Les côtes oranaises sont habituées, depuis les années 2000, à voir de nombreux jeunes partir clandestinement à bord d’embarcations de fortune pour tenter de rejoindre l’Europe. Depuis le début du soulèvement populaire en Algérie, le phénomène de la harraga est cependant presque à l’arrêt, signe que les candidats au départ commencent à croire qu’ils ont un avenir dans leur pays natal.
Il est l’homme fort de l’Algérie, la seule voix du régime qui réponde aux millions de manifestants. À 79 ans, ce général chef d’état-major de l’armée est un pur représentant du « système » détesté par les Algériens. Au terme d’une carrière sans éclat, sera-t-il celui qui laissera le pays marcher vers la démocratie ?
Nouvelle semaine de protestations riche en rebondissements en Algérie. Vendredi 19 avril, pour le neuvième vendredi consécutif, des millions d'Algériennes et d'Algériens ont à nouveau défilé dans le pays.
D’énormes manifestations ont eu lieu dans toutes les villes du pays, ce vendredi 12 avril, pour refuser à nouveau un après-Bouteflika organisé par ses proches et une transition imposée par l’armée. Le chef d’état-major, nouvel homme fort du pays, se trouve dans une impasse.
À une grosse heure d’Alger, la population de Blida, dans la plaine de la Mitidja, manifeste en masse depuis deux mois. La fureur à l’encontre du régime est alimentée de causes multiples : les horreurs de la décennie noire, la corruption à tous les étages de l’administration, une bureaucratie qui étouffe la société. C’est « tout ce système qui nous vole notre avenir », disent les jeunes, soutenus par leurs familles.
Créés au tout début des années 1990, cibles durant la décennie noire, les médias indépendants ont subi les foudres du « système » Bouteflika. Affaiblis économiquement mais toujours influents, ils sont en première ligne de la révolution algérienne. Beaucoup de leurs directeurs ou rédacteurs en chef se disent optimistes quant à l’avènement d’un régime politique enfin libre, pluraliste et démocratique.
Pour reproduire sa domination, le régime algérien a choisi notamment la méthode de la rente pétrolière. Entretien filmé avec le politiste Luis Martinez qui aborde une autre de ses spécialités : l’islamisme. « En Algérie, on ne sait pas gérer un mouvement islamiste. La seule fois où on a eu à le faire, il y a eu une guerre. »
L’historienne Malika Rahal analyse le mouvement de contestation en Algérie, qui voudrait clore 57 ans de confiscation du pouvoir par le FLN et qui se joue tel un retour à 1962, quand l’indépendance avait mis fin à 132 ans de colonialisme.
Des voix féministes cherchent à se faire entendre en Algérie, considérant que le changement « du système » passe aussi par une reconnaissance des droits des femmes. Malgré les réactions hostiles qu’il suscite, le « carré féministe » descend dans la rue pour revendiquer « l’égalité ».
Alors que le peuple algérien se prépare à « vendredir » (le nouveau verbe pour dire « manifester chaque vendredi »), entretien avec Mouloud Boumghar, spécialiste de droit public, qui appelle à des élections constituantes pour une vraie transition indépendante et démocratique.
« Nous avons dit tous, c’est tous » : ce slogan a résonné partout dans le pays ce vendredi pour clamer le refus de toute implication des anciens fidèles du président déchu dans la transition politique. Plusieurs millions d’Algériens ont pris d’assaut les rues, à l’occasion des premiers grands rassemblements depuis le départ de Bouteflika.
En contraignant mardi le chef de l’État à démissionner « immédiatement », l’armée neutralise le clan présidentiel incarné par Saïd Bouteflika. Sera-t-elle jusqu’au bout avec le peuple, comme elle l’affirme ? Les Algériens en doutent, avant de nouvelles marches prévues vendredi dans tout le pays.
Le chef de l’État démissionnera « avant le 28 avril ». Avec cette annonce, le régime annonce qu’il prend en mains la transition et organisera l’après-Bouteflika. Ce que refusent les millions de manifestants qui demandent la fin de « tout le système » et une nouvelle République libre et démocratique.
Alors que d’immenses manifestations sont à nouveau organisées vendredi 29 mars dans le pays, les Algérois mangent, pensent et respirent politique. Dans la frénésie s’inventent de nouvelles mobilisations et s’étudient des scénarios de transition face à un pouvoir désintégré qui n’a plus que l’armée pour s’opposer à une société déterminée à conquérir la démocratie.
Si l’attention médiatique se focalise sur les manifestations dans la capitale algérienne, tout le pays est en mouvement. En Kabylie, terre de résistance historique, le sentiment que « l’histoire est en train de s’écrire » est largement partagé. Au moment où le chef de l’armée a demandé que le président Bouteflika soit déclaré « inapte » à gouverner, rencontre à Tizi Ouzou avec des habitants convaincus que rien ne sera plus jamais comme avant.
C’était en 2014. Bouteflika allait être réélu pour un quatrième mandat. Dans la rédaction du quotidien algérien El Watan, couvrir cette présidentielle est un moment quasi ubuesque. Le réalisateur Malek Bensmaïl a saisi les débats qui la traversent, les forces qui s’unissent pour maintenir une information indépendante, les prémices de ce qui allait être la révolte de 2019. Un film interdit en Algérie et visible en intégralité sur Mediapart, en partenariat avec Tënk, plateforme du documentaire d’auteur.
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