Célya, Elaïa, Rayan, Seydou... : en 2024, 46 infanticides qui nous regardent

Ces enfants sont morts poignardés ou étouffés, secoués ou privés de nourriture. Parfois, leurs visages ont fait la une des journaux ; souvent, leurs calvaires ont été traités comme des « faits divers » isolés. Rapprochées les unes des autres, ces histoires racontent pourtant une violence systémique. Mediapart a donc décidé de revenir sur 46 cas de morts violentes d’enfants survenues en 2024 dans un cadre familial, et évoquées dans les médias. Parce que ces décès comptent et devraient nous interroger bien davantage. Tous les parents mentionnés sont présumés innocents.

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Par Mathilde Mathieu • Design : Simon Toupet
2 février 2025

Régions

1 1. Louane

Dans une résidence de Toulouse (Haute-Garonne), l’adolescente a été poignardée par son beau-père, avant que celui-ci ne se suicide d’une balle dans la bouche. D’après la presse, l’homme, âgé de 46 ans, n’aurait pas supporté que sa compagne le quitte. « Les motifs du passage à l’acte n’ont pas pu être établis avec une certitude absolue, précise le parquet de Toulouse à Mediapart. Mais le couple était effectivement en instance de séparation. » Le père de Louane, qui vit en Guadeloupe, a depuis confié : « J’essaie de m’accrocher et de tenir pour pouvoir accompagner son frère, ils étaient très proches. » Présent au moment des faits, l’adolescent de 17 ans a réussi à fuir l’appartement.

2 2. Rayan

En appelant les secours, la mère aurait affirmé que son fils Rayan était « tombé dans la baignoire ». Mais en arrivant dans cet appartement de Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), les pompiers ont vite repéré des ecchymoses suspectes sur le corps sans vie du garçon. D’après le parquet de Bobigny, interrogé par Mediapart, le beau-père de l’enfant est aujourd’hui mis en examen pour « meurtre sur mineur de [moins de] 15 ans » et pour « violences habituelles sur mineur de 15 ans ». Il a été placé en détention provisoire. La mère est mise en examen des mêmes chefs et sous contrôle judiciaire. Deux grandes sœurs, présentes dans l’appartement au moment des faits, ont depuis été placées. Le parquet a par ailleurs indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) que la famille avait fait l’objet d’un suivi éducatif avant les faits. Qui n’aura donc pas empêché le décès.

3 3. Prénom inconnu

Ce mercredi-là, une femme de 21 ans qui venait d’accoucher s’est présentée à l’hôpital de Forbach (Moselle) avec le corps sans vie de son nourrisson. D’après l’AFP, une information judiciaire a immédiatement été ouverte pour « meurtre sur mineur [de moins] de 15 ans ». Auprès de Mediapart, le parquet de Metz confirme aujourd’hui que la mère est mise en examen et placée sous contrôle judiciaire. Lorsqu’un enfant est tué dans ses premières vingt-quatre heures, on parle d’un néonaticide. Un certain nombre des homicides de cette nature ne sont sans doute jamais connus de la justice.

4 4. Prénom inconnu

Le corps sans vie du garçon a été retrouvé au pied d’une falaise de Sotteville-sur-Mer (Seine-Maritime), au côté de celui de sa mère, âgée de 35 ans. Suspectant que les deux chutes n’aient rien eu d’accidentel, le parquet de Rouen a ouvert une enquête pour « homicide sur mineur de moins de 15 ans », selon France 3 Normandie. « Les premières investigations tendent à privilégier l’hypothèse d’un geste volontaire de la part de la jeune femme », indiquait alors le parquet. À Mediapart, celui-ci précise aujourd’hui que « la procédure a été classée pour décès de l’auteur ». Impossible de faire autrement. Quand le responsable d’un infanticide se suicide, l’absence de procès peut être difficile à vivre, pourtant, pour les membres survivant·es de la famille.

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