Plusieurs mois d’enquête ont permis en 2013 à Mediapart de recueillir des témoignages d’acteurs clés du milieu médical qui décrivent un système de pots-de-vin quand Jérôme Cahuzac travaillait au cabinet du ministre de la santé Claude Évin, entre 1988 et 1991.
L'établissement de Genève qui a organisé la dissimulation des avoirs de l'ancien ministre est sous le coup d'une information judiciaire visant les comptes non déclarés de personnalités françaises, dont des hommes politiques de tous bords.
Mardi 21 mai, la Commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Cahuzac ouvre ses travaux par l’audition publique de Mediapart. Limitée, au nom de la séparation des pouvoirs, par l’instruction judiciaire visant l’ancien ministre du budget pour blanchiment de fraude fiscale, elle a pour objet les « éventuels dysfonctionnements dans l’action du gouvernement et des services de l’État ». Mediapart lui facilite le travail avec la sortie de L’Affaire Cahuzac.
Fin du feuilleton : Jérôme Cahuzac ne se présentera pas aux législatives des 16 et 23 juin provoquées par sa propre démission. À Villeneuve-sur-Lot, où l'abstention et le FN pourraient tenir le haut du pavé, nombre d'électeurs ne lui tenaient pourtant pas rigueur de ses actes et mensonges.
Jérôme Cahuzac n'a toujours pas dévoilé l'identité des entreprises pharmaceutiques pour lesquelles il a travaillé. Encore moins les médicaments qu'il s’est chargé de promouvoir. Mediapart a toutefois retrouvé la trace d’un premier contrat, signé par le socialiste avec le laboratoire Innothera dès septembre 1991, à peine quatre mois après avoir quitté le ministère. Rémunération prévue : 300 000 francs (45 800 euros). Objectif : éviter un déremboursement.
Le projet de loi sur la moralisation de la vie publique ne traite qu'une petite partie des sujets qui mériteraient de l'être. Au Parlement comme dans les campagnes électorales, l'opacité demeure. Faute de contrôles efficaces. Tour d'horizon.
C’est une des multiples facettes de l’affaire Cahuzac. Celle d’un écheveau de relations, d’amitiés et d’intérêts au sein et à la marge du parti socialiste, et qui relie l’ancien ministre du budget à l’actuel ministre de l’intérieur Manuel Valls depuis de nombreuses années.
L'établissement de Genève qui a organisé la dissimulation des avoirs de Jérôme Cahuzac pourrait vite devenir le centre de très nombreuses attentions : Reyl & Cie est régulièrement cité comme accueillant les comptes non déclarés de personnalités françaises, artistes, capitaines d'entreprises, et hommes politiques de tous bords.
La pression monte pour inciter l'Elysée à prendre des mesures de moralisation de la vie publique. L'exécutif y a travaillé tout le week-end. Certains plaident aussi pour un remaniement d’ampleur tandis que beaucoup jugent Moscovici « carbonisé ».
Après le séisme Cahuzac, Emmanuelle Cosse (EELV), Barbara Romagnan (PS), Alexis Bachelay (PS), Ian Brossat (FdG), Emmanuel Maurel (PS) et Gwendal Rouillard (PS) ont répondu à notre question : « Où va la France ? ».
Depuis mardi, à l’Élysée et dans les ministères, la stupéfaction a laissé place à l’effarement, voire à la panique. « La République vacille », constate Olivier Faure, proche de Jean-Marc Ayrault.
Il y a deux mois, Pierre Moscovici paraissait défendre mordicus l'innocence de Jérôme Cahuzac. Aujourd'hui, le ministre de l'économie est sous le feu des questions, en raison de son rôle dans l'utilisation des moyens de l'État pour la défense de l'ancien ministre du budget. Auprès de Mediapart, il assure avoir été instrumentalisé.
Derrière le mensonge d'un homme, une crise politique qui s'entrouvre. Derrière l’écœurement de ses anciens amis floués, une interrogation qui demeure : que savait le président ? Dans un contexte de rigueur et de recentrage idéologique du pouvoir, les socialistes sont sonnés par l’aveu de Cahuzac.
En 1992-1993, avant même de créer sa société Cahuzac Conseil, l'ancien ministre du budget s'était mis au service des laboratoires pharmaceutiques, selon les documents que nous avons consultés. Juste après avoir quitté le cabinet Evin, où il était en charge du médicament.
L’avocat Philippe Péninque a reconnu, dans Le Monde, avoir ouvert le compte de l’ancien ministre du budget à l’UBS en 1992. Cette découverte de la justice suisse met au jour les liens de Jérôme Cahuzac avec ce conseiller de Marine Le Pen, dont le nom apparaît déjà dans l’affaire des comptes de campagne de Balladur.
En une courte intervention enregistrée et diffusée à la mi-journée, le président a tenté de clore l'affaire, et a indiqué que, finalement, c'était à sa demande que Jérôme Cahuzac avait démissionné, tout en annonçant la mise en œuvre imminente de trois mesures contenues dans son programme.
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