Stagnation séculaire ou boulet créé par le cycle financier : comment expliquer que dix ans après le déclenchement de la grande crise financière, la convalescence soit à ce point interminable et la « normalisation », toujours aussi incertaine ? Analyse.
Dix ans après l’éclatement, en août 2007, de ce qui allait devenir la grande crise financière (GCF), deux interprétations dominantes, pour simplifier, s’affrontent sur la durée inhabituelle d’une « convalescence » interminable : d’un côté la « stagnation séculaire », venue des cercles néo-keynésiens aux États-Unis, qui voient dans la crise le révélateur d’un déficit « structurel » de la demande globale qui lui préexistait et lui survivra longtemps ; de l’autre, la thèse du « boulet du cycle financier », cette énième crise financière étant le prix à payer d’une incapacité à domestiquer un système financier qui fait alterner les booms toujours plus excessifs et les krachs toujours plus sévères. De ces visions divergentes découlent des prescriptions politiques radicalement différentes.