«Où ils en sont à l'Elysée? Je ne sais pas si eux-mêmes le savent.» Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT commente le tumulte politique. Il exhorte le gouvernement à modifier son projet retraites, «ou alors on aura une importante crise sociale à la rentrée».
Syndicat majoritaire chez EDF, la CGT se trouve prise en porte-à-faux face aux derniers mouvements sociaux. «Nous sommes pris entre Sud et la direction», reconnaît un délégué syndical. Mais les salariés rendent aussi le syndicat comptable des changements intervenus dans l'entreprise publique au cours des cinq dernières années, et du malaise qu'ils ressentent face aux évolutions. Des non-dits pèsent car il y a bien eu un «deal» entre Nicolas Sarkozy et Bernard Thibault au printemps 2004 au moment du changement de statut. Et le président de la République n'a pas respecté ses engagements. Enquête.
Elu pour la première fois en janvier 1999, l'actuel secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, sera candidat à sa propre succession. Ainsi en a décidé le Comité confédéral national de la centrale syndicale, qui s'est réuni lundi 18 et mardi 19 mai: selon des informations recueillies par Mediapart, cette instance, qui est le Parlement de la confédération, a décidé à l'unanimité moins deux abstentions de proposer cette reconduction au 49e congrès de la centrale qui se tiendra du 7 au 11 décembre à Nantes. Ce congrès intervient alors que l'opinion, souvent dans le passé très critique, plébiscite les syndicats en ces temps de crise économique et de dépression sociale.
Opération-vérité à la CGT. En mai, devant les barons de son syndicat, Bernard Thibault a dressé un bilan complet de l’état des troupes. Il n’est pas brillant. D’après une étude interne «animée par Bernard Thibault» et que Mediapart s’est procurée, la faiblesse du syndicat dans le privé est jugé «préoccupante». «Ni dans l’industrie, ni dans les services, la CGT n’a les moyens de ses ambitions.» Dans le public, les bases du syndicat sont également menacées. L’étude plaide pour une profonde réorganisation interne, et s'annonce aussi comme un programme de la direction actuelle pour le congrès de fin 2009. Lire aussi La CGT compte ses forces : 640.000 adhérents, au lieu des 711.000 officiellement déclarés.
Quelques jours auront suffi pour rebattre les cartes du syndicalisme français. A cause d'un sujet tabou : la représentativité des syndicats. Lire aussi : le texte sur la représentativité, machine à broyer les petits syndicats?