Passés la stupeur et les tremblements, les Brésiliens se remettent avec humour de la raclée infligée par l'Allemagne (7-1). Tout en ayant conscience que l'humiliation n'est peut-être pas terminée : une partie du pays pourrait assister à son pire cauchemar, voir dimanche l’Argentine couronnée dans le stade Maracana.
La catastrophe historique qui a frappé mardi 8 juillet l'équipe brésilienne, massacrée par 7 buts allemands, a éclipsé ce qui est un autre événement : le démantèlement d'un système de billetterie clandestine logé au cœur même de la Fifa, dont il se confirme qu'elle rime bel et bien avec mafia. Les autorités brésiliennes prennent ainsi leur revanche sur une organisation qui leur a dicté ses conditions.
Pourquoi ces torrents de larmes versés sur le terrain par les joueurs de la Seleçao ? Une psychologue a été convoquée par l'entraîneur. Et l'explication tient aussi au verrouillage complet de la parole, tel qu'organisé par la Fifa, et qui laisse les journalistes bredouilles.
C'est la mascotte du Mondial: un tatou à trois bandes, espèce protégée qu'on ne trouve qu'au Brésil. La Fifa a entériné ce choix et la machine à royalties a fonctionné à plein. La Fifa préfère désormais ne plus en parler, refusant de financer à plein des plans de protection de la biodiversité et des espèces animales.
Alors que la première phase éliminatoire vient de s’achever, 7 des 16 pays qualifiés sont de la région : Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Mexique et Uruguay. La chaleur humaine fait la différence.
Givanildo Vieira de Souza: c'est le postérieur le plus fameux au Brésil. Il enflamme les réseaux sociaux, tandis que la coupe du monde donne lieu à une avalanche de clichés sexistes où les femmes sont là pour décorer les tribunes et où les homosexuels sont pourchassés à longueur de commentaires.
Il y a le Brésil rêvé, le symbole Lula, les nombreux succès accumulés depuis une décennie, l'émergence d'une grande puissance. Et il y a aussi ce Brésil réel, celui que dévoile pour partie le Mondial de football : un pays qui demeure inégal, injuste, violent, raciste, machiste, parfois pusillanime.
Des milliers de supporters argentins occupent Rio de Janeiro et déploient leurs banderoles : « Dieu est Maradona, le Pape est François, le Roi est Messi ». Depuis 1950, la concurrence entre les deux pays n'a jamais cessé. Et les Brésiliens sont tous d'accord : « Gagner c’est bon, mais battre l’Argentine, c’est encore meilleur. »
Les insultes fusant dans le stade contre la présidente Dilma Rousseff et Joseph Blatter (Fifa) ont donné lieu à une guerre de communication sur les télévisions. En revanche, la manifestation surprise d'un jeune Indien guarani, visant à défendre les terres ancestrales des tribus indigènes, a été soigneusement tue.
Il y a d'abord une criminalité galopante. Il y a aussi une multiplication des mouvements sociaux qui menace de déborder le pouvoir. Pour renforcer une police mal formée et accusée de violences, les autorités brésiliennes ont décidé de recourir à l'armée. En tout, près de 200 000 hommes vont être mobilisés durant la Coupe du monde de football.
Alors que le Mondial débute dans une semaine, retour sur cette passion du Brésil pour le football. Pour le sociologue Ronaldo Helal, professeur à l’université d’État de Rio de Janeiro, le « pays du football » est une construction sociale et politique mise en place au début des années 1930.
À trois semaines de la Coupe du monde de football, les protestations se multiplient contre les coûts démesurés de l'événement alors que les services de base manquent.
À la veille du Mondial, le 64e congrès de la fédération internationale de football s'est ouvert mardi alors que la presse britannique vient de publier de multiples révélations sur les accusations de corruption lors de l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar.
Au parlement européen, une enquête menée avec une association spécialisée a permis de détecter 110 matchs de football européens truqués « sans l'ombre d'un doute » cette saison... Au centre de cette corruption difficile à détecter : les paris sportifs.
Les grands événements sportifs brésiliens ont servi de détonateur aux plus importantes manifestations depuis 1992. La Coupe du monde de foot et les Jeux olympiques cachent de juteuses affaires immobilières au profit de quelques-uns qui n’hésitent pas à expulser les pauvres à la périphérie de Rio.
Ils s'appellent Midia Ninja ou Rio na Rua, ces groupes de journalistes-citoyens tentent de contrecarrer les médias installés en proposant leurs propres couvertures des événements. « Le public a compris qu’il ne devrait pas être otage d’une narration, Midia Ninja remplit ce vide », explique l'un de ses fondateurs. Rio de Janeiro, de notre correspondante.