Depuis trente ans, pour s'opposer à plusieurs réformes voulues par la droite, les socialistes ont utilisé des arguments qui se retournent aujourd'hui contre eux.
La réforme du travail faite par le premier ministre italien a été imposée à la hussarde. Elle est surtout un instrument de communication pour Renzi, son impact sur la création d'emplois étant contesté.
Le succès de la pétition « Loi Travail : non, merci ! » et l'explosion du hashtag #OnVautMieuxQueCa dépassent l’enjeu du débat sur la loi sur le travail. Loin des conservatismes, les insurgés du hashtag rappellent que le travail est une planète où l'on se fait trop souvent humilier.
Si les syndicats de salariés se divisent à propos de la future loi sur le travail, les organisations patronales ne sont pas en reste. Un article glissé dans le texte, remettant en cause les règles de calcul de la représentativité des employeurs, a mis le feu aux poudres. Sur le fond aussi, les désaccords sont profonds.
Après les syndicats, le gouvernement a vendu lundi et mardi sa réforme remaniée aux députés socialistes. Tous ont bien noté les quelques améliorations mais les points bloquants restent nombreux, et la mobilisation syndicale et étudiante va continuer de peser. Le débat parlementaire qui devrait s'ouvrir en mai s'annonce tendu.
Le premier ministre a présenté la réécriture de la loi sur le travail. La CFDT a été en partie entendue. Les points polémiques comme les heures supplémentaires et le licenciement économique sont maintenus.
Après les annonces de Manuel Valls, lundi 14 mars, sur le projet de loi sur le travail, la CFDT et ses alliés ont approuvé la version remaniée, tandis que la CGT, FO et les étudiants de l'Unef entendent durcir le mouvement. La suite dépendra aussi de la mobilisation citoyenne sur le web, aiguillon inédit du mouvement social.
Lundi 14 mars a lieu une ultime concertation entre les syndicats et le premier ministre. Sans réponse à ses griefs, la CFDT menace de rejoindre les autres syndicats dans la rue le 31 mars. Une partie des militants CFDT penchent plus pour un retrait que pour une révision.
À la veille des rassemblements de la CFDT autour de la loi sur le travail, samedi 12 mars, son dirigeant Laurent Berger revient sur son rôle dans l’avenir de cette loi, sur les points d’accord et de désaccord avec le gouvernement. Il dit aussi son agacement devant le double discours de l’exécutif.
Les étudiants se mobilisent contre la loi sur le travail, inquiets des mesures qui devraient contribuer à les fragiliser un peu plus. À Lille, ils font part de leur inquiétude face à un avenir déjà incertain. «On se bat surtout contre la précarité», disent-ils.
La journée de manifestations du 9 mars, qui en annonce d'autres, s'avère être un cauchemar pour l'exécutif. Pour cinq raisons au moins. Le pouvoir peut encore se sauver s'il accepte de retirer son texte pour proposer d'autres réformes à même de reconquérir des électorats perdus depuis 2012.
Cette semaine, Didier Porte revient sur la loi sur le travail, symptôme d’un patronat français « dynamique et vigoureux », à l’image de son dirigeant, le super héritier Pierre Gattaz, et d’une de ses plus récentes figures, Cyril Hanouna, aux méthodes de management musclées.
Étonné par le succès des manifestations contre la réforme du code du travail, et avant la nouvelle journée d'action du 17 mars, le gouvernement a été contraint de changer de ton. Les organisations de jeunesse seront reçues vendredi à Matignon et plusieurs mesures sont en discussion. C'est la fin du mandat du président de la République qui est en jeu.
Avec Tatiana et Ludo, vidéastes, Adèle, une des initiatrices de la page Facebook appelant à la mobilisation, Martin Bontemps (Unef), Joseph Thouvenel (CFTC), Samuel Churin (CIP), Elliot Lepers, co-initiateur de la pétition Loi travail, non merci.
Liêm Hoang-Ngoc, économiste, ancien eurodéputé socialiste, a quitté le PS en juin 2015. Philippe Aghion, économiste, professeur au Collège de France, a enseigné à l'université Harvard et à l'École d'économie de Paris. Ils débattent.
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