Où en est la situation à Sciences-Po un mois après l'enquête de Mediapart? Consultationinterne, conférence de presse du directeur communeavec sa ministre, Valérie Pécresse, devant un parterre de lycéens de ZEP,séances d'autopromotion sur le blog personnel de Richard Descoings:depuis le début du mois de novembre, la direction de l'établissement communique à tout-va, sur tousles fronts, tant en interne que vers l'extérieur.
Malgré son aspect bling-bling et un discours décomplexé sur le mécénat d'entreprise totalement assumé par sa direction, Sciences-Po est en réalité toujours majoritairement financé par l'Etat et les collectivités locales. Sans que ces subsides publics ne soient soumis à un réel contrôle. Prise dans une course effrénée aux financements, l'école multiplie les collaborations parfois très étroites avec les multinationales qui la soutiennent: pétrodollars, cursus Lagardère, bourses L'Oréal fleurissent rue Saint-Guillaume. Deuxième volet de notre enquête sur Sciences-Po.
Pourquoi s'intéresser à Sciences-Po ? Parce que c'est le modèle d'enseignement toujours brandi pour critiquer l'université et en déclarer la faillite. Premier volet de notre enquête: Richard Descoings règne en maître tout-puissant sur son école. En distribuant avantages matériels et «petites enveloppes», il a mis en place un «système de carottes», clientéliste et autoritaire.
Entre Sciences-Po et lesmédias français, c'est la lune de miel. Très peu de voix critiques à son encontre se font entendre. Mais le prestige de l'école et son pouvoir d'attraction n'expliquent pas tout. Sous l'égide de son directeur, l'IEP a mis en place une stratégie de communication redoutablement efficace. Fin de notre enquête sur la rue Saint-Guillaume.
Rémunérations des salariés liées à la satisfaction des étudiants, formulaires d'évaluation obligatoires, cours remplacés par des vidéos en ligne, américanisation des diplômes: Sciences-Po vit à l'heure du «new management». L'école se veut «une entreprise de services d'éducation». Cette mutation, accompagnée d'un cycle de réformes permanentes depuis 13 ans, a dégradé les conditions de travail des personnels dans l'indifférence générale. Certains d'entre eux dénoncent pourtant un «management de la terreur», fait de stress et de coups d'éclat permanents. Troisième volet de notre enquête sur Sciences-Po.
Nicolas Sarkozy doit présenter, vendredi 24 avril, depuis la banlieue parisienne, son plan d'urgence pour l'emploi des jeunes. A Lille, le directeur de Sciences-Po dénonce l'absence de moyens concrets de l'Etat pour soutenir un programme de formation des lycéens d'origine défavorisée, malgré les promesses du plan sur l'égalité des chances.