Il y a un an, plus de 700 000 Rohingyas fuyaient un nettoyage ethnique orchestré par l’armée birmane, dans l’ouest du pays. Depuis les massacres, les autres musulmans de Birmanie vivent dans la peur. Les discriminations s’aggravent contre cette minorité, victime de l’islamophobie de la majorité bouddhiste.
Dans son discours destiné à la communauté internationale, ce mardi 19 septembre, l’ancienne icône de la démocratie birmane, telle une politicienne ordinaire, a invoqué une transition démocratique en chantier pour expliquer son inaction face à la tragédie subie par les Rohingyas, dont elle conteste encore la dimension. Et elle invite les exilés à revenir, sans leur offrir la moindre garantie.
Alors que près de 400 000 Rohingyas ont choisi l’exil pour fuir les tueries, que l’ONU parle de « nettoyage ethnique » et que les condamnations se multiplient, la première ministre birmane annonce qu’elle prononcera mardi un message de « réconciliation nationale ». Mais est-elle encore crédible ?
Plus aveugle que jamais face aux persécutions et aux violences infligées à la minorité musulmane des Rohingyas, et sourde aux protestations internationales, l’ancienne icône de la démocratie se déclare décidée à protéger les droits de « tous les habitants ». Sans dire quand, ni comment.
Une commission internationale constituée à sa demande vient de présenter à la première ministre une série de propositions pour mettre un terme au statut de paria et aux violences infligées par l’armée, la police et la majorité bouddhiste à la minorité musulmane des Rohingyas. Après avoir trop longtemps fermé les yeux, saisira-t-elle cette occasion de sauver son honneur perdu ?
Hier icône révérée de la démocratie et des droits de l’homme, le prix Nobel de la paix 1991 partage désormais le pouvoir avec ses anciens geôliers militaires. Elle est inactive et silencieuse, au nom de la raison d’État et de la solidarité avec la majorité bouddhiste, face aux violences qu’inflige l’armée à la minorité musulmane des Rohingya.
Maintenant que le nouveau gouvernement est en place en Birmanie, la prix Nobel de la paix 1991 cherche à centraliser tous les pouvoirs. Déjà ministre des affaires étrangères et ministre de la présidence, elle vient de se faire nommer conseillère spéciale de l’État. Ses premières décisions laissent perplexe.
Le président Htin Kyaw, premier dirigeant birman à n'avoir aucun lien avec l'armée depuis plus d'un demi-siècle, a prêté serment mercredi devant le Parlement dominé par les élus de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de la lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi.
Alors qu’il avait donné des signes d’ouverture après la victoire sans appel d’Aung San Suu Kyi aux législatives du mois de novembre, Min Aung Hlaing, chef d’état-major de l’armée birmane, tente à tout prix d’empêcher la prix Nobel de la paix 1991 d’accéder à la présidence du pays.
La prix Nobel de la paix birmane, dont le parti vient de remporter une victoire électorale éclatante, trouvera-t-elle le courage politique d’imposer à la religion dominante – le bouddhisme – et à l’ethnie majoritaire – les Birmans – la reconnaissance des crimes perpétrés contre les musulmans de l’État de Rakhine ?
Alors qu’elle a peut-être trouvé l’astuce institutionnelle qui lui permettrait de devenir présidente de la Birmanie le 1er avril prochain, la prix Nobel de la paix 1991 prépare avec les cadres de son parti les réformes destinées à sortir le pays de sa grande pauvreté.
Alors que le parti d'Aung San Suu Kyi a clairement remporté les élections du 8 novembre, la scène artistique birmane aimerait profiter de cette victoire. Mais à Rangoun, les peintres et plasticiens expriment leur circonspection, compte tenu des difficultés à travailler librement dans un pays officiellement débarrassé de la censure depuis 2012.
Dimanche 8 novembre, des élections libres se sont tenues en Birmanie, les premières depuis vingt-cinq ans. À Mandalay, deuxième ville du pays, les électeurs n'avaient que le nom d'Aung San Suu Kyi sur les lèvres. Mais même en cas de large victoire, « The Lady » a encore bien des obstacles à franchir pour prendre le pouvoir.
La question ethnique est l'enjeu numéro un des élections qui se déroulent dimanche 8 novembre en Birmanie. Les militaires, pas plus que les partis d'opposition, ne savent comment faire de la place à l'extraordinaire mosaïque de populations qui composent le pays, ces “voisins de l'intérieur” dont beaucoup ne pourront pas voter.
La région de Sagaing, au Nord de la Birmanie, a été le théâtre ce week-end de nouvelles exactions commises contre les musulmans, une minorité régulièrement persécutée dans ce pays à majorité bouddhiste. Depuis le mois de juin 2012, près de 250 d’entre eux ont ainsi été tués. Nous republions notre enquête du mois dernier sur cet “extrême bouddhisme” anti-musulman. De notre envoyé spécial en Birmanie.
Trois ans après la libération du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, un an après les premières élections législatives libres et la libération de centaines de prisonniers politiques, l'émission Les Pieds sur Terre (de France Culture) et Mediapart se sont rendus en Birmanie pour une série de reportages.
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