Après les violentes mises en cause du capitalisme financier par Nicolas Sarkozy, soulignant à maintes reprises, la nécessité de mener une réforme en profondeur du système, la recapitalisation des banques françaises était un premier test grandeur nature de cette volonté présidentielle. Test raté! En échange de 10,5 milliards d'euros, le gouvernement ne demande rien ou presque: ni actions, même sans droit de vote, ni droit sur les bénéfices futurs, ni révision des rémunérations des dirigeants. Les milliards vont être distribués sous forme de prêts subordonnés d'une durée de dix ans, assortis d'un taux d'intérêt de 8% par an. (La répartition des aides figure dans l'onglet Prolonger.) Les banques qui y souscrivent s'engagent à adhérer à un code de bonne conduite, calqué sur la recommandation du Medef sur les salaires des dirigeants.
Didier Migaud, président (PS) de la Commission des finances à l'Assemblée, n'a pas manqué de relever cette étrange bienveillance. «Pourquoi choisir, plutôt que des actions, des titres subordonnés qui privent ainsi l'Etat de tout bénéfice lié à l'amélioration de la situation financière de la banque: versement de dividendes ou progression du cours de Bourse? s'est-il demandé. Ce choix se fait au détriment de l'intérêt patrimonial de l'Etat et au bénéfice des actionnaires.»
Par comparaison avec tous les dispositifs pris par les gouvernements occidentaux pour aider leur système bancaire, la France a adopté les mesures les moins contraignantes.Le premier ministre britannique, Gordon Brown, a nationalisé de facto trois des grands établissements bancaires du pays – Royal Bank of Scotland, HBOS et Lloyds. Contre l'apport de 54 milliards de livres (70 milliards d'euros), il a exigé un pouvoir de contrôle sur la gestion de la banque et une révision générale de la politique des rémunérations des dirigeants.
Crise: la France est très généreuse avec ses banques
La dénonciation des dérapages du système financier par Nicolas Sarkozy et sa volonté de réforme auraient pu trouver une première application dans le plan de recapitalisation des banques. Raté. En échange de l'apport de 10,5 milliards d'euros, l'Etat ne demande ni actions, ni réforme de la politique de rémunération, ni d'être associé aux bénéfices futurs des établissements aidés. Même les Etats-Unis ont exigé plus de leurs banques.
21 octobre 2008 à 19h46