Grim plight of the 'invisible' seasonal farm workers in France

Appendices

Dans un mail en date du 8 juillet 2020, Patrick Larrère, le directeur général des Fermes Larrère, a répondu à l’ensemble des questions que Mediapart avait adressées à la société. Nous reproduisons ses réponses ci-dessous :

Je vais essayer de vous répondre le plus précisément possible. Avant tout, sachez que nous sommes un groupe d’agriculteurs, issus d’une même famille qui a travers plusieurs générations a installé ces fils, passionnés d’agriculture. Nous sommes 11 membres d’une même famille à travailler parmi les 200 personnes que nous employons à l’année ; 12 fermes mutualisées qui développent les unes, de l’agriculture conventionnelle, pour laquelle nous poussons au maximum les principes de l’agroécologie (ensemble de mesures agro-environnementales visant à réduire l’utilisation de produits chimiques entre autres), et d’autres en agriculture biologique.

Notre stratégie est basée sur des principes forts de RSE :

Au niveau économique :  nous avons toujours investi et réinvesti ce que nous avons gagné, notamment pour aider nos jeunes à s’installer, pour investir dans nos outils de production, la terre, le maintien ou l’augmentation de sa fertilité, des moyens pour produire mieux, car nous sommes dans une démarche de progrès constante.

Au niveau environnemental : nous nous sommes endettés avec des panneaux solaires et une unité de méthanisation afin de ne rien gaspiller et compenser notre activité. Nous avons travaillé et poussé les économies d’eau grâce à des moyens technologiques, fertilisons nos sols avec des intrants organiques locaux… Nous avons réintroduit l’animal dans nos rotations et pensons que l’agriculture peut être une réponse au stockage du carbone et au réchauffement climatique.

Au niveau social : nous employons plus de 200 personnes en CDI. 20 % de ces personnes sont des ex-apprentis, des jeunes arrivés chez nous, jamais partis. Nous avons actuellement une dizaine d’apprentis et contrats pros.

Au niveau sociétal : nous sommes engagés dans un partenariat très fort avec les banques alimentaires, nous donnons tous les ans plus de 300 tonnes de fruits et légumes au niveau national. Nous pensons que la société actuelle laisse des personnes pour compte, nous nous sentons impliqués pour réserver une partie de notre production à cet effet. Des écoles viennent régulièrement nous visiter, nous soutenons plusieurs associations locales et militons pour faire reconnaître notre territoire. Nous intervenons dans des écoles, prenons de nombreux stagiaires et collaborons avec de nombreuses start up, car l’avenir appartient aux jeunes. Nous recevons régulièrement les élus locaux (conseils municipaux, etc…) pour évaluer notre impact local, coconstruire des projets, présenter nos projets ou nos projets d’embauches.

Mieux produire pour mieux nourrir les hommes et respecter la planète, en mettant l’homme, agriculteur, consommateur, collaborateurs au centre, voilà ce qui nous guide !

Je tenais quand même, avant d’essayer de répondre à vous faire comprendre qui nous étions, la fierté qui est la nôtre, de faire ce noble métier d’agriculteur qui est le nôtre. Ce métier si riche de ses saisons, de ses aléas, de ces joies, de ces tristesses ; ce métier que les jeunes, fils et filles d’agriculteurs ne veulent/ne peuvent que trop souvent pas reprendre, nous l’avons fait, fièrement, avec passion, qui plus est sur des schémas de production des plus complexes. La déconnexion entre la société et ses agriculteurs, il convient d’y remédier, donc nous prenons systématiquement de manière positive toute interview, si elle reste constructive, positive et permet d’apporter du sens et de la compréhension, tant pour le consommateur que pour les agriculteurs qui, perdus, ne savent plus vers quelle méthode de production se tourner.

Néanmoins, depuis 15 jours, nous sommes victimes d’infiltrations de personnes sans prévenir, de questionnements divers qui nous ont choqués par leur violence. Cette violence a eu de la résonance. Nous nous sommes posé la question de la véracité des choses qui ont été relevées, car elles touchent à nos valeurs, du coup nous avons réalisé un sondage auprès des équipes, sondage neutre et confidentiel. Nous avons relevé des points à traiter, que nous sommes prêts à assumer ou allons demander à nos partenaires d’assumer également.  Nous sommes en train de travailler à l’élaboration d’une charte éthique basée sur les piliers de la RSE et avons pris contact avec des cabinets d’audit afin de faire contrôler par un tiers indépendant le bon respect de cette charte via des contrôles menés de façon inopinés auprès des salariés. Terminés, ces éléments seront mis à votre disposition si vous le souhaitez. 

Pour répondre à vos questions, nous tenons à préciser que nous ne sommes pas les employeurs, et que nous faisons appel à différents prestataires pour assurer le travail dans les champs ; chacun de ces employeurs est tenu de respecter les obligations légales, bien évidemment, mais également les valeurs qui sont les nôtres, d’où notre volonté d’introduire une charte éthique.

À propos des conditions de travail

1) La plupart des salariés interviewés décrivent des journées de travail qui commencent sur les coups de 6 h 30 et peuvent se poursuivre au-delà de 18 h 30, avec une pause déjeuner. Au moins trois d’entre eux affirment que ces conditions de travail sont bien différentes de celles qui leur avaient été exposées lors d’un premier entretien avec l’agence d’intérim Gena avec laquelle vous travaillez, préalable à leur embauche. L’un d’entre eux avait contacté Gena, alors même qu’il vivait en Colombie, son pays natal.  

- Avez-vous obtenu une dérogation de la part de la Direccte pour étendre l’amplitude horaire du travail au-delà de la limite légale ? 

- Si oui, quand ? 

Nous n’avons aucune dérogation de la Dirrecte. Les plannings sont établis sur la base de 35heures/semaine mais pour des raisons d’absentéisme, ou des aléas climatiques, il peut nous arriver de demander des heures supplémentaires tout en respectant au mieux les obligations légales.

2) Certains salariés décrivent les conditions de travail suivantes : des journées entières debout, avec interdiction de s’asseoir ; obligation de demander l’autorisation pour aller aux toilettes ; absence de mesures d’hygiène ; manque d’eau. 

- Avez-vous connaissance de telles situations ?

- Si oui, quelles mesures avez-vous mises en œuvre pour y remédier ? 

Comme tous les postes de travail certains exigent une station debout, mais des pauses sont organisées afin de permettre aux salariés d’être libres de leurs mouvements et de s’assoir s’ils le souhaitent.

À aucun moment nous n’empêchons les salariés d’aller aux toilettes. Par contre, pour des raisons de sécurité évidentes (des machines agricoles sont en mouvements dans les champs), il est nécessaire que le salarié prévienne ses collègues et chefs d’équipe lorsqu’il quitte son poste de travail. Ceci n’est justifié que par un souci de sécurité et ne constitue aucunement une interdiction d’aller aux toilettes.

Concernant les infrastructures : des toilettes mobiles ont été installées dans les champs ainsi que des points d’eau.

3) Certains salariés présents l’an dernier sur votre exploitation rapportent avoir travaillé allongés sur des remorques, traînées par un tracteur pour désherber des champs. L’un d’eux utilise le terme de « torture » pour décrire cette technique. Cette situation a fait l’objet d’un signalement à l’Inspection du travail en 2019. 

- Avez-vous connaissance de celui-ci ? Avez-vous été interrogé à ce sujet ? 

- Estimez-vous cette technique conforme au droit du travail ?

Il s’agit certainement des portiques de désherbage. Les salariés sont en position allongée pour faciliter la préhension plutôt que d’être à pied et de se baisser pour être au niveau de la culture, qui est une culture basse. Nous avons initié un travail d’amélioration des portiques de désherbage avec un cabinet d’ergonomie ainsi que la MSA depuis 2018 : l’amélioration de cet outil réside dans le fait de respecter la courbe naturelle du dos. Ce type d’équipement existe en individuel mais pas monté sur portique. Nous travaillons actuellement avec le concepteur à la production d’un prototype à tester dans nos locaux.

