« Histoires de frontières » fait dialoguer plusieurs séries photographiques de Stephanos Mangriotis sur les frontières et les migrations en Grèce. De Patras en 2009 au lac de Prespa en 2012, de la xénophobie à Athènes en 2013 jusqu’aux centres de rétention aux bords de la forteresse européenne en 2014, elles disent que les frontières ne sont pas seulement des lignes. Elles bougent, changent en marquant les corps, les murs et la mémoire. Regarder ces territoires durant six ans, auprès des gens qui les vivent et les traversent, c'est voir l’absurdité et la cruauté de ces barrières aussi matérielles qu’intimes.
Albanie. 2012. Prespa est un espace partagé entre deux lacs, le « petit » et le « grand », et trois pays, la Grèce, l'Albanie et la Macédoine. Un sultan ottoman aimait tant ces lacs qu'il donna leur nom à sa fille. En ces temps-là, Prespa était unifié. Exceptionnellement, une fois par an, le libre passage sur le lac est autorisé pour permettre aux ressortissants des trois pays de fêter le jour de saint Démétrios dans une église orthodoxe de l’île Golem Grad, celle de cette photo. Je passe un mois autour de ce lac pour tenter de saisir la matérialité de la frontière.