
Journalistes à Gaza : les visages du carnage
Dans le cimetière à ciel ouvert qu’est devenue la bande de Gaza, reposent les âmes de plusieurs dizaines de journalistes, tués en bravant le blocus médiatique imposé par Israël depuis le 7 octobre 2023. On sait peu de choses d’eux, à part leur nombre et leur attachement inébranlable à leur mission d’information. En rassemblant des fragments de vie, Mediapart a tenté de reconstituer leurs histoires. Afin que l’on se souvienne d’eux, pas seulement par leur nombre, mais aussi par leur nom, leur visage, leur destin.
25/08/2025 209. Hassan Douhan
Le 25 août 2025 au soir, Hassan Douhan a été tué par les tirs de l’armée israélienne alors qu’il se trouvait dans une tente de déplacé·es dans le village d’Al-Mawasi à Khan Younès, dans le sud de l’enclave.
Hassan Douhan était journaliste pour le quotidien palestinien Al-Hayat Al-Jadida. Il était titulaire d’un doctorat sur l’étude des médias, et s’était spécialisé dans les nouveaux médias et dans le journalisme d’investigation. Il avait enseigné le journalisme à l’université de Palestine, située à Gaza.
Un an plus tôt, en août 2024, sa maison, située dans le quartier résidentiel de Hamad City à Khan Younès, avait été détruite par des bombardements de l’armée israélienne. Lors de l’invasion de ce quartier, le fils de Hassan Douhan, Youssef, avait été enlevé par l’armée israélienne.
Le matin du jour de la mort de Hassan Douhan, deux bombardements sur l’hôpital Khan Younès avaient tué cinq journalistes. Quelques heures avant, Hassan leur avait rendu hommage sur les réseaux sociaux. Il écrivait à leur propos : « Martyrs de la vérité et de la transmission de la vérité, de la parole, du son et de l’image. Martyrs du devoir national et du journalisme. »

25/08/2025 208. Ahmed Abou Aziz
Le 25 août 2025, l’armée israélienne a attaqué l’hôpital Nasser, situé à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Un drone israélien a d’abord bombardé le toit de l’hôpital. Des témoins ont indiqué à Al Jazeera qu’un second bombardement avait eu lieu après que des secouristes, des journalistes et d’autres personnes se furent précipités sur le lieu de l’attaque initiale. Au total, ces bombardements ont tué au moins vingt personnes, dont cinq journalistes et un secouriste, selon les autorités sanitaires palestiniennes.
Parmi les journalistes, Ahmed Abou Aziz, un indépendant qui collaborait avec le média numérique Quds Feed. Il est le dernier journaliste à avoir été tué, succombant à ses blessures après le deuxième bombardement.
Dans un post Instagram, ses collègues lui ont rendu hommage. « Quds Fed Network pleure son journaliste Ahmed Abou Aziz. Le cher collègue, vertueux, serviable et distingué, qui portait la douleur des gens avec sa plume et ses paroles, s’est élevé aujourd’hui en martyr. […] Avec son départ, on ne perd pas seulement un collègue, mais aussi un cœur qui était toujours présent, un sourire malgré la fatigue, et une voix qui a témoigné de la vérité jusqu’au dernier instant. »

25/08/2025 207. Moaz Abou Taha
Le 25 août 2025, l’armée israélienne a attaqué l’hôpital Nasser, situé à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Un drone israélien a d’abord bombardé le toit de l’hôpital. Des témoins ont indiqué à Al Jazeera qu’un second bombardement avait eu lieu après que des secouristes, des journalistes et d’autres personnes se furent précipités sur le lieu de l’attaque initiale. Au total, ces bombardements ont tué au moins vingt personnes, dont cinq journalistes et un secouriste, selon les autorités sanitaires palestiniennes.
Parmi les journalistes, Moaz Abou Taha, qui travaillait en indépendant pour des médias tunisiens et marocains. Il a été tué lors du deuxième bombardement israélien, alors qu’il couvrait avec d’autres journalistes les conséquences de la première explosion.
Diplômé de l’Institut de presse et des sciences de l’information (Ipsi) de Tunis et chercheur dans le programme de doctorat en sciences de l’information et de la communication de l’institut, son ancienne école lui a rendu hommage. Selon le Syndicat des journalistes palestiniens, Moaz Abou Taha était aussi correspondant pour la radio tunisienne Diwan FM.

25/08/2025 206. Mariam Abou Dagga
Le 25 août 2025, l’armée israélienne a attaqué l’hôpital Nasser, situé à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Un drone israélien a d’abord bombardé le toit de l’hôpital. Des témoins ont indiqué à Al Jazeera qu’un second bombardement avait eu lieu après que des secouristes, des journalistes et d’autres personnes se furent précipités sur le lieu de l’attaque initiale. Au total, ces bombardements ont tué au moins vingt personnes, dont cinq journalistes et un secouriste, selon les autorités sanitaires palestiniennes.
Parmi les journalistes, Mariam Abou Dagga, était photojournaliste indépendante. Elle collaborait principalement avec l’agence américaine Associated Press, ainsi qu’avec le média Independant Arabia, version arabe du British Independent. Elle a été tuée lors du deuxième bombardement israélien, alors qu’elle couvrait avec d’autres journalistes les conséquences de la première explosion.
La journaliste relatait régulièrement la situation de l’hôpital Nasser, où elle traitait récemment des efforts des médecins pour sauver les enfants de la famine. « Mariam est un exemple de dévouement et d’engagement professionnel depuis ses débuts à Independent Arabia, a réagi la rédaction. Elle a emmené sa caméra au cœur du terrain, transmettant les souffrances des civils et les voix des victimes avec une honnêteté et un courage rares. Tout au long de sa courte mais remarquable carrière, elle a incarné l’image d’une presse libre déterminée à diffuser la vérité, quels que soient les défis et les risques. »
Mariam Abou Dagga avait 33 ans et laisse derrière elle son fils de 12 ans, Ghaith, qui avait été évacué au début de la guerre. « Il est tout pour moi et ma bénédiction. Il est ce qui m’anime et me rend heureuse. Ô Dieu, je te confie sa vie, sa santé et son bien-être », écrivait-elle sur son compte Instagram il y a quelques semaines. Mariam Abou Dagga était restée à Gaza pour continuer à documenter la situation.

25/08/2025 205. Mohammad Salama
Le 25 août 2025, l’armée israélienne a attaqué l’hôpital Nasser, situé à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Un drone israélien a d’abord bombardé le toit de l’hôpital. Des témoins ont indiqué à Al Jazeera qu’un second bombardement avait eu lieu après que des secouristes, des journalistes et d’autres personnes se furent précipités sur le lieu de l’attaque initiale. Au total, ces bombardements ont tué au moins vingt personnes, dont cinq journalistes et un secouriste, selon les autorités sanitaires palestiniennes.
Parmi les journalistes, Mohammad Salama était photojournaliste et caméraman pour Al Jazeera. Il a été tué lors du deuxième bombardement israélien, alors qu’il couvrait avec d’autres journalistes les conséquences de la première explosion.
Il avait longuement documenté les bombardements à Khan Younès, ainsi que les massacres lors des distributions d’aide alimentaire dans le sud de Gaza.
L’année dernière, Mohammad a épousé une autre journaliste palestinienne, Hala Ben Asfour. Sur son compte Instagram, il avait partagé des images de leur mariage, accompagnées d’un message de tendresse : « Malgré la guerre, la détresse et l’anxiété qui nous ont frappés, nous sommes la sécurité l’un de l’autre, même si la peur nous entoure. Nous sommes ceux qui ont parcouru des chemins périlleux ensemble jusqu’à atteindre le point qui nous unit à jamais : le mariage. »
Quinze jours avant sa mort, Mohammad et sa femme avaient lancé une cagnotte pour subvenir à leurs « besoins de base ». Le couple couvrait les conséquences de la famine sur les habitantes et habitants de Gaza, dont ils étaient eux-mêmes victimes. Ils venaient, tous les deux, de terminer une série de reportages vidéo sur les médecins venus travailler à Gaza en plein génocide.
Dans leur communiqué, Al Jazeera a condamné l’attaque contre son journalistes ainsi que ses confrères et consœur comme « une intention claire d’enterrer la vérité ». « Le sang de nos journalistes martyrs à Gaza n'a pas encore séché que les forces d’occupation israéliennes ont commis un autre crime contre le caméraman d’Al Jazeera Mohammad Salama, ainsi que contre trois autres photojournalistes », a déclaré la chaîne. Hind Khoudary, l’une des dernières journalistes pour Al Jazeera présentes dans la bande de Gaza, a elle aussi réagi à sa mort : « Combien de fois allons-nous continuer à rapporter le meurtre de nos collègues ou celui d’autres journalistes travaillant pour Al Jazeera et d’autres médias ? »

25/08/2025 204. Hussam al-Masri
Le 25 août 2025, l’armée israélienne a attaqué l’hôpital Nasser, situé à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Un drone israélien a d’abord bombardé le toit de l’hôpital. Des témoins ont indiqué à Al Jazeera qu’un second bombardement avait eu lieu après que des secouristes, des journalistes et d’autres personnes se furent précipités sur le lieu de l’attaque initiale. Au total, ces bombardements ont tué au moins vingt personnes, dont cinq journalistes et un secouriste, selon les autorités sanitaires palestiniennes.
Parmi les journalistes, Hussam al-Masri, caméraman pour l’agence de presse internationale Reuters. Reuters rapporte que le journaliste animait un live en direct de l’hôpital, qui s’est arrêté au moment du premier bombardement. Selon les premières informations, Hussam al-Masri aurait été alors tué dans ce dernier.
« Nous sommes dévastés d’apprendre la mort de Hussam al-Masri, un employé de Reuters, et les blessures d’un autre de nos employés, Hatem Khaled, lors des frappes israéliennes sur l’hôpital Nasser à Gaza aujourd’hui », a déclaré Reuters dans un communiqué.
« Nous sommes dévastés d’apprendre la mort de Hussam al-Masri, un employé de Reuters, et les blessures d’un autre de nos employés, Hatem Khaled, lors des frappes israéliennes sur l’hôpital Nasser à Gaza aujourd’hui », a déclaré Reuters dans un communiqué.
« Nous sommes dévastés d’apprendre la mort de Hussam al-Masri, un employé de Reuters, et les blessures d’un autre de nos employés, Hatem Khaled, lors des frappes israéliennes sur l’hôpital Nasser à Gaza aujourd’hui », a déclaré Reuters dans un communiqué.
Hatem Khaled, photojournaliste travaillant lui aussi pour Reuters et collègue de Hussam, a été blessé dans le deuxième bombardement. Il a pourtant publié, quelques heures après, des clichés sur lesquels on peut voir l’équipement utilisé par Hussam, ainsi que des secouristes récupérant le corps de ce dernier, enveloppé dans un linceul.
Quelque temps avant sa mort, Hussam al-Masri s’était filmé, paraissant à bout de force après les derniers bombardements de son quartier. « Il y avait ma maison, […] ma vie, et la vie a pris fin après le bombardement par les forces d’occupation. Où sont les maisons ? […] Les enfants ? […] Les gens qui vivaient ici ? »

18/08/2025 203. Marwa Musallam
Le 5 juillet, Marwa Musallam, journaliste, et ses deux frères, Moataz et Montaser, étaient chez eux lorsqu’une bombe israélienne a visé une maison adjacente à la leur, dans le quartier d’Al-Sha’af, à l’est de la ville de Gaza. Le bâtiment a été rasé, et tous les trois ont été ensevelis sous les décombres.
Leurs proches perdent alors le contact avec Marwa une première fois, et la fratrie est présumée morte, jusqu’à ce que leurs ami·es reçoivent des tentatives d’appels téléphoniques, d’abord de Marwa, puis de ses deux frères.
En réponse, le Syndicat des journalistes palestiniens a organisé une action le 29 juillet devant le Centre de solidarité des médias de la ville de Gaza, appelant à son secours. Le syndicat a également exhorté le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) à autoriser la Croix-Rouge et les forces de défense palestiniennes à intervenir afin de secourir la journaliste. Une intervention rendue impossible par les bombardements et tirs israéliens.
Ce n’est que quarante-quatre jours plus tard, le 18 août, que des équipes ont pu se rendre sur place. Son corps et ceux de ses deux frères, déjà en décomposition, ont été découverts sous les décombres.
Marwa Musallam avait 29 ans, elle était journaliste pour la radio locale Al-Shabab (« jeunesse ») et y animait l’émission matinale quotidienne, ainsi que d’autres émissions traitant des conditions de vie à Gaza.

18/08/2025 202. Islam al-Koumi
Le 18 août, lors d’une avancée nocturne dans le quartier d’Al-Sabra, au sud de la ville de Gaza, l’armée israélienne a lancé des frappes de drones et des tirs d’artillerie pour encercler la zone, et notamment une clinique et une école de l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les réfugié·es palestinien·nes.
Le journaliste Islam al-Koumi et son fils ont été tués lors du bombardement de leur maison. Islam al-Koumi était rédacteur et créateur de contenu pour plusieurs médias.

11/08/2025 201. Mohammed al-Khaldi
Le 10 août, vers 23 h 20, une frappe de drone israélienne a visé la tente du personnel d’Al Jazeera à l’hôpital Al-Shifa, tuant six journalistes, dont Mohammed al-Khaldi.
Le journaliste, grièvement blessé, a été emmené à l’hôpital mais a succombé à ses blessures quelques heures après l’attaque.
Mohammed al-Khaldi produisait principalement des vidéos et des vlogs, sur YouTube et sur les réseaux sociaux. Il collaborait aussi avec le média Sahat.
« Ce jeune homme créatif essayait de transmettre la douleur de Gaza et la souffrance de son peuple à travers le son, l’image, les mouvements et l’humour », écrivait sur le réseau social X le journaliste palestinien et ancien correspondant de la BBC Fayed Abushammalah.

10/08/2025 200. Moamen Aliwa
Le 10 août, vers 23 h 20, une frappe de drone israélienne a visé la tente du personnel d’Al Jazeera à l’hôpital Al-Shifa, tuant six journalistes, dont Moamen Aliwa. Il avait 23 ans.
Il était journaliste indépendant et collaborait régulièrement avec Al Jazeera, principalement en tant qu’assistant caméraman de Mohammed Qraiqea, tué lors du même massacre.
Son frère, Mahmoud Aliwa, lui aussi journaliste, lui a rendu hommage sur son compte Instagram. « Après vous avoir perdu, toi et mes collègues, je ne peux plus me relever. Ton départ me brise le cœur. »

10/08/2025 199. Mohammed Noufal
Le 10 août, vers 23 h 20, une frappe de drone israélienne a visé la tente du personnel d’Al Jazeera à l’hôpital Al-Shifa, tuant dix journalistes, dont Mohammed Noufal. Il avait 28 ans et était un des journalistes de la chaîne qatarie.
Mohammed Noufal était connu pour sa couverture du terrain, se déplaçant entre les fronts de bombardement, les couloirs des hôpitaux et les camps de déplacé·es.
« Sa présence apportait réconfort et bonheur à tous ceux qu’il rencontrait. Toujours souriant, il dégageait une nature virile qui vous donnait un sentiment de sécurité et de confiance », a raconté le journaliste palestinien Imad Zakour sur X après sa mort.
Mohammed Noufal avait survécu à un bombardement israélien qui avait touché la maison familiale en octobre 2023. L’armée israélienne avait ensuite tué son frère Omar. Fin juin 2025, sa mère avait à son tour été tuée par des éclats d’obus d’artillerie israéliens.
Sa sœur, Janat, a raconté à Al Jazeera le drame d’une famille : « Quand mon frère aîné Omar est décédé, nous avons entendu notre père gémir et dire : “Tu m’as brisé le dos, ô Dieu.” Lorsque nous avons perdu ma mère Muneera, mon père a dit d’une voix rauque : “Nous avons été frappés.” Lorsque mon frère Mohammed, le journaliste, a été martyrisé, il n’a rien dit. Il n’a pas crié, il n’a pas pleuré, il n’a pas prononcé un mot. Et c’est là que la peur a commencé à s’insinuer dans mon cœur… Je craignais que son silence ne le brise à jamais. Je craignais son immobilité plus que je ne craignais son chagrin. »

10/08/2025 198. Ibrahim Zaher
Le 10 août, vers 23 h 20, une frappe de drone israélienne a visé la tente du personnel d’Al Jazeera à l’hôpital Al-Shifa, tuant six journalistes, dont Ibrahim Zaher. Il avait 25 ans.
Il était l’assistant caméraman d’Anas al-Sharif, tué dans le même massacre. Ils étaient aussi des amis proches.
Sur le réseau social X, un autre journaliste palestinien, Imad Zakout, a rendu hommage à Ibrahim Zaher, en racontant son parcours. Après des études en soins infirmiers, il se réoriente vers le travail journalistique, motivé par l’urgence de documenter le génocide : « Anas et moi lui avions demandé d’apprendre le montage vidéo pour produire des séquences visuelles pour les travaux médiatiques d’Anas. Il s’est alors tourné vers YouTube, a appris le montage par ses propres efforts et avec une grande détermination, jusqu’à le maîtriser en un temps record. »
En plus de son travail de journaliste, Ibrahim était également ambulancier bénévole.

10/08/2025 197. Mohammed Qraiqea
Le 10 août, vers 23 h 20, une frappe de drone israélienne a visé la tente du personnel d’Al Jazeera à l’hôpital Al-Shifa, tuant six journalistes, dont Mohammed Qraiqea. Il avait 33 ans, une femme et trois enfants.
Originaire d’Al-Shujaiya, à l’est de la ville de Gaza, Mohammed Qraiqea était l’une des voix les plus influentes de Gaza. Il était le correspondant principal de la chaîne à Gaza, après l’assassinat d’Ismail al-Ghoul par Israël, le 31 juillet 2024. Il a joué un rôle clé dans la documentation des crimes et des conditions de vie en Palestine, grâce à des reportages en direct. Avant de rejoindre Al Jazeera, Mohammed Qraiqea a travaillé pour plusieurs médias locaux, dont la radio Al-Aqsa. Sur les réseaux sociaux, les messages d’hommage se sont multipliés. « Vous n’entendrez ni ne verrez plus le puissant journaliste aux messages sublimes, à la voix mélodieuse, au langage correct et au discours éloquent », a écrit à son sujet le blogueur Ahmed Safi sur le réseau social X.
Un an plus tôt, le 19 mars 2024, c’est au même endroit que sa mère, Nima, 65 ans, est décédée, lors du siège de l’hôpital Al-Shifa. Le journaliste avait raconté avoir reconnu le corps de sa mère, enseveli sous les décombres, grâce à ses ongles.
Comme beaucoup de Palestinien·nes, le journaliste a connu de nombreux drames familiaux. Après sa mère, vingt-sept de ses proches ont été tués par le bombardement israélien de leur maison située à Gaza, dans la nuit du 18 mars 2025.

10/08/2025 196. Anas al-Sharif
Le 10 août, vers 23 h 20, une frappe de drone israélienne a visé la tente du personnel d’Al Jazeera à l’hôpital Al-Shifa, tuant six journalistes, dont Anas al-Sharif. Il avait 28 ans. Israël a revendiqué son assassinat, l’assimilant, sans fournir de preuves tangibles, à un chef de cellule du Hamas.
Anas al-Sharif était un des visages les plus connus de Gaza. Reporter pour la chaîne qatarie Al Jazeera, il témoignait, sur des millions d’écrans dans le monde arabe, des massacres israéliens qui dévastent le petit territoire palestinien depuis plus de vingt-deux mois. Casque sur la tête et gilet pare-balles enserrant sa frêle silhouette, il avait choisi de rester dans le nord de Gaza après le 7-Octobre.
Il avait filmé et commenté des centaines de bombardements, l’invasion israélienne aux allures de nettoyage ethnique dans le camp de Jabalia et au nord de la ville de Gaza à l’automne 2024. Il avait documenté la faim et l’épuisement des Palestinien·nes, qui avaient fini par l’atteindre lui aussi.
« J’ai vécu la douleur dans tous ses détails, j’ai goûté à la souffrance et à la perte de nombreuses fois, écrivait Anas al-Sharif en avril. Puisse Allah témoigner contre ceux qui sont restés silencieux, ceux qui ont accepté notre massacre, ceux qui ont étouffé notre souffle et dont les cœurs sont restés insensibles devant les restes éparpillés de nos enfants et de nos femmes. »

24/07/2025 195. Adam Zakaria Abou Harbid
Adam Zakaria Abou Harbid était cameraman, il avait travaillé pour la chaîne al-Quds et s’était engagé plus récemment auprès d’une agence de services aux médias palestinienne, Fact News for Media Production, alimentant en images et sujets complets des médias internationaux comme Reuters, Al-Jazeera ara be et anglais, Al-Ghad TV, Al-Arabiya.
Adam, aîné d’une fratrie de 10, avait décidé de marcher dans les pas de son père, Zakaria Abou Hardib, lui aussi cameraman, lui aussi couvrant inlassablement les news à Gaza, dans toutes les circonstances, jusqu’à une grave blessure.
Lui, sa femme, ses trois enfants, ses frères et sœurs, avaient dû quitter leur immense maison familiale construite au milieu d’un verger à Beit Hanoun au début de la guerre. Ils étaient déplacés depuis dans le quartier de Yarmouk, à Gaza ville, et Adam continuait son métier.
Le 24 juillet dans la soirée, un bombardement a visé la zone de tentes où Adam et sa famille, une de ses sœurs et un des ses frères, leurs conjoint·es et leurs enfants vivaient. Adam a été tué sur le coup, ainsi que son beau-frère. Sa femme est grièvement blessée, sa sœur Heba et son frère Yahya se trouvent, encore à ce jour, dans des états critiques.
« Adam était un grand professionnel. Il a tenu couvrir les news et informer le monde jusqu’à la dernière seconde de sa vie », assure son père Zakaria à Mediapart.

30/06/2025 194. Ismail Abou Hatab
Il aurait pu quitter Gaza, il a choisi de rester. En octobre 2024, Ismail Abou Hatab, souffrant encore de blessures infligées un an plus tôt par une bombe israélienne, l’expliquait simplement : « Je crois que j’ai été créé pour une raison dans cette vie. Je possède des compétences en cinéma et en narration qui me permettent de partager la vérité. »
Photographe, réalisateur de documentaires, artiste… Ismail Abou Hatab usait de tous les outils à sa disposition pour raconter Gaza, sa beauté et ses drames. Le 30 juin, il s’était rendu au café Al-Baqa. Situé sur la plage depuis plus de quarante ans, l’endroit était prisé des jeunes actifs puisqu’il permettait encore un accès à Internet. Ismail Abou Hatab y a été tué avec une vingtaine d’autres civils. La dessinatrice Frans al-Salmi, la boxeuse Malak Mesleh et l’ingénieur Mohammed Abou Awda sont aussi mort·es sur le coup.
Ismail Abou Hatab avait 33 ans et une tonne de projets en cours. Selon Le Monde, « ce jour-là, il devait envoyer une vidéo de présentation pour ses prochaines expositions à Chicago et à Londres. La veille, il avait demandé à sa mère si sa barbe était trop longue ». Sa mère lui avait conseillé d’écourter sa barbe, il l’avait écoutée.
Courant juin, Ismail Abou Hatab avait publié une vidéo à la terrasse du café, où le bruit des vagues et celui des bombes se mêlaient, avec pour commentaire : « Les forces navales israéliennes ont ouvert le feu sur le littoral de Gaza, visant la zone portuaire dans un contexte d’escalade militaire continue. Cette attaque survient alors que les civils tentent de survivre au quotidien sous le siège. Des panaches de fumée s’élèvent désormais au-dessus du port, autrefois un rare espace de respiration et d’évasion. »
Désormais, son travail parle à sa place. Cet été, ses photos ont été exposées à Chicago et à Londres. Sa dernière exposition, « Entre le ciel et la mer », raconte « le déplacement forcé de milliers de familles pendant la guerre », celles « de Gaza qui ont marché pendant des jours sous les bombardements, portant leurs enfants, leurs souvenirs et leur dignité à travers les débris et l’incertitude ».

09/06/2025 193. Moamen Abu Alouf
Photographe et journaliste indépendant, Moamen Abou Alouf a été tué par une bombe israélienne tombée sur le quartier d’Al-Tuffah, alors qu’il couvrait des opérations de secours. Selon plusieurs sources concordantes, des ambulanciers ont aussi été tués. En plus de son rôle de journaliste, Moamen Abou Alouf se portait régulièrement volontaire pour aider les ambulanciers de Gaza et documenter leur travail.
Depuis son compte Instagram, il couvrait aussi la famine, les corps déchiquetés, les vies et les familles brisées. « Il a été tué alors qu’il accomplissait sa noble mission, celle de documenter ce que le monde tente d’occulter et de révéler ce que les assassins cherchent à cacher, se souvient son ami Wissam Shabat. Il ne combattait pas avec des armes, mais avec des mots et des images, et il était en première ligne. »
Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, a aussi condamné le meurtre du journaliste, avant de demander « l’ouverture d’une enquête approfondie ».
Depuis la mort du journaliste, sa mère, Noora al-Atal, a gardé précieusement son gilet « Press » et continue de nourrir le compte Instagram de son fils : « Je continuerai de poster ses vidéos sur sa page. On continuera ce qu’il a commencé. Si Dieu le veut. »

06/06/2025 192. Ahmad Qalaja
Le 5 juin, l’armée israélienne a visé l’hôpital baptiste Al-Ahli, tuant trois journalistes et en blessant trois autres. Ahmad Qalaja, cadreur pour la chaîne qatarie Al-Araby TV, a été grièvement blessé. Sur les vidéos de l’attaque, on l’entend gémir de douleur après avoir été touché par des éclats de bombe, certains logés dans son cerveau. Auprès du Comité de protection des journalistes, son père raconte qu’il est mort de ses blessures le lendemain, à une heure du matin. Il avait 23 ans.
Auprès du Comité de protection des journalistes, leur confrère Islam Badr témoigne : « La frappe a eu lieu vers 10 h 20, avec un seul missile tiré par un drone israélien directement sur un groupe de journalistes qui étaient assis dans la cour, travaillant sur leurs ordinateurs portables. » Le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a assumé sur Facebook le ciblage des journalistes, et notamment celui de Suleiman Hajjaj et de Samir al-Rifai, affirmant qu’ils étaient des membres du Jihad islamique agissant « comme s’ils étaient journalistes ». Sans fournir de preuves.
De son côté, Palestine Today TV a estimé qu’il s’agissait là d’un double crime de guerre, « d’une part en ciblant directement des journalistes en violation de la Convention de Genève et de toutes les conventions internationales, mais aussi en ciblant un hôpital civil prétendument protégé par le droit international ».
Le père d’Ahmad, Alaa Qalaja, a précisé que ce dernier « n’avait même pas encore reçu son diplôme, mais il travaillait comme caméraman depuis le début de la guerre ». « Il aimait le journalisme. Je travaille comme directeur adjoint de la radiodiffusion extérieure à Palestine TV, alors je l’ai encouragé et lui ai offert des possibilités de formation », a-t-il ajouté.

