Le tribunal administratif de Rennes a rejeté ce lundi 30 novembre des recours en urgence déposés par cinq des 26 militants du climat assignés à résidence dans le cadre de l'état d'urgence. À Cergy-Pontoise, le recours du militant écologiste Joël Domenjoud a également été rejeté.
Suite aux interpellations massives du dimanche 29 novembre, lors du rassemblement interdit place de la République, à Paris, 316 manifestants ont passé la nuit en garde à vue. Plusieurs d'entre eux, enseignants et étudiants, disent avoir été encerclés par les CRS, alors qu'ils cherchaient à fuir les échauffourées.
Mediapart dévoile la liste des perquisitions administratives menées en Seine-Saint-Denis, l'un des départements les plus sensibles, alors que le nombre dépasse 1 600 en France. Le tableau de bord confidentiel de la préfecture, que nous avons consulté, révèle une certaine confusion des objectifs et un maigre bilan.
Pour créer des postes de policiers, gendarmes, militaires, magistrats et gardiens de prison, les sénateurs puis les députés vont voter plus de 600 millions d'euros de dépenses supplémentaires dans le budget 2016. La droite n'ose pas s'y opposer et la Commission européenne ne désapprouve pas. Une révolution.
Squats perquisitionnés, militants assignés à résidence durant la COP21, zones interdites, convocations au commissariat... Avant l'ouverture du sommet de Paris sur le climat, les mesures mises en place pour prévenir de nouveaux attentats sont dévoyées.
En dix jours, une salve de 1 200 perquisitions administratives ont été opérées en France, sur ordre des préfets, aiguillés par les services de renseignement. Permises par l'état d'urgence, ces opérations soulèvent nombre de questions. Sont-elles efficaces ? Suffisamment respectueuses des libertés publiques ?
Un couple du Loiret a déposé plainte au commissariat après une perquisition administrative infructueuse et musclée, le 17 novembre. Muhammad, Palestinien né en Syrie dans un camp de réfugiés, Français depuis des années, veut comprendre.
« Pas de juridisme, avançons ! », a lancé Manuel Valls aux députés. L’Assemblée a voté la prolongation de l’état d'urgence pour trois mois, par 551 voix contre 6 (et une abstention). Au nom de l’« union nationale », la droite a largement influencé le texte, et ricane : « La gauche s’est radicalisée ! »
Alors que la gauche parlementaire fait corps, dans ces votes, avec une droite et un FN réjouis d’avoir gagné la bataille culturelle, ils ne sont que quelques-uns à faire entendre une voix dissonante. La réforme constitutionnelle à venir pourrait toutefois réveiller les oppositions.
Passés les louvoiements, la droite affiche un « soutien sans réserve » au gouvernement. Mais cette unanimité a eu du mal à s’enclencher. Face à une gauche qui reprend ses propositions et un FN dans la surenchère, l’opposition cherche encore son équilibre.
Le gouvernement a présenté mercredi le projet de loi permettant la prolongation à trois mois de l’état d’urgence. La loi du 3 avril 1955 sera également fortement renforcée, en échange de quelques garanties supplémentaires pour les citoyens.
Le débat sur l’état d’urgence est une question d’efficacité : quelle est la bonne riposte au défi totalitaire de l’État islamique ? La surenchère sécuritaire est une réponse de court terme, inspirée par l’immédiateté politicienne plutôt que par le souci de solutions durables. Concédant à l’adversaire une victoire symbolique, elle désarme notre société autant qu’elle la protège, mettant en péril nos libertés individuelles et nos droits collectifs.
Avant les attentats de 2015, Paris avait connu des poseurs de bombes en série en 1986 et 1995. Quelques mots identiques étaient employés. Des polémiques similaires étaient nées. Mais les réponses politiques avaient largement différé. Rappel historique.
Entretien avec Bastien François, spécialiste de la Constitution et des institutions: «Si on inscrit dans la Constitution qu’on peut déroger aux droits fondamentaux, on crée un état d’urgence permanent», dit-il.
Vendredi, toute une société fut, à Paris et à Saint-Denis, la cible du terrorisme : notre société, notre France, faite de diversité et de pluralité, de rencontres et de mélanges. C’est cette société ouverte que la terreur voudrait fermer ; la faire taire par la peur, la faire disparaître sous l’horreur. Et c’est elle qu’il nous faut défendre car elle est notre protection.
Dans son discours au Congrès, François Hollande a demandé une modification de la Constitution pour y inscrire l’état d’urgence. Il a également annoncé une batterie de mesures sécuritaires. « La France est en guerre », a-t-il dit pour justifier le tournant ultra sécuritaire du quinquennat.
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