Les socialistes perdent plus de 50 villes de 30 000 habitants, tandis que le Front national conquiert une douzaine de mairies. Une telle sanction, doublée d'une abstention massive, met le président de la République au pied du mur, comme l'ont reconnu dès dimanche la plupart des responsables socialistes. Mais pour quelle politique ? Le PS hésite à engager ce débat.
Détenue par le PS depuis 1995, la préfecture de l’Isère, 160 000 habitants, bascule et devient la plus grande ville de France dirigée par les écologistes, alliés au parti de gauche et à des collectifs citoyens. Ils rêvent d'incarner le « modèle » d'une alternative à la gauche du PS.
Arrivée en tête des voix au premier tour à Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet s'est finalement inclinée face à Anne Hidalgo. Mode de scrutin, couacs de campagne, poids des baronnies... La candidate UMP n'a pas réussi à rompre avec les vieux démons de la droite parisienne. Mais la débâcle du PS en Ile-de-France offre à l'opposition une nouvelle perspective : le Grand Paris.
Le cas Hollande, la défaite du PS, l'abstention, les quartiers populaires et l'extrême droite, la corruption. Mediapart a organisé une édition spéciale de « En direct de Mediapart »: avec Christian Salmon, Céline Braconnier, Sylvain Crépon, Frédéric Sawicki, Pierre Lascoumes, Marie-Hélène Bacqué et la rédaction.
Lors des municipales, les écologistes ont mieux résisté que les socialistes et même triomphé à Grenoble. « Il existe un espace politique pour une politique écologique de transition, alliée à une gauche de changement », estime Pascal Durand, tête de liste Europe Écologie-Les Verts aux européennes en Ile-de-France.
Le Front national remporte onze mairies. Les résultats démontrent surtout une consolidation du vote FN entre les deux tours : ses électeurs du premier tour ne l’ont pas délaissé au second ; et ses scores importants vont avec une participation élevée. Marine Le Pen évoque un « vote d'adhésion ».
Derrière le vote sanction, plusieurs confirmations ou étonnements : le cœur du socialisme municipal est atteint, le renouvellement est très partiel, et les Français continuent de voter pour des élus inquiétés par la justice ou cumulards.
Depuis la défaite du PS aux municipales, la panique s'est emparée des cabinets ministériels, convaincus de l'imminence d'un remaniement. Une grande partie de la majorité plaide pour une inflexion de la ligne de l'exécutif. Cécile Duflot prévient qu'elle quittera le gouvernement si Manuel Valls est nommé à Matignon.
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Mediapart a épluché les investitures PS et UMP dans les 260 villes de plus de 30 000 habitants. Celles dont les résultats seront scrutés pour mesurer l’ampleur de la défaite de la gauche au pouvoir. Mais il y a déjà une certitude : malgré des listes strictement paritaires, les maires seront des hommes.
Selon une étude réalisée dans les exécutifs municipaux des 50 plus grandes villes françaises, seuls 9 % des maires adjoints sont issus de la diversité : 7 % d’élus d'origine maghrébine, 2 % d’élus noirs et 0,1 % d’élus d'origine asiatique. En derniers de la classe, Bordeaux, Lyon, Toulon et Dunkerque.
Seriné à chaque élection, le « climat nauséabond des affaires » n'explique pas le score élevé du FN. Ce sont les faibles moyens attribués à la lutte contre la corruption, comme la modeste volonté politique de l'éradiquer, qui posent question.
Les députés ont adopté la loi interdisant aux parlementaires d’occuper une fonction exécutive locale. Mais ils n’ont rien changé au cumul des mandats dans le temps. Ils sont pourtant 239 maires (sur 428 villes de plus de 20 000 habitants) à postuler pour un troisième, quatrième, sixième, septième mandat!
Enracinement du Front national, reconstruction de l'UMP, affaires Sarkozy... À deux jours du second tour des municipales, l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy appelle l'UMP à engager la « rénovation démocratique » qui permettra à la droite « de retrouver de la crédibilité aux yeux des Français ».
La cité dionysienne a voté à contre-courant du reste du 93. La droite y est désintégrée et le PS a davantage résisté aux communistes sortants que dans le reste du département. Le maire PCF Didier Paillard, comme son challenger député PS Mathieu Hanotin, croient tous deux fermement à leur chance.
Les enquêtes d’opinion réalisées avant le premier tour des élections municipales ont sous-estimé le Front national et surestimé le PS, selon une étude de l’Observatoire de la vie politique et parlementaire. Elles ont pourtant été abondamment commentées dans les médias et prises pour argent comptant par les politiques.
Le second tour des élections municipales se profile sans que la réflexion sur les mutations de la ville ait été invitée dans les débats. Revue de quelques termes à la mode et des nouveaux lieux où se pense la ville contemporaine.