La classe politique a abondamment commenté la dimension judiciaire de l'affaire Darmanin. Mais la question éthique de l’abus de pouvoir suscite beaucoup moins de réactions. Voire carrément un grand embarras chez nombre de ceux que Mediapart a interrogés.
Le ministre est accusé d’avoir joué de son influence pour obtenir des faveurs sexuelles. En droit pénal, cette situation, si elle était avérée, pourrait relever du trafic d’influence. Cette qualification est régulièrement retenue dans les affaires financières mais est aussi parfaitement adaptée aux dossiers de « corruption sexuelle ». Elle a d’ailleurs déjà donné lieu à la condamnation d’un élu en 2007.
Gérald Darmanin doit-il démissionner ? Tous ceux qui se prononcent sur la question font référence à l’ouverture d’une enquête judiciaire qui, à elle seule, légitimerait ou non son renvoi. Les décisions politiques ne peuvent pourtant pas se prendre seulement en vertu de la loi. L’éthique compte, comme l’ont montré les renvois des dernières années.
Outre la question du consentement sur le plan judiciaire, l’enquête préliminaire pour « viol » visant Gérald Darmanin, actuel ministre du budget, pour des faits qui remonteraient à 2009, pose aussi une question éthique et morale : celle de l’abus de pouvoir. Alors que le premier ministre et le gouvernement font bloc derrière le ministre, plusieurs responsables des Républicains demandent sa démission. Sans évoquer cette dimension particulière de l'affaire.
L’exécutif l’a toujours dit : la « cohérence » de l’action politique suppose le respect des lois, mais aussi une « forme d’éthique ». C’est pourquoi quatre ministres – inquiétés par la justice, mais pas mis en examen – avaient quitté le gouvernement avant que ne démarrent les débats sur la moralisation de la vie publique. Mais ce qui est valable pour les affaires politico-financières, ne l’est toujours pas en matière de lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes.