À deux reprises, Gérald Darmanin a été accusé d’avoir profité de sa position dominante d’élu pour obtenir des faveurs sexuelles. Aux deux femmes, il aurait promis, d’après leurs récits, d’intervenir en leur faveur, la première pour sa condamnation judiciaire, la seconde pour sa demande de logement. Le premier dossier (pour « viol ») a été relancé par la justice en 2020, tandis que le second (pour « abus de faiblesse ») a été classé sans suite en 2018. Gérald Darmanin affirme n’avoir « jamais abusé de la faiblesse ou de l’intégrité de quiconque ». Sa nomination comme ministre de l'intérieur, et donc à la tête des services chargés d’enquêter sur lui, a été contestée.
Le parquet de Paris a requis mercredi un non-lieu pour le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, accusé de viol depuis 2017, a-t-il indiqué jeudi à l’AFP, confirmant une information de BFMTV.
L’enquête pour viol visant Gérald Darmanin s’achemine vers un non-lieu. Selon nos informations, la juge d’instruction a annoncé son intention de clore les investigations qui avaient été relancées en juin 2020 après un recours de la plaignante, Sophie Patterson.
Deux femmes ont accusé Gérald Darmanin d’abus de pouvoir. Deux affaires distinctes, mais qui comportent de nombreuses similitudes. Mediapart rapporte les faits, et rien que les faits, dans une vidéo de quatre minutes.
Deux femmes ont accusé Gérald Darmanin d’abus de pouvoir. Dans les deux cas, le ministre a eu des relations sexuelles avec ces femmes venues lui demander de l’aide pour un dossier judiciaire ou un logement, et il est intervenu en leur faveur par des courriers en tant qu’élu.
Mediapart a eu accès à de nouveaux éléments de l’enquête pour viol visant Gérald Darmanin. Des documents contredisent plusieurs aspects de sa défense. Lors de son audition chez les juges, mi-décembre, le ministre de l’intérieur a changé de version concernant un échange de SMS clé de l’affaire. Il a aussi avancé de nouvelles explications pour justifier des éléments embarrassants.
Alors qu’il avait promis d’aller « jusqu’au bout », Gérald Darmanin a retiré sa plainte en « dénonciation calomnieuse » à l’encontre de l’habitante de Tourcoing qui l’avait attaqué pour « abus de faiblesse » en 2018. Son entourage a aussi exhumé dans la presse des SMS dans lesquels la plaignante prendrait sa défense. Un revirement qui interroge, étant donné les accusations de la jeune femme, qu’elle n’a jamais démenties.
Il a fallu trois mois au parquet de Paris pour classer la plainte déposée par une habitante de Tourcoing contre Gérald Darmanin. Aucune confrontation n’a été organisée, et les bailleurs sollicités par l’élu pour que la plaignante obtienne un logement en échange, selon elle, de faveurs sexuelles, n’ont même pas été interrogés.
Depuis l’annonce du nouveau gouvernement, le choix de Gérald Darmanin au ministère de l’intérieur suscite une très grande colère au sein des réseaux féministes, et de nombreuses manifestations. Emmanuel Macron répond sur le terrain juridique. Le débat est aussi éthique et politique.
En nommant l’avocat Éric Dupond-Moretti à la justice, Gérald Darmanin à l’intérieur et Élisabeth Moreno aux droits des femmes, Emmanuel Macron inflige un camouflet à toutes celles et tous ceux qui promeuvent des rapports plus égalitaires et luttent contre les violences sexuelles.
La cour d’appel de Paris a ordonné, mardi 11 juin, la reprise des investigations visant le ministre des comptes publics, Gérald Darmanin, concernant une accusation de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance qu’il aurait commis en 2009.
Le parquet de Paris a classé sans suite l’enquête préliminaire pour « abus de faiblesse » visant le ministre. Cette enquête avait été ouverte après la plainte déposée par une femme, qui accuse l'ancien maire d’avoir profité de sa position pour obtenir des faveurs sexuelles.
La première plainte pour « viol » visant le ministre des comptes publics a été classée sans suite. Mediapart a pu consulter le contenu de l'enquête préliminaire. Auditions, SMS, courrier : plusieurs éléments accréditent l'hypothèse selon laquelle Gérald Darmanin aurait obtenu une relation sexuelle en échange d'une intervention judiciaire.
Une habitante de Tourcoing a déposé plainte pour « abus de faiblesse » contre Gérald Darmanin le 13 février. Mediapart l’a rencontrée. Elle accuse l'ancien maire d’avoir profité de sa position pour obtenir des faveurs sexuelles : « Je me sentais obligée de le faire pour avoir un logement et un travail. » Elle a fourni aux enquêteurs des éléments matériels (SMS, courriers, etc.). Certaines lettres attestent d'interventions de l’élu, y compris après son entrée au gouvernement. Lui affirme n’avoir « jamais abusé de la faiblesse ou de l’intégrité de quiconque ».
Au-delà de sa dimension pénale, l’affaire Darmanin est le fruit d’une conception très française des rapports entre politiques et administrés. Pour Mediapart, des élus et anciens ministres reviennent sur les interventions en faveur d’un logement, un emploi ou une allocation, et leurs frontières avec le clientélisme. L’ex-ministre de l’économie Michel Sapin met en garde : « On ne peut jouer de ces lettres pour obtenir des faveurs. »
La classe politique a abondamment commenté la dimension judiciaire de l'affaire Darmanin. Mais la question éthique de l’abus de pouvoir suscite beaucoup moins de réactions. Voire carrément un grand embarras chez nombre de ceux que Mediapart a interrogés.
Le ministre est accusé d’avoir joué de son influence pour obtenir des faveurs sexuelles. En droit pénal, cette situation, si elle était avérée, pourrait relever du trafic d’influence. Cette qualification est régulièrement retenue dans les affaires financières mais est aussi parfaitement adaptée aux dossiers de « corruption sexuelle ». Elle a d’ailleurs déjà donné lieu à la condamnation d’un élu en 2007.
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