Culture et idées

Y a-t-il vraiment rupture entre la gauche et la culture?

Le parlement européen vient d'adopter un amendement s'opposant à l'application du projet de loi Création et Internet, soutenu et défendu par les socialistes européens, au lendemain de la publication d'une lettre de «rupture» signée par cinq artistes classés à gauche (Pierre Arditi, Juliette Gréco, Maxime Le Forestier, Bernard Murat et Michel Piccoli). Ceux-ci laissent entendre qu'en s'opposant au projet de loi du gouvernement punissant le téléchargement illégal, les socialistes rompent avec une alliance historique qui les liait au monde culturel. La réalité est plus complexe.

Vincent Truffy

«L'antisarkozysme pavlovien me fait chier.» En quelques mots dans Libération, le comédien Pierre Arditi a réglé le compte des députés socialistes qui ont tenté de faire pièce au projet de loi création et Internet en proposant une solution alternative à l'Hadopi, la contribution créative: «Quand j'entends Christian Paul et Patrick Bloche, l'homme de gauche que je suis ne s'y reconnaît pas.» Quelques jours auparavant, il avait cosigné dans Le Monde, avec Juliette Gréco, Maxime Le Forestier, Bernard Murat et Michel Piccoli – tous artistes catalogués à gauche – une apostrophe accusant le PS d'être le fourrier de l'industrie des télécommunications contre les intérêts de leur électorat naturel, le monde de la culture: «Vous étiez la résistance à la déréglementation, à la loi de la jungle et du plus fort qui assassine la diversité culturelle. Vous êtes désormais, par l'effet d'une étrange ironie de l'histoire, les avocats du capitalisme débridé contre les droits des artistes à l'heure du numérique.»

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