05/06/2025 191. Ismail Baddah
Ismail Baddah avait 33 ans et travaillait pour la chaîne Palestine Today TV, affiliée au Jihad islamique. Il y exerçait en tant que caméraman et photographe.
« Tués sur le coup lors d’une frappe de drone, alors qu’ils se trouvaient avec d’autres journalistes dans la cour de l’hôpital baptiste Al-Ahli », précise l’Unesco. Trois autres journalistes ont été blessés lors de cette attaque. L’un d’eux, Ahmed Qalaja, cadreur pour la chaîne qatarie Al Araby TV, est mort de ses blessures le lendemain.
Auprès du Comité de protection des journalistes, leur confrère Islam Badr témoigne : « La frappe a eu lieu vers 10 h 20, avec un seul missile tiré par un drone israélien directement sur un groupe de journalistes qui étaient assis dans la cour, travaillant sur leurs ordinateurs portables. » Le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a assumé sur Facebook le ciblage des journalistes, et notamment celui de Suleiman Hajjaj et de Samir al-Rifai, affirmant qu’ils étaient des membres du Jihad islamique agissant « comme s’ils étaient journalistes ». Sans fournir de preuves.
De son côté, Palestine Today TV a estimé qu’il s’agissait là d’un double crime de guerre, « d’une part en ciblant directement des journalistes en violation de la Convention de Genève et de toutes les conventions internationales, mais aussi en ciblant un hôpital civil prétendument protégé par le droit international ».

05/06/2025 190. Samir al-Rifai
Samir al-Rifai était un ancien administrateur de l’agence de presse Shams News.
En une seule matinée, lui et deux autres journalistes, Ismail Baddah et Suleiman Hajjaj, ont été tués. « Tués sur le coup lors d’une frappe de drone, alors qu’ils se trouvaient avec d’autres journalistes dans la cour de l’hôpital baptiste Al-Ahli », précise l’Unesco. Trois autres journalistes ont été blessés lors de cette attaque. L’un d’eux, Ahmed Qalaja, cadreur pour la chaîne qatarie Al-Araby TV, est mort de ses blessures le lendemain.
Auprès du Comité de protection des journalistes, leur confrère Islam Badr témoigne : « La frappe a eu lieu vers 10 h 20, avec un seul missile tiré par un drone israélien directement sur un groupe de journalistes qui étaient assis dans la cour, travaillant sur leurs ordinateurs portables. » Le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a assumé sur Facebook le ciblage des journalistes, et notamment celui de Suleiman Hajjaj et de Samir al-Rifai, affirmant qu’ils étaient des membres du Jihad islamique agissant « comme s’ils étaient journalistes ». Sans fournir de preuves.
De son côté, Palestine Today TV a estimé qu’il s’agissait là d’un double crime de guerre, « d’une part en ciblant directement des journalistes en violation de la Convention de Genève et de toutes les conventions internationales, mais aussi en ciblant un hôpital civil prétendument protégé par le droit international ».

05/06/2025 189. Suleiman Hajjaj
Suleiman Hajjaj avait 32 ans et travaillait pour la chaîne Palestine Today TV, affiliée au Jihad islamique. Il y exerçait en tant que reporter.
En une seule matinée, lui et deux autres journalistes ont été tués, Ismail Baddah et Samir al-Rifai. « Tués sur le coup lors d’une frappe de drone, alors qu’ils se trouvaient avec d’autres journalistes dans la cour de l’hôpital baptiste Al-Ahli », précise l’Unesco. Trois autres journalistes ont été blessés lors de cette attaque. L’un d’eux, Ahmed Qalaja, cadreur pour la chaîne qatarie Al-Araby TV, est mort de ses blessures le lendemain.
Auprès du Comité de protection des journalistes, leur confrère Islam Badr témoigne : « La frappe a eu lieu vers 10 h 20, avec un seul missile tiré par un drone israélien directement sur un groupe de journalistes qui étaient assis dans la cour, travaillant sur leurs ordinateurs portables. » Le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a assumé sur Facebook le ciblage des journalistes, et notamment celui de Suleiman Hajjaj et de Samir al-Rifai, affirmant qu’ils étaient des membres du Jihad islamique agissant « comme s’ils étaient journalistes ». Sans fournir de preuves.
De son côté, Palestine Today TV a estimé qu’il s’agissait là d’un double crime de guerre, « d’une part en ciblant directement des journalistes en violation de la Convention de Genève et de toutes les conventions internationales, mais aussi en ciblant un hôpital civil prétendument protégé par le droit international ».
En forme de cortège mortuaire, les proches de Suleiman Hajjaj ont porté son corps dans la rue, levant bien haut un gilet « Press ». Dans la foule, sa mère, toute de noir vêtue, épuisée, répétait qu’elle était « fière » de son « fils journaliste ».

28/05/2025 188. Moataz Mohammed Rajab
Selon l’agence de presse officielle palestinienne Wafa, neuf personnes sont mortes dans la soirée du mercredi 28 mai, lors de bombardements israéliens « sur les villes de Gaza, Khan Younès et Bani Suheila, dans le sud de la bande de Gaza ». Parmi elles, Moataz Mohammed Rajab, photojournaliste et monteur vidéo pour la chaîne Al-Quds Al-Youm, affiliée au Jihad islamique palestinien. Pour l’Organisation arabe pour les droits humains au Royaume-Uni, l’armée israélienne aurait délibérément cherché à tuer le journaliste, dans une « politique continue visant à cibler les voix libres et à faire taire la vérité ».
Sur le réseau social X, son collègue Nahed Hajjaj lui a rendu hommage en publiant une photo du jeune homme, vêtu d’un gilet « Press » : « Saviez-vous qu’il a été assassiné hier ? Personne n’en a parlé car un journaliste tué à Gaza est un événement quotidien. »

25/05/2025 187. Hassan Majdi Abou Warda
Hassan Majdi Abou Warda, directeur de l’agence Barq Gaza, a été tué le dimanche 25 mai au matin, selon la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Sa maison, dans le quartier de Jabalia al-Nazla, dans le nord de Gaza, a été visée par un bombardement, précise la FIJ. Selon l’agence de presse officielle palestinienne Wafa, plusieurs membres de sa famille ont aussi été tués.
Auprès du Comité de protection des journalistes, le cousin de Hassan, Mohamed Abou Warda, précise : « Hassan, sa mère, son jeune frère et quatre enfants déplacés de la maison voisine ont tous été tués. Son père a subi de graves blessures. La femme enceinte de Hassan et leurs deux enfants n’étaient pas dans la maison à ce moment-là. C’est ce qui leur a sauvé la vie. »

15/05/2025 186. Hassan Samour
Dans la nuit du 15 au 16 mai, un caméraman d’Associated Press a comptabilisé que dix bombes israéliennes ont été lâchées sur Khan Younès. Selon la morgue de l’hôpital local, elles ont tué 54 personnes.
Parmi elles, Hassan Samour, journaliste de 44 ans, présentateur et producteur pour la radio Al-Aqsa, affiliée au Hamas. Selon Saba, l’agence de presse officielle du Yémen, Hassan Samour a été tué, ainsi que onze membres de sa famille, dans un bombardement visant leur maison, à l’est de Khan Younès.
« Samour ne portait pas d’arme, seulement un appareil photo, une voix et un profond engagement à raconter l’histoire de son peuple. Cela seul était suffisant pour le placer sur une liste de cibles », a commenté l’Organisation arabe pour les droits humains au Royaume-Uni.

15/05/2025 185. Ahmed al-Helou
Dans la nuit du 15 au 16 mai, un caméraman d’Associated Press a comptabilisé que dix bombes israéliennes ont été lâchées sur Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Selon la morgue de l’hôpital local, elles ont tué 54 personnes, dont Ahmed al-Helou, graphiste et monteur vidéo de 34 ans, et son frère Mohamed.
Ahmed travaillait pour le média privé Quds News Network, basé à Ramallah. Dans son communiqué, le forum des médias palestiniens a déclaré qu’Ahmed al-Helou « a emprunté le chemin de la liberté, pavé de sang et de sacrifices, afin de transmettre la souffrance de son peuple au monde ».

13/05/2025 184. Hassan Aslih
Le photographe et directeur de l’agence de presse palestinienne Alam24 a été tué par un bombardement israélien visant l’hôpital Nasser, dans le sud de Gaza.
Selon la BBC, Hassan Aslih y était soigné depuis qu’il avait été blessé par un précédent bombardement visant l’hôpital, le 7 avril. Une tente de journalistes avait alors été délibérément visée par l’armée israélienne. Huit ont été blessés, certains grièvement. Deux sont morts, Hilmi al-Faqaawi et Ahmed Mansour. Les images de ce dernier dévoré par les flammes ont fait le tour de la planète, donnant à voir la réalité des « frappes » israéliennes.
Lors du bombardement d’avril, l’armée israélienne avait confirmé avoir visé délibérément la tente des journalistes, notamment pour tuer Hassan Aslih, considérant qu’il n’était pas « un journaliste mais un terroriste avec une caméra ». Israël l’accuse d’être membre du Hamas et d’avoir participé aux massacres du 7-Octobre en les documentant : « Il a filmé les horreurs pour les glorifier. »
Auprès de Reuters, Ismail al-Thawabta, directeur du bureau des médias du gouvernement dirigé par le Hamas, a déclaré que les accusations d’Israël étaient « fausses » et que le photographe n’avait aucune affiliation politique : « Cela fait partie d’une politique que l’occupant adopte, visant à discréditer et à fabriquer des mensonges pour justifier les attaques contre les journalistes et les professionnels des médias. » En août 2024, le Comité pour la protection des journalistes publiait un rapport épinglant la « pratique récurrente d’Israël consistant à accuser des journalistes de terrorisme sans fournir de preuves crédibles ».
Dans un post Instagram en forme d’hommage, son confrère Tariq Aldaqes conclut : « Les assassinats sont la chose la plus lâche qui puisse arriver dans une guerre. Comment pouvez-vous assassiner la vérité, tuer la voix, exécuter l’image et briser la plume ? »

07/05/2025 183. Noor al-Din Matar Abdu
Journaliste freelance, Noor al-Din Matar Abdu a été tué par une bombe israélienne alors qu’il était en train de travailler. Il s’était rendu à l’école Al-Karama, qui abrite des personnes déplacées, alors qu’elle venait d’être visée par un premier bombardement. Ses proches ont publié son reportage sur place un jour après son décès. « Il est mort en martyr quelques minutes après avoir tourné cette vidéo, mettant ainsi fin à son parcours. Que Dieu t’accueille, te pardonne et nous réunisse au plus haut des paradis. »
Dans un hommage sur Facebook, son cousin Ramy Abdu, fondateur à Gaza de l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme, décrit un jeune homme qui « n’a jamais abandonné sa passion pour les mots et l’image, et continuait à couvrir les nouvelles et à documenter la douleur, jusqu’à ce que le génocide survienne ».
Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, a condamné le meurtre avant de demander « l’ouverture d’une enquête approfondie et transparente ».

07/05/2025 182. Yahya Sobeih
Le 7 mai, à l’heure du déjeuner, le bombardement par Israël d’un restaurant populaire du quartier de Rimal, à Gaza, a fait plusieurs dizaines de morts, dont Yahya Sobeih, journaliste indépendant. Il documentait le quotidien de la ville, était suivi sur Instagram par plus de 170 00 abonné·es. « Yahya Sobeih a été tué sur le coup, comme en témoignent les images de son corps sans vie, le visage couvert de sang, publiées sur les réseaux sociaux », indique Reporters sans frontières.
Selon ses proches, il s’était rendu dans le restaurant pour célébrer une rare bonne nouvelle, la naissance de sa fille Amirah, quelques heures plus tôt.
« Je te parlerai de ton père, de sa noblesse, de son rire, de ses traits que tu verras dans ton miroir à mesure que tu grandiras, promet la veuve du journaliste, Ammal Ammar, dans un message adressé à leur fille. Il n’est pas complètement parti, il a laissé en toi ce qui le maintient en vie… Et le son de l’appel à la prière qu’il a murmuré à ton oreille t’accompagnera toute ton existence. »
La veille de sa mort, sur le réseau social X, Yahya Sobeih cherchait encore comment rendre dicible le génocide : « Je veux un synonyme au mot “massacre”… parce qu’il ne semble plus vous toucher. Comment peut-on appeler ce qui se passe ? »

23/04/2025 181. Saeed Abou Hassanein
Saeed Abou Hassanein était technicien pour la radio Al-Aqsa, affiliée au Hamas.
Selon plusieurs sources concordantes, dont l’agence de presse officielle palestinienne Wafa, Saeed Abou Hassanein a été tué par une bombe israélienne dans la rue Al-Bi’a à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza. Sa femme, Asmaa Jihad Abou Hassanein, et leur fille, Sarah Saeed Abou Hassanein, ont aussi été tuées.
Dans la nécrologie que la radio Al-Aqsa lui a consacrée, il est rappelé qu’il « avait rejoint le monde des médias il y a une vingtaine d’années, pendant lesquelles il a mené une brillante carrière d’ingénieur du son et de mixeur radio ».
Le journaliste Ashraf Amra a filmé la procession mortuaire qu’ont organisée les proches de Saeed Abou Hassanein, un gilet « Press » posé sur son corps. Dans les commentaires de la vidéo, entre mille prières, un constat : « Et le son et l’image à Gaza disparaissent peu à peu. »

16/04/2025 180. Fatma Hassona
« Peut-être que mes photos auront une vie plus longue que la mienne, et c’est ce qui me réconforte », écrivait la photojournaliste Fatma Hassona sur son compte Instagram. La veille de sa mort, elle en acquit la certitude. La réalisatrice franco-iranienne, Sepideh Farsi, lui apprenait alors que le documentaire dont elle est l’héroïne avait été sélectionné au Festival de Cannes. S’entrouvrait alors pour « Fatma », 25 ans, la possibilité de sortir de Gaza pour la première fois et d’aller à la rencontre de son public.
L’armée israélienne enterra définitivement cet espoir. Le 16 avril 2025, elle a été tuée avec dix de ses proches par un bombardement israélien survenu à l’aube et visant sa maison familiale. Interrogée au sujet de la mort de Fatma Hassona, l’armée israélienne a déclaré avoir ciblé « un membre du Hamas » impliqué « dans des attaques contre des soldats et des civils israéliens », et a affirmé « avoir pris des précautions pour éviter des victimes civiles ».
Fatma Hassona, diplômée en multimédia du Collège universitaire des sciences appliquées de Gaza, avait longuement hésité avant de prendre son appareil photo pour couvrir les terribles conséquences de la guerre génocidaire menée par Israël à Gaza, percluse par la peur des bombardements. Avec le temps, elle avait fini par « trouver le courage de sortir dehors », racontait-elle, et a commencé à capturer des images avant de se décider à « couvrir les événements sur le terrain, en dépit de la difficulté de soutenir la vue de terribles massacres ».
Sur son compte Instagram, elle documentait le quotidien des habitant·es de Gaza : les déplacements forcés après les ordres d’évacuation de l’armée israélienne, les quartiers du nord de l’enclave défigurés par les bombes israéliennes, les larmes de détresse de mères pleurant leurs enfants tués par les bombardements, mais aussi les sourires des enfants au milieu des ruines. Le mariage de Fatma Hassona devait se tenir une semaine après sa mort.

07/04/2025 179. Ahmed Mansour
Une scène effroyable, largement partagée sur les réseaux sociaux. On y voit un homme dévoré par les flammes, alors qu’une frappe israélienne a mis le feu à la tente dans laquelle il travaillait. Certains essayent de lui porter secours, jettent désespérément de l’eau en sa direction pour éteindre le brasier qui le consume. Puis la silhouette, transformée en torche humaine, esquisse des gestes mécaniques, comme les derniers soubresauts d’un homme à l’agonie.
Ahmed Mansour, rédacteur pour l’agence de presse locale Palestine Today, a été sévèrement blessé le 7 avril 2025 en pleine nuit dans l’incendie de sa tente, abritant plusieurs autres journalistes, causé par une frappe israélienne. Ahmed finira par succomber le jour même à ses graves brûlures. L’attaque israélienne a aussi tué son collègue Hilmi al-Faqaawi et blessé neuf autres reporters.
« Dans la bande de Gaza, on n’a plus rien, on vit sous des tentes faites de bâches en plastique. Elles sont très inflammables. La suite, vous l’avez vue en vidéo : notre collègue journaliste était assis en train de travailler sur son ordinateur portable, lorsqu’il y a eu la frappe. Son corps a été criblé d’éclats. Blessé, il n’avait plus la capacité de bouger pour sauver sa vie… et il a été dévoré par les flammes », a raconté Salma Kaddoumi, journaliste gazaouie qui connaît la victime, citée par RFI.
L’armée israélienne a affirmé avoir « ciblé un terroriste du Hamas », un photographe du nom de Hassan Eslayeh, qu’elle accuse « d’avoir participé aux massacres du 7-Octobre », sans fournir davantage de preuves.

07/04/2025 178. Hilmi al-Faqaawi
D’un pas déterminé, portant à bout de bras un brancard, des hommes conduisent le corps de Hilmi al-Faqaawi au cimetière, où il doit être enterré. Quelques heures plus tôt, le 7 avril 2025, le community manager pour le média Palestine Today TV, affilié au Jihad islamique, était tué par une frappe israélienne visant une tente abritant plusieurs journalistes, plantée dans l’hôpital Nasser, à Khan Younès. L’attaque, survenue à 1 h 25 du matin et revendiquée par l’armée israélienne, a tué un autre journaliste, Ahmed Mansour, et a blessé neuf autres reporters palestiniens, appartenant à différents médias internationaux.
L’armée israélienne a affirmé avoir « ciblé un terroriste du Hamas », un photographe du nom de Hassan Eslayeh, qu’elle accuse « d’avoir participé aux massacres du 7-Octobre », sans fournir davantage de preuves.

24/03/2025 177. Hossam Shabat
« Si vous lisez ceci, cela signifie que j’ai été tué – très probablement pris pour cible – par les forces d’occupation israéliennes. Lorsque tout cela a commencé, je n’avais que 21 ans, j’étais un étudiant avec des rêves comme tout le monde. » À 23 ans, Hossam Shabat avait déjà rédigé son testament et laissé à ses proches le soin de publier son ultime message au monde. Et pour cause, il se savait menacé, non seulement comme journaliste, mais aussi comme l’un des derniers reporters encore vivants et documentant le nettoyage ethnique du nord de la bande de Gaza.
Hossam, reporter pour la chaîne Al Jazeera Mubasher, a été tué le 24 mars 2025 à Beit Lahia après que la voiture dans laquelle il circulait a été visée par un drone israélien. L’armée israélienne a revendiqué l’assassinat ciblé du journaliste, affirmant qu’il était un « tireur d’élite » du Hamas, comme bien souvent, sans fournir la moindre preuve. Sur des images tournées par l’Agence France-Presse, on voit d’ailleurs son véhicule siglé de l’acronyme « TV », accompagné du logo de la chaîne. Le corps du journaliste a été retrouvé allongé sur le sol.
« Ces dix-huit derniers mois, j’ai consacré chaque instant de ma vie à mon peuple, exprime Hossam dans son message d’adieu. J’ai dormi sur les trottoirs, dans les écoles, sous des tentes – partout où je pouvais. Chaque jour était une lutte pour la survie. J’ai souffert de la faim pendant des mois, sans jamais quitter mon peuple. Par Dieu, j’ai accompli mon devoir de journaliste. J’ai tout risqué pour rapporter la vérité, et maintenant, je trouve enfin le repos – quelque chose que je n’avais pas connu ces dix-huit derniers mois. »
Hossam termine son message par un appel : « Je vous le demande maintenant : ne cessez pas de parler de Gaza. Ne laissez pas le monde détourner le regard [...] – jusqu’à ce que la Palestine soit libre. »

24/03/2025 176. Mohammed Mansour
« Depuis le début de la guerre, nous avons été confrontés à de nombreux obstacles et difficultés, en commençant par l’assassinat de nos confrères, la persécution, et celle de notre famille. Mais les mensonges des médias israéliens, l’insistance de l’occupation israélienne à tuer les faits, à les dissimuler ou à les déformer n’a pas réussi à entamer la persévérance des journalistes palestiniens », déclare Mohammed Mansour, journaliste pour le média Palestine Today – affilié au Jihad islamique –, dans une vidéo diffusée par Al Jazeera.
Le média qatari comptait justement la publier à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, mais a été forcé de revoir ses plans. Car Mohammed Mansour a été tué le 24 mars 2025, après qu’une frappe israélienne a visé sa maison, située à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
Mohammed avait été contraint de fuir Rafah, où il vivait avec sa famille, et avait trouvé refuge dans cette ville un peu plus au sud, où il dormait dans une tente. Quelques jours avant sa mort, il avait trouvé un appartement qu’il louait avec sa femme, près de son lieu de travail.
Palestine Today TV a dénoncé la responsabilité d’Israël et des États-Unis dans la mort de son journaliste : « La chaîne confirme que le ciblage était un assassinat délibéré du collègue Mohammed Mansour, et elle estime que cet assassinat est indissociable du contexte général que l’ennemi a adopté depuis le début de son agression en ciblant la presse et le corps des médias. »

15/03/2025 175. Mahmoud Islim al-Basos
Lorsqu’au début du mois de mars, Forbidden Stories demande à Mahmoud Islim al-Basos de filmer Gaza, la situation est désespérée.
Le consortium de journalistes cherche à documenter, grâce à des prises de vue par drone, l’ampleur sans précédent des destructions à Gaza à travers des cartes détaillées en 3D. Problème, il ne reste à Gaza presque plus aucun journaliste droniste : ils ont soit été tués alors qu’ils pilotaient leur drone, soit ont fini par renoncer à l’utiliser, de peur d’être à leur tour ciblés.
Mahmoud accepte donc la mission, en dépit des risques. Il est un journaliste récemment diplômé, mais possède déjà une solide réputation, grâce aux images capturées depuis les airs et documentant les destructions massives à Gaza causées par les bombardements israéliens, intensifs et indiscriminés. Ses clichés sont d’ailleurs largement repris par les médias internationaux, dont Reuters ou Anadolu.
Le 15 mars 2025, Mahmoud part en mission humanitaire filmer en drone les déplacements de population vers le camp de Beit Lahia, au nord de la bande de Gaza, alors qu’un cessez-le-feu temporaire est en vigueur depuis le 19 janvier. Il porte une veste « Press » et un casque de protection. Au moment où le journaliste et six autres travailleurs humanitaires distribuent des tentes à des personnes déplacées, le groupe est visé par deux frappes coup sur coup. Mahmoud, 25 ans, est tué, ainsi que toute l’équipe, à l’exception d’un survivant.
L’armée israélienne affirme que ces frappes visaient des « terroristes » – dont deux opéraient avec un drone – et dénonce par ailleurs un lien entre le drone utilisé à Beit Lahia et le Jihad islamique, sans fournir aucune preuve.

15/01/2025 174. Ahmed Abou al-Rous
Ahmed Abou al-Rous s’était préparé à sa mort. Comme journaliste palestinien, couvrant a fortiori la guerre d’Israël contre Gaza, il savait ses jours comptés. Il avait même préenregistré un message vidéo qu’il souhaitait voir diffusé pour que ses paroles touchent le monde entier s’il venait à « devenir martyr ». Dans ce message, filmé depuis sa voiture, il exprime « [s]a gratitude envers toutes les personnes qu[’il a] croisées au cours de [s]a vie », et se dit « apaisé, soulagé et content d’avoir accompli [s]a mission » de journaliste.
Il conclut ce court enregistrement, les larmes aux yeux, en demandant qu’on prie pour lui tous les jeudis soir : « C’est la volonté de Dieu que je sois un martyr, même si je lui demande de prolonger ma vie. »
Le 15 janvier 2025, quelques heures seulement avant l’annonce d’une trêve, une frappe israélienne atteint le véhicule d’Ahmed, stationné dans le camp de réfugié·es de Nuseirat. Se trouvaient également dans le véhicule ses frères jumeaux et trois de ses amis.
Ahmed, 29 ans, travaillait comme photographe et comme reporter pour l’agence de presse locale Assulta Arrabaa.

15/01/2025 173. Ahmed al-Shayyah
Ahmed al-Shayyah avait créé il y a sept ans une chaîne YouTube sur laquelle il publiait quelques-uns de ses reportages réalisés pour Al Jazeera ou l’agence de presse Quds. Il y partageait les histoires positives, celle d’un bus de la tolérance qui sillonnait des villes palestiniennes pour y diffuser un message de paix, ou d’une jeune fille aveugle pratiquant le karaté.
Mais avec la guerre, il ne trouvait plus ni l’énergie ni les moyens de poursuivre son métier. Au début du conflit, l’un de ses frères est tué dans un bombardement israélien, ce qui conduit sa famille à fuir la ville de Gaza pour rejoindre le sud de l’enclave palestinienne, réputé plus sûr, même si aucun endroit n’est sûr à Gaza. Le 15 janvier 2025, alors qu’Ahmed se trouve dans une distribution alimentaire pour personnes déplacées à Khan Younès, un missile le touche directement, le tuant. Pourtant, la zone était connue des autorités israéliennes comme un lieu de refuge pour les personnes déplacées.
Ahmed avait pris sous sa responsabilité la petite fille de son frère tué plus tôt dans la guerre. La mort de son oncle la rend une deuxième fois orpheline, sans compter les quatre enfants qu’avait Ahmed. Lors de son enterrement, on voit dans des vidéos plusieurs personnes, dont ses enfants, entourer sa dépouille, sur laquelle repose un gilet « Presse ».

14/01/2025 172. Mohammed al-Talmas
Mohammed al-Talmas était le dernier membre de sa famille à n’avoir pas quitté la région d’Al-Karama, au nord-ouest de Gaza, l’une des plus dangereuses depuis le début de la guerre, en proie à d’incessantes attaques de l’aviation israélienne. Même sa maison avait été détruite. Mais il refusait de partir.
Le 14 janvier 2025, en milieu d’après-midi, Mohammed se trouve près de la porte d’un immeuble, avec deux membres de sa famille et plusieurs amis, lorsqu’un drone israélien tire un missile sur l’immeuble situé dans le quartier de Sheikh Radwan. Le journaliste, travaillant comme rédacteur pour l’agence de presse palestinienne Safa, est gravement blessé à la tête, à l’abdomen, aux mains et aux oreilles. Il est rapidement transféré vers l’hôpital Al-Ahli puis de nouveau transféré dans un autre hôpital du centre de Gaza. Trois heures après la frappe, il succombe finalement à ses blessures. Mohammed était père de cinq enfants.

