Comment l’effondrement des repères séparant droite et gauche favorise-t-il l’extrême droite, par le biais de théories complotistes ? Comment ces circuits s’articulent-ils ? Quelle est leur importance au sein des « gilets jaunes » ? Mediapart a demandé de plus amples explications au sociologue Philippe Corcuff.
Depuis la mi-novembre, la mouvance hétéroclite de l’extrême droite radicale tente de se refaire une santé grâce au mouvement des « gilets jaunes ». Des identitaires aux royalistes, en passant par les conspirationnistes dieudonno-soraliens, tour d’horizon d’une nébuleuse dopée par cette mobilisation aux contours politiques inédits.
La violence, l’ombre de l’extrême droite et les dangers de la remise en cause radicale de la démocratie représentative par les « gilets jaunes » sont-ils des raisons pour en condamner les formes et les fins ? Le mouvement génère un nombre croissant d’inquiétudes. Son interprétation suscite une violence croissante des échanges en milieu habituellement tempéré.
Selon plusieurs décomptes, une centaine de « gilets jaunes » ont été grièvement blessés, principalement par des tirs de flashball et de grenades explosives, au cours de la mobilisation. Depuis une dizaine d’années, les victimes de ces armes, dont la dangerosité est unanimement reconnue, en demandent l’interdiction. Il est temps que l’État les entende et comprenne que la stratégie d’escalade dans laquelle il a engagé les forces de l’ordre mène au pire.
L’Observatoire toulousain des pratiques policières devrait rendre un rapport avant la fin du trimestre. Porté par la LDH, la Fondation Copernic et des avocats du SAF, ce dispositif décortique la gestion du maintien de l’ordre lors des manifestations. La préfecture apprécie moyennement.
André Gunthert, chercheur en histoire visuelle, revient sur les vidéos des affrontements entre gilets jaunes et forces de police, vidéos devenues symboliques de la crise médiatique et de la prise du pouvoir sur le récit par les gilets jaunes, mais aussi par l’ensemble des internautes.
Débat sur la consultation nationale engagée par le gouvernement et les autres pistes à explorer pour répondre aux revendications des «gilets jaunes» d’obtenir de nouveaux droits politiques.
Selon un document obtenu par Mediapart, le directeur central des Compagnies de sécurité (CRS) a ordonné le déploiement de policiers armés de fusils d’assaut lors des manifestations du 12 janvier. Une militarisation qui va de pair avec l’emploi quasi systématique, et non réglementaire, des lanceurs de balles de défense (LBD) et des grenades GLI-F4. Panorama des armes utilisées et de leurs conséquences.
Le 15 janvier, Emmanuel Macron a officiellement lancé le « grand débat », lors d’un déplacement dans l’Eure, sous haute sécurité. La pression policière ne faiblit pas, alors que le gouvernement réfute toute dérive des forces de l’ordre. LREM, de son côté, pourrait timidement mettre la question à l’agenda lors de la discussion du projet de loi « anticasseurs ».
Le député La France insoumise Ugo Bernalicis accuse le gouvernement de vouloir restreindre la liberté de manifester. Il a déposé une plainte contre le ministre de l’intérieur, qui a fait des potentiels manifestants de possibles complices de violences.
Avec sa Lettre aux Français, le président de la République a surtout cadré les discussions pour qu’elles épousent sa politique économique et sociale. Il ne remet pas en cause, côté institutionnel, l’hyperprésidentialisme. Mais repose sur la table l’immigration et la laïcité.
Deux membres du gouvernement vont piloter le « grand débat ». Mais ne sont-ils pas juge et partie ? Et que vont penser les « gilets jaunes » de l’ancienne rémunération d’Emmanuelle Wargon et de ses prises de position lorsqu’elle était en poste chez Danone ?
C’est l’une des questions posées dans sa Lettre aux Français par Emmanuel Macron : « En matière d’immigration […], souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ? » De quoi relancer le débat sur les quotas.
Mediapart a épluché plusieurs cahiers de doléances dans les mairies de la Meuse et de Meurthe-et-Moselle. Les revendications sont d’abord de justice sociale, de hausse de pouvoir d’achat, enfin de profonde réforme politique.
Les déclarations d’Emmanuel Macron sur le « sens de l’effort » et de Christophe Castaner sur la liberté de manifester n’ont pas découragé les « gilets jaunes », qui ont défilé à Paris et dans toute la France plus nombreux que la semaine dernière. Pour la première fois, un appel avait été lancé pour converger ailleurs qu’à Paris. Dans la préfecture du Cher, plus de 6 000 personnes étaient au rendez-vous, dans un mélange détonnant de mobilisation bon enfant et de rancœur de moins en moins contenue.
Directeur de la publication : Edwy Plenel
Direction éditoriale : Stéphane Alliès et Carine Fouteau
Le journal MEDIAPART est édité par la Société Editrice de Mediapart (SAS).
Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 24 octobre 2007.
Actionnaires directs et indirects : Société pour l’Indépendance de Mediapart, Fonds pour une Presse Libre, Association pour le droit de savoir
Rédaction et administration : 127 avenue Ledru-Rollin, 75011 Paris
Courriel : contact@mediapart.fr
Téléphone : + 33 (0) 1 44 68 99 08
Propriétaire, éditeur, imprimeur : Société Editrice de Mediapart
Abonnement : pour toute information, question ou conseil, le service abonnés de Mediapart peut être contacté par courriel à l’adresse : serviceabonnement@mediapart.fr ou par courrier à l'adresse : Service abonnés Mediapart, 11 place Charles de Gaulle 86000 Poitiers. Vous pouvez également adresser vos courriers à Société Editrice de Mediapart, 127 avenue Ledru-Rollin, 75011 Paris.