L’agro-industrie et les collectivités bretonnes roulent pleins gaz pour l’ammoniac

Par Yann-Malo Kerbrat (Splann !)
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L’ammoniac, allié numéro un de l’agro-industrie

Loin de nous être étranger, l’ammoniac n’est pas un simple élément de jargon scientifique. Naturellement présent dans notre corps, il se dégage dans l’environnement sous forme gazeuse. Le dit NH3 se libère ainsi par la décomposition dans le sol de matières organiques produites par les végétaux et les animaux. Leurs déjections constituent la plus grande part du gaz dans l’air. Mais, depuis un siècle, l’ammoniac est, aussi, un produit industriel.

En 1909, la première tonne d’ammoniac de synthèse est créée dans le but de concevoir des explosifs, mais aussi d’industrialiser l’agriculture paysanne. Ce NH3, précieux fertilisant pour les cultures, promet de hauts rendements. Jusqu’à l’overdose. Un siècle plus tard, 130 millions de tonnes d’azote sont ainsi vendues dans le monde sous forme d’engrais minéraux. Dispersés sur les cultures, ils dégagent de l’ammoniac dans l’air, comme lors de l’épandage de lisier (déjections du bétail utilisées comme fertilisants). L’ammoniac forme ensuite des particules très fines capables de passer la barrière pulmonaire pour atteindre la circulation sanguine.

Elles sont identifiées comme la cause de 48 000 décès prématurés en France, selon Santé publique France. Le Sénat, en 2015, en évaluait le coût à 100 milliards d’euros. Des angles morts dans la littérature scientifique et les outils de mesure laissent toutefois penser que ces chiffres sont sous-évalués.

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