10/01/2025 171. Saed Abou Nabhan
Le 10 janvier 2025, une énième frappe israélienne tombe sur le camp de réfugié·es de Nuseirat, où s’entassent des centaines de femmes et d’enfants. L’hôpital Al-Awda reçoit alors plusieurs appels d’urgence lui demandant d’envoyer des secours au plus vite. Le journaliste Saed Abou Nabhan, 25 ans, est mis au courant du bombardement et décide de suivre les ambulances.
Sur place, l’armée israélienne encercle encore une zone du camp de réfugié·es dans le centre de la bande de Gaza, où se trouvaient de nombreux journalistes. Des images de la scène montrent plusieurs personnes, apeurées par le bruit des coups de feu, fuir les lieux à toute vitesse. Parmi elles, Saed prend aussi ses jambes à son cou, tout en continuant à filmer la scène. À ce moment-là, il est pris pour cible par un tir de sniper qui transperce sa poitrine. Saed s’effondre au sol. Un homme tente de lui venir en aide, mais finit par décamper par crainte d’être aussi ciblé par les tireurs israéliens se trouvant à une cinquantaine de mètres.
Saed, photographe et caméraman pour l’agence de presse turque Anadolu, meurt sur le coup. Le photojournaliste partageait depuis le début des bombardements sur Gaza des photos d’animaux blessés ou affamés par la guerre. Il avait aussi raconté la veille de son ultime reportage l’histoire d’un petit garçon prénommé Abdul Rahman, tué lors d’une distribution alimentaire. Il avait également lancé une cagnotte en ligne pour sauver sa famille, « dont la maison a été détruite par l’agression israélienne sur la bande de Gaza ».

03/01/2025 170. Omar al-Dirawi
Le 31 décembre 2024, le photographe Omar al-Dirawi partageait à ses 232 000 abonné·es sur Instagram un message pour la nouvelle année. À mesure que le traditionnel compte à rebours défile, les complaintes de mères palestiniennes qui pleurent la mort de leur enfant résonnent. La vidéo se conclut sur un appel au cessez-le-feu, qui viendra, mais qu’Omar ne connaîtra pas.
Le photojournaliste et caméraman pour l’agence de presse locale Assulta Arrabaa a été tué le 3 janvier 2025 par un missile israélien, tombé à 3 heures du matin, alors qu’il se trouvait en compagnie de plusieurs membres de sa famille, dans leur maison située au centre de Gaza.
Le journaliste de 23 ans recevait depuis plusieurs mois avec sa mère des coups de fil de numéros israéliens lui intimant de mettre fin à ses activités de journaliste, ou d’en payer le prix fort. L’explosion de la maison familiale a aussi tué les parents d’Omar, deux de ses frères et un cousin, et blessé plusieurs autres membres de sa famille.

03/01/2025 169. Areej Shaheen
Des clichés de jeunes femmes fraîchement diplômées, affichant de larges sourires, une jeune fille en robe de demoiselle d’honneur, un bouquet de roses bariolé. Comme tant d’autres journalistes gazaoui·es, Areej Shahee avait à cœur de révéler aux yeux du monde la beauté cachée et méconnue de l’enclave palestinienne, grouillante de vitalité et de jeunesse.
Puis vint le 7-Octobre et l’effroyable litanie de morts et de destructions qui s’ensuivit. Alors la tragédie de Gaza a pris la place des images guillerettes sur le compte Instagram d’Areej, qui s’est mise à photographier les immeubles éventrés et les piles de cadavres entassés. « Et que Dieu me soit témoin que ce sont les jours les plus lourds et les plus difficiles de ma vie. Ces jours me brisent le cœur et l’esprit mais puisse Dieu nous accorder un soulagement imminent et le réconfort éternel », écrivait-elle le 24 mars 2024.
Areej couvrait les conséquences humaines et matérielles des bombardements près de chez elle, dans le camp de Nuseirat, mais aussi dans plusieurs hôpitaux de l’enclave palestinienne. « Pendant la guerre, partant du principe que la photographie est aussi un message, Areej a commencé à documenter les crimes de l’occupation israélienne dans le centre de Gaza par la vidéo et la photographie », témoigne ainsi son frère, Ayman Shaheen.
Areej Shaheen, 32 ans, a été tuée le 3 janvier 2025 lorsqu’une bombe israélienne a touché sa maison, située dans le camp pour réfugié·es de Nuseirat, dans le centre de Gaza.

02/01/2025 168. Hassan al-Qishawi
Le 12 décembre, le journaliste Hassan al-Qishawi écrivait à son ami pour lui demander des nouvelles de son cousin. « Karam est-il devenu martyr ? », demandait-il, redoutant la réponse. Le 2 janvier 2025, c’était pour lui que s’inquiétaient ses proches. Hassan venait d’être tué par un drone israélien à l’ouest de la ville de Gaza, alors qu’il documentait pour le média indonésien Gaza Media les pertes civiles provoquées par une frappe israélienne.
Ce jour-là, le photographe n’avait pas sa caméra sur lui et s’était replié sur son téléphone. Une heure et demie après la première frappe, un autre drone lança un missile sur lui, le tuant instantanément. Hassan, 30 ans, travaillait comme photographe et producteur de documentaires depuis plusieurs années. Il était marié et attendait son deuxième enfant.

26/12/2024 167. Fadi Hassouna
« Comment puis-je vivre sans toi », se lamente la mère de Fadi Hassouna, ivre de chagrin, s’accrochant à la dépouille de son fils tandis que deux hommes tentent de l’en éloigner.
Le 27 décembre, le média Al-Quds Today, affilié au Jihad islamique, annonce à l’aube dans un communiqué la mort de cinq de ses journalistes « martyrs », tués la veille dans l’attaque de leur véhicule de télédiffusion, près de l’hôpital Al-Awda, dans le camp de réfugié·es de Nuseirat. Plusieurs témoins ont indiqué qu’un missile tiré par un avion israélien avait directement visé le véhicule où dormaient le photographe Fadi Hassouna et ses collègues. « Nous avons trouvé leurs corps carbonisés et certains de leurs membres avaient été sectionnés », ont rapporté des témoins.
L’armée israélienne a revendiqué l’assassinat ciblé des cinq journalistes, qu’elle accuse d’être des supplétifs du Jihad islamique. « En amont de la frappe, plusieurs mesures ont été prises pour réduire le risque de blesser des civils, en recourant notamment à des munitions précises et à la surveillance aérienne », ont encore ajouté les forces israéliennes. « Les journalistes sont des civils et doivent toujours être protégés », a de son côté sobrement rappelé le Comité pour la protection des journalistes.

26/12/2024 166. Ibrahim Sheikh Ali
Pendant dix ans, Ibrahim Sheikh Ali a vécu affligé par le chagrin et la douleur. En 2014, sa femme, enceinte, est tuée par l’armée israélienne. Dix ans plus tard, son tour vint.
Le 27 décembre, le média Al-Quds Today, affilié au Jihad islamique, annonce à l’aube dans un communiqué la mort de cinq de ses journalistes « martyrs », tués la veille dans l’attaque de leur véhicule de télédiffusion, près de l’hôpital Al-Awda, dans le camp de réfugié·es de Nuseirat. Plusieurs témoins ont indiqué qu’un missile tiré par un avion israélien avait directement visé le véhicule où dormaient le travailleur des médias, producteur et fixeur Ibrahim Sheikh Ali et ses collègues. « Nous avons trouvé leurs corps carbonisés et certains de leurs membres avaient été sectionnés », ont rapporté des témoins.
L’armée israélienne a revendiqué l’assassinat ciblé des cinq journalistes, qu’elle accuse d’être des supplétifs du Jihad islamique. « En amont de la frappe, plusieurs mesures ont été prises pour réduire le risque de blesser des civils, en recourant notamment à des munitions précises et à la surveillance aérienne », ont encore ajouté les forces israéliennes. « Les journalistes sont des civils et doivent toujours être protégés », a de son côté sobrement rappelé le Comité pour la protection des journalistes.

26/12/2024 165. Ayman al-Gedi
« Bonjour tout le monde, nous sommes le 25 décembre et c’est un jour spécial. Ma femme a donné naissance aujourd’hui. » Le journaliste Ayman al-Gedi partageait à ses amis la joie d’accueillir son premier enfant. Il ignorait alors que le premier jour de vie de son enfant serait aussi celui de sa mort. Une autre vidéo, partagée sur les réseaux sociaux, montre son frère le même soir, deux heures plus tard, à quelques mètres du véhicule de Ayman, criant sa douleur. « Ayman, mon frère », l’entend-on hurler de chagrin. Il expliquera plus tard s’être senti complètement démuni quand il a compris que son frère se trouvait dans le véhicule dévoré par les flammes.
Le 27 décembre, le média Al-Quds Today, affilié au Jihad islamique, annonce à l’aube dans un communiqué la mort de cinq de ses journalistes « martyrs », tués la veille dans l’attaque de leur véhicule de télédiffusion, près de l’hôpital Al-Awda, dans le camp de réfugié·es de Nuseirat. Plusieurs témoins ont indiqué qu’un missile tiré par un avion israélien avait directement visé le véhicule où dormaient le journaliste et caméraman Ayman al-Gedi et ses collègues. « Nous avons trouvé leurs corps carbonisés et certains de leurs membres avaient été sectionnés », ont rapporté des témoins.
L’armée israélienne a revendiqué l’assassinat ciblé des cinq journalistes, qu’elle accuse d’être des supplétifs du Jihad islamique. « En amont de la frappe, plusieurs mesures ont été prises pour réduire le risque de blesser des civils, en recourant notamment à des munitions précises et à la surveillance aérienne », ont encore ajouté les forces israéliennes. « Les journalistes sont des civils et doivent toujours être protégés », a de son côté sobrement rappelé le Comité pour la protection des journalistes.

26/12/2024 164. Faisal Abou al-Qumsan
Faisal est né à Taïf en Arabie saoudite le 4 août 1997. Après avoir vécu quelque temps loin de sa terre d’origine, il revient dans la bande de Gaza étudier le journalisme afin de contribuer par la caméra et la plume à combattre l’occupation israélienne des territoires palestiniens.
Le 27 décembre, le média Al-Quds Today, affilié au Jihad islamique, annonce à l’aube dans un communiqué la mort de cinq de ses journalistes « martyrs », tués la veille dans l’attaque de leur véhicule de télédiffusion, près de l’hôpital Al-Awda, dans le camp de réfugié·es de Nuseirat. Plusieurs témoins ont indiqué qu’un missile tiré par un avion israélien avait directement visé le véhicule où dormaient le journaliste Faisal Abou al-Qumsan et ses collègues. « Nous avons trouvé leurs corps carbonisés et certains de leurs membres avaient été sectionnés », ont rapporté des témoins.
L’armée israélienne a revendiqué l’assassinat ciblé des cinq journalistes, qu’elle accuse d’être des supplétifs du Jihad islamique. « En amont de la frappe, plusieurs mesures ont été prises pour réduire le risque de blesser des civils, en recourant notamment à des munitions précises et à la surveillance aérienne », ont encore ajouté les forces israéliennes. « Les journalistes sont des civils et doivent toujours être protégés », a de son côté sobrement rappelé le Comité pour la protection des journalistes.

26/12/2024 163. Mohammed al-Ladaa
Le 27 décembre, le média Al-Quds Today, affilié au Jihad islamique, annonce à l’aube dans un communiqué la mort de cinq de ses journalistes « martyrs », tués la veille dans l’attaque de leur véhicule de télédiffusion, près de l’hôpital Al-Awda, dans le camp de réfugié·es de Nuseirat. Plusieurs témoins ont indiqué qu’un missile tiré par un avion israélien avait directement visé le véhicule où dormaient le rédacteur Mohammed al-Ladaa et ses collègues. « Nous avons trouvé leurs corps carbonisés et certains de leurs membres avaient été sectionnés », ont rapporté des témoins.
L’armée israélienne a revendiqué l’assassinat ciblé des cinq journalistes, qu’elle accuse d’être des supplétifs du Jihad islamique. « En amont de la frappe, plusieurs mesures ont été prises pour réduire le risque de blesser des civils, en recourant notamment à des munitions précises et à la surveillance aérienne », ont encore ajouté les forces israéliennes. « Les journalistes sont des civils et doivent toujours être protégés », a de son côté sobrement rappelé le Comité pour la protection des journalistes.

18/12/2024 162. Mohammed al-Sharafi
Alors que l’opération militaire israélienne dans le nord de la bande de Gaza s’apparente de plus en plus à un nettoyage ethnique, des familles entières tentent de prendre la fuite vers le centre ou le sud de l’enclave palestinienne. Celle du journaliste Mohammed al-Sharafi a délaissé sa maison du camp de Jabalia pour la ville de Gaza. Dans la panique ambiante, les frères Mohammed, Moaz et Diaa ont été séparés du père et sont tous restés bloqués à Jabalia, pris au piège, alors que l’armée israélienne avait donné à la population l’ordre d’évacuer vers le sud.
Le 18 décembre 2024, une frappe israélienne sur le camp de réfugié·es palestinien·nes a définitivement éloigné les frères de leur père, tous tués par l’explosion. Leurs corps n’ont été retrouvés que deux jours plus tard, près de l’hôpital Kamal Adwan. Mohammed al-Sharafi, 25 ans, travaillait comme photographe indépendant pour la chaîne Al-Aqsa TV, affiliée au Hamas.

15/12/2024 161. Ahmed al-Louh
« C’est une nouvelle journée déchirante pour les Palestiniens, les équipes de la défense civile et les journalistes. Nous nous demandons combien de temps encore allons-nous devoir couvrir les meurtres de nos collègues et de nos proches ? », s’est émue Hind Khoudary, depuis Deir al-Balah, d’où elle enregistrait un duplex, narrant une énième fois le cortège de morts suivant une frappe israélienne. Le 15 décembre 2024, l’aviation a visé le camp de réfugié·es de Nuseirat à Gaza, tuant son confrère d’Al Jazeera, Ahmed al-Louh, ainsi que cinq employés de la défense civile palestinienne.
L’attaque couvrait justement les opérations de secours conduites par la défense civile auprès d’une famille gravement blessée par une frappe plus tôt dans la journée. Il portait distinctement au moment de l’attaque, comme nombre de ses collègues gazaoui·es assassiné·es, un gilet portant la mention « Press » ainsi qu’un casque de protection avec la même indication. Quelques jours plus tôt, Ahmed avait réchappé au bombardement de sa maison.
L’armée israélienne a revendiqué l’assassinat d’Ahmed al-Louh, le qualifiant de « terroriste travaillant pour le Jihad islamique, mais aussi comme photographe pour Al Jazeera ». Ahmed est le sixième journaliste d’Al Jazeera tué par l’armée israélienne depuis le 7-Octobre.

14/12/2024 160. Mohammed al-Qrinawi
Près d’une ambulance, les cinq corps de la famille al-Qrinawi sont disposés au sol, enveloppés dans des tapis, parfaitement alignés. L’on perçoit les pieds du père de famille dépasser de son drap mortuaire improvisé. Mohammed, sa femme et ses trois enfants ont tous été tués dans la frappe qui a visé le camp de réfugié·es d’Al-Bureij dans le centre de la bande de Gaza, le 14 décembre 2024.
Mohammed était journaliste et éditeur pour l’agence de presse locale SND, où il continuait à exercer son métier malgré des conditions de vie et de travail catastrophiques. Plusieurs mois avant leur décès, Mohammed et sa femme avaient déjà été blessé·es par une frappe israélienne visant leur domicile. « Mais il est sorti des décombres et est ensuite retourné exercer son travail journalistique jusqu’à son martyre », a salué l’agence de presse pour laquelle il travaillait.

14/12/2024 159. Mohammed Balousha
De l’avis de l’épouse de Mohammed Balousha et de son voisin, la frappe qui a visé le journaliste de 38 ans cherchait délibérément à l’éliminer. Le 14 décembre 2024, Mohammed, accompagné de son voisin et ami, se rend à la clinique du quartier de Sheikh Radwan pour un examen médical suite à des blessures par balle contractées un an plus tôt par des tirs de l’armée israélienne.
Sur le chemin du retour, environ 700 mètres avant d’atteindre sa maison, Mohammed est visé par une frappe de drone. Puis, une deuxième frappe. Pourtant, Mohammed était un homme précautionneux. Il tenait à laisser plusieurs mètres de distance avec son voisin qui l’accompagnait, à marcher près des murs, de telle sorte à éviter d’être repéré et pris pour cible.
Mohammed ne meurt d’ailleurs pas sur le coup. Son ami, constatant ses graves blessures à la poitrine, appelle immédiatement une ambulance. « L’ambulance m’a dit que les forces d’occupation leur avaient demandé de ne pas entrer dans la zone. Une demi-heure plus tard, une ambulance est arrivée, mais Mohammed était décédé », a témoigné auprès du Comité pour la protection des journalistes son ami Abdul Karim Kalloup, persuadé que le drone avait « certainement surveillé » l’itinéraire de Mohammed entre son domicile et la clinique. Déjà lorsqu’il fut blessé en décembre 2023, Mohammed Balousha avait accusé Israël de le prendre directement pour cible : « Je portais tout ce qu’il fallait pour prouver que j’étais journaliste, mais ils m’ont délibérément pris pour cible, et maintenant j’ai du mal à obtenir les soins nécessaires pour préserver ma vie. »
Le reporter pour le média qatari Al Mashhad n’avait pas vu sa femme et ses enfants depuis quatorze mois – ils avaient fui vers le sud afin d’y trouver un peu de sécurité. « Je l’ai contacté la nuit de sa mort, a témoigné sa femme, Fatima al-Balawi. J’avais très peur pour lui, et je sentais que sa fin était proche, d’autant plus que les bombardements étaient de plus en plus intenses et violents. Il était courageux et m’a toujours assuré qu’il resterait en bonne santé pour nous, mais c’est la première fois qu’il rompt sa promesse. »

11/12/2024 158. Iman al-Shanti
« Vous considérez le sang des Gazaouis comme du sang bon marché. Avez-vous si peur de faire ne serait-ce qu’un petit sacrifice ? Vous êtes si peu attachés à nos vies que vous n’êtes même pas en mesure d’organiser une grande marche ? », s’adressait Iman al-Shanti au reste du monde dans sa dernière vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Iman avait pourtant mis toute son énergie depuis le début de la guerre à éveiller les consciences endormies sur la situation désastreuse des habitant·es du nord de la bande de Gaza, en proie à un nettoyage ethnique.
« Iman vivait dans le nord et a eu l’opportunité de déménager dans le sud, mais elle a préféré rester pour continuer à informer sur ce qui se passait dans le nord. Et cela lui a coûté la vie », a déploré son confrère et ami de longue date Sami Barhoum. Iman a été tuée avec le reste de sa famille le 11 décembre 2024 par un bombardement israélien sur le quartier résidentiel de Sheikh Radwan, dans le nord de la bande de Gaza. La journaliste de 36 ans travaillait pour plusieurs médias, dont la radio Al-Aqsa et pour le site d’information AJ+, géré par Al Jazeera. Elle s’était fait connaître en animant l’émission « L’origine de l’histoire », qui racontait les souffrances du peuple palestinien. « Quel danger Iman représentait-elle pour Israël pour que l’appartement dans lequel elle vivait soit rasé et qu’elle, son mari et trois de leurs enfants perdent la vie », s’indigne, fou de rage, son ami Sami Barhoum.

30/11/2024 157. Maisara Ahmed Salah
Le 27 novembre, Maisara Ahmed Salah tente de réchapper aux flammes qui consument l’école Awni Al-Harthani, après qu’un bombardement israélien a visé les environs de l’école qui abritait des centaines de déplacé·es, pris au piège de la famine et de l’insécurité depuis plus de deux mois. Alors qu’il parvenait à s’éloigner du brasier, un drone quadricoptère le prend pour cible. Le caméraman freelance, travaillant notamment pour l’agence de presse Quds News Network, basée à Ramallah, est blessé.
Il est rapidement hospitalisé à l’hôpital Kamal Adwan et son état, bien que grave, se stabilise. L’équipe médicale convient de son transfert vers le grand hôpital de Gaza, Al-Ahli, pour poursuivre les soins. L’ambulance part le samedi après-midi pour assurer son transport. Mais l’armée israélienne l’arrête en apprenant que Maisara travaille pour les médias. Après huit heures d’attente, son transport est finalement autorisé. Il meurt quelques heures après son arrivée à l’hôpital d’Al-Ahli.
« L’armée d’occupation israélienne a tué notre collègue Maisara Salah, deux fois : une fois par blessure directe, et une fois en l’empêchant de recevoir les soins médicaux nécessaires », a dénoncé l’agence de presse Quds News Network.

30/11/2024 156. Mamdouh Qanita
Une dizaine d’hommes transportent le corps sans vie de Mamdouh Qanita, de la cour de l’hopital Al-Ahli à l’intérieur du complexe hospitalier. Le journaliste de 42 ans travaillant pour la chaîne Al-Aqsa TV, rattachée au Hamas, a été visé par un coup de feu tiré par un drone israélien dans la soirée du 30 novembre 2024.
« Nous étions dans la cour de l’hôpital Al-Ahli, plus précisément dans la zone réservée aux journalistes, lorsque nous avons été surpris par des tirs, samedi à 17 h 45, provenant d’un drone quadricoptère israélien. Une balle a directement pénétré la tête de Mamdouh et est ressortie de l’autre côté, a rapporté son confrère Khalil Abou Shaaban, qui se tenait juste à côté quand Mamdouh a été tué. Nous ne portions pas d’insigne de presse, car nous étions dans un hôpital et non sur le théâtre d’opérations militaires ou de frictions avec les forces d’occupation, et cet endroit était censé être sûr. »

19/11/2024 155. Ahmed Abou Sharia
Ahmed Abou Sharia tenait son intérêt du journalisme de son père, lui-même photographe pour la grande agence de presse américaine Associated Press. La guerre avait donné encore plus de sens à sa mission d’information, à laquelle il refusait de renoncer, malgré le ciblage systématique des journalistes à Gaza.
Le 19 novembre, au petit matin, il n’avait justement pas encore pris le chemin du terrain. Son appareil photo était encore rangé dans son étui. Il prenait son petit-déjeuner chez lui, en compagnie de plusieurs de ses cousins quand un char de l’armée israélienne a attaqué sa maison située dans le quartier de Sabra, au sud de la ville de Gaza. Il est mort sur le coup. Son corps est arrivé en morceaux à l’hôpital baptiste du centre-ville. Ahmed, 32 ans, était père de deux filles.

11/11/2024 154. Mahdi al-Mamluk
Au fond, le sort de Mahdi al-Mamluk est celui banal d’un travailleur des médias vivant à Gaza. Depuis le début de la guerre, il avait été forcé de quitter son quartier de Shuja’iyya, situé dans l’est la ville de Gaza, pour fuir les bombardements israéliens, sans réussir à trouver un foyer stable, car aucun endroit n’est sûr dans l’enclave palestinienne. En dépit de sa situation personnelle, il continuait à exercer son métier d’ingénieur de l’image et transmettait des images du siège de l’hôpital Al-Shifa pour le média Al-Quds Al-Youm TV, affilié au Jihad islamique. Il y documentait la peur et les souffrances des Gazaoui·es réfugié·es dans le plus grand complexe médical de Gaza, avant sa destruction complète.
Il était justement occupé à envoyer des images, le 11 novembre 2024, quand une frappe de l’armée israélienne l’a surpris et tué instantanément.

09/11/2024 153. Ahmed Abou Skheil
Près d’un mur nappé de sang gisent au sol les corps déchiquetés du journaliste Ahmed Abou Skheil et de sa sœur, Zahraa. Au centre de la salle de classe où ils s’étaient réfugiés pour passer la nuit, seuls les gilets « Press » sont restés intacts. Le 9 novembre 2024, Ahmed fut pris pour cible par un bombardement israélien alors qu’il se trouvait dans l’école Fahd Al-Sabah, située dans un quartier à l’est de Gaza. Comme une centaine d’autres Gazaoui·es fuyant les bombes israéliennes, le photographe de l’agence de presse Al-Elamya avait trouvé refuge dans cette école, avec sa sœur Zahraa, elle aussi journaliste, et son père.
Ahmed avait, plus tôt dans la guerre, perdu trois de ses cousins journalistes, Mohamed al-Sayed Abou Skheil, Tariq al-Sayed Abou Skheil, tous tués par l’armée israélienne en mars 2024 alors qu’ils se trouvaient dans l’hôpital Al-Shifa.

09/11/2024 152. Zahraa Abou Skheil
Quelques mois avant sa mort, Zahraa Abou Skheil, 22 ans, déplorait la faillite du droit international, incapable d’empêcher l’extermination par Israël des journalistes de la bande de Gaza. Le 9 novembre 2024, elle fut elle-même prise pour cible par un bombardement israélien alors qu’elle se trouvait dans l’école Fahd Al-Sabah, située dans un quartier à l’est de Gaza, où elle dormait dans une salle de classe. Comme une centaine d’autres Gazaoui·es fuyant les bombes israéliennes, elle avait trouvé refuge dans cette école, avec son frère Ahmed, lui aussi journaliste, et son père.
Zahraa, reporter pour l’agence de presse Al-Elamya, avait, plus tôt dans la guerre, perdu trois de ses cousins journalistes, Mohamed al-Sayed Abou Skheil, Tariq al-Sayed Abou Sakheil, tous tués par l’armée israélienne en mars 2024 alors qu’ils se trouvaient dans l’hôpital Al-Shifa.

01/11/2024 151. Bilal Rajab
Bilal Rajab, journaliste palestinien de 27 ans et caméraman pour la chaîne de télévision Al-Quds Al-Youm TV, affiliée au Jihad islamique, a été tué le 1er novembre 2024 par une frappe israélienne sur le centre-ville de Gaza. Bilal se trouvait avec un groupe d’habitants quand l’aviation israélienne les a pris pour cible. « Les tâches principales de Bilal pour la chaîne concernaient au départ la coordination, les bandeaux et les relations publiques, mais dès le premier mois, il a commencé à travailler comme caméraman dans la ville de Gaza », a raconté Mohammed Abou Shawish, directeur exécutif d’Al-Quds Al-Youm TV.

31/10/2024 150. Amr Abou Odeh
Du linceul dont son corps est recouvert ne dépasse que son visage blafard. Porté sur une civière, les proches du journaliste Amr Abou Odeh lui ont rendu un dernier hommage avant de l’enterrer près des siens, embrassant sa dépouille. Le jeune homme de 26 ans travaillait comme photographe indépendant, notamment pour l’agence de presse turque Anadolu et pour Reuters. Il a été tué le 31 octobre 2024 par une frappe de l’armée israélienne lancée contre un groupe de civils qui se trouvaient dans le camp de réfugié·s d’Al-Shati.
Avec sa famille, Amr avait été contraint de fuir leur ville de Beit Hanoun, située dans le nord de la bande de Gaza, pour rejoindre le camp de réfugié·es d’Al-Shati. Sa sœur a témoigné auprès du Comité pour la protection des journalistes de sa passion pour le journalisme, commencé alors qu’il n’avait que 15 ans. Son engouement pour la photographie l’avait amené à couvrir les manifestations de la Grande marche du retour en 2018.

27/10/2024 149. Nadia Emad al-Sayed
Nadia Emad al-Sayed, une animatrice palestinienne indépendante, a été tuée le 27 octobre 2024 avec deux autres journalistes, alors qu’elle se trouvait dans une école transformée en camp pour déplacé·es, situé dans le camp d’Al-Shati, près de la ville de Gaza. Son mari, Muhammad Masoud, a rapporté que le groupe de journalistes tenait dans une des salles de classe de l’école une conférence de rédaction improvisée, quand ils ont été surpris vers 13 h 15 par les bombes de l’armée israélienne.

