C’est une maison de ville, dans le centre de Rouen, un après-midi de la semaine dernière. Sur la porte d’entrée, un autocollant indique que les téléphones portables y sont moyennement désirables. Pas par parano, par choix de vie. C’est Mathieu Burnel qui ouvre. Le jeune homme (27 ans) est grand, souriant, vif. Il est étudiant. La police le soupçonne d’être un malfaiteur en relation avec une entreprise terroriste. Ici, c’est chez lui. Enfin, c’est chez eux : une bande de copains, un pied à Rouen, un pied à Tarnac (Corrèze). Mathieu Burnel a passé 96 heures de garde à vue pour l’affaire des caténaires sabotées de la SNCF. Il est ressorti libre du Palais de justice de Paris. Libre mais mis en examen.
Deux jours plus tard, au petit matin, Avranches (Manche). La petite ville normande a du mal à sortir du brouillard. Au coin de la rue, un autre jeune homme s’approche. Vif et grand, lui aussi. C’est Benjamin Rosoux, l’un des trois gérants de l’épicerie bar-restaurant de Tarnac, soupçonné par la police d’être le «bras droit» de Julien Coupat, lui-même désigné comme le chef de file présumé d’une «Cellule invisible» qui, dans la nuit du 7 au 8 novembre, aurait semé la pagaille sur le réseau SNCF.
Comprendre le naufrage Tarnac Enquête
Sabotage SNCF: la police a fait «un pur montage»
Benjamin Rosoux et Mathieu Burnel, tous deux désignés par la police comme faisant partie du « premier cercle » de la Cellule invisible responsable des sabotages de caténaires de la SNCF, contestent en détail le rapport de la Sous-direction de la police antiterroriste, révélé par Mediapart. C'est un montage, un «pur ouvrage de scénarisation», assurent-ils. Ils reviennent aussi sur les conditions de leur garde à vue. Au même moment, une autre piste, venue d'Allemagne, évoquée par Mediapart dès le 22 novembre, fragilise encore un peu plus cette enquête de police qui n'a pu rassembler aucun élement de preuve matérielle. Premier volet de notre enquête.
David Dufresne
15 décembre 2008 à 08h35