France Brève

Démission collective d'un quart du jury d'agrégation de mathématiques

Une trentaine de membres du jury de l'agrégation de mathématiques ont décidé de démissionner pour alerter sur les graves conséquences de la masterisation.

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Pour dénoncer les conséquences de la masterisation, la réforme de la formation des enseignants qui a notamment supprimé l'année de stageen alternance, une trentaine de membres du jury de l'agrégation de maths ont annoncé leur démission pour la session 2012.
Dans un texte rendu public mardi 13 février, ils indiquent qu'une des forces du système scolaire français, aujourd'hui si attaqué, consistait jusqu'ici en «sa capacité de formation et de recrutement des enseignants, garantissant de très solides bases scientifiques et humanistes. Or dans sa frénésie de réformes, le ministère de l’éducation nationale est en train de détruire sciemment cette capacité. Nous ne pouvons pas rester passifs devant cette entreprise de démolition».
Depuis la mise en œuvre de la masterisation, il y a deux ans, le nombre de candidats aux concours externes s'est littéralement effondré. Ce qui a été particulièrement vrai pour les mathématiques. En 2011, le nombre de candidats au Capes externe a chuté de 53 %, le nombre d'admissible de 46 %. Le jury n'avait pu alors pourvoir que 60 % des postes offerts au concours. Une année de transition, avait alors expliqué le ministère. Même si cette année la tendance à la baisse s'est à nouveau confirmée.
Le flux de candidats s'est brutalement tari car les meilleurs étudiants de M2 ont préféré se tourner vers la recherche quand les étudiants moyens ont été rebutés par les nouvelles contraintes : un calendrier impossible, une certification en informatique mais aussi en anglais jugée difficile.
Pourtant, écrivent les signataires, les besoins de professeurs sont énormes. A tel point que «les rectorats en sont à publier des petites annonces pour rechercher les professeurs de mathématiques qui leur manquent. On recrute ainsi dans l'urgence des personnels précaires, non qualifiés et sans formation professionnelle».
Dans ce contexte critique, les exigences du ministère pour accélérer les procédures du concours ont soulevé l'indignation. «L'année dernière déjà nous avions dû faire passer en quinze jours plus de candidats que l'année précédente en trois semaines. Les premiers arrivaient le matin à six heures moins le quart et les derniers passaient à vingt heures», raconte à Mediapart René Cori, maître de conférences à l'université Paris-Diderot, démissionnaire. Or, alors que le jury s'était déjà ému de ces conditions très difficiles, il a appris à la rentrée que les délais allaient être à nouveau raccourcis.
Dès lors, la seule solution pour tenir ces délais est de réduire le nombre d'admissibles, a immédiatement analysé le jury. Or, «prendre une telle décision pour des raisons purement administratives est pour nous inacceptable», écrivent-ils.
La lettre adressée en novembre au ministère pour l'alerter de ces difficultés étant restée sans réponse autre qu'un rappel à l'ordre au président du jury pour qu'il calme ses troupes, la démission est apparue comme le dernier recours à certains.
«Depuis nous avons reçu beaucoup de soutiens de la part de collègues, même chez ceux qui n'ont pas choisi de démissionner», explique René Cori. Mais toujours rien du ministère.

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