Afghanistan: la guerre oubliée de la France
Cet article a été réactualisé dimanche 23 mars, après une première publication le 16 mars.
Le point de départ de cet article est simple : une réaction contre le fait que la France est en guerre mais que personne n'en parle ni ne s'en soucie. Un bref sondage auprès des collègues à Mediapart et dans d'autres rédactions de journaux nous a montré que personne ne connaissait, même de manière imprécise, le nombre de soldats français tués en Afghanistan (les réponses allaient de quatre ou cinq à plusieurs dizaines).
Certains pointeront peut-être l'absence, dans cette enquête, de figures de la majorité présidentielle. Nous en avons contacté plusieurs qui, généralement pour des questions de calendrier électoral (les municipales), n'ont pu se libérer pour nous répondre. Au sein du gouvernement, plusieurs demandes d'entretiens sont restées sans réponse. Précisons également que les citations de Jean-François Bureau ne proviennent pas d'une interview réalisée en propre, mais d'une intervention et d'une session des questions/réponses qu'il a effectuée le 12 mars 2008 à l'Institut français des Relations internationales.
Plusieurs soldats français servant actuellement en Afghanistan ont été contactés par email. La plupart n'ont pas donné suite. Néanmoins, un adjudant, demandant l'anonymat et tout en refusant de s'engager dans le débat politique du pourquoi de sa présence, a répondu : «En Afghanistan, je partage mes connaissances militaires avec de futurs soldats afghans. Je les aide à bâtir une armée garante d'un état stable. (...) Surtout, par rapport à d'autres opérations auxquelles j'ai participé en Afrique, j'ai l'impression de servir à quelque chose d'utile.»
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D'autant plus triste, que ce débat serait pourtant intéressant puisqu'il nous permettrait de comprendre un peu mieux la situation dans laquelle les Etats-Unis se trouvent en Irak.
Enfin, de manière plus générale, l'annonce d'une nouvelle participation active de la France dans ce conflit est à mettre en relation avec la volonté affichée, depuis décembre dernier par Nicolas Sarkozy, de réintégration dans l'OTAN.
Les responsabilités, telle l'imposition traumatique des batailles Américano-Russes qui ont combattus longuement dans ces vallée durant la guerre froide, permettant des formes de violences d'intégrer la société Afghane, ne font que perpétuer cette vieille pathologie du plus fort, du besoin de trouver un ennemi et de combattre.
Je crois qu'il ne faut aller chercher beaucoup plus loin.
Les aspects de “démocratisations“, de lutte pour la dignité des femmes, de “civilisations“ sont un miroir de fumée qui ne devraient en aucun cas, dans des sociétés équilibrées, s'imposer par la force et encore moins par d'autres... Mais là encore, l'impérialisme américain fait force de loi, et ses “alliés“ européens, israéliens sous traitent cette guerre “contre le terrorisme“, mais surtout pour le maintien de la domination exponentielle occidentale.
Et du soutien militaire français en Afghanistan à celui effectif en Irak, il n'y a que quelques pas de bottes, selon Fox news *:
-“France’s current deployment is its largest since the Afghan campaign’s early days, Michel said from Afghanistan’s Bagram air base (search). It includes some 500 French pilots, air controllers and ground crew who arrived this month at U.S.-operated bases in Afghanistan, Tajikistan, Kyrgyzstan and Qatar. But even as it takes a larger role alongside the United States in Afghanistan, France has not diluted its opposition to the U.S.-led invasion of Iraq, a policy that enraged Americans and led to boycotts of French products.“ -“Le déploiement actuel de la France est le plus grand depuis les premiers jours de la campagne afghane, dit Michel, de la base aérienne de Bagram de l’Afghanistan. Il inclut environ 500 pilotes français, contrôleurs aériens et équipes au sol, qui sont arrivés ce mois-ci dans les bases américaines en Afghanistan, Tajikistan, Kyrgyzstan et au Qatar.“
Cet engagement français a un effet sur le conflit irakien :
-“French and U.S. officials make clear that France still takes no direct role in Iraq. But the French-led sea patrols between Pakistan and the Horn of Africa indirectly bolster the U.S. mission there by preventing sea-borne aid for Iraqi insurgents or Gulf-based terrorists allied with them.“ -“Français et américains précisent que la France ne prend toujours aucun rôle direct en Irak. Mais les patrouilles menées par les français au-dessus de la mer, entre le Pakistan et l’Horn of Africa, soutiennent indirectement la mission des USA là-bas (en Irak), en empêchant l’aide maritime pour les insurgés irakiens ou de leurs alliés terroristes basés dans le Golfe.“
Afin de poursuivre le propos sur l'Irak, je vous propose la dernière analyse parue de M. Chomsky : http://www.legrandsoir.info/spip.php?article6238
Aussi, la France a franchi un seuil stratégique en obtenant le 15 janvier 2008 l’aménagement d’une base militaire à Abou-Dhabi, face à l’Iran, souscrivant ainsi officiellement au rôle de sous-traitante des Etats-Unis dans la défense occidentale du Golfe arabo-persique.
Il faut bien trouver des ennemis et des combats pour calmer ses propres traumatismes...
* source : http://insidetheusa.net, août 2005
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