Plus d’une centaine de parties civiles, sept prévenus, deux mois et demi d’audiences. Retrouvez notre compte-rendu des audiences, pour comprendre comment une stratégie d’entreprise visant à la suppression de 22 000 postes a conduit des dizaines de salariés au bord du gouffre.
La cour d’appel de Paris a condamné le 30 septembre l’ancien PDG Didier Lombard et son bras droit Louis-Pierre Wenès à un an de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende. En 2007 et 2008, leurs méthodes ont conduit à une vague de suicides dans l’entreprise.
Jusqu’au 1er juillet, la cour d’appel de Paris jugera six anciens dirigeants de l’entreprise, dont son PDG de 2005 à 2010, Didier Lombard. En première instance, ils ont été condamnés pour « harcèlement moral institutionnalisé ». L’entreprise et son DRH de l’époque n’ont pas fait appel.
Il y a un an, SUD-Solidaires avait invité artistes, chercheurs ou militants à suivre les 41 jours du procès qui a établi l’existence d’un « harcèlement moral institutionnalisé » dans l’entreprise. Ces chroniques sont réunies dans un livre, réussi.
Reconnaissant l’existence d’un « harcèlement moral institutionnalisé », le tribunal a condamné les trois principaux anciens dirigeants à un an de prison dont huit mois avec sursis. Ce jugement entérine leur responsabilité dans certaines pratiques managériales. Il est d’une portée immense.
Le procès France Télécom s’annonçait historique, tant par la qualité des prévenus – d’anciens dirigeants d’une grosse entreprise du CAC 40 – que par l’intensité de la crise vécue par les salariés à la fin des années 2000. Mediapart a demandé à sept personnalités – proche de victime, syndicaliste, médecin du travail, experts – de raconter comment ils ont vécu les audiences, et ce qu’ils attendent du jugement.
Le 41e et dernier jour du procès des pratiques managériales au sein de l’entreprise a donné l’occasion à la présidente du tribunal de démontrer son humanité envers les parties présentes. Le contraste n’en a été que plus grand avec la plaidoirie de Jean Veil, avocat de l’ex-PDG Didier Lombard, qui a attaqué les victimes, les journalistes et les syndicats.
L’avocate Rachel Saada, figure de la défense des salariés, analyse les deux mois d’audience du procès France Télécom, qui prend fin ce jeudi 11 juillet. Elle estime qu’une condamnation des ex-dirigeants de l’entreprise aurait un impact important dans les dossiers similaires qu’elle et ses confrères défendent.
Ce vendredi 5 juillet, les deux représentantes du parquet ont tapé fort contre les sept ex-dirigeants de l’entreprise, considérés comme entièrement responsables de la politique de déstabilisation qui a conduit à la vague de suicides parmi les salariés. Mais pour ce procès « historique », les peines qu’encourent les prévenus ne sont pas très lourdes : un an de prison et 15 000 euros d’amende au maximum.
Rémy Louvradoux, agent de France Télécom, s'est immolé par le feu en 2011, détruit par les réorganisations successives dans le groupe. Sa famille a témoigné lors du procès pour harcèlement moral visant les anciens dirigeants, le 27 juin à Paris. Sans illusion sur le pouvoir réparateur de la justice.
Dix ans après s’être vu annoncer son transfert imminent dans un centre d’appels de France Télécom et s’être enfoncé dans la dépression, Yves Minguy témoignait jeudi 13 juin au procès de l’entreprise. L’ancien informaticien dévoué, trente-cinq ans de maison, revient pour Mediapart sur ce moment fort. Il dit son incompréhension devant un Didier Lombard « imperturbable ».
« Est-ce que j’ai fait tout ce qu’il fallait faire ? » Au terme des cinq premières semaines de procès, les anciens dirigeants de France Télécom commencent à prendre la mesure de leur échec.
Trois suicides et une tentative de suicide ont occupé les débats, en ouverture de la cinquième semaine du procès France Télécom. Dans la salle d’audience à Paris, la recherche de responsabilités sur le harcèlement moral se heurte à un organigramme insondable.
Sébastien Crozier, responsable du syndicat CFE-CGC et haut dirigeant de l’entreprise, a raconté l’horreur du suicide des salariés, et l’obsession de l’ancienne direction pour « l’argent ». Les efforts des prévenus pour se disculper ont été pulvérisés par la force de ce témoignage.
La parole aux victimes et à leurs proches. D’anciens cadres racontent, à l’occasion du procès France Télécom, leur mise à l’écart, payés à ne rien faire pendant des mois, effacés de l’organigramme. La veuve de Michel Bugaud, qui s’est suicidé en 2006, a témoigné au contraire de la charge de travail qui pesait sur son mari, et sa dernière terrible année dans l’entreprise.
Lors de la neuvième journée du procès France Télécom, une médecin du travail, Monique Fraysse-Guiglini, a fait le tableau glaçant des effets sur la santé du plan de restructuration à l’œuvre dans l’entreprise entre 2007 et 2009. Les ex-dirigeants minimisent toujours.
La deuxième semaine du procès France Télécom a commencé au tribunal correctionnel de Paris, où sept anciens dirigeants de l'entreprise, dont l’ex-PDG Didier Lombard, sont poursuivis pour harcèlement moral ou complicité de harcèlement moral. La période troublée de 2002 à 2005, où le groupe achevait sa mue d’une société publique à une entreprise privée, annonçait la souffrance à venir. Et déjà, les représentants du personnel sonnaient l’alarme.