27/10/2024 148. Saed Radwan
« Mon cher confrère et ami, Saed Radwan », a partagé sur les réseaux sociaux Anas Jamal, l’un des derniers journalistes encore actifs à Gaza, avec une image de son collègue décédé. Saed a été tué, avec deux autres journalistes, le 27 octobre, alors qu’il se trouvait dans une école transformée en camp pour déplacé·es, situé à Al-Shati, près de la ville de Gaza. Il travaillait comme journaliste et directeur de la division web de la chaîne Al-Aqsa, liée au Hamas.
« La frappe a frappé directement la salle de classe où les journalistes se trouvaient, au point que notre collègue Saed a été pulvérisé en morceaux, a témoigné le chef du département des programmes de la radio Al-Aqsa, Ahmed Zughbour. Nous avons également eu beaucoup de mal à reconnaître notre collègue Nadia », également tuée par la frappe. Des images montrent ses proches se recueillir près de sa dépouille.

27/10/2024 147. Haneen Baroud
La famille de Haneen Baroud, comme nombre d’autres à Gaza, a été décimée à cause de la guerre. La journaliste palestinienne pour le réseau médiatique pro-Hamas Al-Majedat a connu l’arrachement par le déplacement forcé et la douleur liée à la perte d’êtres chers. Ses quatre frères, dont certains travaillaient comme humanitaires, ont été tués pendant la guerre. Son père, secouriste pour le comité d’urgence de la plage, est porté disparu depuis plusieurs mois, sans que ses proches sachent s’il a été tué ou capturé.
Le 27 octobre, c’est elle qu’une frappe israélienne élimine, en compagnie de huit autres personnes, alors qu’elle se trouvait dans une école transformée en refuge pour déplacé·es, située dans le camp d’Al-Shati, près de la ville de Gaza.
L’une de ses amies, Dima Adiya, rapporte la réponse que lui a faite Haneen, alors qu’elle était venue lui présenter ses condoléances pour la perte de ses quatre frères : « Ceux qui sont morts en martyrs trouvent la paix. » « Et en effet, Haneen les a rejoints et a trouvé la paix, loin de la faim et de la peur », a ajouté son amie Dima.
La frappe israélienne a également tué Saed Radwan, un reporter de la chaîne de télévision Al-Aqsa TV, appartenant au Hamas, et la journaliste indépendante Nadia Emad al-Sayed.

25/10/2024 146. Ghassan Najjar
Le 25 octobre 2024, à 3 h 30 du matin, une frappe israélienne a touché un village de vacances à Hasbaya, dans le sud du Liban, où logeaient dix-huit journalistes travaillant pour huit médias différents. Parmi eux se trouvait Ghassan Najjar, caméraman pour la chaîne Al Mayadeen, tué dans le bombardement, avec deux autres confrères libanais. Après la frappe, une voiture portant un marquage « Press » a été découverte, écrasée sous les décombres.
Selon les autorités libanaises, qui ont dénoncé un crime de guerre, l’armée israélienne a « attendu la pause nocturne des journalistes » pour frapper pendant qu’ils dormaient. « Il s’agit d’un assassinat, conduit après surveillance et repérage, planifié et conçu à l’avance », a dénoncé Ziad Makary, le ministre libanais de l’information. Human Rights Watch et le Guardian ont mené une enquête détaillée, s’appuyant sur une analyse balistique des débris retrouvés sur place et interrogeant plusieurs témoins. Il ressort de leurs investigations qu’aucun combat n’avait lieu dans la région avant ou au moment de la frappe, qu’aucun élément ne permet d’indiquer l’existence d’une structure militaire du Hezbollah à l’endroit où les journalistes dormaient, et que la présence de journalistes sur les lieux était distinctement signalée.
« Nous resterons et continuerons, même si des avions de guerre nous attaquent », avait écrit Ghassan à sa collègue, quelques heures avant sa mort.
L’armée israélienne s’est défendue d’avoir délibérément tué les trois journalistes, expliquant avoir frappé une structure militaire du Hezbollah à Hasbaya : « Des terroristes opéraient [à cet endroit]. Plusieurs heures après la frappe, des informations ont été reçues indiquant que des journalistes avaient été touchés pendant la frappe [...]. L’incident est en cours d’examen », a ajouté l’armée israélienne.

25/10/2024 145. Wissam Kassem
Le 25 octobre 2024, à 3 h 30 du matin, une frappe israélienne a touché un village de vacances à Hasbaya, dans le sud du Liban, où logeaient dix-huit journalistes travaillant pour huit médias différents. Parmi eux se trouvait Wissam Kassem, caméraman pour la chaîne pro-iranienne Al-Manar, tué dans le bombardement, avec deux autres confrères libanais. Après la frappe, une voiture portant un marquage « Press » a été découverte, écrasée sous les décombres.
Selon les autorités libanaises, qui ont dénoncé un crime de guerre, l’armée israélienne a « attendu la pause nocturne des journalistes » pour frapper pendant qu’ils dormaient. « Il s’agit d’un assassinat, conduit après surveillance et repérage, planifié et conçu à l’avance », a dénoncé Ziad Makary, le ministre libanais de l’information. Human Rights Watch et le Guardian ont mené une enquête détaillée, s’appuyant sur une analyse balistique des débris retrouvés sur place et interrogeant plusieurs témoins. Il ressort de leurs investigations qu’aucun combat n’avait lieu dans la région avant ou au moment de la frappe, qu’aucun élément ne permet d’indiquer l’existence d’une structure militaire du Hezbollah à l’endroit où les journalistes dormaient, et que la présence de journalistes sur les lieux était distinctement signalée.
« Une fois de plus, nous écrivons avec du sang les lettres de la victoire et de la vérité. Notre cher collègue a rejoint les rangs des martyrs avec l’arme la plus efficace contre l’occupation : la caméra et l’image », lui a rendu hommage son employeur.
L’armée israélienne s’est défendue d’avoir délibérément tué les trois journalistes, expliquant avoir frappé une structure militaire du Hezbollah à Hasbaya : « Des terroristes opéraient [à cet endroit]. Plusieurs heures après la frappe, des informations ont été reçues indiquant que des journalistes avaient été touchés pendant la frappe [...]. L’incident est en cours d’examen », a ajouté l’armée israélienne.

25/10/2024 144. Mohammed Reda
Le 25 octobre 2024, à 3 h 30 du matin, une frappe israélienne a touché un village de vacances à Hasbaya, dans le sud du Liban, où logeaient dix-huit journalistes travaillant pour huit médias différents. Parmi eux se trouvait Mohammed Reda, ingénieur du son pour la chaîne libanaise Al Mayadeen, tué dans le bombardement, avec deux autres confrères libanais. Après la frappe, une voiture portant un marquage « Press » a été découverte, écrasée sous les décombres.
Selon les autorités libanaises, qui ont dénoncé un crime de guerre, l’armée israélienne a « attendu la pause nocturne des journalistes » pour mener son raid pendant qu’ils dormaient. « Il s’agit d’un assassinat, conduit après surveillance et repérage, planifié et conçu à l’avance », a dénoncé Ziad Makary, le ministre libanais de l’information. Human Rights Watch et le Guardian ont mené une enquête détaillée, s’appuyant sur une analyse balistique des débris retrouvés sur place et interrogeant plusieurs témoins. Il ressort de leurs investigations qu’aucun combat n’avait lieu dans la région avant ou au moment de la frappe, qu’aucun élément ne permet d’indiquer l’existence d’une structure militaire du Hezbollah à l’endroit où les journalistes dormaient, et que la présence de journalistes sur les lieux était distinctement signalée.
Deux jours avant le bombardement qui a tué Mohammed et deux de ses confrères, une frappe israélienne avait détruit les locaux d’Al Mayadeen, tuant une personne et en blessant cinq autres. D’émouvantes images accessibles en ligne montrent l’hommage que lui ont rendu ses collègues et ses proches, dans le sud du Liban.
L’armée israélienne s’est défendue d’avoir délibérément tué les trois journalistes, expliquant avoir frappé une structure militaire du Hezbollah à Hasbaya : « Des terroristes opéraient [à cet endroit]. Plusieurs heures après la frappe, des informations ont été reçues indiquant que des journalistes avaient été touchés pendant la frappe [...]. L’incident est en cours d’examen », a ajouté l’armée israélienne.

09/10/2024 143. Tareq AlSalhi
Tarek AlSalhi, photojournaliste palestinien de 29 ans, a été tué le 9 octobre 2024, aux côtés de plusieurs membres de sa famille, tous tués à l’aube par le bombardement de la maison de son oncle, située dans le camp de réfugié·es de Nuseirat. Tarek travaillait pour le média social Gaza Live Network, qui publie des points de situation réguliers depuis Gaza.

09/10/2024 142. Mohammed al-Tanani
Mohammed al-Tanani et son collègue Tamer Lubbad portaient très visiblement leurs gilets « Press » et leur casque de protection bleu ce 9 octobre 2024. Ce jour-là, alors qu’ils couvraient pour la chaîne Al-Aqsa, affiliée au Hamas, le siège du camp de Jabalia par les forces israéliennes, leur qualité de journaliste était clairement identifiable.
Et pourtant, l’équipe de télévision composée des deux journalistes a été directement ciblée par un tir de drone israélien. « Après avoir terminé, et alors que nous quittions la zone vers 16 h 30, un drone a tiré des missiles qui ont tué Mohammed sur le coup », a témoigné son collègue Tamer Lubbad, lui-même blessé par des éclats d’obus. Tamer a également rapporté que « des tirs répétés et délibérés » de l’armée israélienne dans la zone ont empêché pendant plusieurs heures les ambulances d’atteindre le corps d’al-Tanani.
Sur des images diffusées sur les réseaux sociaux, on voit ses amis et confrères lui rendre hommage, entourant sa dépouille, enveloppé d’un linceul blanc et surmonté de son gilet « Press » et de son casque de protection.

141. Hassan Hamad
Un homme muni de gants chirurgicaux vide sur une table le contenu d’une boîte à chaussures, remplie de ce qu’il reste de la dépouille de Hassan Hamad : des morceaux de chair que sa famille est parvenue à réunir.
Plus tôt dans la journée, le journaliste palestinien de 19 ans couvrait l’incursion de chars et de troupes israéliennes dans le camp de Jabaliya, au nord de la bande de Gaza, après une nuit de frappes intensives. Un collègue ayant accès à son compte sur le réseau social X a déclaré que Hassan avait envoyé des vidéos de l’assaut jusque tard dans la nuit. Au cours d’un ultime appel téléphonique, à 6 heures du matin, Hassan déclarait à son ami, pétrifié de peur : « Ils sont là. Ils sont là. C’est fini. » Quelques minutes plus tard, Hassan était pulvérisé par des tirs d’artillerie de l’armée israélienne.
Selon Ashraf Mashharawi, directeur de Media Town Production Company, où travaillait Hamad, l’artillerie a directement visé la chambre du jeune reporter, où il téléchargeait des images qu’il avait filmées pendant l’incursion israélienne. « Hassan a été tué dans sa chambre à l’aube, affirme Ashraf Mashharawi. Il venait de retourner dans sa chambre pour nous envoyer du matériel lorsqu’il a été directement tué. Son frère, qui se trouvait [dans une autre pièce], a été légèrement blessé. Mais il est clair que les tirs visaient directement et spécifiquement la chambre de Hassan pour l’éliminer. »
Quelques mois plus tôt, Hassan avait partagé avec ses collègues une capture d’écran d’un message menaçant qu’il avait reçu d’un numéro israélien. « Si vous continuez à répandre des mensonges sur Israël, nous viendrons ensuite vous chercher et nous transformerons votre famille en... C’est votre dernier avertissement », intimait le numéro israélien. Hassan Hamad était un des derniers journalistes à informer sur la situation au nord de la bande de Gaza. Selon ses collègues, ce n’était pas la première fois qu’il recevait des menaces en raison de son travail. Il avait également reçu des appels et des messages d’un officier israélien lui ordonnant d’arrêter de filmer.

05/10/2024 140. Abdul Rahman Bahr
Plusieurs mois après la mort de son frère, Abdul Rahman Bahr avait entrepris de revenir dans l’immeuble résidentiel où logeait Palestine Breaking News, l’agence de presse qu’il avait cofondée avec lui. Avec plusieurs membres de sa famille, Abdul Rahman avait été contraint de quitter leur maison située dans le nord de la ville de Gaza, une région en proie à d’intenses bombardements de l’armée israélienne.
« [Le 5 octobre 2024,] il est allé avec deux membres de notre famille vérifier notre maison, où se situe aussi le siège de son média, mais un drone israélien les a pris pour cible alors qu’ils étaient sur le point de partir. Abdul Rahman est tombé en martyr avec les deux autres membres de la famille », a déploré sa mère. Abdul Rahman était son plus jeune fils et s’était fiancé juste avant la guerre, mais la cérémonie de mariage avait été reportée, avant qu’il ne soit finalement tué.

03/10/2024 139. Noor Abou Oweimer
« Aujourd’hui, je vais vous parler de cette belle jeune femme prénommée Noor, écrit Jaber Thabet sur son compte Instagram le 26 juillet 2024. L’artiste palestinien publie une série de clichés de la jeune journaliste indépendante, qui postait régulièrement sur son compte Instagram de courts points de situation sur la vie à Gaza. Elle suivait un cursus sur les médias numériques à l’université et commençait à connaître un certain succès, ses vidéos étant reprises par de grandes agences de presse internationales, comme Al Jazeera. Puis Noor a cessé de publier ses vidéos.
« Savez-vous pourquoi ?, interroge Jaber Thabet. La maison de Noor a été bombardée. [...] Sa mère et sa sœur Saja, âgée de 14 ans, ont été tuées, et Noor a subi des brûlures sur 80 % de son corps et une fracture du bassin. Je lui ai rendu visite ce matin. Elle m’a dit qu’elle voulait que le monde connaisse son histoire et qu’une fois rétablie, elle poursuivrait ses études et sa passion. »
Le 3 octobre 2024, Noor succombe à ses blessures, quatre mois après le bombardement israélien qui a visé sa maison située dans le camp de réfugié·es de Nuseirat, dans le centre de Gaza.

138. Wafa al-Udaini
« Sculptures de sable sur la plage de Gaza, Beyrouth, paix et salut sur toi », écrivait Wafa al-Udaini dans son dernier post sur le réseau social X. Wafa documentait sans relâche, depuis le 7-Octobre, les bombardements à Gaza, partageait les défis quotidiens auxquels sont confrontés les journalistes et s’épanchait parfois sur la douleur de perdre tant de confrères et consœurs.
Elle a été tuée à 39 ans par une frappe israélienne alors qu’elle se trouvait avec son mari, sa fille de 5 ans, Balsam, et son nouveau-né de 7 mois, Tamim, dans leur maison de Deir al-Balah, au centre de la bande de Gaza. Elle écrivait pour le quotidien britannique The Guardian et d’autres médias internationaux comme Middle East Monitor et le magazine britannique New Internationalist. Elle travaillait aussi comme coordinatrice des médias en langue anglaise à la Fondation Al-Thuraya pour les médias et les communications, basée à Gaza.
Elle a été déplacée trois fois depuis octobre 2023, notamment en décembre, lorsque des frappes israéliennes ont détruit sa maison. Wafa avait fini par s’installer dans une zone désignée comme « humanitaire » par l’armée israélienne. « J’ai admiré son courage et sa détermination à raconter l’histoire de son peuple qui vit sous le siège et le génocide israéliens, quel que soit le prix à payer, dit en hommage une journaliste britannique qui a travaillé avec elle. Pour Wafa, tant que la Palestine ne serait pas libre, il n’y aurait pas de repos. »
Quelques jours avant sa mort, Wafa a échangé avec une de ses collègues, Diana al-Maghribi, qui lui a demandé pourquoi elle restait chez elle alors que la situation était si dangereuse. « Elle m’a dit qu’il n’y avait pas d’endroit sûr dans la bande de Gaza et que tout était exposé aux bombardements », a rapporté sa consœur.

137. Mohammed Abed Rabbo
Autour d’un corps livide, des hommes tentent de rasséréner des femmes inconsolables. L’homme sur la civière, recouvert d’un drap taché de sang et dont seul le visage dépasse, est mort la veille. Mohammed Abed Rabbo était journaliste, directeur du département informatique de l’agence Al-Manara, et il avait 35 ans. Le soleil s’était déjà couché, ce 27 août, lorsqu’il a été surpris par une frappe israélienne dans l’appartement qu’il louait avec sa sœur, Sumaya. Ni lui ni sa sœur n’ont survécu.
Le Comité de protection des journalistes (CPJ) a sollicité les forces israéliennes pour comprendre les circonstances de l’attaque. L’armée a répondu qu’elle ne pouvait pas fournir de réponse en raison d’un manque de « détails suffisants » et a précisé prendre « toutes les mesures réalisables sur le plan opérationnel » pour prévenir les dommages infligés aux journalistes et aux autres civils, affirmant que « beaucoup » sur la liste du CPJ étaient des membres du Hamas et donc des cibles légitimes, mais elle n’a pas nommé les journalistes ni fourni la preuve qu’ils étaient des combattants du Hamas.

136. Hussam al-Dabbaka
Vers 4 heures du matin, le 22 août 2024, des avions de combat israéliens survolent le camp de réfugié·es de Maghazi, dans le centre-est de la bande de Gaza. Ils frappent une maison sans aucun avertissement, tuant tous ses occupants et occupantes. La demeure est la résidence familiale d’Hussam al-Dabbaka, un caméraman de 30 ans qui travaille pour la chaîne satellitaire Al-Quds Al-Youm, propriété du Jihad islamique. Le bombardement le tue et emporte sa femme, leur deux enfants, Hamza, 6 ans, et Hadi, 3 ans, ainsi que deux autres membres de la famille. La frappe blesse encore quatre autres personnes.

135. Hamza Murtaja
Le 20 août 2024, Hamza Murtaja part en reportage, équipé de sa caméra, d’un casque et de son gilet « Press », pour couvrir le déplacement d’habitant·es du quartier d’Al-Rima, à l’ouest de Gaza City. Il se dirige vers l’école du quartier, où les déplacé·es ont trouvé refuge. Ce sera son dernier reportage. L’école Hafiz-Mustafa est visée par une frappe de l’aviation israélienne qui tue Hamza ainsi que onze autres personnes.
La société de production qu’il dirigeait avec son frère, Record Media, avait pourtant tenté d’établir des règles pour protéger ses journalistes. « Nous avions convenu de minimiser le nombre de journalistes sur le terrain pour minimiser les pertes humaines si les lieux de reportages étaient touchés », rapporte son frère Motasem. La société de Hamza alimentait en images plusieurs télés internationales, dont Reuters, The British Channel 4, Anadolu Agency et Al Jazeera TV. Il l’avait créée en 2019 avec Motasem, après le décès du frère aîné de la famille, Yaser.
Yaser Murtaja était aussi photojournaliste. Il a, lui aussi, été abattu par les forces israéliennes alors qu’il couvrait une manifestation, en 2018. « Hamza et Yaser sont maintenant des martyrs, Bilal [leur frère] et moi sommes les seuls qui restent. Nous sommes tous des journalistes », a déclaré Motasem. Hamza Murtaja, 32 ans, laisse derrière lui deux enfants : Omar, 4 ans, et Yaser, 6 mois. Il est mort avant d’avoir rencontré son plus jeune fils, Yaser.

134. Ibrahim Muhareb
« C’était un piège », déclare Rasha Ahmed, journaliste indépendante pour plusieurs médias, qui a miraculeusement survécu après avoir été prise pour cible par un char israélien, alors qu’elle se trouvait, avec d’autres journalistes, en reportage au nord-ouest de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Ibrahim Muhareb, reporter de 26 ans, n’a pas eu cette chance.
Le 18 août, Ibrahim et trois autres reporters vidéo avancent dans une zone en apparence dégagée, et empruntent un chemin en goudron, en partie recouvert de sable. Sur les images tournées par le vidéo-journaliste indépendant Ezzedine Muasher, on voit un char israélien surgir soudainement au loin et faire face aux journalistes. Ils l’ont à peine repéré que l’engin se dirige vers eux et ouvre le feu. Au moins deux journalistes portent très distinctement un gilet « Press ». Alors que les balles fusent, tous courent se mettre à l’abri en hurlant vers Ibrahim, qu’un tir israélien vient de toucher.
Certains restent au sol pendant plus de cinq minutes en raison de l’intensité des tirs, jusqu’à ce qu’ils parviennent « miraculeusement » à quitter les lieux. « Les chars ont tiré des obus et des balles sur nous, et Ibrahim a été directement touché, rapporte la journaliste indépendante Salma al-Qaddoumi. Il m’a demandé de l’aider à quitter l’endroit, et je suis allée le secourir avec l’une des personnes déplacées de la région, mais les chars ont tiré d’autres obus et d’autres balles sur nous. À ce moment-là, j’ai été touchée dans le dos par deux éclats d’obus ou de balles. J’ai alors perdu connaissance et je me suis retrouvée à l’hôpital. » Deux journalistes sont parvenus à trouver un chariot puis une voiture pour la transporter. « Mais personne n’a pu sauver Ibrahim à cause de l’intensité des tirs », déplore Salma.
« Nous sommes allés dans la zone en pensant que l’occupant israélien s’était retiré et nous laisserait avancer, jusqu’à ce que nous soyons surpris par l’avancée d’un certain nombre de chars israéliens », raconte Rasha Ahmed. Les ambulanciers n’ont pu récupérer le corps d’Ibrahim que le lendemain matin et il a été enterré plus tard dans la journée, avec son gilet « Press ».
Dans une lettre du 28 août répondant à la demande de commentaires du CPJ sur l’assassinat d’Ibrahim, l’armée israélienne a déclaré qu’elle n’était « pas au courant de l’incident en question ».

133. Tamim Abou Muammar
Ce 9 août, Tamim Abou Muammar se trouvait dans sa maison familiale dans la région d’Al-Tahliyyah, à l’est de Khan Younès. Il venait d’envoyer ses deux fils acheter des glaces. Le temps que ses garçons reviennent, la demeure familiale était détruite, frappée par un bombardement israélien, tuant sur le coup Tamim, 49 ans, sa femme et leurs trois filles. « Nous ne nous disons pas au revoir mais à une réunion proche », écrit le frère de Tamim sur Facebook, rendant hommage au journaliste palestinien et rédacteur en chef de l’émission « Voice of Palestine » de la Palestinian Broadcasting Corporation.

06/08/2024 132. Mohammed Issa Abou Saada
« Nous sommes affligés par l’amour de ce pays. Nous l’aimons même s’il est en ruine », écrivait Mohammed Issa Abou Saada en avril 2024 sur son dernier post Facebook, le filmant en train de diriger un drone survolant les ruines de Bani Suheila, à l’est de Khan Younès. Les derniers mois avant sa mort, Mohammed s’était résigné à ranger son drone dans un placard, conscient que plusieurs journalistes en utilisant avaient été délibérément tués par l’armée israélienne.
Malgré ses précautions, il n’échappa pas aux bombes israéliennes. Le 6 juillet 2024, il fut tué par une frappe, alors qu’il se trouvait dans la maison de son oncle, au sud de la bande de Gaza. Le vidéaste et photographe indépendant de 31 ans avait débarqué dans la maison de son oncle tard dans l’après-midi pour utiliser sa connexion internet et télécharger des vidéos qu’il venait de tourner. Son oncle vivait d’ailleurs dans une tente, tout près de son ancienne demeure, détruite par une frappe.
« La frappe a complètement déchiqueté son corps, a rapporté l’un de ses proches. Seules sa tête et une partie de sa poitrine n’ont pas été séparées. »

131. Ismail al-Ghoul
Le 31 juillet, une explosion retentit dans le camp de réfugié·es d’Al Shati, à Gaza City. Le photographe Osama al-Ashi est le premier à arriver sur place. Sur une route parsemée de débris, il découvre le corps sans vie d’une première victime, un garçon recroquevillé sur son vélo, son sac à dos encore accroché. Une flaque de sang entoure sa tête. Osama reprend son chemin et enchaîne les découvertes macabres. Près d’une traînée de sang, il trouve un micro. Il se fige un instant avant de relever la tête. « Ismail al-Ghoul ! », crie-t-il. Il comprend que son confrère n’a pas survécu à la frappe israélienne. Pour en avoir le cœur net, il court vers la voiture blanche pulvérisée d’Ismail.
Des hommes en sortent deux corps incomplets, décapités par la violence de l’explosion, et portant un gilet « Press ». Ce sont ceux des journalistes d’Al Jazeera Ismail al-Ghoul et Rami al-Refee, visés par une frappe de l’aviation israélienne alors qu’ils effectuaient un reportage près de la maison du chef du Hamas, Ismaël Haniyeh, tué en Iran la veille.
Après qu’une frappe israélienne a touché un bâtiment voisin, le petit groupe de journalistes travaillant dans la zone a décidé de partir pour assurer sa sécurité. « Ismail et Rami sont partis quelques minutes avant 17 heures et ont considéré le tir de missile israélien comme un avertissement pour évacuer l’endroit. Moins de cinq minutes plus tard, et à 500 mètres de la première explosion, leur voiture a été directement visée par un drone », témoigne Islam Badr, correspondant d’Al Araby TV. « Il est clair qu’il s’agissait d’un ciblage délibéré », ajoute-t-il.
Le 1er août, l’armée israélienne a confirmé qu’elle avait tué Al-Ghoul lors d’une frappe aérienne, affirmant qu’il était membre de la branche militaire du Hamas. Al Jazeera a fermement rejeté ce qu’elle a qualifié « d’allégations sans fondement faites par les forces d’occupation israéliennes pour tenter de justifier l’assassinat délibéré » des deux journalistes, « sans fournir aucune preuve, documentation ou vidéo ».
Le 3 août, le porte-parole de l’armée israélienne a publié un document qui, selon lui, a été trouvé sur des ordinateurs du Hamas à Gaza et qui répertorie Ismail al-Ghoul comme ingénieur de la branche militaire du Hamas. Ce document indique qu’Ismail, né en 1997, a reçu un grade militaire du Hamas en 2007, alors qu’il était âgé de… 10 ans.
Ismail al-Ghoul était l’un des derniers reporters encore vivants, tentant de documenter inlassablement les conséquences désastreuses des frappes israéliennes à Gaza, parmi lesquelles la famine et les maladies. « Laissez-moi vous dire que je ne connais plus la saveur du sommeil. Les corps d’enfants, ce qu’il en reste, les images de sang, ne quittent plus mes yeux. Les cris de mères endeuillées et la douleur des hommes ne quittent plus mes oreilles. Je ne peux pas me défaire du son des enfants coincés sous les décombres et hurlant de souffrance », écrivait Ismail sur son compte Instagram.

