À Paris et partout en France, le nombre de manifestants, jeudi 19 mai, n'a pas diminué par rapport à la précédente journée. Surtout, un calme relatif s'est imposé au sein des cortèges. La mobilisation parisienne s'est déroulée presque sans heurts.
Trois des quatre jeunes arrêtés jeudi matin et écroués samedi soir à Paris, après l'incendie d'une voiture de police, ont été remis en liberté ce mardi 24 mai au soir par un juge des libertés et de la détention. L'un des avocats, Antoine Comte, a produit une pièce décisive.
Antoine Comte, l’avocat d’un des quatre jeunes écroués samedi soir à Paris après l'incendie d'une voiture de police, dénonce un dossier judiciaire construit de façon partiale. Son client nie toute participation aux faits.
Lors de sa soirée live organisée jeudi, Mediapart a réuni, pour interroger l'intensification des violences policières, Jacques de Maillard, chercheur et universitaire, spécialiste des questions de police et de sécurité, Axel Ronde, secrétaire général de la CGT-Police Ile-de-France, Éric Beynel, porte-parole du syndicat Solidaires et Christophe Gueugneau, journaliste de la rédaction.
La manifestation parisienne, qui a vu s'affronter manifestants et forces de l'ordre, mais aussi manifestants et services d'ordre syndicaux, a donné la tonalité de la semaine sociale, certainement plus radicale que les précédentes.
Les services d’ordre des syndicats font face, depuis le début de la mobilisation contre la loi sur le travail, à un cortège protéiforme, radicalisé par la présence policière massive, où il devient difficile de cerner les manifestants pacifiques des lanceurs de pierres. La confrontation a atteint un niveau inquiétant lors des deux dernières manifestations parisiennes, avec des « SO » armés de manches de pioche, et prêts à en faire usage.
Le syndicat Alliance et trois organisations de policiers ont tenu meeting place de la République pour dénoncer les violences et la haine « anti-flics » en présence d’élus de droite et de Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard. Des contre-manifestants, refoulés des lieux, sont partis en manif sauvage.
Plusieurs syndicats de policiers ont suivi l’appel à manifester d’Alliance Police nationale mercredi place de la République contre les « violences anti-flics ». Une contre-manifestation prévue une heure plus tôt a finalement été interdite par le préfet, et des manifs sauvages sont annoncées.
À Rennes, la Maison du peuple occupée depuis dix jours a été évacuée vendredi matin par le RAID, après deux mois de violences et de nombreux blessés, dont un jeune étudiant qui a perdu un œil. L’ancien préfet de région Patrick Strzoda, propulsé directeur de cabinet de Bernard Cazeneuve, est l’homme qui a orchestré dans cette ville la militarisation des forces de l’ordre face à la mobilisation contre la loi El Khomri.
Plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées samedi pour protester contre les violences policières subies à Rennes lors des manifestations contre la loi sur le travail.
Avec Adrien Jeantet, membre de Sciences debout, Gaëlle Differ, Sud PTT, signataire de l'appel "On bloque tout !" et Julien Boeldieu, secrétaire national du syndicat national travail, emploi, formation professionnelle CGT, inspecteur du travail.
La démocratie n’appartient ni à la gauche ni à la droite. Quand elle est bafouée par des gouvernants qui se réclament de l’une ou l’autre de ces familles politiques, tout républicain digne de ce nom doit simplement dire « non ». C’est cette attitude de principe qu’appelle le coup de force d’un pouvoir sans majorité au Parlement et minoritaire dans le pays pour imposer sans débat ni vote une loi de régression sociale à tous les salariés de notre pays.
Sept organisations syndicales appelaient, ce jeudi 12 mai, à une nouvelle journée de manifestations contre le projet de réforme du code du travail. Le cortège parisien a rassemblé 11 500 (selon la police) à 50 000 (selon la CGT) manifestants. À l’Assemblée nationale, la motion de censure a été rejetée par 288 voix contre et 246 pour.
Le gouvernement a échappé à la motion de censure déposée par la droite, mais pas aux débats qui secouent sa majorité. Près de trente députés socialistes étaient prêts à demander la démission de l'exécutif, et leur initiative a alimenté les discussions à l'Assemblée, de façon plus intense que les jeux de rôle partisans en séance.
Il a manqué deux signataires aux députés de gauche (PS, EELV et PCF) opposés au texte pour pouvoir déposer une motion de censure contre le gouvernement. Les députés aubrystes, pourtant opposés, étaient aux abonnés absents.
Manuel Valls a annoncé, mardi 10 mai, la décision du gouvernement de recourir à l'article 49-3, qui permet de faire passer un texte sans vote, pour imposer la loi sur le travail à des députés récalcitrants. Après le fiasco de la déchéance de nationalité, le gouvernement n'arrive plus à construire de majorité et n'a jamais paru aussi faible. Certains députés socialistes envisagent même de voter la censure.