Il y a plus de vingt ans, la SNCF allemande s’est transformée en société privée. Les résultats financiers sont solides, les embauches à la hausse et des lignes ont rouvert. Mais le manque d'investissements est criant et des accidents ont terni son image.
Le mouvement contre le projet de réforme de la SNCF et pour la sauvegarde du service public s’annonce suivi. Après l’échec des mobilisations contre les ordonnances travail, les syndicats espèrent leur revanche.
À partir du 3 avril, les cheminots devraient être en grève deux jours sur cinq. L’intersyndicale tente de ménager le porte-monnaie de ses troupes, pour durer face au gouvernement, bien décidé à mener au pas de charge la réforme de l’entreprise publique. En interne, les agents de la SNCF devraient être très mobilisés.
L’ouverture à la concurrence est censée résoudre tous les maux de la SNCF. Mais elle a déjà désorganisé le système ferroviaire et mené à l’abandon de tout service public, à commencer par des tarifs lisibles et équitables. La réforme envisagée marque le point d’achèvement de cette désintégration.
Alors que le gouvernement vient de rendre public le texte réformant la SNCF, Mediapart a invité sur son plateau chercheur et syndicalistes autour de deux débats : le premier sur le sort réservé au service public ; le second sur les formes que pourraient prendre les mobilisations sociales.
En quatre pages et huit articles, qui ne donnent que des têtes de chapitre, le gouvernement se pique de résoudre tous les problèmes de la SNCF. Le texte, dont l'adoption est prévue par ordonnances, se concentre sur l’ouverture à la concurrence et le statut des cheminots, en oubliant tout le reste.
C’est sur insistance du gouvernement que la réforme du statut des cheminots est devenue prioritaire dans le rapport Spinetta. Un tel changement, qui permettrait à peine d’économiser entre 100 et 150 millions d’euros à un horizon de dix ans, ne résout en rien l’avenir de la SNCF. Mais l’objectif de l’Élysée est ailleurs : gagner une bataille politique, en ralliant à lui l’opinion publique.
L’État a depuis des années imposé la politique hors de prix du tout TGV, au détriment du reste du réseau ferroviaire. Aujourd’hui, SNCF Réseau, chargé des infrastructures ferroviaires, croule sous près de 50 milliards d’euros de dettes. Il suffirait de presque rien pour que l’État soit obligé de reprendre cette dette.
Le premier ministre a présenté, ce 26 février, le plan gouvernemental pour le ferroviaire qui reprend les grands axes du rapport Spinetta prônant mise en concurrence des trains, fin de l'entreprise publique et abandon du statut des cheminots. La réforme, qui passera par la voie des ordonnances, doit être adoptée avant l'été alors qu'elle ne faisait pas partie du programme d’Emmanuel Macron.
Pour justifier les ordonnances sur la SNCF, le gouvernement assure que son seul objectif est d’améliorer le fonctionnement de l’entreprise dans le cadre de l’ouverture à la concurrence. Les mêmes arguments, avancés pour France Télécom voilà 20 ans, ont débouché… sur une cascade de mensonges !
Le premier ministre Édouard Philippe détaillera ce lundi la réforme de la SNCF. Les services publics sont, plus encore que la Sécurité sociale, des signes distinctifs du modèle social français. Achever leur démantèlement, comme le souhaite le gouvernement, constituerait une grave régression démocratique.
Ouverture à la concurrence, changement de statut pour les cheminots, abandon des petites dessertes : les grandes lignes de la réforme du ferroviaire programmée par Emmanuel Macron sont connues. Elles se retrouvent comme par magie dans le rapport remis ce jeudi au premier ministre. Une resucée des idées rabâchées depuis trente ans, sans aucun projet innovant.
Deuxième grève illimitée à la SNCF depuis le début du quinquennat Hollande. Ce mercredi 1er juin, la CGT, l’Unsa et Sud Rail, les trois plus importantes organisations syndicales de l'entreprise, ont appelé à cesser le travail. À la fois contre la loi El Khomri et pour des revendications internes sur fond d'ouverture du rail à la concurrence.
L'exécutif – François Hollande en tête – a appelé vendredi les cheminots à cesser la grève. Mais ces derniers durcissent le ton et reconduisent la grève samedi. Entretien avec le sociologue Marnix Dressen, spécialiste des conditions de travail des agents du rail, sur les raisons de la colère qui dépasse, selon lui, le simple cadre de la réforme ferroviaire.
Selon le rapport parlementaire sur les trains interrégionaux, les transports régionaux sont appelés à « servir de terrain d’expérimentation à l’ouverture à la concurrence ». À terme, c’est le démantèlement d’un des derniers services publics français. Au bénéfice de la route.
Rien ne trouve grâce aux yeux de la Cour des comptes sur le modèle français du TGV. Ce n’est ni une réussite industrielle, ni un mode de transport performant, ni même moins polluant. Outrepassant sa mission de contrôle, elle préconise, sans débat public, le remède : réserver les lignes TGV aux plus riches sur quelques grandes villes. Pour les autres, il faut libéraliser le bus. Un rapport qui tombe à pic pour briser de nouveaux tabous. Parti pris.