130. Rami al-Refee
Le 31 juillet, une explosion retentit dans le camp de réfugié·es d’Al Shati, à Gaza City. Le photographe Osama al-Ashi est le premier à arriver sur place. Sur une route parsemée de débris, il découvre le corps sans vie d’une première victime, un garçon recroquevillé sur son vélo, son sac à dos encore accroché. Une flaque de sang entoure sa tête. Osama reprend son chemin et enchaîne les découvertes macabres. Près d’une traînée de sang, il trouve un micro. Il se fige un instant avant de relever la tête. « Ismail al-Ghoul ! », crie-t-il. Il comprend que son confrère n’a pas survécu à la frappe israélienne. Pour en avoir le cœur net, il accourt vers la voiture blanche pulvérisée d’Ismail.
Des hommes en sortent deux corps incomplets, décapités par la violence de l’explosion, et portant un gilet siglé « Press ». Ce sont ceux des journalistes d’Al Jazeera Ismail al-Ghoul et Rami al-Refee, visés par une frappe de l’aviation israélienne, alors qu’ils effectuaient un reportage près de la maison du chef du Hamas, Ismaël Haniyeh, tué en Iran la veille.
Après qu’une frappe israélienne a touché un bâtiment voisin, le petit groupe de journalistes travaillant dans la zone a décidé de partir pour assurer sa sécurité. « Ismail et Rami sont partis quelques minutes avant 17 heures et ont considéré le tir de missile israélien comme un avertissement pour évacuer l’endroit. Moins de cinq minutes plus tard, et à 500 mètres de la première explosion, leur voiture a été directement visée par un drone », témoigne Islam Badr, correspondant d’Al Araby TV. « Il est clair qu’il s’agissait d’un ciblage délibéré », ajoute-t-il.
« En raison du déplacement des photographes et des journalistes vers le centre et le sud de la bande de Gaza, y compris les équipes d’Al Jazeera, il ne restait plus que quelques photographes dans la ville de Gaza. C’est comme ça que Rami a commencé à collaborer avec Ismail al-Ghoul et Al Jazeera », a rapporté Iyad al-Refee, père de Rami.
Il a aussi précisé que son fils et Ismail al-Ghoul ont tous deux été détenus pendant environ douze heures par l’armée israélienne lors du raid sur l’hôpital Al-Shifa de Gaza, en mars. « Les forces israéliennes leur ont demandé de se diriger vers le sud, mais après leur libération, ils ne sont pas allés vers le sud et sont restés à Gaza, a déclaré Iyad al-Refee. Il nous rendait visite une ou deux fois par semaine dans notre maison, d’où nous avions été déplacés deux fois, pour manger et passer la nuit, et il nous parlait de ce qu’il faisait au travail. »

129. Mohammed Abou Daqqa
« Au revoir mon amour, au revoir ma vie », se désole, sanglotante, la mère de Mohammed Abou Daqqa, embrassant la dépouille de son fils, recouvert d’un linceul blanc et de son gilet « Press ». La petite fille de Mohammed, pétrifiée, assiste à la scène, enveloppée dans les bras de sa mère, les yeux écarquillés. Son père a été tué plus tôt dans la journée du 29 juillet lors d’une frappe de drone israélien à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, alors qu’il était en reportage. Mohammed Abou Daqqa, journaliste palestinien de 25 ans, contribuait au journal local Al-Hadath.
Il exerçait également comme avocat en plus de son travail de journaliste indépendant. Père de deux filles, il avait commencé à travailler comme pigiste l’année précédant l’obtention de son diplôme en 2020 à la faculté de droit de l’université islamique de Gaza.

128. Mohammed Abou Jasser
Dans son dernier post sur Facebook, Mohammed Abou Jasser pleure le décès de son frère Abdullah, tué le 6 novembre 2023, et évoque la dernière situation qui les a réunis. « Désolé, j’ai rompu ma promesse, écrit-il sur sa page. Lors d’une discussion avec mon frère bien-aimé, nous avons évoqué la mort, et à la fin de la conversation, comme j’ai neuf ans de plus que lui, je lui ai demandé de me promettre que si je mourais, il ne pleurerait pas. Il me l’a promis. Il a ensuite poussé un grand soupir et m’a dit : “Peux-tu me faire la même promesse ?” Je lui ai dit sans réfléchir : “Je te le promets.” Lorsque j’ai appris ta mort, je suis allé à l’hôpital voir ton corps pur. Je n’ai pas pu retenir mes larmes. »
Mohammed Abou Jasser, journaliste pour Al-Risala, affilié au Hamas, et pour le journal pro-Hamas Felesteen, a été tué avec sa mère, sa femme et au moins deux de ses enfants par une frappe israélienne vers 3 heures du matin dans le camp de réfugié·es de Jabaliya, au nord de la bande de Gaza.
Depuis le 7-Octobre, Mohammed a fréquemment rendu compte des frappes aériennes et des funérailles dans le nord de la bande de Gaza. Le 13 octobre, il écrivait sur Facebook : « Moi et toute ma famille avons décidé que nous ne partirons pas. »

15/07/2024 127. Mohamed Meshmesh
Au début du mois de juin, Mohamed Meshmesh avait été contraint de fuir avec les siens son domicile situé dans le camp de réfugié·es de Nuseirat après qu’une frappe israélienne a tué une trentaine de membres de sa famille. Mohammed ne souhaitait prendre aucun risque, il avait appris à ses dépens que l’armée israélienne pouvait frapper n’importe quand, n’importe où, lui qui fut blessé à la jambe en octobre 2023 par un morceau de shrapnel alors qu’il se trouvait près de l’hôpital Al-Shifa.
Avec ses trois filles et son unique fils, il avait fini par trouver refuge dans une école de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), transformée en lieu d’accueil pour déplacé·es de guerre. Vers 11 heures du matin, le 16 juillet, des avions israéliens ont bombardé l’école, faisant une douzaine de victimes civiles. Parmi les personnes tuées figurent Mohamed et son fils. « Mohamed était apprécié de tous. Il défendait avec conviction la cause de notre peuple, et s’opposait à la propagande israélienne », a rendu hommage son ami et collègue Khalil Abou Shaaban. Mohamed travaillait comme directeur des programmes pour la radio Al-Aqsa, un organe de presse affilié au Hamas.

126. Mohamed Manhal Abou Armana
Tout juste un mois après la mort de son mari, tué par un bombardement israélien, Alia confie sur Facebook sur le sentiment de vide qui l’habite. « La mort de votre partenaire signifie rester infirme pour le reste de votre vie, regarder tout ce qui vous entoure et le trouver incolore, vivre avec un demi-cœur, une moitié d’âme, une moitié d’ambition et un demi-corps, perdre le seul esprit qui vous comprend et l’étreinte qui vous contient et vous rassure. »
Le 13 juillet, son mari, Mohamed Manhal Abou Armana, succombait à un tir de drone israélien alors qu’il couvrait les scènes de désolation laissées par une frappe sur la zone d’Al-Mawasi, à l’ouest de Khan Younès, qui a tué plusieurs déplacés palestiniens. Ils fuyaient les bombardements et avaient trouvé refuge dans des tentes installées dans cette zone côtière du sud de Gaza, désignée comme zone humanitaire. Le journaliste palestinien de 32 ans prenait des photos des victimes pour le compte de l’agence de presse locale pro-Hamas Palestine Now lorsqu’il a lui-même été tué.

125. Rizq Abou Shakian
« Le feu de la guerre brûle toujours dans la fière terre de Gaza, il fait rage jour et nuit. Les massacres se répètent et la tragédie du déplacement se répète chaque jour. Attention à ne pas s’habituer à cette tragédie ! », écrivait Rizq Abou Shakian sur le réseau social X le 2 juillet. Quatre jours plus tard, le journaliste de 27 ans, administrateur pour l’agence pro-Hamas Palestine Now, était tué avec les journalistes Wafaa Abou Dabaan et Amjad Juhjouh par une frappe israélienne, alors qu’il se trouvait à son domicile, dans le camp de réfugié·es de Nuseirat, dans le centre de Gaza.
L’épouse d’Abou Shakian, Hanan Juhjouh, qui a aussi perdu son frère dans la même frappe, a témoigné auprès du Comité de protection des journalistes (CPJ), affirmant que son mari « avait espéré que la guerre se terminerait bientôt, mais l’occupation israélienne a brisé cet espoir ».

124. Amjad Juhjouh
« Dans les jardins de l’éternité, mes loulous. Que Dieu nous récompense dans notre malheur et nous laisse avec quelque chose de mieux que ça », a commenté Shoroq Wahba après la mort de ses oncles et de sa tante, tous journalistes, et tous pulvérisés par le bombardement sur le camp de réfugié·es de Nuseirat le 6 juillet. Amjad Juhjouh, un journaliste de 28 ans, a été tué aux côtés de sa femme enceinte, la journaliste Wafaa Abou Dabaan, de leur fils, et du beau-frère de Juhjouh, le journaliste Rizq Abou Shakia. Il travaillait pour l’Institut européen pour la formation et le développement (EUTD), basé en Belgique, et était rédacteur à l’agence de presse pro-Hamas Palestine Now.
Wael Jarwan, qui côtoyait Amjad à l’EUTD de Gaza, les a décrits, lui et sa femme Wafaa, comme des professionnels dévoués qui maintenaient une séparation claire entre leur vie personnelle et professionnelle. « Ils étaient très engagés et je les connaissais depuis qu’ils étaient étudiants. Ils m’ont invité à un cours qu’ils avaient organisé, ce qui a déclenché notre relation professionnelle. Par la suite, nous avons collaboré à plusieurs projets médiatiques », a déclaré Wael Jarwan. Il a ajouté qu’Abou Dabaan et Juhjouh n’étaient pas seulement des collègues, mais aussi de jeunes frères et sœurs pour lui. « Ils ont lutté ensemble, à la fois dans la vie et dans le travail », a-t-il ajouté.

123. Wafaa Abou Dabaan
Wafaa Abou Dabaan a été tué cinq jours avant de souffler ses vingt-huit bougies. « Tu ne voulais pas que ton anniversaire se fasse sans ma tante, c’est pourquoi tu es allé le fêter avec elle au paradis », s’émeut sur Facebook un ami de la famille. Wafaa, 28 ans, était journaliste à la radio de l’université islamique et à l’Institut européen pour la formation et le développement. Lorsqu’elle a été tuée par une frappe israélienne le 6 juillet, qui a également fauché son mari, son beau-frère et son fils de 9 mois, elle était enceinte de cinq mois.
Le Comité de protection des journalistes, une ONG basée à New York, a envoyé un courriel au bureau des médias d’Amérique du Nord des Forces de défense israéliennes à la fin du mois de septembre 2024, demandant des commentaires sur l’assassinat d’Abou Dabaan. Dans l’échange qui a suivi, les Forces de défense israéliennes ont demandé au CPJ les identifiants des journalistes et les « coordonnées pertinentes », que le CPJ a expliqué ne pas pouvoir fournir.
Le CPJ a sollicité les forces israéliennes pour comprendre les circonstances exactes de l’attaque qui a tué Wafaa, son mari et son beau-frère. L’armée a répondu qu’elle ne pouvait pas fournir de réponses en raison d’un manque de « détails suffisants » et a précisé prendre « toutes les mesures réalisables sur le plan opérationnel » pour prévenir les dommages infligés aux journalistes et aux autres civils, affirmant que « beaucoup » sur la liste du CPJ étaient des membres du Hamas et donc des cibles légitimes, mais elle n’a pas nommé les journalistes ni fourni la preuve qu’ils étaient des combattants du Hamas.

122. Saadi Madoukh
Un amas de ruines. C’est avec cette image de la maison de son confrère Saadi Madoukh que la journée du journaliste d’Al Jazeera Ismail al-Ghoul a commencé. Le journaliste et caméraman Saadi Madoukh a été tué le 5 juillet lors d’une frappe israélienne dans le quartier d’Al Daraj, à Gaza City.
Saadi était également le fondateur de la société de production Deep Shot. Un clip musical enregistré à Gaza pendant la guerre et évoquant la mort d’enfants palestiniens fut son dernier projet. Saadi a publié de nombreux messages sur Facebook, donnant à voir la colère, le désespoir et la rage de vivre des Gazaoui·es, depuis le nord de la bande de Gaza, où il était resté. « Je ne me soucie pas d’atteindre des objectifs, tout ce qui m’importe, c’est que la guerre prenne fin », écrivait-il le le 21 juin. Son dernier message, le jour de sa mort, était le suivant : « Quelle que soit la question que vous nous posez, notre réponse sera “merci mon Dieu”. »
« Depuis deux heures, j’ai regardé mes amis, un à un, avec toute la tristesse du monde, pleurer leur ami Saadi Madoukh, le photojournaliste tué aujourd’hui par Israël en bombardant sa maison à Gaza. J’ai lu leurs mots d’adieu, écrivait un journaliste gazaoui le 6 juillet sur le réseau social X. Pensez à l’horreur de nos pertes. Ce sont les meilleurs de notre jeunesse. Par Dieu, les plus habiles, les plus intelligents, les plus gentils et les plus beaux. Comme cela est dur pour nos âmes ! »

04/07/2024 121. Mohammed al-Sakani
La dernière fois qu’Ibrahim al-Sakani a vu son frère Mohammed, c’était le 3 juillet 2024, lors des funérailles de l’un de leur proche. Le lendemain, Mohammed était tué près de sa maison dans le quartier de Al-Tuffah, au nord-est de la vielle ville de Gaza. Un drone l’a pris pour cible alors qu’il se trouvait avec des amis, le tuant sur le coup. Mohammed et son frère se voyaient peu depuis le début de la guerre, tentant chacun avec leur famille de se déplacer à l’intérieur de la ville de Gaza pour fuir les bombardements israéliens.
Mohammed al-Sakani, père de cinq enfants, travaillait comme chauffeur et comme technicien pour la chaîne de télévision Al-Quds Al-Youm TV, affiliée au Jihad islamique. Il avait 30 ans. « Il ne s’arrêtait jamais de travailler, au point où il a refusé de quitter le nord pour rejoindre le sud de la bande de Gaza, plus sûr », a témoigné le journaliste Mahmoud al-Awadhiya, collègue et ami de Mohammed, auprès du Comité pour la protection des journalistes.

120. Mohammed Abou Sharia
Le 29 juin, des images du journaliste Mohammed Abou Sharia, rédacteur en chef de l’agence de presse privée locale Shams News Agency, sont diffusées sur les réseaux sociaux. Elles le montrent gravement blessé, allongé sur un lit médicalisé, haletant, la bouche raccordée à un respirateur. Le reporter venait d’être transporté à l’hôpital après qu’une frappe israélienne dans le quartier Al-Sabra de Gaza City lui avait causé de graves blessures à la tête. Il succombe deux jours plus tard.

119. Rasheed Albably
Même lorsqu’ils abandonnent leur gilet « Press », qui les expose plus qu’il ne les protège, les journalistes gazaouis n’échappent pas à la mort. Rasheed Albably, journaliste palestinien indépendant de 33 ans, a été tué lors d’une frappe israélienne qui a touché une école gérée par l’UNRWA au petit matin, le 6 juin 2024. L’établissement accueillait un grand nombre de Palestinien·nes déplacé·es dans le camp de réfugié·es de Nuseirat, à l’ouest du centre de Gaza.
Rasheed Albably a écrit des articles pour un journal local palestinien, était contributeur pour l’Institut européen pour la formation et le développement, et travaillait comme ingénieur du son et spécialiste de la voix off pour plusieurs médias, y compris la société régionale indépendante de production de podcasts Sowt.

118. Ola al-Dahdouh
Le 3 mars 2024, alors que plus d’un million de Gazaouis ayant survécu aux bombardements israéliens s’entassent à Rafah, dans l’attente d’une possible offensive terrestre sur la ville située au sud de l’enclave, Ola al-Dahdouh laisse éclater sa colère contre les dirigeants du Hamas. « C’est lui qui a détruit toute une nation », lance-t-elle sur Facebook contre Yahya Sinwar, le chef du Hamas.
Elle récidive deux semaines plus tard. « Que les décideurs pensent un peu à la majorité et mettent fin à cette guerre. Huit mois de fatigue, de douleur, de peur, d’exil, de destructions et massacres. Il n'y a plus rien à Gaza si ce n’est la destruction. Jusqu'à quand ? », demande-t-elle le 20 mai. Elle ne vivra pas assez longtemps pour en connaître la réponse.
Le 3 juin, le frère d’Ola poste sur le compte Facebook de la jeune femme un ultime message. Il annonce le décès de sa sœur, journaliste palestinienne travaillant comme rédactrice et présentatrice pour la station de radio locale Sawt Al Watan, tuée le 31 mai lors d’une frappe de l’aviation israélienne sur la maison familiale de son mari dans le quartier Al-Jalaa, à Gaza City. Le frère d’Ola précise que le bombardement a aussi blessé son mari, Abdelrahman Helles, et son fils, Karam, et n’avait fait l’objet d’aucune alerte d’évacuation de la part de l’armée israélienne.
Dès les premiers jours de la guerre, la maison d’Ola al-Dahdouh, située dans le quartier de Shejaiya, au nord de Gaza, avait été détruite par des bombardements israéliens, selon un message qu’elle a publié sur Facebook.

117. Bahaaddine Yassine
Le 10 mai 2024, vers 4 h 30 du matin, Bahaaddine Yassine filme un raid israélien sur le quartier Al-Zeitoun, dans le sud-est de la ville de Gaza, lorsqu’il est touché par une frappe israélienne. Le jeune reporteur palestinien de 22 ans meurt sur le coup. Bahaaddine avait déjà été blessé plusieurs mois auparavant, le 15 novembre 2023, par des éclats d’obus provenant d’un char israélien. Il travaillait bénévolement pour les médias sociaux privés Watan Media Agency et Al-Quds News Network.
Youssef Al-Firani, directeur général de l’agence de presse Watan et directeur exécutif du réseau Al-Quds News Network – qui utilisent tous deux principalement WhatsApp et Telegram pour diffuser des informations –, a déclaré au Comité de protection des journalistes que Bahaaddine avait été tué alors qu’il préparait des vidéos et des documents d’information. Youssef Al-Firani a déclaré que leur dernière communication avait eu lieu deux jours avant sa mort, « alors que Bahaaddine effectuait des reportages sur le terrain, et qu’il était censé les livrer le jour de sa mort. “Bahaa” a commencé à travailler avec nous en août 2022. Il était bien élevé et c’était l’une des personnes les plus gentilles que nous ayons connues. Tous ceux qui le connaissaient l’aimaient », a-t-il ajouté.

105 116. Mahmoud Juhjouh
« La mort nous entoure de partout, et nous ne pouvons être certains que nous serons toujours en vie demain. Devrions-nous être narrateurs de ce drame ou sommes-nous le roman ? », s’interroge Mahmoud Jahjouh, le 30 décembre 2023, sur sa page Facebook, à l’aube d’entamer la nouvelle année sous le feu des bombes israéliennes.
Photographe pour le journal local Palestine Post Network, Mahmoud Jahjouh, a été tué avec sa femme, ses enfants et sa mère le 16 avril 2024 par une frappe aérienne israélienne sur sa maison dans le quartier Sheikh Radwan de la ville de Gaza. Selon plusieurs sources, Jahjouh a été déplacé de force à plusieurs reprises en raison des bombardements israéliens. Il avait finalement décidé de retourner chez lui avec sa famille après que les forces israéliennes se sont retirées des zones situées au nord de la bande de Gaza.
Sur sa page Facebook, le photoreporter partageait ses supplications pour la sauvegarde de Gaza et ses habitants, partageaient aussi des images de l’enclave palestinienne défigurée par les bombes. Le 7 octobre, il publiait une photo des commandos du Hamas, appelant à « leur victoire », avant d’implorer le ciel, quelques minutes plus tard, que les bombes préservent les siens.

104 115. Bahaa Okasha
Comme tant d’autres de ses confrères journalistes gazaouis, Bahaa Okasha avait à cœur de révéler aux yeux du monde la beauté cachée et méconnue de l’enclave palestinienne, grouillante de vitalité et de jeunesse. Il avait entrepris de poster sur Youtube de courts films de Gaza en prise de vue aérienne. Son port, ses grandes étendues verdoyantes, son urbanisme : Bahaa exposait avec son drone la richesse naturelle et paysagère de Gaza.
Il a été tué le 11 mai 2024 par une frappe de l’aviation israélienne alors qu’il se trouvait dans sa maison dans le quartier d’Al-Qasasib, situé dans le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de Gaza. Journaliste reporter d’images pour la chaîne Al-Aqsa TV affiliée au Hamas, il a trouvé la mort aux côtés de son fils Hamza et de sa femme.

103 114. Mustafa Ayyad
En dépit des risques et du ciblage intentionnel de plusieurs de ses confrères et consœurs tués par l’armée israélienne, Mustafa Ayyad faisait preuve d’une persévérance remarquable. Invariablement, il enfilait chaque jour son gilet presse et son casque de protection pour documenter, son appareil photo toujours en main, les conséquences des bombardements, principalement dans le nord de la bande de Gaza.
Le 6 mai 2024, alors qu’il couvrait les événements dans le quartier de Zeitoun, dans la ville de Gaza, Mustafa est grièvement blessé par un tir de drone de reconnaissance israélien. Dans un état critique et souffrant de blessures à la tête, au cœur et au foie, il est transporté en urgence à l’hôpital Al-Maamadani, où il succombe finalement à ses blessures. Ayyad travaillait comme photographe indépendant pour plusieurs médias, parmi lesquels le site internet d’Al-Jazeera.

102 113. Salem Abou Toyour
Salem Abou Toyour, employé palestinien de la chaîne de télévision Al-Quds Al-Youm, affiliée au Hamas, a été tué le 29 avril 2024 par une frappe de l’armée israélienne sur sa maison familiale dans le camp de Nuseirat, au centre de Gaza. Deux autres membres de sa famille, dont son fils Ahmed, ont également péri dans le bombardement.
Dans une vidéo bouleversante postée sur les réseaux sociaux, la femme de Salem, inconsolable, tient dans ses mains les visages maculés de son sang de son mari et de son fils, et pleure leur disparition.

112. Ayman Mohamad Al-Gharbawi
Ayman Mohamad Al-Gharbawi, photojournaliste palestinien indépendant, testait en ce funeste 26 avril 2024 son drone photographique, en compagnie de son frère. Tous deux avaient l’intention de filmer les scènes de destruction et de dévastation qui ont frappé le complexe résidentiel de Hamad dans la ville de Khan Younès. Ils souhaitaient raconter les vicissitudes de la vie des déplacés palestiniens, rythmée par le fracas des bombes.
Repérés par un engin israélien alors que leur drone survolait le quartier de Hamad, Ayman et son frère sont visés par une frappe israélienne le 26 avril. Le lendemain, ils sont enterrés côte à côte près de l'hôpital Al-Aqsa à Deir al-Balah.
Dans le détail, leur voisin Muhammad al-Hartani a déclaré à un journaliste de SKeyes : « Muhammad et Ibrahim ont fui la ville de Gaza à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’ils atteignent la ville de Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, vendredi après-midi, où ils sont allés filmer. »

111. Ibrahim Mohamad Al-Gharbawi
Le silence, à peine perturbé par le bruit lointain d’un drone photographique en plein vol. Soudain, le bruit d’intenses bombardements retentit. L’endroit est vite recouvert de poussière et des éclats d’obus sont éparpillés partout. Lorsque la poussière retombe, le corps du photographe Ibrahim Mohamad Al-Gharbawi et son frère, Ayman, apparaissent complètement inanimés. Ibrahim et son frère sont morts dans le bombardement de ce 26 avril 2024.
Depuis l’obtention de son diplôme en 2014, Ibrahim collaborait avec la fondation Alfa, une ONG qui œuvre pour les réfugiés palestiniens et leur apporte une aide humanitaire. Il travaillait aussi comme photojournaliste pour le média Sham Studio qu’il avait fondé, à des fins journalistiques et artistiques. Le 28 novembre 2023, Ibrahim publie une vidéo sur sa page Facebook, montrant les flammes dévorer son lieu de travail, bientôt réduit en cendres. « Le labeur de onze ans a disparu en un instant. J’ai travaillé dur pour que ce soit ma seule source de revenus, et il y avait du matériel photographique très onéreux, que l’incendie a entièrement détruit. »
Afnan Basil, la belle-sœur d’Ibrahim, a écrit dans un message sur Facebook : « Que dire à Malik, qui passe son temps à pleurer et à appeler papa, papa ? Comment pouvons-nous lui dire que papa est allé travailler pour prendre des photos et raconter ce qui nous arrive et qu’il ne reviendra pas ! »

110. Mohammed Bassam Al Jamal
À 23 heures, le mercredi 24 avril 2024, une frappe de l’aviation israélienne touche la maison familiale du photographe palestinien Mohammed Bassam Al Jamal. Le journaliste pour l’agence de presse Palestine Now, affiliée à la branche armée du Hamas, est grièvement blessé. Six de ses proches meurent sur le coup. Le lendemain matin, à 5 heures, Mohammed succombe à ses blessures.

31/03/2024 109. Mustafa Bahr
Depuis le début de la guerre, la journaliste Zainab Bahr avait fui, avec plusieurs membres de sa famille, la ville de Gaza, en proie aux bombardements incessants de l’aviation israélienne. Mais plusieurs de ses fils étaient restés, en dépit des risques, pour continuer à documenter l’ampleur du désastre humanitaire à Gaza. Mustafa était l’un d’eux. Il a été tué le 31 mars 2024 par une frappe israélienne.
Père de trois enfants, Mustafa avait cofondé avec plusieurs de ses frères le site d’information en ligne Palestine Breaking News. Abdul Rahman, l’un de ses frères, a aussi été tué par une frappe israélienne quelques mois plus tard.

108. Mohamed Abou Skheil
Après la destruction de sa maison située dans le quartier de Tal al-Hawa, au sud de la ville de Gaza, Mohamed Abou Skheil se réfugie avec sa famille à l’hôpital Al-Shifa. Comme des centaines d’autres Palestiniens, il a bonne foi dans le fait que l’inviolabilité des établissements de santé, consacrée par le droit international, protégera les siens. Le 17 mars 2024, l’armée israélienne lance un raid contre l’hôpital, affirmant qu’il est utilisé comme centre de commandement par des combattants du Hamas.
Après deux semaines d’intenses combat, l’hôpital n’est plus que ruines. Plusieurs dizaines de civils sont tués. Parmi eux figure Mohamed, journaliste palestinien travaillant comme rédacteur pour l’agence de presse privée locale Shams News et voix célèbre de la radio Voice of Jerusalem, tué par les balles israéliennes le 28 mars. Sa famille paye un lourd tribu à la guerre, son frère ayant aussi été tué dans l’assaut de l’hôpital par les forces israéliennes.
Le directeur de la radio Voice of Jerusalem, Raed Obaid a rendu hommage à son animateur phare : « Il appartenait à la cause de son pays natal. Il a trouvé le métier de journaliste pour l’aider à transmettre le message de son peuple. Pendant la guerre, il a travaillé avec le reste de ses collègues à la radio durant un mois et demi, jusqu’à ce que la diffusion s’arrête à cause de la destruction de nos locaux, et a ensuite travaillé avec d’autres agences de presse. »

107. Saher Akram Rayan
Lorsque le fracas des bombardements retentit dans son voisinage immédiat, Saher Akram Rayan n’est pas du genre à se planquer. Ce 25 mars, l’immeuble en face de sa maison, dans l’ouest de la ville de Gaza, est bombardé. Il sort de chez lui pour porter secours à ses voisins. Une deuxième frappe israélienne touche le quartier. Saher, journaliste pour l’agence de presse officielle de l’Autorité palestinienne Wafa, est tué avec son fils, Anas.

