La mort de centaines de personnes, si elle est lente et différée, comme avec l’exposition industrielle à l’amiante, n’a-t-elle pas sa place dans les prétoires de la justice pénale française ? Aujourd’hui s’ouvre, en Italie, le procès en appel des dirigeants de l’usine Eternit de Casale Monferrato, dont la condamnation l’an dernier, en première instance, à seize ans de prison ferme, avait pointé la responsabilité pénale des industriels de l’amiante.

L’hécatombe liée à l’amiante est en effet toujours en cours. La courbe des décès n’amorcera aucune baisse avant 2020, en raison de la longue période de latence du mésothéliome de la plèvre, cancer aussi lent à démarrer que prompt à tuer.
Le bilan humain de la catastrophe n’est plus à documenter : 100 000 personnes sont mortes, ou mourront en France entre 1995 et 2025, en raison de leur exposition à l’amiante. 500 000 morts à l’échelle de l’Europe. Des chiffres terribles, mais qui ne suffisent pas à exprimer les réalités de la mort inexorable et douloureuse promise aux travailleurs de l’amiante.

Les conditions de travail subies par les ouvrières de l’usine française Amisol à Clermont-Ferrand sont, elles, documentées par les récits recueillis par France Culture, comme par d’autres témoignages récoltés par la chercheuse Annie Thébaud-Mony dans son ouvrage Travailler peut nuire gravement à votre santé.
Elles sont aussi visibles à travers les rapports de l’inspection du travail, qui ont alerté précocement sur la dangerosité de l’usine, ou encore au regard des photos de l’usine prises dans les années 1970.
