L’art: ce qui reste à la Palestine quand elle a tout perdu

Mediapart accompagne la naissance, d’abord en exil à Paris, ensuite in situ, d’un musée d’art moderne et contemporain en Palestine, constitué de dons de créateurs solidaires. Visite d’une exposition qui ouvre ce 15 septembre à l’IMA.

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L'art: ce qui reste à la Palestine quand elle a tout perdu © Mediapart

S'ouvre enfin au public, du 15 septembre au 20 décembre 2020, à l’Institut du monde arabe (IMA), dans le Ve arrondissement de Paris, l'exposition, « Couleurs du monde », initialement prévue le 18 mars mais reportée pour cause de confinement. Cette ostension artistique et politique présente une préfiguration du futur musée d’art moderne et contemporain de la Palestine. Ses collections, constituées de dons d’artistes solidaires, sont abritées par l’IMA, qui a su faire preuve d'une solidarité sans faille.

Depuis 2017, chaque année au mois de mars, sous la houlette de la délégation de la Palestine à l’Unesco et de son représentant Elias Sanbar, les œuvres offertes et conservées, anciennes ou nouvelles, font un petit tour à la lumière et puis s’en vont, en attendant leur installation permanente et définitive, dans la future capitale du futur État palestinien.

Mediapart a décidé de s’associer à ce long combat pacifique et spirituel, en rendant compte, chaque année, d’une telle démonstration – de force et de faiblesse, d’optimisme et de frustration, d’art et de politique. Dans l’attente, si la géopolitique le veut, d’accompagner l’établissement des collections là où elles ont vocation à se transporter ; c’est-à-dire – mettons fin au suspense insoutenable – à Jérusalem(-Est)…

Nous avons donc à nouveau, en 2020, filmé l’accrochage, avec nos compères habituels, Elias Sanbar et Ernest Pignon-Ernest, auxquels s’était joint l’écrivain Laurent Gaudé, commissaire de ce millésime 2020 : « Couleurs du monde ». Flânerie gonflée d’espérance, musarderie joyeuse, déambulation grave : il fut notamment question du peintre Vladimir Veličković, disparu le 29 août 2019, l’un des premiers artistes ayant cru à la réalité d’un musée d’art moderne et contemporain pour tous en Palestine.

S’il fallait une preuve que l’art possède, depuis les cavernes, une force divinatoire et chamanique, voici l’une des surprises qui vous attendent à l’IMA : un tirage original du photographe Mehdi Bahmed (né en 1974) intitulé « Scène intérieure » (Lyon, 2017), qui nous plonge dans ce que nous sommes en train de vivre en ce moment, chacun chez soi…

Illustration 1
Mehdi Bahmed : "Scène intérieure". © Musée national d'art moderne et contemporain de la Palestine, don de l'artiste

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Illustration 2

« Couleurs du monde »,
carte blanche à Laurent Gaudé,
exposition en attente post-coronavirum

Institut du monde arabe (IMA),
1, rue des Fossés-Saint-Bernard, place Mohammed-V,
75005 Paris
Informations : 01 40 51 38 38