18/03/2024 106. Mohamed al-Sayed Abou Skheil
Mohamed al-Sayed Abou Skheil, 33 ans, père de trois enfants, avait trouvé refuge avec les siens dans l’hopital Al-Shifa, le plus grand de l’enclave palestinienne. Il fut tué dans la soirée du 18 mars 2024, lorsque les forces israéliennes prirent d’assaut le complexe médical de l’ouest de la ville de Gaza.
Mohamed al-Sayed était présentateur et rédacteur à la radio locale Al-Quds, et travaillait avec son frère, Tarek al-Sayed Abou Skheil, également tué lors du raid israélien.

105. Tarek al-Sayed Abou Skheil
Tarek El Sayed Abou Skheil, un Palestinien de 31 ans, chef des médias électroniques à la radio locale Al-Quds, a été tué par les forces israéliennes lors de l’assaut du complexe médical Al-Shifa dans l’ouest de la ville de Gaza le 18 mars 2024. Comme nombre de civils, il y avait trouvé refuge avec son frère Mohamed et son cousin. Tarek s’était fiancé un mois avant le début des bombardements sur Gaza, le 7 octobre 2023.

104. Mohamed el-Reefi
Il a été touché par des tirs de l’armée israélienne alors qu’il tentait d’obtenir de la farine au cours d’une distribution d’aide humanitaire au sud-est de la ville de Gaza. Mohamed el-Reefi, photographe indépendant palestinien, est décédé le 15 mars 2024 des suites de ses blessures subies la veille.
Des centaines de Gazaoui·es déambulant péniblement sur une plage ravagée à la recherche de nourriture, des enfants amaigris par la famine et jouant avec un caddie entre des carcasses d’immeubles… Avant la guerre, Mohamed el-Reefi utilisait son compte Instagram pour donner à voir la vitalité de Gaza. Son compte s’est ensuite brutalement transformé pour documenter les ravages des bombardements israéliens sur Gaza.

103. Abdul Rahman Saima
« Abdul Rahman vient de quitter sa femme et ses quatre enfants. Il a accompagné la chaîne depuis ses débuts, il est un frère cher et l’une des personnes les plus gentilles. » Par ces mots, les collègues d’Abdul Rahman Saima de la chaîne Raqami TV, spécialisée dans les nouvelles technologies, ont rendu hommage à leur confrère, photographe et producteur des émissions « Ibtekar » et « Innovation ». Il a souffert le 14 mars 2024 d’une fracture à la tête lors d’une frappe de l’aviation israélienne dans le camp de réfugié·es de Bureij, au centre de Gaza, et a finalement succombé à ses blessures.

102. Muhammad Salama
Un gilet « Press » recouvrant un linceul blanc, maculé de sang. Aux funérailles de Muhammad Salama, ses collègues journalistes, ses amis, des membres de sa famille lui ont rendu hommage et ont organisé une prière collective en son honneur. Le journaliste palestinien travaillait comme animateur pour la chaîne de télévision Al-Aqsa, affiliée au Hamas. Il a été tué avec sa famille lors d’une frappe de l’aviation israélienne sur sa maison à Deir Al-Balah, au centre de Gaza. Un témoin sur place a affirmé à la chaîne qatarie Al-Araby que Muhammad et sa famille étaient en train de dîner au moment où leur maison a été bombardée.

101. Mohamed Yaghi
Dans les décombres de la maison familiale, Tishreen Yaghi recherche le corps de son fils Mohamed Yaghi, deux jours après un violent raid survenu le 23 février 2024 sur la ville d’Az-Zawayda, à Deir Al-Balah, au centre de Gaza. Venu en urgence du sud de l’enclave, il a appris par les médias que la demeure de son fils, qu’il partageait avec trente-six membres de sa famille, venait d’être la cible des bombes israéliennes. Tout ce que le père a pu trouver, c’est le corps de l’épouse de Mohamed, Dania, et de sa petite-fille, en plus de la chemise de son fils et de son appareil photo, avec lequel il continuait, en dépit des risques, à documenter les horreurs de la guerre.
Mohamed Yaghi, photojournaliste indépendant de 30 ans, travaillait pour de nombreux médias, dont Al Jazeera.

100. Zayd Abou Zayed
Zayd Abou Zayed, 35 ans, directeur de la chaîne locale Quran Radio, qui appartient à l’université islamique de Gaza, a été tué le 15 février 2024 lors d’une frappe aérienne israélienne sur le camp de Nuseirat, dans le centre de Gaza.

99. Ayman Al-Rafati
Ayman Al-Rafati, journaliste, écrivain et analyste politique palestinien, qui écrivait pour la chaîne de télévision Al Mayadeen, affiliée au Hezbollah, a été tué avec son frère, sa belle-sœur et ses neveux le 14 février 2024. Sa maison, située dans la rue Al Jalaa dans la ville de Gaza, a été visée par une frappe de l’armée israélienne.
Ayman, également titulaire d’un doctorat, siégeait au conseil d’administration du Centre d’études régionales-Palestine, et intervenait régulièrement dans les médias privés. Il était apparu sur Al-Jazeera quelques heures avant sa mort.

98. Alaa Al-Hams
« Notre maison a été bombardée, pulvérisée le 3 décembre par un bombardement. J’ai perdu un grand nombre des membres de ma famille et suis moi-même grièvement blessée », raconte Alaa Al-Hams, la voix tremblante et le visage figé par la douleur. La journaliste de l’agence palestinienne SND vient d’échapper à la mort suite au bombardement de son domicile familial à Rafah, non sans séquelles.
« J’ai les os brisés et la colonne vertébrale fracturée », détaille la reporter de 35 ans. Suite à ses blessures, elle est transférée à l’hôpital de Khan Younès, où elle restera quatre jours. « L’hôpital manque de tout et n’a ni matériel ni analgésique. Mon état nécessite une opération qui est irréalisable dans ces conditions. Je ne peux plus bouger, j’ai perdu la sensibilité de mes membres et risque la paralysie. »
Le 12 février 2024, Alaa Al-Hams succombe à ses blessures. Seuls ses confrères journalistes demeuraient pour l’enterrer, l’essentiel de sa famille ayant été massacrée. Un hommage funèbre lui a été rendu, son corps reposant sur un brancard, enveloppé d’un linceul blanc et d’une couverture, surmonté d’un gilet presse. Comme pour signifier l’immense cimetière pour journalistes qu’est devenue Gaza.

97. Angam Ahmad Edwan
Journaliste palestinien travaillant pour la chaîne libyenne February, Angam Ahmad Edwan a été tué le 12 février dans un raid de l’aviation israélienne sur son domicile, à Jabalia.

96. Yasser Mamdouh el-Fady
Mamdouh el-Fady, journaliste de 40 ans pour l’agence de presse Kan’an, affiliée au Jihad islamique, a été tué le 11 février 2024. Il a été abattu par un tireur d’élite israélien alors qu’il couvrait les événements à proximité de l’hôpital Nasser de Khan Younès.

95. Nafez Abdel Jawad
Nafez Abdel Jawad, directeur de la chaîne Palestine TV, a été tué le 8 février 2024 avec son fils dans le bombardement de la maison où ils avaient trouvé refuge à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza. Selon plusieurs concordantes, le même raid israélien a fauché quatorze palestiniens, dont cinq enfants.
Interrogée sur le massacre du journaliste et de son fils, l’armée israélienne a déclaré « prendre toutes les mesures possibles sur le plan opérationnel pour limiter les dommages causés aux civils, y compris aux journalistes. Nous n’avons jamais pris et ne prendrons jamais délibérément les journalistes pour cible », a-t-elle encore ajouté. L’armée israélienne a également indiqué n’avoir pas connaissance de frappes à ces coordonnées.

94. Rizq al-Gharabli
« Mon mari était plein d’optimisme, il transmettait autour de lui des messages de patience, de foi et de détermination. Pendant la guerre, ses mots me donnaient de la patience et me remontaient le moral. Il n’a jamais perdu espoir. » Comme plusieurs de ses proches, la femme de Rizq al-Gharabli a partagé sa tristesse sur les réseaux sociaux à l’annonce de la mort de son mari. Nombre d’entre eux ont partagé des mots d’affection et de tendresse à l’égard de ce journaliste de 40 ans, ainsi que des souvenirs, comme cette vidéo où on le voit diriger une prière.
Rizq a été tué le 6 février 2024 lors d’une frappe aérienne israélienne sur la maison de sa famille à Khan Younès. Il était depuis 2015 le directeur du Centre d’information palestinien, un organisme affilié au Hamas.

29/01/2024 93. Tariq al-Maidna
Comme tous les jours depuis le début de la guerre contre Gaza, Tariq al-Maidna avait ostensiblement écrit sur son véhicule le mot « Press », imaginant que cette indication le mettrait à l’abri de l’arbitraire de l’aviation israélienne. Il a été tué le 29 janvier, alors qu’il venait d’arriver dans le nord-est de la bande de Gaza, pour couvrir le retrait des troupes israéliennes de la zone.
« Quand nous sommes arrivés et que je suis sorti de la voiture, alors que Tariq était encore en train de trouver un endroit pour se garer, un drone israélien a visé notre véhicule », a déclaré son ami et confrère Abou al-Saud, de la chaîne yéménite Al Houthi. Abou al-Saud est convaincu que l’armée israélienne les a délibérément visés.
Tariq vivait avec sa famille dans le nord-ouest de la bande de Gaza avant la guerre, mais l’intensité des bombardements israéliens dans la région les a contraints à se déplacer plus de dix fois. Très occupé sur le terrain, Tariq rentrait peu chez lui et manquait de temps pour visiter sa famille. « On ne le voyait généralement pas plus d’une fois par semaine. La dernière fois qu’on a eu l’occasion de le voir, c’était deux jours avant son assassinat », a regretté son père.

92. Muhammad Abdelfattah Atallah
Après la mort de son frère dans un bombardement visant sa maison familiale au nord de la bande de Gaza, Muhammad Abdelfattah Atallah avait décidé de faire une pause et de rejoindre un endroit plus sûr, ne désespérant pas de reprendre son activité de journaliste lorsque le feu de l’aviation israélienne aurait baissé d’intensité. Il a été tué le 29 janvier 2024 par un raid israélien sur le camp de réfugié·es d’Al-Shati, où il avait fui les bombardements aux côtés de plusieurs membres de sa famille, aussi tués par la frappe.
Âgé de 24 ans, Muhammad travaillait comme rédacteur pour le site d’information Al-Resalah. Il écrivait aussi pour le site Raseef22. « Il s’intéressait particulièrement aux récits de vie quotidienne des Gazaouis, malgré le blocus, la corruption et les intérêts politiques contraires dans l’enclave », raconte Ayman Sharrouf, rédacteur en chef de Raseef22.
Il souhaitait servir d’amplificateur aux voix palestiniennes étouffées et ignorées, et voulait montrer qu’en dépit des montagnes de difficultés quotidiennes, Gaza était pleine de vie et d’espoir. « Malheureusement, il a été tué avant d’être devenu le journaliste qu’il rêvait d’être ; et le plus horrible, c’est qu’il pensait survivre », déplore Ayman Sharrouf auprès du Comité pour la protection des journalistes.

91. Iyad el-Ruwagh
Animateur pour la radio Al-Aqsa Voice, affiliée au Hamas, Iyad el-Ruwagh a été tué le 25 janvier 2024 par une frappe sur le camp de Nuseirat, dans le nord de Gaza, avec quatre de ses enfants : Loay, Nada, Yazan et Ahmed. Il avait publié sur Facebook plusieurs articles sur l’enfer dans lequel se trouvait sa famille. À une personne qui quittait l’enclave, il avait demandé de sauver le plus jeune de ses enfants en le portant auprès de leur mère, sa femme, réfugiée dans le Sinaï, en Égypte, avec leur cinquième, Mohamed, grièvement blessé par un précédent bombardement. Inconsolable, celle-ci a publié sur Facebook plusieurs textes sur son bien-aimé et leurs enfants assassinés.

90. Yazan al-Zuweidi
Yazan al-Zuweidi est mort le 14 janvier 2024 avec son frère et son cousin, tués par une frappe sur Beit Hanoun, ville du nord de Gaza défigurée par la guerre. Il se dirigeait vers sa maison afin de voir ce qu’il en restait quand il a été foudroyé. Journaliste et caméraman, il travaillait depuis six ans pour la chaîne arabe privée Al-Ghad, basée au Caire, en Égypte. Malgré le déluge de feu, il n’a jamais cessé le journalisme. Il a filmé inlassablement le massacre, la dévastation, sans jamais fuir vers le sud. Il avait 27 ans.

89. Mohamed Jamal Sobhi al-Thalathini
Mohamed Jamal Sobhi al-Thalathini travaillait pour la chaîne de télévision Al-Quds Al-Youm, affiliée au Hamas. Il est mort le 11 janvier 2024 chez lui, dans le sud de Gaza, sous les bombes israéliennes. Dévasté, un de ses anciens professeurs a salué la mémoire d’un « étudiant brillant ».

88. Shareef Okasha
Quelques heures avant sa mort, le journaliste palestinien Shareef Okasha, 27 ans, s’était réjoui de l’annonce d’un éventuel cessez-le-feu à Gaza. « Il avait commencé à documenter la joie des personnes déplacées et voulait se préparer à retourner au camp de Jabaliya, pensant que l’information était vraie », a raconté Shorouq Okasha, sa sœur. Finalement, le photojournaliste indépendant ne reverra jamais Jabaliya. Il a été tué à l’aube du 10 janvier par des éclats d’obus après qu’un avion de guerre israélien a tiré au moins trois missiles qui ont touché une maison adjacente à celle que sa famille occupait.
Les bombardements l’avaient contraint à se déplacer à Deir el-Balah, dans le centre de Gaza. Le jour de sa mort, il était également censé couvrir les séances de soutien psychologique que sa sœur avait pris l’habitude de donner le mercredi aux personnes déplacées dans les camps de la ville. Shareef avait couvert la guerre en tant que pigiste pour de nombreux médias, dont Al Jazeera, Al Ghad et Al Koofiya TV.

87. Ahmed Bdeir
Ahmed Bdeir avait deux passions : le journalisme et le théâtre. Marié, père d’un enfant, il écrivait pour le journal en ligne Al-Hadaf, affilié au Front populaire de libération de la Palestine, ainsi que pour plusieurs autres médias palestiniens, avec un penchant pour la politique, la littérature, les arts.
Ses collègues célèbrent un journaliste profondément engagé, documentant les crimes de l’occupation. Il avait commencé par vendre des journaux pour subvenir aux besoins de sa famille et de son père malade. Il est mort le 10 janvier 2024, touché par un obus à Khan Younès, près de l’hôpital Al-Aqsa.

86. Heba al-Abadla
« Ces trois jours comptent parmi les plus difficiles qu’une personne puisse vivre. Nous vivons sous le bruit des obus et des affrontements, les restes des maisons prises pour cible et leurs décombres qui nous tombent sur la tête, l’odeur de la poudre, sans oublier le bruit des tirs », écrit la journaliste Heba al-Abadla à l’une de ses collègues, alors que sa maison est assiégée par les chars de l’armée israélienne à Khan Younès. « Nous comptons sur notre patience et Dieu, et tentons de nous accrocher à nos rêves, nos ambitions et souvenirs », déclame-t-elle.
Quelques jours plus tard, le 9 janvier 2024, Heba et sa petite fille d’une dizaine d’années sont tuées dans le bombardement de la maison de leur oncle, où elles s’étaient réfugiées. Les soixante membres de sa famille qui survivaient, entassés dans la maison, succombent également.
La journaliste de 30 ans, présentatrice pour la radio locale Al-Azhar, a cofondé le média social Club Palestine, où elle a organisé des formations à la rédaction d’articles et des conférences sur des sujets liés à la technologie. Ses collègues lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux : « Elle a été un exemple de travail acharné, de persévérance et d’esprit animé dans toutes les conférences, événements et activités que nous avons menés. Heba a laissé une trace que nous n’oublierons jamais et dont nous nous souviendrons. » Heba attendait par ailleurs de pouvoir soutenir sa thèse.

85. Abdallah Iyad Breis
Abdallah Iyad Breis, 26 ans, dirigeait la section photographie de la chaîne éducative Rawafed, appartenant au ministère de l’éducation du gouvernement du Hamas. Il a été tué le 8 janvier 2024 lors d’une frappe aérienne israélienne sur son domicile à Khan Younès.

84. Hamza al-Dahdouh
Reporter caméraman pour Al Jazeera, et fils du journaliste vedette Wael al-Dahdouh, chef du bureau d’Al Jazeera à Gaza, Hamza al-Dahdouh a été tué le 7 janvier 2024 par un missile israélien. Son collègue Mustafa Thuraya, vidéaste pigiste pour la chaîne qatarie mais aussi pour l’Agence France-Presse (AFP) et d’autres médias internationaux, a également perdu la vie. Ils ont été tués alors qu’ils roulaient en voiture, près de Rafah, au sud de l’enclave. Un troisième journaliste qui voyageait avec eux, Hazem Rajab, a été grièvement blessé.
Vêtu de son gilet presse, son père, Wael al-Dahdouh, qui avait déjà perdu le 28 octobre 2023 son épouse et deux autres de ses enfants lors d’une frappe israélienne sur le camp de réfugié·es de Nuseirat, lui a rendu un vibrant hommage lors de ses obsèques : « Mon fils aîné était un homme bon, patient, généreux et attentionné. Il n’était pas une partie de moi, il était moi tout entier, l’âme de mon âme. »
Dans des images déchirantes, on voit sa sœur cadette supplier leur père : « S’il te plaît, reste avec nous, papa. Il ne nous reste plus personne d’autre que toi. » En quatre mois de guerre, la famille Al-Dahdouh a perdu plusieurs de ses membres. Comme son père, Hamza al-Dahdouh refusait de quitter l’enclave palestinienne.
« Nos larmes ne sont pas des larmes de défaite ou d’abandon, nous continuerons à faire notre travail de journaliste », a juré Wael al-Dahdouh. Célébré en héros du journalisme à travers le monde et devenu le porte-voix d’un peuple supplicié, il a depuis été évacué vers un hôpital du Qatar pour y être soigné après avoir été lui-même blessé. Al Jazeera accuse l’armée israélienne de « systématiquement cibler » ses équipes.

83. Mustafa Thuraya
Vidéaste pigiste notamment pour l’AFP, Mustafa Thuraya a été tué le 7 janvier 2024 avec le journaliste d’Al Jazeera Hamza al-Dahdouh par un tir israélien sur leur voiture dans le sud de Gaza, alors qu’ils étaient en mission pour la chaîne qatarie et qu’ils recueillaient des témoignages de civils déplacés. L’armée israélienne a justifié son tir en accusant les deux trentenaires d’être des « agents terroristes » affiliés au Hamas et à son allié le Jihad islamique. Au départ, elle a assuré les avoir ciblés parce qu’ils auraient transporté un terroriste dans leur véhicule, puis a changé de version et affirmé qu’ils utilisaient un drone.
« Cibler des civils est illégal, dénonce le Comité pour la protection des journalistes, qui appelle à une enquête indépendante. Les journalistes utilisent des équipements comme des caméras et des drones pour leur travail. Cela n’en fait pas des terroristes et ne devrait certainement pas en faire des cibles. »
La mère de Mustafa a transporté le corps de son fils, enveloppé dans un linceul blanc, priant pour son salut : « Que Dieu l’accepte en martyr. »

82. Akram ElShafie
Reporter et rédacteur pour l’agence de presse palestinienne Safa, Akram ElShafie est décédé le 5 janvier 2023 des suites de ses blessures. Fin octobre, il a été touché par des balles israéliennes alors qu’il était sur le terrain. Son entourage a tenté en vain de le faire évacuer de Gaza. La demande a été rejetée par l’État hébreu.
Pour son dernier reportage, le journaliste de 53 ans avait raconté la coopération et la solidarité des naufragé·es de la bande de Gaza, en dépit de la guerre.

81. Jabr Abou Hadrous
Reporter pour la chaîne Al-Quds Al-Youm, affiliée au Hamas, Jabr Abou Hadrous a été tué le 29 décembre 2023 par une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugié·es de Nuseirat, au nord de Gaza. Il se trouvait chez lui avec sept membres de sa famille.
Lors de la veillée funèbre, ses proches et ses collègues ont brandi son corps sur un brancard avec son micro, son casque et son gilet pare-balles marqué « Press » (en anglais), avec un message à l’adresse du « monde silencieux ». « Tous les journalistes du monde sont protégés lorsqu’ils portent un gilet “Press”, sauf nous à Gaza. Ici, le gilet est un signal pour tuer les journalistes. »

80. Mohamed Khaireddine
Mohamed Khaireddine travaillait pour la chaîne de télévision Al-Aqsa, affiliée au Hamas. Il a été tué le 28 décembre 2023 sous le feu de l’aviation israélienne à Beit Lahia, au nord de Gaza. Il se trouvait chez lui avec une douzaine de membres de sa famille, dont le journaliste Ahmed Khaireddine.

79. Ahmed Khaireddine
Reporter caméraman pour les chaînes Al-Quds Al-Youm et Quds, affiliées au Hamas, Ahmed Khaireddine a été tué le 28 décembre 2023 lors d’un raid aérien israélien contre sa maison familiale à Beit Lahia, au nord de Gaza, avec douze membres de sa famille, dont le journaliste Mohamed Khaireddine. C’était le premier jour de repos qu’il s’accordait depuis le début de la guerre.
Dans un témoignage vidéo, son frère, Basil, journaliste pour la chaîne Palestine Today, raconte qu’Ahmed, comme tous les journalistes gazaouis, travaillait entre la vie et la mort, assistant à l’hécatombe de ses confrères. « Une dizaine de journalistes ont été tués cette semaine, mais ça ne nous découragera pas. Israël n’arrivera pas à nous anéantir, malgré la violence de ce qu’il nous fait endurer », a-t-il plaidé.

78. Mohamad al-Iff
Photojournaliste pour le média Al-Rai, propriété du gouvernement du Hamas, Mohamed al-Iff a été tué le 24 décembre 2023, lors d’un bombardement sur la ville de Gaza, comme plusieurs membres de sa famille, dont son cousin Mohamed Azzaytouniyah, travaillant lui aussi pour Al-Rai.

77. Mohamed Azzaytouniyah
Ingénieur du son pour la radio locale Al-Rai, propriété du gouvernement du Hamas, Mohamed Azzaytouniyah a été tué le 24 décembre 2023 lors des mêmes frappes qui ont coûté la vie à son cousin, Mohamed al-Iff, photojournaliste pour le même média.

76. Ahmad Jamal al-Madhoun

75. Mohamed Naser Abou Huwaidi

74. Mohamed Khalifeh
Mohamed Khalifeh dirigeait la chaîne de télévision Al-Aqsa, affiliée au Hamas. Il est mort le 22 décembre 2023 sous les bombes israéliennes dans sa maison avec sa femme et trois de leurs enfants, dans le camp de réfugié·es de Nuseirat, dans le centre de Gaza.

73. Adel Zorob
Adel Zorob travaillait pour plusieurs médias, dont la radio Al-Aqsa Voice, affiliée au Hamas. Il a été tué le 19 décembre 2023 par une frappe contre son domicile à Rafah, dans le sud de Gaza, avec 25 membres de sa famille.
Adel Zorob racontait aussi la guerre sur sa page Facebook et dans plusieurs groupes de discussion WhatsApp. Sa famille avait refusé de fuir les bombes d’Israël et d’être déplacée.
Dans une vidéo qui cumule plusieurs millions de vues, Adel Zorob porte dans ses bras et brandit le corps inanimé de son tout jeune petit-fils, tué dans un bombardement avec sa sœur et dix membres de sa famille. Il s’emporte, ivre de douleur : « Depuis le 7 octobre, le feu s’abat sur nous et nous comptons nos morts. Voilà à quoi ressemblent nos martyrs. Cet enfant venait tout juste d’avoir deux mois. »

72. Abdallah Alwan
« Si vous vivez dans un endroit sûr, vous êtes bénis de Dieu. N’oubliez pas de Le remercier », écrivait Abdallah Alwan début décembre. Il priait pour que ce soit son cas. Il est mort le 18 décembre 2023, foudroyé à son domicile par l’aviation israélienne à Jabalia.
Spécialiste de la voix off, il travaillait pour plusieurs médias, notamment la plateforme Midan appartenant à Al Jazeera. Il était aussi l’un des animateurs de la radio de l’université islamique. Le matin de son décès, il écrivait sur Facebook : « Chaque jour, nous pensons que la nuit qui vient de s’écouler a été la pire nuit de la guerre. Mais tous les jours sont pires les uns que les autres. »

71. Assem Kamal Moussa
Reporter pour le site Palestine Now, dont il était l’un des piliers, Assem Kamal Moussa est mort le 17 décembre 2023 sous le feu de l’aviation israélienne à Khan Younès, dans le sud de Gaza. Célébré pour son professionnalisme et son humanité, il avait ouvert sa maison à ses collègues qui avaient fui le Nord.

70. Haneen Kashtan
Journaliste pour plusieurs médias, dont la télévision locale Al-Kofiya, affiliée au Fatah, et la chaîne privée locale Baladna TV, Haneen Kashtan a été tuée par une frappe sur le camp de réfugié·es de Nuseirat, dans le nord de Gaza. Elle est morte le 17 décembre 2023 au terme d’atroces souffrances qu’elle essayait de minimiser auprès des siens, de son fils tout particulièrement. Elle le rassurait de sa voix, approchant du trépas : « Bientôt, la guerre sera finie. Il n’y aura plus de bombes dans le ciel de la Palestine. »
Haneen Kashtan a essayé de tenir jusqu’à son dernier souffle. Elle disait dans un post désespéré quelques jours plus tôt sur Facebook sa peur de mourir déchiquetée par les bombes israéliennes.