4) Plusieurs salariés interviewés dénoncent, documents à l’appui, de grandes différences entre le nombre d’heures déclarées sur leur fiche de paie et celles qu’ils estiment avoir effectuées. L’une d’entre elle affirme par exemple avoir enchaîné les journées de 10 heures durant ses 15 jours dans les champs, pour n’être finalement payée que 70 heures, soit moins de la moitié des heures qu’elle estime avoir effectuées. 

- Avez-vous déjà eu connaissance de pareilles réclamations ? Si oui, comment les avez-vous traitées ? 

- Quel sont les différents niveaux de rémunération prévus pour les saisonniers recrutés via les agences d’intérim ?

- Comment se déroule le décompte des heures travaillées dans vos champs ? 

- Qui s’en charge ? Votre entreprise ? Le groupement d’employeurs ? L’agence d’intérim ? 

- Le décompte se fait-il à la main, grâce à un cahier ou une fiche ?

Les heures des salariés sont informatisées par le biais d’un système de badgeage.

Les fiches récapitulatives des heures pour chaque salarié sont transmises à l’employeur afin que celui-ci établisse les bulletins de salaire. Un exemplaire de cette fiche est transmis au salarié avec son bulletin de salaire, ce qui lui permet de contrôler les heures effectuées et les heures payées. De cette façon, il lui est très facile de faire une réclamation si une erreur a été faite.

Les salariés sont soumis au droit français.

5) Plusieurs salariés se sont plaints d’agressions verbales, de la part de deux chefs de champ. L’un affirme avoir été frappé à deux reprises.  

- Avez-vous connaissance de tels agissements ? 

- Si oui, comment les avez-vous traités ?

Oui nous avons eu des remontées de certains salariés nous rapportant des propos inappropriés et contraires à nos valeurs. Nous avons immédiatement réagi et avons intégré les chefs d’équipe concernés dans un programme de « formation en management et encadrement d’équipe de personnel saisonnier ».

À la lecture du sondage que nous avons réalisé, il s’avère que cette formation n’a pas été suffisante, moins de 5 % des sondés rapportent des attitudes verbales ponctuelles qui semblent inadaptées. Suite à cela, nous avons engagé toutes les mesures appropriées.

Nous sommes très choqués par le fait que des salariés auraient été frappés. Nous n’avons jamais été informés de violences physiques à l’encontre des salariés. Cela ne correspond en rien à nos valeurs et si le cas est avéré, nous prendrons toutes les mesures immédiatement à l’encontre du responsable de tels agissements. Nous souhaiterions à cette fin que vous nous mettiez en contact avec cette personne afin que nous puissions agir dans les meilleurs délais.

À propos du logement

6) D’après nos informations, les salariés, embauchés par un groupement d’employeurs dont vous faites partie, sont logés dans plusieurs maisons qui sont propriétés du groupe Larrère, via une SCI. 

- De combien de maisons dispose votre groupe pour loger ses salariés ?

Il ne s’agit pas de « propriétés de groupe », les immeubles sont détenus par une société civile.

Celle-ci détient différents immeubles et appartements.

- Depuis quand en êtes-vous les propriétaires ?

Avril 2017 : Labouheyre

Novembre 2018 : Saugnacq-et-Muret

7) Certains salariés regrettent des conditions de logement particulièrement difficiles, sinon indignes, dans deux d’entre elles : à Labouheyre et dans un ancien hôtel de Saugnacq-et-Muret, où logent chaque fois une quarantaine de travailleurs. Elles tiennent pour beaucoup, estiment-ils, à la suroccupation des lieux. 

Ils témoignent non seulement de l’absence de draps, d’oreillers, d’ustensiles de cuisine, de la saleté et du manque de produits d’hygiènes, mais aussi de l’impossibilité de mettre en œuvre les règles de distanciation sociale liées au Covid, ainsi que du montant du loyer (220 euros). Nous avons pu constater l’ensemble de ces éléments lorsque nous nous sommes rendus sur place.

