Après une forte baisse de la participation ce samedi, la majorité espère que la contestation va s’éteindre. Pour les partis d’opposition, l’heure du bilan – électoral – de ce soulèvement semble avoir déjà sonné.
Antoine, un jeune manifestant de 26 ans qui a eu la main arrachée par une grenade GLI-F4 le 8 décembre à Bordeaux, a déposé plainte contre le ministre de l’intérieur Christophe Castaner pour sa responsabilité dans « la mise à disposition » de cette arme aux forces de l’ordre.
Des « gilets jaunes » ont de nouveau manifesté par dizaines de milliers, ce samedi 15 décembre. « Le mouvement ne doit pas s’arrêter ! » Il y a ceux qui promettent de revenir pour le réveillon, ceux qui se tâtent, qui veulent renouveler les modes d’action. Et puis toujours « la haine » contre Macron. Rencontres au gré des places de Paris.
Le reflux de la mobilisation n’a pas empêché de nombreux « gilets jaunes » de rejoindre les Champs-Élysées, où des heurts ont éclaté à partir de 16 heures. Des policiers à moto armés de flashball ont fait leur apparition dans les rues.
Pour ce cinquième samedi consécutif de mobilisation, les « gilets jaunes » ont rassemblé moins de monde que les semaines précédentes. En fin de journée, le ministère de l’intérieur dénombrait 66 000 manifestants dans toute la France, contre 125 000, presque le double, le 8 décembre. Des affrontements ont eu lieu à Paris, Bordeaux ou Nantes, mais, eux aussi, sont restés moindres que les semaines précédentes.
L’ancienne sous-préfecture de la ville de Loire-Atlantique a fait place à une réquisition citoyenne. Le lieu a été baptisé « Maison du peuple ». De façon autogérée, on y discute du sens de la démocratie, comme de l’impact de la lutte sur ceux qui la mènent.
Des mouvements protestataires ont éclos en Europe depuis dix ans, en dehors des appareils politiques traditionnels. La révolte des « gilets jaunes » a-t-elle des points communs avec celle des Italiens, des Grecs ou des partisans du Brexit au Royaume-Uni ?
À la veille du « grand débat » voulu par Emmanuel Macron pour répondre aux « gilets jaunes », la confusion règne toujours sur ses modalités d’organisation. Le surgissement de la question de l’immigration et de la laïcité est venu perturber les discussions. Une partie de la majorité s’en inquiète.
La Commission européenne se retrouve dans un grand embarras : alors qu’elle menace l’Italie de sanctions pour non-respect des règles budgétaires, elle est prête à ménager la France, en pleine tourmente. Les responsables européens réalisent qu’Emmanuel Macron n’est pas le héraut de l’Europe qu’ils espéraient.
En corrigeant une politique économique incapable de faire face au ralentissement de la croissance, le mouvement social pourrait, au bout du compte, dynamiser la croissance plus qu'il ne la pénalise. Sauf si le gouvernement décide de nouveau de ramer à contre-courant…
Pour Cédric et Sandra, engagés depuis un mois aux côtés des « gilets jaunes », les annonces d’Emmanuel Macron ne vont pas faire retomber la colère et la soif du mouvement de « tout reprendre à la base ». « Les gens se sont réveillés. On va aller jusqu’au bout », expliquent-ils. Ce couple qui vit en périphérie de Lyon n’a de toute façon plus aucune confiance dans la parole de celui qui les a « tellement méprisés »
Le « mardi noir » toulousain des lycéens et enseignants en lutte contre la réforme des lycées s’est passé sans heurts. Mais la ville bruisse de nombreuses mobilisations, qui ne demandent qu’à s’agréger.
Le président de la République a annoncé lundi soir une série de mesures censées répondre aux revendications des « gilets jaunes ». Sans jamais prononcer le mot écologie, il a surtout cherché à sauvegarder ses réformes à long terme, par des propositions souvent floues ou en demi-teinte sur le pouvoir d’achat, et a étendu le débat aux questions identitaires.
Pour sauver sa présidence, Emmanuel Macron ne devrait pas seulement parler pouvoir d’achat. Il devrait répondre à un mouvement qui porte au premier plan une question ultra-politique : la réforme des institutions. Comment sortir d’une démocratie dévitalisée par le crétinisme présidentialiste ? À leur manière, les « gilets jaunes » reprennent des propositions écartées lundi soir par le président.
Trois gilets jaunes reviennent sur leur participation à ce mouvement social inédit. Ils racontent les conditions de vie qui se dégradent, et considèrent que le gouvernement leur a « jeté des miettes ». À leur suite, le géographe Aurélien Delpirou conteste les interprétations binaires du phénomène.
Le président de la République s’est exprimé lundi soir dans le but d'éteindre l'incendie alors que le fossé n’a jamais semblé aussi profond entre Emmanuel Macron et les « gilets jaunes », leurs voisins, les retraités ou les simples clients des cafés. Reportage auprès d'une députée dans le Loiret, où le rejet du pouvoir bouscule La République en marche.
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