69. Samer Abou Daqqa
Caméraman pour Al Jazeera, Samer Abou Daqqa a été tué le 15 décembre 2023 par un drone alors qu’il filmait les ravages de l’armée israélienne dans une école des Nations unies abritant des déplacé·es dans le centre de Khan Younès, dans le sud de Gaza. Coincé avec d’autres blessé·es dans cette école encerclée par les tanks et les snipers israéliens, il n’a pu être évacué et sauvé. Il est mort après avoir agonisé pendant plusieurs heures.
Son collègue, Wael al-Dahdouh, chef du bureau et icône d’Al Jazeera, qui a perdu son épouse, deux enfants et un petit-fils depuis le début de la guerre, a été blessé lors de la même frappe. Il a, lui, depuis, quitté l’enclave pour le Qatar, où il est toujours soigné.
Sur Al Jazeera mais aussi sur les réseaux sociaux, comme dans ce montage sur Instagram, les hommages à Samer Abou Daqqa pleuvent. Sa mère l’avait vu la veille de sa mort : « Il était venu me dire au revoir hier. Il était mort de faim. »

68. Duaa Jabbour
Journaliste freelance, notamment pour le site Eyes Media Network, Duaa Jabbour a été tuée le 9 décembre 2023 par une frappe de l’armée israélienne sur sa maison avec son mari et ses enfants à Khan Younès, dans le sud de Gaza. Dans sa dernière publication sur Facebook, elle écrivait : « Survivre au quotidien est épuisant. » En dépit de nos efforts, nous ne sommes pas parvenus à trouver une photo de Duaa.

67. Ola Atallah
Journaliste freelance pour des médias palestiniens et internationaux, dont l’agence de presse turque Anadolu, Ola Atallah a été tuée le 9 décembre 2023 par une frappe aérienne israélienne contre la maison où elle s’était réfugiée avec sa famille dans le quartier d’El-Daraj de Gaza City. Elle a été tuée avec neuf membres de sa famille, dont son frère et ses oncles.
Le 27 novembre 2023, elle décrivait dans le journal Al-Morasel l’enfer de la guerre à Gaza, les destructions, les traumatismes. Bien connue sur les réseaux sociaux, son dernier tweet du 8 décembre demandait : « Combien de nuits de terreur et de mort faudra-t-il encore compter à Gaza ? »

66. Hamada Al-Yaziji
« Oh mon Dieu, ne nous faites pas perdre nos proches. Des jours difficiles s’annoncent », implorait Hamada Al-Yaziji, le 21 octobre 2023, sur son compte Facebook. Le journaliste palestinien de 29 ans avait très vite consacré toute son énergie, après le 7-Octobre, à couvrir les conséquences des bombardements et à exposer les crimes israéliens sur les civils. Il travaillait comme rédacteur pour l’agence de presse privée Kanaan News Agency et à la radio Al-Quds appartenant au Hamas.
Hamada a été tué avec trente-quatre membres de sa famille par une frappe israélienne qui a touché sa maison dans le quartier de Sheikh Radwan, dans le nord de la ville de Gaza, dans la soirée du 3 décembre 2023.

65. Hassan Farajallah
Hassan Farajallah, qui occupait un poste important au sein de la chaîne de télévision Al-Quds, affiliée au Hamas, a été tué le 3 décembre 2023 par un bombardement israélien dans la bande de Gaza alors qu’il était en train de publier un reportage sur YouTube. Il transmettait sa passion du journalisme à de nombreux étudiants et étudiantes qui pleurent aujourd’hui sa disparition.
On le voit aussi dans une publication Facebook prodiguer des conseils d’orientation aux élèves d’une école pour filles. L’une de ses anciennes élèves lui a rendu hommage : « Tu étais un ami, un professeur et un mentor. Tu nous as enseigné et nous avons beaucoup appris de toi. Le cours s’est terminé, mais la leçon n’a pas pris fin. »

64. Shaima el-Gazzar
Journaliste palestinienne du réseau Al-Majedat, Shaima al-Gazzar a été tuée le 3 décembre 2023 avec plusieurs membres de sa famille lors d’une frappe aérienne israélienne sur la ville de Rafah, dans le sud de Gaza. Elle passait son temps sur le terrain à documenter la lutte des Palestinien·nes pour survivre dans l’enclave écrasée par la pauvreté. En dépit de nos efforts, nous ne sommes pas parvenus à trouver une photo de Shaima.

63. Abdullah Darwich
Caméraman palestinien pour la chaîne de télévision Al-Aqsa, affiliée au Hamas, Abdhallah Darwish a été tué le 1er décembre 2023 par une frappe aérienne israélienne dans la bande de Gaza.

01/12/2023 62. Marwan al-Sawaf
Marwan al-Sawaf, photographe et technicien du son à Alef Multimedia, a été tué, le 1er décembre 2023, par une frappe israélienne dans la ville de Gaza, aux côtés de son frère, Montaser.
Marwan, 30 ans, était en route pour couvrir des affrontements entre l’armée israélienne et le Hamas lorsqu’il a été tué. « Il ne portait pas sa veste de presse à ce moment-là, car Marwan s’était inquiété des risques, craignant que la veste ne fasse de lui une cible en raison des attaques répétées contre les journalistes », a témoigné son dernier frère encore en vie auprès du Comité pour la protection des journalistes. Deux semaines plus tôt, Marwan avait réchappé de justesse à un bombardement visant son domicile familial, qui tua son père et 47 autres membres de sa famille.

61. Montaser al-Sawaf
Caméraman pour l’agence de presse Anadolu, Montaser al-Sawaf est mort le 1er décembre 2023 sous les bombes israéliennes avec son frère et d’autres membres de sa famille dans le quartier d’Ed-Durc, au sud de Gaza. Après avoir été gravement blessé, et agonisant, Montaser a attendu une ambulance une heure et demie avant d’être transporté à l’hôpital par un véhicule privé. Deux semaines plus tôt, le journaliste avait perdu sa femme, deux de leurs enfants et ses parents dans un bombardement sur leur domicile, dans Gaza City.

60. Adham Hassouna
Journaliste indépendant et professeur de journalisme aux universités de Gaza et d’Al-Aqsa, Adham Hassouna a été tué le 1er décembre 2023, ainsi que plusieurs membres de sa famille, par une frappe aérienne israélienne dans Gaza City. Ses anciens élèves pleurent la disparition d’un homme qui leur a ouvert la voie du métier.
« Depuis mes débuts, tu as été une grande source de motivation pour tout ce que j’ai réalisé dans ma vie universitaire. Tu as cru en moi et mes capacités et tu m’as toujours dit que je deviendrais une grande journaliste », a décrit une de ses étudiantes.

59. Mostafa Bakeer
Journaliste caméraman pour la chaîne de télévision Al-Aqsa, affiliée au Hamas, Mostafa Bakeer a été tué le 24 novembre 2023 par une frappe aérienne israélienne à Rafah, dans le sud de Gaza. En dépit de nos efforts, nous ne sommes pas parvenus à trouver une photo de Mostafa.

58. Mohamed Mouin Ayyash
Photojournaliste, Mohamed Mouin Ayyash a été tué le 23 novembre 2023 par une frappe israélienne sur son domicile dans le camp de réfugié·es de Nuseirat, dans le centre de Gaza. Fondateur et directeur de l’agence de presse Gaza Now, il couvrait le conflit depuis 2014. Son dernier message sur le réseau social X rapportait la mort de ses parents, de sa sœur, de ses deux frères et d’autres membres de sa famille pulvérisés par l’aviation israélienne. Ses amis pleurent « un homme et un journaliste de grande valeur, qui laisse derrière lui sa petite fille et sa femme ».

57. Assem al-Barsh
Quelques jours avant le 7 octobre 2023, Assem al-Barsh était parvenu à achever un projet de longue date. Il venait de terminer la construction d’un petit studio de radio dans sa maison, destiné à enregistrer des podcasts et à enseigner les bases du journalisme radiophonique à des enfants de Gaza.
Rapidement, son petit studio artisanal est détruit par l’aviation israélienne. Le 22 novembre, l’ingénieur du son et journaliste meurt, tué par une balle de sniper israélien dans le nord de la ville de Gaza, alors qu’il rentrait chez lui.
Le journaliste indépendant de 35 ans, travaillant notamment comme ingénieur du son pour la radio Al-Rai affiliée au Hamas, fut d’une aide précieuse dans le développement d’un projet radiophonique appelé « Identity Podcast », diffusé par la radio An-Naja7. L’émission se donnait pour mission la promotion des valeurs du dialogue et de la diversité culturelle et religieuse dans le monde arabe.
En 2021, Assem a également animé et produit l’émission « With You » pour la radio Namaa, au cours de laquelle les auditeurs et auditrices pouvaient dédier des chansons ou transmettre des messages en direct à des ami·es ou à des proches. Selon la radio An-Naja7 qui l’employait, Assem était actif depuis le 7 octobre et couvrait les événements à Gaza, tout en apportant son aide, dès qu’il le pouvait, à l’évacuation de civils coincés sous les décombres et dirigeant les sinistré·es des bombardements israéliens vers des endroits sûrs.

56. Mohamed Nabil al-Zaq
Journaliste pour la chaîne de télévision Al-Quds, affiliée au Hamas, Mohamed Nabil al-Zaq a été tué par un raid aérien israélien sur Shejaiya, dans le nord de Gaza, le 22 novembre 2023.

55. Jamal Mohamed Haniyeh
Le dernier article de Jamal Mohamed Haniyeh, daté du 1er octobre 2023, relate la tenue d’une rencontre de football entre deux équipes de la ligue de Gaza dans le stade municipal de Rafah. Il donne à voir un Gaza qui n’existe plus, que les bombes israéliennes ont entièrement détruit, et encapsule le souvenir d’une enclave grouillante de vie, en dépit du blocus.
Jamal, journaliste pour le site d’actualité sportif Amwaj, a été tué le 21 novembre avec d’autres membres de sa famille et de sa belle-famille lors d’une frappe aérienne israélienne sur sa maison dans la ville de Gaza.
Selon plusieurs sources concordantes, Jamal était le petit-fils de Ismaël Haniyeh, chef de la branche politique du Hamas, aujourd’hui réfugié au Qatar. Dix jours plus tôt, la plus jeune petite-fille de Haniyeh, Roaa Hammam, par ailleurs étudiante à la faculté de médecine de Gaza, était tuée dans un bombardement israélien visant sa maison familiale dans la bande de Gaza.
Selon des sources palestiniennes, une trentaine de neveux et de parents au premier et au deuxième degré du chef du Hamas auraient été tués par l’armée israélienne après l’attaque commise par le groupe islamiste sur le territoire de l’État hébreu le 7 octobre.

54. Farah Omar
Journaliste libanaise, correspondante pour la chaîne Al Mayadeen, affiliée au Hezbollah, Farah Omar, 25 ans, a été tuée le 21 novembre 2023 par une frappe israélienne ainsi que son caméraman, également libanais, Rabih al-Maamari, 29 ans. Pour leur PDG, ils ont été « délibérément visés, ce n’était pas un hasard ». Ils réalisaient un reportage sur l’escalade des hostilités guerrières et assuraient un direct une heure avant leur mort.
Depuis Machghara, village de la plaine de la Bekaa d’où elle est originaire, son père a appelé « tous les journalistes à poursuivre leur travail et à transmettre la vérité sans craindre l’ennemi ». Sa mère a martelé que leur fille « avait combattu l’ennemi avec ses mots » : « Ils l’ont crainte et l’ont tuée. »
De son côté, l’armée israélienne a affirmé « être au courant d’accusations concernant des journalistes tués par des tirs des forces de défense israéliennes », ajoutant que les tirs ont eu lieu dans une zone de combat active. « Il est dangereux de se trouver dans cette zone », a encore commenté l’État hébreu.

53. Rabih al-Maamari
Caméraman libanais pour la chaîne Al Mayadeen, affiliée au Hezbollah, Rabih al-Maamari, 29 ans, a été tué avec sa collègue Farah Omar, 25 ans, le 21 novembre 2023 par une frappe israélienne à la frontière entre le Liban et Israël. Pour leur PDG, ils ont été « délibérément visés, ce n’était pas un hasard ». Ils réalisaient un reportage sur l’escalade guerrière à la frontière libano-israélienne et assuraient un direct une heure avant leur mort.
Des centaines de proches et de collègues se sont recueillis au siège de leur média devant leurs cercueils, lors d’une procession funèbre publique.
Selon les éléments recueillis par les Observateurs de France 24, si les images de l’attaque suggèrent que les journalistes ne portaient pas leur gilet « Press » au moment où les avions israéliens les ont visés, la caméra en feu sur un trépied les identifiait clairement comme journalistes.

52. Ayat Khadoura
L’aviation israélienne a anéanti ses espérances et a fini par lui prendre la vie. La journaliste et créatrice de podcasts Ayat Khadoura a été tuée le 20 novembre 2023 par une frappe sur sa maison à Beit Lahia, dans le nord de Gaza.
Dans son dernier message au monde, publié sur son compte Instagram, elle confie les larmes aux yeux et la voix chevrotante : « Nous sommes des êtres humains, et comme tout être humain dans ce monde, nous avions de grands rêves. Mais aujourd’hui, nos rêves sont brisés. Comme dans un seul corps meurtri et mourant, nos rêves devaient relever le monde arabe. Mais malgré les images et les informations, rien ni personne n’arrête cette horrible guerre qui nous extermine. »

51. Bilal Jadallah
« Bilal Jadallah a aidé le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) à documenter le ciblage et l’assassinat systémique de journalistes par les Forces de défense israéliennes et il semble qu’il en ait été lui-même victime dimanche », a déclaré Sherif Mansour, coordinateur du programme du CPJ pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Bilal Jadallah, directeur de la maison palestinienne de la presse, a été tué le 19 novembre 2023 dans l’explosion de sa voiture à Gaza, visée par une frappe de l’aviation israélienne. Le Syndicat des journalistes palestiniens estime que l’armée israélienne a délibérément tué Bilal et a demandé une enquête indépendante pour éclairer les circonstances de sa mort.
Le journaliste avait largement contribué avec le CPJ à démontrer que depuis vingt-deux ans, Israël tue régulièrement des journalistes à chaque éruption de violence dans la bande de Gaza et n’avait jamais eu à rendre de comptes pour cela.

18/11/2023 50. Abdel Rahman al-Tanani
Abdel Rahman al-Tanani, journaliste indépendant et community manager pour la radio locale Zaman FM, fut tué le 18 novembre 2023, par un bombardement de l’aviation israélienne intervenu à l’aube, alors qu’il se trouvait en compagnie de sa famille. Le jeune homme de 26 ans avait été contraint de fuir les bombardements qui touchaient sa région d’origine et avait trouvé refuge chez son père, dans le camp de réfugié·es de Jabalia.
Abdel Rahman ne fut pas la seule victime de cette frappe. Son frère ainsi que la femme de son frère trouvèrent également la mort, tandis que son fils et sa propre femme furent gravement blessés par la frappe, qui rendit cette dernière lourdement handicapée. Le décès d’Abdel Rahman a été confirmé presque un an après le bombardement qui le tua.

49. Abdelhalim Awad
Abdelhalim Awad, travailleur des médias et chauffeur pour la chaîne Al-Aqsa TV, affiliée au Hamas, a été tué le 18 novembre 2023 lors d’une attaque contre son domicile dans la bande de Gaza. Awad travaillait à plein temps depuis le début de la guerre à Khan Younès et était parti rendre visite à sa famille la semaine au cours de laquelle il a été tué.

48. Sari Mansour
Deux jours avant de périr dans le raid israélien visant le camp de réfugié·es de Bureij, le 18 novembre 2023, Sari Mansour n’avait plus aucun moyen de communiquer avec sa femme. Le réseau venait d’être coupé, et Sari était sur le terrain, avec son collègue Hassouneh Salim, tentant de raconter les destructions causées par les bombardements israéliens.
Le journaliste et directeur de l’agence de presse palestinienne Quds News prend alors un stylo et une feuille de papier et couche quelques mots à destination de sa femme : « C’est un moyen de communication ancien, mais c’est tout ce qu’il nous reste quand les SMS ne marchent plus », regrette-t-il dans une vidéo posthume.
« Je demande à Dieu qu’il me donne l’occasion de vivre pour te retrouver et de vivre encore beaucoup de moments heureux avec toi », écrit-il dans sa lettre. « Mais serais-je exaucé ? Je voudrais qu’on puisse revivre les moments de bonheur qu’on a connus », déclame Sari, espérant que sa femme saura trouver le moyen de consulter son message.
Son message est raturé. Il avait d’abord conjugué au futur mais s’est ensuite ravisé, ne misant pas trop sur l’avenir, qu’il sait menacé par le déluge de bombes s’abattant sur Gaza.
Sa femme l’imite et écrit à son tour une lettre, qu’elle espère lui faire parvenir. « Les enfants et moi t’attendons depuis ce matin, et tu n’es pas venu. Viens. Nous sommes très tristes, je te jure... Viens demain déjeuner avec nous, et nous ferons du kebab ou de la kabsa. Viens. Dors avec nous et amène Hassouna avec toi. »
Aucun des deux messages n’arrivera à temps.

47. Hassouneh Salim
« Je te fais symboliquement épouser la terre martyre de Palestine, toi qui devais te fiancer. Tu vas rejoindre pour l’éternité la terre de Palestine. » Les amis de Hassouneh Salim enterrent avec sa dépouille l’alliance que le photojournaliste indépendant n’a jamais pu porter.
Lui qui devait se marier a été tué le 18 novembre 2023 avec son collègue et ami Sari Mansour dans le raid israélien ayant visé le camp de réfugié·es de Bureij, au centre de Gaza.
Son frère lui a également rendu hommage sur Facebook, indiquant que Salim connaissait les risques mais « avait refusé de garder le silence sur les massacres en cours à Gaza » et n’aurait renoncé pour rien au monde à sa mission d’information.

46. Mostafa El Sawaf
À 68 ans, il était considéré comme le doyen des journalistes de la bande de Gaza. Mostafa El Sawaf, auteur et journaliste palestinien, a été tué le 18 novembre 2023 par un bombardement visant sa maison située dans Gaza City, aux côtés de sa femme et de deux de ses fils.
Mostafa exerçait depuis les années 1980. Il a d’abord travaillé comme journaliste, puis comme rédacteur en chef pour plusieurs médias palestiniens, arabes et internationaux. Il a notamment occupé le poste de correspondant du réseau BBC et de chef du bureau à Jérusalem du quotidien de référence libanais An Nahar. Mostafa a également fondé le premier quotidien publié dans la bande de Gaza, Sawt Al-Jami’a, et en fut le rédacteur en chef.
Un reporter a déploré sur les réseaux sociaux la mort du « père de tous les journalistes palestiniens et dont le parcours [les] a tous inspirés ».

45. Amro Salah Abou Hayah
Amro Salah Abou Hayah, un travailleur des médias employé par la chaîne de télévision Al-Aqsa, affiliée au Hamas, a été tué le 18 novembre 2023 par une frappe de l’aviation israélienne, à Gaza.

44. Mossab Ashour
« Poursuivez vos rêves où que vous soyez, car la vie est un voyage sans fin fait de réussites et d’échecs », a publié sur sa page Facebook personnelle Mossab Ashour. Le photographe palestinien partageait avec ses amis sa joie d’avoir participé à un télécrochet musical sur Al Jazeera.
Mossab a été tué dans le raid aérien sur le camp de réfugié·es de Nuseirat, situé dans la bande de Gaza. Son corps n’a été découvert que le 18 novembre 2023, alors que sa disparition était déclarée depuis plusieurs jours.

43. Ahmed Fatima
« Nous avons perdu la liaison avec notre équipe à proximité de l’hôpital Al-Shifa, dans la bande de Gaza. Nous n’avions plus eu aucune nouvelle d’eux depuis. Nous venons d’apprendre la mort de notre caméraman et la blessure d’un autre collègue », annonce en plein direct le présentateur de la chaîne Al-Qahera News TV le 13 novembre 2023.
Ahmed Fatima, photographe pour le média égyptien Al-Qahera News TV et collaborateur de la maison palestinienne de la presse, a été tué ce jour-là par une frappe de l’armée israélienne sur la bande de Gaza. Selon le directeur de la chaîne, Ahmed couvrait la situation près de l’hôpital Al-Shifa, alors encerclé par l’armée israélienne, soupçonnant le centre hospitalier d’abriter un centre de commandement du Hamas.
Un fidèle téléspectateur de la chaîne égyptienne pour laquelle Ahmed travaillait a déploré sa mort sur X : « NON, pas Ahmed Fatima !!! C’était l’homme le plus doux qui soit ! Le plus courageux des journalistes informant le monde dans les pires moments ! C’est la première guerre où je m’attache à des journalistes et les regarde mourir un par un, jour après jour. C’est insupportable, tout comme le silence de l’establishment journalistique occidental. »
Le compte X « Martyrs de Gaza », qui s’appuie sur des messages consultables sur les réseaux sociaux pour reconstituer les récits de vie des victimes des bombardements à Gaza, a détaillé au sujet d’Ahmed Fatima : « Il avait l’habitude d’embrasser les enfants de l’hôpital Al-Shifa pour les rassurer et tenter d’apaiser leur peur. Il était bon, gentil et aimé de tous ses collègues. »

42. Yaacoub al-Barsh
Yaacoub al-Barsh, directeur exécutif de la radio locale Namaa, est mort après avoir été blessé le 12 novembre 2023 par une frappe de l’armée israélienne sur sa maison dans le nord de la bande de Gaza.
Yaacoub partageait sur ses réseaux sociaux son amour du ballon rond et particulièrement pour le club de foot de Jabalia, le Nama Club Sports. Il publiait des images des exploits de son club de cœur et étalait sa fierté d’en être l’un des dirigeants et d’avoir accompagné sa réussite depuis sa création, il y a quinze ans.

41. Moussa Al-Borsh
Moussa Al-Borsh, journaliste palestinien de 36 ans et directeur général de la radio privée locale Naama Radio, a été tué par une frappe israélienne à Jabaliya, au nord de la ville de Gaza. Vers 5 h 30 du matin, le 12 novembre 2023, « des missiles israéliens nous ont frappés, tuant Moussa, notre père et notre oncle sur le coup », a déclaré Issa Al-Borsh, frère de Moussa Al-Borsh et directeur financier de la radio locale. Leur frère Yacoup a été grièvement blessé et est mort le lendemain. Issa Al-Borsh a ajouté que d’autres membres de la famille ont également été blessés lors de la frappe, qui a touché leur immeuble de six étages.

40. Ahmed al-Qara
Le compte Facebook d’Ahmed al-Qara est la démonstration qu’avant le 7 octobre, en dépit des pénuries et d’un quotidien entravé, les Gazaouis entrevoyaient des moments de bonheur partagés. Les sourires et la fierté des étudiant·es dont il capturait les remises de diplôme illuminaient ses réseaux sociaux.
Photojournaliste indépendant, travaillant notamment pour l’université Al-Aqsa de Gaza, Ahmed al-Qara a été tué le 10 novembre par une frappe de l’aviation israélienne à l’entrée de la ville de Khuza, à l’est de Khan Younès, dans la bande de Gaza. L’un des nombreux diplômés qu’il a filmés lui a rendu hommage sur Facebook : « C’était l’une des personnes les plus gentilles que j’ai rencontrées dans ma vie. »
En plus de son travail de journaliste, il intervenait également comme maître de conférences à l’université Al-Aqsa. Selon ses proches, il rêvait de devenir un journaliste célèbre pour porter la voix et les espoirs de la Palestine à travers le monde. Ses étudiant·es ont aussi souligné son engagement professionnel généreux : « Nous témoignons tous de votre dévouement dans votre travail », a écrit l’un. « Vous étiez de bon conseil et saviez toujours trouver la bonne façon de nous aider. Je le jure devant Dieu, nous n’avons connu qu’un homme bon et souriant », a écrit une autre en guise d’hommage.

39. Yahya Abou Manih
Yahya Abou Manih, journaliste de la radio Al-Aqsa, affiliée au Hamas, a été tué le 7 novembre 2023 par une frappe de l’aviation israélienne sur la bande de Gaza. En dépit de nos efforts, nous ne sommes pas parvenus à trouver une photo de Yahya.

38. Mohamed Abou Hassira
Mohamed Abou Hassira, journaliste de l’agence de presse Wafa, administrée par l’Autorité palestinienne, a été tué le 7 novembre 2023 par une frappe israélienne tirée sur son domicile à Gaza, avec 42 membres de sa famille.

37. Mohamed al-Jaja
26 octobre 2023. « Avant de mourir dans un bombardement, d’être enseveli sous les décombres ou d’être déchiqueté en morceaux, on pourrait bien mourir de faim ! », se désole Mohamed al-Jaja sur ses réseaux sociaux, informant ses lecteurs et lectrices de la fermeture de la plupart des boulangeries à Gaza.
29 octobre. Mohamed, travailleur des médias et consultant pour la Maison palestinienne de la presse, donne à ses proches de ses nouvelles, après deux jours de coupure des communications à Gaza. « Physiquement, nous sommes toujours en vie, mais mentalement et émotionnellement, nous sommes loin d’aller bien ! », écrit-il.
3 novembre. Mohamed partage une vidéo de manifestants pacifistes venus interrompre une audition du Sénat américain sur la demande de financement du président Joe Biden pour Israël. Les mains levées, peintes en rouge, ils réclament un cessez-le-feu à Gaza. « Stop au génocide à Gaza ! », commente Mohamed.
4 novembre. Mohamed al-Jaja pleure la mort de son cousin et de sa famille. « Ô ma solitude », clame-t-il.
5 novembre. Mohamed est tué, aux côtés de sa femme et de ses deux filles, dans le bombardement de sa maison à Al-Nasr, un quartier situé au nord de la bande de Gaza.

36. Mohamad al-Bayyari
Mohamad al-Bayyari, journaliste palestinien de la chaîne de télévision Al-Aqsa, affiliée au Hamas, a été tué le 2 novembre par une frappe de l’aviation israélienne sur Gaza City. En dépit de nos efforts, nous ne sommes pas parvenus à trouver une photo de Mohamad.

35. Mohammed Abou Hatab
Lorsque Salman Basher apprend la mort de son confrère Mohammed Abou Hatab en plein direct, il fond en larmes et arrache de douleur son casque de protection et son gilet « Press ». « Ces gilets pare-balles et ces casques ne nous protègeront pas, ce ne sont que des slogans que nous portons, ils ne protègent pas les journalistes, se lamente-t-il, alors que sa collègue en plateau éclate en sanglots. Nous n’avons aucune valeur, nous mourrons les uns après les autres. La seule différence entre nous, c’est le temps qui nous sépare de notre mort. »
Trente minutes plus tôt, Mohammed Abou Hatab se tenait face à la caméra à la place de son confrère, relatant le quotidien horrifique des civils gazaouis. « Partout, à chaque coin de rue, à chaque coin de maison, il n’y a que des pleurs et des gémissements », rapportait-il en duplex de l’hôpital Al-Nasser, à Khan Younès.
Trente minutes plus tard, le journaliste de Palestine TV est tué, le 2 novembre 2023, avec onze membres de sa famille par une frappe israélienne visant sa maison à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

34. Majd Fadl Arandas
« Tout ce qui m’importe aujourd’hui, c’est que notre voix et notre cause atteignent le plus grand nombre et que nous obtenions davantage de soutien. » Majd Fadl Arandas, photojournaliste pour le média en ligne Al-Jamaheer, consacrait toute son énergie depuis le 7 octobre à documenter les souffrances des civils palestiniens soumis à un déluge de feu.
Et pas seulement. Il avait aussi à cœur de montrer l’éclat d’espoir et la rage de vivre des Gazaoui·es, vivant entre pénuries et bombes. « Je veux montrer des photos de gens qui jouent, rechargent leur téléphone, rient et mangent au milieu de toute cette catastrophe », confiait-il dans un message vocal envoyé au directeur de la galerie photo dubaïote Gulf Photo Plus, à laquelle il contribuait.
Au fond, son objectif était de « documenter la vie quotidienne des civils gazaouis, pour que le monde voie la beauté de Gaza malgré les difficultés endurées et causées par dix-sept ans de blocus israélien ». Une ambition qui a tragiquement pris fin le 2 novembre 2023, lorsque l’aviation israélienne a frappé le camp de réfugié·es de Nuseirat, tuant Majd Fadl Arandas.
Plusieurs photographes qui l’ont côtoyé lui ont rendu hommage sur Instagram : « Majd était photographe et journaliste et il a été récemment contraint de vendre son appareil photo pour pouvoir survivre à Gaza, assiégée par Israël. Il a continué à photographier avec son téléphone portable et espérait économiser pour acheter un nouvel appareil photo. Il était gentil et doux, et beaucoup de ses collègues photographes dans la région se souviendront de sa gentillesse et de son intelligence. »

33. Iyad Matar
Iyad Matar, journaliste travaillant pour la chaîne de télévision Al-Aqsa TV, affiliée au Hamas, a été tué le 1er novembre 2023 avec sa mère par une frappe israélienne sur la bande de Gaza. En dépit de nos efforts, nous ne sommes pas parvenus à trouver une photo d’Iyad.

