Dans quelles conditions sont enfermés les malades mentaux considérés comme dangereux pour la société? Nous avons été autorisés à entrer dans l'unité pour malades difficiles (UMD) de l'hôpital Paul-Guiraud, à Villejuif.
Après le discours sécuritaire de Nicolas Sarkozy sur la psychiatrie en décembre 2008, Mediapart a voulu savoir dans quelles conditions étaient enfermés les malades mentaux considérés comme dangereux pour la société. Nous avons été autorisés à entrer dans l'unité pour malades difficiles (UMD) de l'hôpital Paul-Guiraud, à Villejuif. Nous y avons découvert un univers clos, où l'arbitraire règne souvent. Camisoles, ceintures de force et électrochocs sont utilisés. Au pavillon 38, où débarquent les nouveaux arrivants en état de crise aiguë, l'objectif énoncé par la chef-psychiatre est qu'«ils n'aient pas envie de revenir». Au cours des dix dernières années, des exemples de maltraitance nous ont été signalés par d'anciens infirmiers.
Le pavillon 38 est le passage obligé des nouveaux internés de l'unité pour malades difficiles (UMD) de Villejuif. Qu'ils viennent de prison ou d'hôpital psychiatrique, les patients, considérés comme dangereux, échouent dans ce service ultra sécurisé. Les quatre traitements quotidiens les assomment au point de leur donner l'allure de mort-vivants. Les camisoles sont accrochées dans les couloirs. Les chambres carrelées sont impersonnelles, le mobilier arrimé au sol. Les fous enfermés ici n'ont aucun espace de liberté ni d'autonomie. Livrés à eux-mêmes, les infirmiers édictent les règles. Selon plusieurs témoins, une «loi de l'omerta» s'est imposée dans le pavillon 38 pour étouffer violences et pratiques d'un autre âge.
Au meurtre d'un étudiant par un patient schizophrène à Grenoble, Nicolas Sarkozy a répondu, fin 2008, par la multiplication des unités pour malades difficiles (UMD). C'est dans ces lieux d'exception qu'échouent les personnes dont les prisons et les hôpitaux psychiatriques ne veulent plus. Avec la mise en place des nouveaux centres post-peine, le spectre de l'enfermement à vie des indésirables prend forme.
Auteurs d'homicides ou patients «agités», les personnes souffrant de troubles mentaux enfermées dans les unités pour malades difficiles (UMD) ne suscitent pas la compassion. Placées au ban de la société, leurs droits sont ceux des hospitalisés d'office. Mais ils ne sont que rarement mis en œuvre. Témoignage de la mère d'un schizophrène retenu pendant six mois dans l'UMD de Cadillac, en Gironde.
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