Après des semaines de négociations, les eurodéputés ont fini mercredi par reconnaître l'État palestinien, à travers une résolution non contraignante, plutôt prudente sur le fond, adoptée à une large majorité (498 pour, 88 contre, 111 abstentions – sur un total de 751 élus à Strasbourg).
Le vote, initialement prévu en novembre, avait été repoussé en raison des réticences du PPE, le premier groupe du parlement en nombre d'élus (dont les députés UMP). Mais un compromis, qui affaiblit en partie la portée du texte, a fini par émerger, pour mettre d'accord le gros des troupes de l'hémicycle : une majorité d'élus du PPE, des sociaux-démocrates du S&D, des libéraux (dont l'UDI-Modem), des verts et enfin de la gauche critique de la GUE (auquel appartient le Front de gauche), a donné son feu vert.
« Le parlement européen appuie en principe la reconnaissance de l'État palestinien et la solution fondée sur deux États, et estime que celles-ci devraient aller de pair avec le processus des pourparlers de paix, qui devrait être mis en marche », lit-on dans l'article premier de ce texte déposé, à l'origine, par les sociaux-démocrates (lire l'intégralité de la résolution). L'expression « en principe », qui atténue par son flou la reconnaissance formelle, a été ajoutée in extremis, pour rallier des voix récalcitrantes à droite.
Le PPE s'est félicité d'un texte qui « rejette la reconnaissance inconditionnelle de la Palestine », comme certains le souhaitaient pourtant à l'origine. C'est exact, mais la résolution ne conditionne pas pour autant la reconnaissance de l'État palestinien à un hypothétique règlement du conflit. Au contraire, elle fait de cette reconnaissance l'une des étapes pour relancer le processus de paix.
Autre point sensible : la version du texte en anglais fait état d'une reconnaissance de la « palestinian statehood », soit la capacité de la Palestine à se construire comme État. Ce qui n'est pas tout à fait la même chose qu'une reconnaissance de l'État palestinien stricto sensu, jugent certains observateurs. Sur ce point, la traduction française est, elle, sans ambiguïté.
Une large majorité des 74 députés français à Strasbourg (UMP, PS, EELV, UDI-Modem, Front de gauche) s'est prononcée pour ce texte, même édulcoré. Le gros des députés FN, dont Marine Le Pen, s'est abstenu (Jean-Luc Schaffhauser, qui n'est pas formellement encarté au FN, s'est opposé au texte). L'UMP Nadine Morano s'est abstenue. Quant à Brice Hortefeux et Philippe Juvin, tous deux UMP, ils ont, eux, rejeté la résolution.
En dehors du quota français, le plus petit groupe du parlement (EFDD) s'est une fois de plus fortement divisé, avec des élus italiens du Mouvement cinq étoiles votant pour le texte, quand ceux du UKIP de Nigel Farage, s'y sont opposés. Les Tories britanniques, fidèles de David Cameron, comme les élus anti-euro de l'Alternative pour l'Allemagne, ont, eux, voté contre.
Le parlement européen prend des pincettes pour reconnaître l'Etat palestinien
Une large majorité d'eurodéputés s'est entendue sur un texte qui, pour la première fois dans l'histoire de l'institution strasbourgeoise, reconnaît « en principe » l'État palestinien, et exhorte les États membres à lui emboîter le pas.
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