Ne rien changer pour tout changer? A Lyon, les assises de l'écologie politique avait samedi un air de «Tancrède à l'envers». Avec l'objectif de ne pas trop perturber la mécanique fragile de sa dynamique électorale, les têtes d'affiche du rassemblement écolo ont fait de ce «rendez-vous constituant» une mise en scène de leur unité trouvée, après deux ans de pérégrinations électorales et de dépassement du parti Vert.
Mieux valait sans doute afficher sa bonne humeur que de se laisser enfermer dans des tiraillements internes, habilement repoussés au congrès fondateur du printemps 2011. En reprenant les vieilles recettes de leurs meetings souvent réussis (alternant prise de paroles de leaders, films vantant l'histoire écolo, ateliers/débats sur le travail ou l'environnement), «Cohn-Bendit & co» ont ainsi pu mieux se rêver en «réinventeurs de la politique», capables d'imposer un nouveau paradigme, qu'ils espèrent toujours voir majoritaire un jour. «Il faut se poser les questions quand elles se posent, et aujourd'hui ils ne s'en posent pas», esquive Daniel Cohn-Bendit en marge de la tribune. Après des mois de bougonneries intermittentes, le co-président du groupe Vert européen s'est dit de «bonne humeur». En début d'après-midi, on l'avait entendu glisser à l'oreille de son «meilleur ennemi» Jean-Vincent Placé (le n°2 des Verts): «Arrête de dire que je suis amer, je trouve ça bien, mais que ça aurait pu être mieux.»
Symbole du consensus permanent qui anime ses différentes cultures: le choix du nom du nouveau parti-réseau (adopté par 53% des 1.300 votants présents, plus 800 votes électroniques): Europe Ecologie/Les Verts. Un symbole de continuité, assure-t-on dans les couloirs du palais des congrès lyonnais, mais qui montre bien que la dualité originelle et fondatrice de l'aventure écolo est toujours d'actualité.
Bien que tous se défendent de faire encore une distinction entre «Verts et non-Verts», la mise en œuvre d'un parti traditionnel, sans grande différence avec les Verts d'antan et toujours dirigé par Cécile Duflot, et la coopérative politique imaginée par Dany Cohn-Bendit et soutenue par les associatifs, donne un air de répartition des rôles qui semble convenir à tous. Aux élus Verts l'appareil et les négociations avec le PS, aux élus issus de la société civile le soin d'organiser le réseau des sympathisants.
France Reportage
A Lyon, les écolos en transit
Le congrès fondateur étant prévu au printemps prochain, les Assises constituantes de l'écologie politique, ce week-end à Lyon, ont surtout été l'occasion d'une mise en scène du rassemblement écolo de Cécile Duflot et Eva Joly. Sur la pointe des pieds, Cohn-Bendit prend du recul, alors que Nicolas Hulot pointe le bout de son nez.
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