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En fin d'après-midi, ce vendredi 18 juin, tout paraît normal devant l'Opéra-Bastille. Les travailleurs sans papiers sont toujours là et vaquent à leurs occupations. Dans un coin, un groupe de reggae commence à jouer les premières notes d'un air de Bob Marley. D'autres continuent leur quête auprès des passants, un peu plus de drapeaux que d'habitude flottent au vent. Pourtant, peu à peu, le parvis se remplit, les visages anxieux semblent attendre quelque chose. Pour tromper l'attente, chacun sa stratégie. Angelica, originaire de l'Equateur, discute avec ses amies. Elles sont toutes travailleuses sans papiers dans le secteur du ménage et de l'aide à la personne: «On est fatiguées mais confiantes, on va avoir une bonne nouvelle... et là, si on a nos papiers, ça va être génial, je vais pouvoir faire une formation pour faire autre chose et offrir à ma fille ses premières vacances!», se prend à rêver la jeune Equatorienne. D'autres, comme Haidara, dansent. Lui, c'est «pour ne pas penser au résultat et pour oublier la fatigue de presque trois semaines passées à dormir dehors sur des cartons». Les plus confiants sont ceux qui ont déjà un contrat Cerfa (les contrats de travail pour étrangers), et leur carte de gréviste, à l'image de Sissoko. Il explique: «J'ai déjà un contrat avec mon patron, normalement, s'il y a un contrat, il y a régularisation, et puis j'ai mes fiches de paye et la carte de la CGT.» Bah Harouna, du piquet de grève de Creil, est lui un peu moins optimiste, il tient fermement ses fiches de paye et sa carte de gréviste... et puis, il a «son nom sur la liste de la CGT», se rassure-t-il.