Raconter l’histoire de l’Algérie coloniale, de la conquête militaire de 1830 à la guerre d’indépendance de 1962, en faisant appel à des chercheurs venus des deux côtés de la Méditerranée : c’est le pari d’un ambitieux récit collectif publié aujourd’hui, simultanément en France et en Algérie. Avec extrait en PDF.
L’image d’Épinal du « coup d’éventail » donné par le dey d’Alger au consul de France, et prétexte à la conquête de l’Algérie, a alimenté l’imaginaire de générations d’écoliers. Ainsi, Augustine Feuillée, pédagogue célèbre pour son Tour de la France par deux enfants, publie, en 1887, un nouveau roman scolaire intitulé Les Enfants de Marcel qui raconte les débuts de la conquête de l’Algérie en ces termes. « Alger était encore au commencement de notre siècle un repaire de pirates. […] En 1830, il se passa un événement qui eut de grandes conséquences. Le dey se permit en public d’injurier le consul de France : il le frappa trois fois avec le manche de son chasse-mouches. Cet outrage, vous pensez bien, ne pouvait rester impuni : le consul d’une nation à l’étranger représente la nation elle-même ; c’était donc la France qui venait d’être souffletée publiquement. Cent trois vaisseaux de guerre, escortés de quatre cents vaisseaux de transport, débarquèrent trente-sept mille hommes sur la côte d’Alger. »