Économie et social

Jeux en ligne: la loi du Fouquet's

Alors que la session parlementaire débute à peine, que les sujets d'importance foisonnent, le gouvernement a décidé d'inscrire à l'ordre du jour l'ouverture du marché des jeux en ligne et la fin du monopole de l'Etat en la matière. Eric Woerth, ministre du budget, affirme que tout doit être réglé «avant l'ouverture du Mondial de football en Afrique du Sud [prévue en juin 2010]». Les pressions des amis se sont multipliées pour accélérer le projet.

Martine Orange

Alors que la session parlementaire est à peine réunie, que les sujets foisonnent allant des suites de la crise économique au colossal déficit budgétaire en passant par la réforme des collectivités locales, quel est l'un des tout premiers sujets que le gouvernement décide d'inscrire à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale? L'ouverture du marché des jeux en ligne et la fin du monopole de l'Etat sur ce secteur. «Nous avons pour ambition que tout soit légalisé avant l'ouverture du Mondial de football en Afrique du Sud [prévue en juin 2010]», a expliqué Eric Woerth, ministre du budget, pour justifier la discussion du projet de loi dès mercredi 7 octobre.
Le texte a mobilisé de nombreuses énergies à Bercy depuis des mois. Rapport, premières moutures, négociations avec Bruxelles, le ministère des finances a témoigné d'une grande attention à ce texte. En coulisses, il est vrai, de nombreuses parties se sont manifestées pour presser le gouvernement d'agir vite et dans le sens le plus libéral possible pour obtenir l'ouverture des jeux en ligne. Le marché fait saliver: les investissements y sont minimes et les résultats alléchants. Le total des recettes pourrait atteindre 3 à 4 milliards d'euros dans les premières années, avant de doubler ou tripler par la suite, selon certaines estimations. Car tout sera ouvert ou presque, les paris sportifs, les paris hippiques, le poker ou le backgammon. Seul, le loto devrait rester sous le monopole de la Française des jeux. Pour l'instant.
De nombreux parlementaires se sont interrogés sur cette volonté gouvernementale d'imposer très vite une loi qui fait plonger le secteur dans l'inconnu. «Quand on voit la liste des bénéficiaires, de ceux qui ont fait du lobbying et qui ont essayé d'avoir des rendez-vous avec les parlementaires, on y retrouve la liste des invités du Fouquet's», n'a pu s'empêcher de relever Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée. Procès d'intention d'une opposition en mal d'existence? A regarder les candidats intéressés à l'ouverture des jeux en ligne, il est vrai qu'ils sont nombreux à avoir figuré sur la liste des amis invités par Nicolas Sarkozy, le soir de sa victoire présidentielle.
On trouve ainsi TF1, la chaîne de Martin Bouygues. Celle-ci a dans ses cartons un projet de paris en ligne avec Serendipity, un fonds d'investissement détenu à parité par Martin Bouygues et François Pinault et dirigé par l'ancien directeur de TF1, Patrick Le Lay. Associé à la puissance de feu de TF1 et d'Eurosport, première chaîne spécialisée dans le sport, l'attelage se sent fort. Ces derniers mois, Patrick Le Lay semble avoir multiplié les interventions pour presser le gouvernement d'aller très vite de l'avant.

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