Dossier Notre dossier: Sarkozy, de l’affaire Bettencourt à l’affaire Bismuth
Nos articles sur le scandale Bettencourt, sur le renvoi en correctionnelle d’Éric Woerth et les manœuvres de l’ex-chef de l’État, ses vingt-cinq proches mis en examen, sa seconde ligne téléphonique au nom de Bismuth...
Mediapart révèle la teneur de sept écoutes judiciaires. L’ancien président a mis en place un cabinet noir pour neutraliser les juges qui enquêtent sur lui. Le magistrat Gilbert Azibert est bien intervenu auprès de trois conseillers de la Cour de cassation. L’avocat de Nicolas Sarkozy est informé par une taupe dans l’appareil d’État.
De nouvelles écoutes judiciaires montrent que Nicolas Sarkozy s'est inquiété l'été dernier du peu de coopération de l'actuel patron de la DCRI dans l'affaire Kadhafi pour l’informer des développements des enquêtes en cours. Les juges sont par contre parvenus à identifier une possible “taupe” de l'équipe Sarkozy, Tristan H., travaillant sur les questions libyennes dans les services secrets. Ils s'interrogent aussi sur le rôle d'un cadre dirigeant d'EADS.
Un ancien chef de l’État qui insulte la justice. L’un des plus hauts magistrats de France soupçonné d'être intervenu en sa faveur dans un dossier judiciaire. L'avocat et ami de l'ex-président en mauvaise posture. C'est l'institution judiciaire tout entière qui est salie.
La campagne médiatique lancée par des avocats parisiens et des responsables UMP fait oublier que les écoutes téléphoniques sont strictement encadrées. Ce vacarme masque surtout les soupçons de trafic d'influence qui visent Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog et Gilbert Azibert.
Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog auraient été renseignés officieusement sur deux procédures judiciaires – Bettencourt et Tapie/Lagarde – par le haut magistrat Gilbert Azibert, qui espérait en retour un coup de pouce afin d'être nommé conseiller d’État à Monaco. Le nouveau procureur financier a ouvert une information judiciaire.
Les attaques récurrentes contre les juges, qu’elles viennent de BHL, de Thierry Herzog ou de l'UMP, révèlent une peur latente chez certains de voir émerger un vrai pouvoir judiciaire indépendant.
Pour sa première prise de parole publique après les révélations de Mediapart, Me Thierry Herzog a assuré, sur Europe 1, jeudi 20 mars : « Je ne suis soupçonné de rien. » « Le moment venu, s'il le faut, je m'en expliquerai », a-t-il ajouté, gêné.
Jamais sous la Ve République un système présidentiel n'aura été cerné de si près par des juges anti-corruption. Conseillers, collaborateurs, ministres, amis, magistrats, grands flics, hommes d’affaires… Toute la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy a eu affaire à la justice et à la police ces deux dernières années. Droit d'inventaire.
Georges Kiejman s'en prend au juge Gentil, à propos de cette affaire Bettencourt dans laquelle il trempa plus que de raison. L'avocat, qui vole au secours de Nicolas Sarkozy, apparaît tel le vice passant pour vertu. Il excipe d'une morale qu'il n'incarne guère, pour allumer de fâcheux contre-feux.
La mise en examen de Nicolas Sarkozy pour abus de faiblesse dans le cadre de l'affaire Bettencourt, moins d'un an après sa défaite à la présidentielle, vient rappeler un fait inédit : jamais un président, dès son premier mandat, n’a été cerné par autant d’affaires dont l’argent est le seul ressort, entre financement politique et enrichissement personnel. Inventaire.
Une réforme d'envergure de la justice n'y suffira pas. Ce que révèle le nouveau scandale Sarkozy est la construction d’un État profond où l’ex-chef de l’État dispose de relais dans tous les secteurs de la haute fonction publique. Reconstruire un État impartial : c’est une révolution institutionnelle que le pouvoir doit engager.
Depuis la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour « abus de faiblesse », l’UMP multiplie les attaques virulentes à l'encontre des magistrats. La scène politique française se rapproche de la situation en Italie, où droite et juges s'affrontent depuis vingt ans.
Faisant preuve de patience et de détermination, le juge Gentil a accordé à Nicolas Sarkozy le même traitement qu'aux autres mis en examen de l'affaire Bettencourt. Une stratégie qui lui vaut d'être attaqué violemment par l'UMP, et par Sarkozy. Le juge va porter plainte contre Henri Guaino.
Cet article a été censuré
Par arrêt du 4 juillet 2013 de la cour d’appel de Versailles, nous avons été contraints de retirer de notre site tous les articles citant les enregistrements Bettencourt, sous peine de 10 000 euros par infraction constatée et par jour de retard. Nous avons contesté cette décision devant la cour de cassation.