denis Johnson signe un prodigieux roman sur la guerre du Vietnam
Rentrée littéraire. Avec son Arbre de fumée, un roman aussi puissant que foisonnant, l'écrivain Denis Johnson s'empare de la guerre du Vietnam comme seul jusque-là le cinéma l'avait fait. Extrait en avant-première
Denis Johnson est typiquement ce que les anglo-saxons appellent a writer's writer, un écrivain pour écrivains: il est ainsi régulièrement cité par les plus prestigieux de ses collègues comme l'un de ceux qui les intéressent et les impressionnent sans toutefois parvenir à toucher un public vraiment plus large. Sans doute cela tient-il en partie à son caractère relativement asocial. Mais s'il vivait jusque très récemment en reclus, ce n'est pas pour imiter Salinger, Pynchon ou McCarthy -des écrivains auxquels il pourrait sans rougir se comparer-, plus simplement par agoraphobie. C'est le théâtre qui l'a sorti, il y a quelques années, de sa forêt de l'Idaho: il avait écrit des pièces et voulait participer au travail de mise en scène. Né en 1949 à Munich et fils de diplomate, Denis Johnson a passé son enfance à l'étranger entre Tokyo et Manille. Débarqué à Washington à l'adolescence, il déchante vite et rejoint Iowa, la seule université qui enseigne alors le creative writing. Il y suivra -surtout dans les bars- les «cours» de deux potes: John Cheever et Raymond Carver. A 19 ans, il publie son premier recueil de poèmes. Suivront des années de vie plus que dissolue puis de nombreux volumes, poésie mais aussi romans, essais et journalisme.