L'usage du 49-3 par le pouvoir va-t-il remobiliser la rue? Une journée d'action est annoncée jeudi, jour du vote de la motion de censure au Parlement. Deux journées de grèves et de manifestations sont aussi prévues la semaine prochaine.
Alain Supiot, éminent spécialiste du droit du travail, revient sur le contexte qui a permis à la loi sur le travail de la ministre Myriam El Khomri d'éclore et à la critique du code du travail de prospérer : le calcul économique, devenu l'alpha et l'oméga de la production du droit. « Les hommes ne peuvent être réduits à l’état d’un troupeau productif », rappelle l’artisan du concept « des droits de tirage sociaux ». Entretien.
Mardi, l’esplanade des Invalides à Paris a pris une allure contestataire, modèle 2016 : meetings syndicaux d’un côté et manifestation sauvage vers l’Assemblée nationale de l’autre. La menace d’un 49-3 se précise du côté des parlementaires.
Très actif dans la dénonciation des violences policières depuis le début de la mobilisation contre la loi travail, Solidaires fait aussi le lien entre l'intersyndicale et le mouvement Nuit debout.
Les députés entament mardi 3 mai l’examen en séance du projet de loi El Khomri. Alors que la mobilisation se maintient et que la répression se durcit, une majorité n’est pas encore acquise sur le texte. La menace du 49-3 réapparaît.
Depuis début mars, Marseille vit au rythme des manifestations contre la loi sur le travail et des Nuits debout. Et jeudi 28 avril, la manifestation s'est terminée par une répression sans précédent : 57 interpellations. Depuis un mois, la photographe Yohanne Lamoulère suit ce mouvement, et particulièrement les lycéens, souvent en tête des cortèges et « pleins d'énergie ». C'est son regard que nous vous proposons aujourd'hui. Yohanne Lamoulère est l'une des 25 photographes de la France VUE D'ICI, le projet de récit photographique documentaire initié en 2014 par Mediapart et le festival de Sète ImageSingulières (à soutenir ici). Elle photographie Marseille au Rolleiflex et saisit les mutations de la ville.
Mediapart a recueilli les témoignages de douze manifestants, témoins ou victimes de violences policières lors des manifestations du 28 avril et du 1er mai à Paris. Ils évoquent des « scènes de guerre » sur la place de la République et dans les rues adjacentes, « une violence inouïe » de la part de CRS ou encore des stratégies ayant « mis en danger » les manifestants pacifiques.
La loi sur le travail a subi une première révision cosmétique, avant d'être enrichie par les annonces de Manuel Valls en direction de la jeunesse. La commission des affaires sociales a ajouté son grain de sel, retirant encore quelques points fâcheux, sans toucher au cœur de la loi.
La loi « sur l’activité et la croissance », portée par Emmanuel Macron et adoptée l'été dernier après des centaines d'heures de discussion, était censée faire date. Les réformes finalement adoptées, qui seront complétées dans le cadre de la contestée loi El Khomri, sont mineures.
Avec la loi sur le travail, le président de la République pensait imposer sa logique économique et en tirer un bénéfice électoral, mais le contraire se produit sous nos yeux. Comme avec l'affaire de la déchéance, l’idée d’une troisième voie se fracasse sur une impasse politique.
À deux jours du début de l’examen de la loi sur le travail, la ministre Myriam El Khomri a affiché sa détermination et son optimisme à voir son texte voté. Dans la rue, le cortège parisien a réuni entre 17 000 et 70 000 manifestants, selon les sources, et les gaz lacrymogènes ont rythmé le défilé. EELV et le PCF ont dénoncé des violences policières « insupportables ».
Le traditionnel défilé du 1er-Mai a emmené avec lui la contestation contre la loi sur le travail, dont l'examen à l'Assemblée nationale débute dans deux jours. À Paris, d'après la préfecture de police, 16 000 personnes ont défilé, la CGT de son côté dénombre 70 000 manifestants. Du côté du ministère de l'intérieur, on a compté 84 000 personnes mobilisées à travers la France. Le défilé a été émaillé d'affrontements avec les forces de l'ordre et la foule a été arrosée de gaz lacrymogènes.
Entre 170 000 et 500 000 personnes selon les sources ont manifesté jeudi dans toute la France pour demander le retrait de la loi sur le travail, à l’appel de sept syndicats de salariés et étudiants. Des affrontements ont eu lieu dans la plupart des cortèges, notamment à Rennes, Nantes et Paris, où 2 000 personnes ont à nouveau débordé les syndicats pour mener le défilé.
La loi sur le travail sera présentée le 3 mai prochain au Parlement, dans un climat de tension sociale inédit. L'histoire aurait pu se dérouler autrement. Les socialistes avaient dans leur manche le compte personnel d'activité (CPA), pensé initialement comme un outil taillé pour affronter les mutations du marché du travail. L' article 23 du projet de loi offre certes des droits nouveaux, mais il ne révolutionne pas le droit social.
Près d'un mois après la première Nuit debout, la CGT a fait officiellement son entrée sur la place de la République. Jeudi 28 avril, à l'issue de la manifestation contre la loi sur le travail, Philippe Martinez s'est frotté avec Solidaires et la CNT à l'exercice périlleux de la convergence des luttes. L'occasion de multiplier les appels à la grève reconductible, sans plus de précisions.
Quelques jours après l'adoption du texte de loi El Khomri en commission des affaires sociales de l'Assemblée, le rapporteur du texte, le député PS Christophe Sirugue, explique les modifications apportées, répond au Medef comme aux syndicats qui y sont toujours opposés et assure aux députés qu'il reste des marges de manœuvre.