32. Imad al-Wahidi
Imad al-Wahidi, un travailleur des médias et directeur de la chaîne de télévision Palestine TV, gérée par l’Autorité palestinienne, a été tué le 31 octobre 2023 avec les membres de sa famille par une frappe de l’aviation israélienne sur la bande de Gaza.
Un collègue de la chaîne Palestine TV a pleuré sa disparition en publiant sur Facebook une photo du défunt journaliste, accompagnée de ce commentaire : « Mon ami, mon frère et collègue, Imad al-Wahidi, que Dieu ait pitié de toi. Je jure que ton décès me rend tellement triste… Je n’arrive pas à le croire. Que Dieu ait pitié de toi, mon ami et frère. »

31. Majed Kashko
Majed Kashko, un travailleur des médias et directeur de la chaîne de télévision Palestine TV, gérée par l’Autorité palestinienne, a été tué le 31 octobre 2023 avec les membres de sa famille par une frappe de l’aviation israélienne sur la bande de Gaza.

30. Nazmi al-Nadim
Nazmi al-Nadim, directeur adjoint des finances et de l’administration de Palestine TV, a été tué le 30 octobre 2023 avec des membres de sa famille par une frappe de l’armée israélienne sur sa maison dans la région de Zeitoun, à l’est de la bande de Gaza.
Son collègue de Palestine TV, Mahmoud al-Khairy, a réagi par ces mots en apprenant la mort de Nazmi : « Nos cœurs ont fondu et la douleur s’est estompée, et nous n’avons plus assez de larmes pour pleurer nos proches défunts. »

29. Yasser Abou Namous
Le journaliste palestinien Yasser Abou Namous, travaillant pour le média Al-Sahel, a été tué le 27 octobre 2023 dans le bombardement de sa maison familiale à Khan Younès, dans la bande de Gaza.
Connu de tous comme un journaliste professionnel, apprécié pour ses grandes qualités humaines, il avait grandi en orphelin, après qu’un bombardement israélien l’eut privé de son père et enseignant, Subhi Abou Namous, et de sa mère, Naama.
L’épouse de Yasser a pleuré sa disparition sur les réseaux sociaux : « Mon esprit n’a pas accepté que Yasser, mon bien-aimé, mon cœur, passe la nuit loin de moi pour toujours. Comme son rire et sa voix me manqueront ! »
Les habitantes et habitants de Gaza ont formé une procession funèbre pour lui rendre hommage, transportant son corps enveloppé dans un linceul blanc sur un brancard.

28. Duaa Sharaf
Le 7 octobre 2023, alors que le fracas des bombes résonne déjà dans la bande de Gaza, quelques heures après la terrible et meurtrière attaque des commandos du Hamas, Duaa Sharaf, journaliste pour la station de radio Al-Aqsa affiliée au Hamas, se laisse emporter par sa colère sur les réseaux sociaux. À Recep Tayyip Erdoğan, président turc, qui déclare : « Nous appelons les parties à faire preuve de retenue et à éviter les mesures susceptibles d’aggraver les tensions », elle répond : « Peux-tu te taire ? »
Le 26 octobre, elle est tuée aux côtés de son jeune fils Obeida dans la frappe qui touche sa maison dans le quartier gazaoui de Yarmouk. Ses proches lui rendent hommage, inondent sa dernière publication de messages affectueux et demandent pardon pour sa fureur. « Tu as rejoint le convoi des martyrs de Gaza », écrit l’un. « Que Dieu te fasse miséricorde, te pardonne et t’accueille dans ses jardins spacieux », implorent d’autres.

27. Jamal al-Faqaawi
Jamal al-Faqaawi, journaliste palestinien pour la fondation Mithaq Media, affiliée au Jihad islamique, a été tué le 26 octobre 2023 par une frappe de l’aviation israélienne sur son domicile à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

26. Saed al-Halabi
Journaliste pour la chaîne de télévision Al-Aqsa TV, affiliée au Hamas, Saed al-Halabi a été tué le 25 octobre 2023 dans le bombardement de sa maison par l’aviation israélienne dans le camp de réfugié·es de Jabalia, au nord de la bande de Gaza.

25. Ahmed Abou Mhadi
Journaliste pour la chaîne de télévision Al-Aqsa TV, affiliée au Hamas, Ahmed Abou Mhadi a été tué le 25 octobre 2023 par une frappe de l’aviation israélienne sur la bande de Gaza. Malgré nos efforts, nous ne sommes pas parvenus à trouver une photo d’Ahmed.

24. Salma Mkhaimer
Elle venait à Gaza faire à sa famille la surprise de sa visite. Elle n’en est jamais repartie. Salma Mkhaimer, journaliste indépendante de 31 ans, a été tuée le 25 octobre 2023 dans une frappe israélienne visant la ville frontalière de Rafah, aux côtés de son bébé, de son père, de sa mère et de plusieurs autres membres de sa famille.
Elle vivait à Amman, capitale jordanienne, avec son mari et son enfant, et s’était rendue à Gaza, la ville de son enfance, pour y voir sa famille. Elle était diplômée de l’université islamique de Gaza en langue arabe et journalisme.

24/10/2023 23. Tasneem Bkheet
Tasneem Bkheet se trouvait dans l’appartement familial lorsqu’une série de frappes israéliennes a touché le quartier résidentiel de Yarmouk, à l’ouest de la ville de Gaza. Pris au piège par le déluge de bombes tombé ce mercredi après-midi là, ni elle, ni ses parents, ni ses deux frères et sœurs n’ont survécu. Somaia, la sœur de Tasneem, avait pris des nouvelles de sa famille quelques heures avant le bombardement fatal, le 24 octobre 2023. Somaia avait fui la ville pour rejoindre le centre de l’enclave seulement quatre jours avant que sa famille ne soit décimée. Il ne reste plus qu’elle.
Tasneem Bkheet avait 29 ans et travaillait dans le magazine local pro-Hamas Al-Saada, pour lequel elle avait commencé à écrire en 2018, juste après l’obtention de son diplôme universitaire.

22. Ibrahim Marzouq
Après le bombardement de sa maison par les avions de guerre israéliens, Ibrahim Marzouq est resté sous les décombres jusqu’à midi, heure à laquelle des équipes médicales ont pu extraire son corps. Ibrahim avait décidé de rester chez lui plutôt que de fuir pour le sud de Gaza avec sa famille, comme l’avait commandé l’armée israélienne.
Ibrahim travaillait pour le département logistique du bureau de Gaza de la chaîne de télévision Palestine Today, gérée par l’Autorité palestinienne. Il a été tué avec sa famille par une frappe israélienne sur sa maison dans le quartier de Gaza Al-Tuffah, le 24 octobre 2023.

21. Mohammed Imad Labad
Journaliste pour le site d’information Al-Resalah, Mohammed Imad Labad, 26 ans, a été tué le 23 octobre 2023 par une frappe de l’aviation israélienne sur le quartier Sheikh Radwan, à Gaza City.
Sa collègue, Rola Abou Hashem, lui a rendu hommage sur Instagram par ces quelques mots : « Nous nous souviendrons de Mohammed comme d’un jeune homme poli, travailleur et serviable. Il attendait de commencer une nouvelle phase de sa carrière et de réaliser ses rêves en compagnie de sa compagne, avec qui il venait de se fiancer, écrit-elle. Mais l’occupation ne lui en a pas donné l’opportunité, il est devenu martyr alors qu’il était assis à côté de son grand-père devant leur maison. »

20. Roshdi Sarraj
21 octobre 2023. Frédéric Métézeau, journaliste pour Radio France, s’enquiert de la santé de son ami et fixeur Roshdi Sarraj, qui vit sous les bombes depuis deux semaines. « Merci mon frère, je t’envoie de l’amour et la paix depuis Gaza », lui répond-il. Le lendemain, il est tué près de sa maison à Tell Al-Hawa par une frappe israélienne, à une dizaine de mètres de sa femme, Shrouq, et de sa fille d’un an, Dania, assistant toutes les deux à la mort de Roshdi, impuissantes.
Roshdi Sarraj, 31 ans, travaillait comme fixeur pour plusieurs médias français, quand il n’était pas occupé à photographier ou à raconter pour son agence Ain Media la vitalité et l’inventivité de la société gazaouie.
« On avait la même envie, celle de documenter le siège de Gaza, les difficultés monstrueuses de ses habitants, se souvient Frédéric Métézeau. Mais on voulait aussi montrer que les Gazaouis ne vivaient pas seulement la guerre, mais faisaient de l’art, avaient la culture du bien-manger, s’intéressaient à la technologie, à la plongée sous-marine. Il me montrait toute cette société qui savait s’organiser et contourner le blocus. »
Céline Martelet, journaliste française qui a aussi beaucoup travaillé avec Roshdi, tissant une puissante amitié avec lui, a proposé de l’inscrire sur une liste de journalistes souhaitant être évacués de la bande de Gaza. « Nous ne partirons pas… Et nous sortirons de Gaza… pour [aller] au ciel, et seulement au ciel », avait-il l’habitude de répondre.
« Prie juste pour nous. Si nous mourons, ne sois pas triste, tu pourras être fier de savoir que nous avons résisté jusqu’à notre dernier souffle », lançait-il, avec sa femme, à qui s’inquiétait pour eux.

19. Mohammed Ali
Journaliste pour la radio étudiante Al-Shabab, Ali a été tué le 19 octobre 2023 par une frappe de l’aviation israélienne au nord de la bande de Gaza.

18. Khalil Abou Aathra
Caméraman pour la chaîne de télévision Al-Aqsa TV, affiliée au Hamas, Abou Aathra a été tué le 19 octobre 2023 avec son frère dans un bombardement de l’armée israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
L’un de ses amis a partagé sa photo sur Facebook, comme pour laisser une trace numérique de son existence et pour que son souvenir vive : « Au revoir, Khalil, que Dieu te protège… Nous ne savons plus qui pleurer parmi vous, mes amis. »

17. Sameeh al-Nady
« Oh mon Dieu, quelle tristesse ! Il a capturé mes souvenirs quand j’étais enfant. Toutes mes photos, depuis mes cinquante premiers jours jusqu’à ce que je grandisse, ont été prises par lui », a pleuré un habitant de Gaza sur la page Facebook de Sameeh al-Nady.
Sameeh, journaliste et directeur pour Al-Aqsa TV, chaîne affiliée au Hamas, a été tué le 18 octobre 2023 par une frappe de l’armée israélienne. Sur Facebook, l’une de ses dernières publications est une photo de ses jumeaux arborant leur toque de diplômé. Il y exprimait sa fierté pour leurs excellents résultats au baccalauréat.

16. Mohammad Balousha
Le 17 octobre 2023, Mohammad Balousha ainsi que sa petite fille Layan, son père Jameel, plusieurs de ses frères et sœurs et leurs enfants, ont été tués par une frappe de l’armée israélienne dans le quartier Al-Saftawi, au nord de la bande de Gaza.
Mohammad cumulait les fonctions de journaliste et de directeur financier et administratif pour le bureau gazaoui de la chaîne Palestine Today. Il était connu pour être une personne aimable et efficace, dévouée à son travail, dotée d’une certaine éthique et de belles qualités humaines, selon le réseau Quds News, une agence de presse palestinienne alimentée par le travail de correspondants et correspondantes bénévoles à travers la Palestine.

15. Issam Bhar
Quatre jours avant de perdre la vie dans un bombardement de l’aviation israélienne au nord de la bande de Gaza le 17 octobre 2023, Issam Bhar, journaliste pour Al-Aqsa TV, un média affilié au Hamas, recommandait à ses amis la récitation de sept versets du Coran pour « se mettre à l’abri de l’affliction ».
Celui qui venait de lancer une chaîne YouTube et une page Facebook de récitation coranique dispensait aussi des cours de religion aux jeunes enfants de Gaza. Ses étudiants lui ont largement rendu hommage sur sa page Facebook, partageant les messages d’espoir de leur professeur envoyés quelques jours avant sa mort sur WhatsApp. « Tranquillisez-vous et augmentez vos prières, mes frères », leur écrivait-il.

14. Abdulhadi Habib
Abdulhadi Habib, journaliste pour les agences de presse Al-Manara et HQ, a été tué le 16 octobre 2023 avec plusieurs membres de sa famille lorsqu’une frappe a détruit sa maison près du quartier de Zeitoun, au sud de la ville de Gaza.
Peu avant le déclenchement de l’offensive israélienne sur Gaza, Abdulhadi partageait sur son compte Facebook le désespoir que lui inspirait cette vie d’enfermement dans l’enclave assiégée, dont il n’a jamais pu sortir. « On ne sait pas, peut-être que Dieu nous apportera quelque chose de bien après ça », écrivait-il.
Sur ce même compte Facebook, il partageait aussi ses joies, comme en 2021, lorsqu’il fut diplômé en technologie des médias et de la communication au Collège universitaire des sciences appliquées de Gaza, après un premier diplôme en 2006.
Ses amis ont pleuré sa perte sur les réseaux sociaux. « Nos cœurs sont brisés », a écrit l’un d’eux.

13. Yousef Maher Dawas
En janvier 2023, Yousef Maher Dawas publiait un essai intitulé Qui nous rendra les vingt années que nous avons perdues ?. Il y raconte la destruction du verger de sa famille par une frappe israélienne en mai 2022, où trônaient divers arbres fruitiers, parmi lesquels des oliviers, des citronniers et des clémentiniers. « [Leur perte] a détruit un élément important de notre passé. L’histoire de notre famille. Notre patrimoine », déplorait-il.
Le jeune journaliste pour le site Palestine Chronicle a été tué le 14 octobre avec plusieurs membres de sa famille dans la destruction de sa maison par une frappe israélienne à Beit Lahia, au nord de la bande de Gaza. Yousef contribuait aussi au projet « Nous ne sommes pas que des nombres », qui s’attache à raconter l’humanité qui se cache derrière le bilan désincarné du carnage à Gaza.
Pour que le souvenir de Yousef vive, et afin qu’il ne soit pas qu’un mort de plus, ses proches lui ont rendu hommage dans plusieurs articles. « Un sourire radieux l’accompagnait en permanence, reflet de sa gentillesse, de sa compréhension et de son amour, se souvient son collègue Hamza Ibrahim. Yousef n’était pas seulement un ami ; il était un phare, une âme désintéressée qui se donnait corps et âme à ses amis et à sa communauté. »
Dans une vidéo, le jeune homme parle de son désir de visiter d’autres villes de Palestine, « plus encore que Paris ou les Maldives ».

12. Salam Mema
La page Facebook de Salam Mema est un livre ouvert sur sa vie. Elle y publiait avec une fierté non contenue des photos de ses trois enfants, Hadi, Ali et Shaam, et de son mari. « Ils sont le soutien, le foyer, le refuge, la tranquillité et la joie de vivre... Ô mon Dieu, ils sont un morceau de mon âme, alors protège-les pour moi avec Tes yeux qui ne dorment jamais », écrivait-elle sur son dernier post.
La journaliste indépendante de 32 ans a été tuée le 13 octobre 2023 dans le bombardement de sa maison située dans le camp de réfugié·es de Jabalia, au nord de la bande de Gaza. La frappe a aussi décimé sa famille : son mari, sa fille de deux ans, Shaam et son fils de 7 ans, Hadi, ont aussi été tués, laissant Ali, âgé de cinq ans, comme seul survivant.
Mema, aussi membre du comité des femmes journalistes de Gaza, n’est pas morte sur le coup. Elle est restée prise au piège sous les décombres de sa maison pendant trois jours. Elle n’a pas pu être secourue à temps.
Son amie Nisreen Razayne a pleuré sa perte dans le Washington Post, se souvenant d’elle comme d’un « ange », une mère aimante et une collègue solidaire. « Elle n’était pas une soldate, a-t-elle encore déclaré. Mon esprit ne peut plus rien encaisser. »

11. Husam Mubarak
Husam Mubarak, journaliste à la radio Al-Aqsa, affiliée au Hamas, a été tué le 13 octobre 2023 lors d’une frappe de l’aviation israélienne dans le nord de la bande de Gaza.

10. Issam Abdallah
« Il était toujours au bon endroit, au bon moment. Peu importe l’heure, il était toujours prêt à enfourcher sa moto pour aller sur le terrain et capturer la première image », se souvient Ayat Basma, au sujet de son collègue Issam Abdallah, tué le 13 octobre 2023 dans le sud du Liban, alors qu’il couvrait la montée des tensions entre Israël et le Hezbollah, à la frontière.
« Assam était comme un papillon, il savait tout faire, écrire, filmer, photographier. Sa mort est une énorme perte pour la profession », déplore son amie Ayat, qui dit avoir perdu comme un membre de sa famille.
Elle raconte auprès de Mediapart que le photojournaliste et vidéaste de l’agence Reuters prenait beaucoup de précautions, portait toujours son équipement qui l’identifiait comme journaliste, et était surtout très attaché à sa mission d’information. « Lors des manifestations de 2019 au Liban, il a été blessé par la police. Avant d’être conduit à l’hôpital, il a insisté pour éditer et envoyer ses photos d’abord », se remémore Ayat.
Plusieurs enquêtes de médias indépendants, dont l’AFP et Reuters, ont mis au jour la responsabilité de l’armée israélienne dans le bombardement qui a tué Issam et blessé six reporters. Leurs investigations désignent un obus de char que seule l’armée israélienne possède dans cette région et prouvent que le groupe de journalistes a été délibérément ciblé alors qu’ils étaient clairement identifiables comme des reporters.
« L’impunité d’Israël, qui cible délibérément ceux qui tentent de raconter de manière impartiale la guerre, est extrêmement décourageante pour les journalistes au Moyen-Orient », soupire Ayat.

9. Ahmed Shehab
Shehab, journaliste pour la radio Sowt Al-Asra (« La Voix des prisonniers »), ainsi que sa femme et ses trois enfants, sont morts le 12 octobre 2023 dans le bombardement de leur maison à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza. En dépit de nos efforts, nous ne sommes pas parvenus à trouver une photo de Shehab.

8. Mohamed Fayez Abou Matar
Travaillant comme journaliste indépendant pour plusieurs agences de presse internationales, Abou Matar a été tué le 11 octobre 2023 lors d’une frappe de l’aviation israélienne dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Il couvrait l’offensive israélienne contre l’enclave palestinienne lorsqu’il a été tué.

7. Saeed al-Taweel
Saeed al-Taweel était rédacteur en chef du site Al-Khamsa News. Il a été tué le 10 octobre 2023 lorsque l’aviation israélienne a frappé un immeuble résidentiel dans le quartier de Rimal, à Gaza. Saeed était sur place avec plusieurs confrères journalistes pour raconter la détresse des civils gazaouis soumis à un tapis de bombes, quelques jours après l’assaut du Hamas sur le sol israélien.
Peu de temps avant sa mort, il diffusait sur son compte Facebook son dernier reportage, documentant l’évacuation d’un immeuble de la tour Haji, avant que celui-ci ne soit bombardé. Lors d’un cortège funèbre, des confrères ont rendu hommage à Saeed et aux deux autres journalistes palestiniens tués dans la frappe. Leurs corps, enveloppés dans des linceuls blancs, surmontés de casques portant l’inscription « Press », ont été portés dans les rues gazaouies, défigurées par les bombes.
Des connaissances ont salué la mémoire de Saeed sur Facebook : « Saeed est tombé en martyr et l’information à Gaza s’est éteinte avec lui. »

6. Mohammed Sobh
Mohammed Sobh, 34 ans, était photographe pour l’agence de presse Khabar. Le 10 octobre 2023, Mohammed se rend avec ses collègues dans le quartier de Rimal, pour couvrir l’évacuation d’un immeuble d’habitation, que l’aviation israélienne a prévu de frapper. « Ils ont pris toutes les précautions nécessaires », précise Saleh al-Nazli, rédacteur en chef de Khabar, au Washington Post, ajoutant qu’ils arboraient leur gilet de protection floqué « Press » et des casques.
Avec d’autres confrères, Mohammed s’abrite sous un immeuble, « à une distance suffisante de la tour qui risquait d’être prise pour cible », raconte encore son rédacteur en chef. Mais l’immeuble qui leur servait de refuge est aussi touché par une frappe israélienne. Mohammed est tué, avec deux autres journalistes, dans le bombardement.
Son rédacteur en chef se souvient de lui comme d’un « journaliste passionné » qui « aimait profiter de la vie », et qui emmenait souvent son fils de 6 ans, Rizq, à la plage de Gaza. Une connaissance de Mohammed a commenté une de ses photos sur les réseaux sociaux, indiquant qu’il avait pour projet de visiter Naplouse, en Cisjordanie : « Il m’a dit que son rêve était de visiter cette ville. »

5. Hisham Alnwajha
Hisham Alnwajha, 28 ans, était journaliste à l’agence de presse Khabar. Il a été blessé le 10 octobre 2023 lorsque des avions de l’armée israélienne ont frappé un immeuble résidentiel dans le quartier de Rimal, à Gaza. Hisham était sur place avec plusieurs confrères journalistes pour couvrir l’évacuation de la tour Haji lorsque celle-ci a été bombardée.
Peu après l’attaque, l’épouse de Hisham a indiqué sur Facebook qu’il était blessé, implorant ses amis de prier pour lui. Quelques heures plus tard, le site d’information palestinien Al-Watan annonce son décès. Le couple était parent de jumeaux.
Le jour de sa mort, il avait publié sur sa page Facebook, vêtu de son gilet « Press », un message vidéo d’espoir. Déplorant « le déferlement de violences inouï qu’Israël déverse sur Gaza en bombardant les civils », il exprimait à ses proches son souhait de les « revoir bientôt et de [les] retrouver en paix et en bonne santé ».
Le journaliste égyptien Abdelfattah Tarek a fait la rencontre de Hisham grâce aux réseaux sociaux et a ensuite noué avec lui une puissante amitié. Celui-ci venait régulièrement lui rendre visite et raffolait des crêpes au miel que confectionnait sa mère.
Il confie à Mediapart son chagrin : « Lorsque Hisham est décédé, le choc a été immense, j’ai beaucoup pleuré. J’ai essayé de le joindre par message, en vain. Hisham n’était pas seulement un ami loyal mais aussi un frère bienveillant, et son souvenir restera vivant dans mon cœur. Il était un journaliste professionnel qui exprimait sans crainte son amour pour Gaza et son désir de la défendre à travers sa profession. »

4. Assaad Shamlakh
Assaad Shamlakh, journaliste indépendant de 20 ans, a été tué le 8 octobre 2023 avec neuf membres de sa famille par une frappe israélienne visant leur maison à Sheikh Ijlin, un quartier du sud de la bande de Gaza.

3. Mohammad al-Salhi
Mohammad al-Salhi, photojournaliste pour l’agence Fourth Authority News, a été abattu le 7 octobre 2023, alors qu’il couvrait les événements survenus près d’un camp de réfugié·es palestinien·nes, au centre de la bande de Gaza.
Son épouse a partagé sur son compte Facebook une photo de son défunt mari enveloppé dans un linceul. « La nouvelle de ta mort n’a pas été facile pour moi, a-t-elle écrit. Cela m’a brisé le cœur et ce fut le moment où ma vie a pris fin. J’ai voulu t’appeler pour que tu me prennes dans tes bras et apaises mon chagrin, mais pour la première fois, tu n’as pas répondu à mon appel. »

2. Mohammad Jarghoun
Mohammad Jarghoun, 28 ans, était journaliste pour Smart Media. Il a été abattu le 7 octobre 2023 par l’armée israélienne, alors qu’il couvrait la montée des tensions au sud de la bande de Gaza, à l’est de Rafah.
Il avait obtenu en 2018 son diplôme en relations publiques et médias. Cette même année, il s’était particulièrement employé à raconter la grande marche du retour, qui a coûté la vie à plus de 200 Palestiniens, tombés sous les balles des snipers de l’armée israélienne alors qu’ils manifestaient pour réclamer le droit au retour des réfugié·es palestinien·nes.
Il écrivait en 2018 sur son compte X, quelques jours avant le début de la marche : « À partir d’aujourd’hui, ma page personnelle et tous mes comptes sur les réseaux sociaux seront consacrés à la Grande Marche du retour. J’y participerai avec ma plume et mon corps. J’écrirai pour et sur elle. »

1. Ibrahim Mohammad Lafi
Ibrahim Lafi, photojournaliste pour l’agence Ain Media, a été abattu le 7 octobre 2023 alors qu’il se trouvait en reportage au point de passage d’Erez, à la frontière entre la bande de Gaza et Israël.
À 21 ans, il travaillait avec le journaliste palestinien Roshdi Sarraj, lui aussi tué par l’armée israélienne. Ibrahim concevait son travail de photoreporter pour l’agence Ain Media comme un moyen de capter et de documenter la détresse des habitant·es de Gaza. Les larmes d’un homme en deuil, les immeubles réduits en poussière, les enfants jouant au milieu des décombres : ces scènes de vie, communes à Gaza, occupaient une part importante de son travail.
Mais il avait aussi à cœur de montrer que malgré les drames humains, Gaza était pleine de vie. Sur son compte Instagram, il publiait les images d’oiseaux, de chevaux, de mariages, d’arcs-en-ciel. « Ibrahim était très talentueux et créatif. Il rêvait de devenir un journaliste international et un réalisateur de films couvrant des événements dans le monde entier », a rapporté son confrère Roshdi Sarraj.
Quelques heures avant de partir pour son dernier reportage, Ibrahim Lafi publiait une photo de bâtiments en ruine, accompagnée du commentaire suivant : « Ils ne nous ont pas seulement massacrés, ils ont massacré nos rêves et nos espoirs. »
