Hervé Guibert est mort il y a vingt ans, le 27 décembre 1991. De sa mort, comme de sa vie, il avait fait un texte, un laboratoire, une exposition. État des lieux et «hommages», du côté de la vie et d'un «Quoi? – l'éternité».
«Il fallut qu'il élevât son destin comme on élève une tour, et qu'il donnât à ce destin une importance de tour, unique, solitaire et que de toutes ses minutes il le construisît. Construire sa vie, minute par minute, en assistant à sa construction qui est aussi destruction à mesure, cela vous paraît impossible.» Ces phrases, Jean Genet les écrit dans Miracle de la rose – un texte dont Guibert dira, dans Le Mausolée des amants, qu'il «lui donne la liberté absolue». Elles pourraient définir la vie et l'œuvre (romanesque, photographique, journalistique, filmique) d'Hervé Guibert, mort le 27 décembre 1991. Il avait tout juste 36 ans. Il s'est suicidé, ne supportant plus sa lente agonie liée au sida, «maladie acrobatiquement transmissible», comme il l'écrivait d'un ironique pied de nez dans Le Protocole compassionnel.