Un autre saisonnier, logé quant à lui dans l’hôtel de Saugnacq-et-Muret cet hiver, indique avoir souffert de l’absence de chauffage. 

- Comment avez-vous déterminé ces loyers ? 

- Combien vous rapportent-ils à l’année ? 

- Pourquoi ne pas avoir fourni de draps et d’ustensiles de cuisine ? 

Nous avons eu recours au logement des saisonniers suite aux difficultés que rencontraient les salariés saisonniers pour trouver des logements dans notre région : disponibilité des logements, tarifs prohibitifs en période estivale, demande de garantie des bailleurs, montant des charges… Le logement par la SCI est un service proposé seulement pour les saisonniers s’ils le souhaitent et dans la limite des places disponibles.

Nous avons pris connaissance des prix du marché alentour. Nous avons déterminé un prix situé sous ce marché afin de permettre aux salariés de se loger. Les charges d’eau et EDF restent à notre charge.

La SCI est déficitaire depuis 2 ans.

Nous fournissons régulièrement le petit équipement de cuisine aux salariés, mais il s’avère que nous devons quotidiennement réachalander suite à des vols. Nous faisons un récapitulatif des manquants chaque mois et entre chaque locataire afin de procéder au remplacement. Le sondage mené en interne a fait remonter un manque de certains équipements que nous allons donc traiter dans les meilleurs délais.

8) Nous avons pu constater que certains salariés dorment sur des lits superposés, ce qui est interdit par l’Inspection du travail. 

- Comment l'expliquez-vous ?

L’afflux de besoins en logements ponctuels est parfois difficile à gérer, notamment en période estivale. La réglementation actuelle est-elle adaptée à la gestion du personnel saisonnier dans le monde agricole mais aussi dans d’autres secteurs faisant appel à de la main-d’œuvre saisonnière ?

9) Plusieurs salariés ont été testés positifs au Covid 19 dans les rangs des saisonniers de Larrère. 

- Quelle mesure avez-vous mises en œuvre pour limiter la propagation de l’épidémie ? 

- Des masques ont-ils été distribués ? 

- Combien de salariés ont été testés ? Combien étaient positifs ?

Dès le 1er jour du confinement, nous avons mis en place les recommandations sanitaires : distanciation sociale, distribution de gel hydroalcoolique et de sprays individuels de désinfection des surfaces, masques en tissu et masques jetables… Nous avons même rédigé une notice de sensibilisation que nous vous joignons pour votre information et qui a été traduite en plusieurs langues afin de pouvoir être comprise par tous. Nous avons été présents auprès de toutes les équipes tout au long du confinement afin de s’assurer du respect de toutes ces consignes et d’accompagner les équipes tout au long de cette crise sanitaire. Nous avons eu un cas positifs de Covid-19 au sein de notre entreprise et aucune propagation, preuve en est que toutes les mesures prises au sein de l’entreprise ont été efficaces.

Suite à ce cas, l’ARS nous a sollicités pour une campagne de dépistage : 44 personnes ont été testées et un seul cas nouveau a été détecté.

Au cours de cette crise, nous avons également collaboré étroitement avec la MSA et l’Inspection du Travail, l’ARS, la préfecture ainsi que les maires locaux.

10) Les logements collectifs loués ou fournis à titre gracieux aux saisonniers agricoles sont tenus de respecter un certain nombre de normes, notamment en termes de surface par habitant. En particulier, chacun doit jouir de 9 m2 de chambre (si le salarié est logé seul), auxquels s’ajoutent 7 m2 par occupant supplémentaire (s’il est collectif). 

- Les logements que vous proposez aux salariés respectent-ils, à votre connaissance, cette exigence ?

- Sinon, pourquoi ?

En période estivale, avec l’arrivée massive de saisonniers (en agriculture et en restauration), les Landes manquent cruellement de logements.

Pendant cette période la question du logement est très difficile à résoudre. Nous travaillons actuellement avec la région Aquitaine et l’Anah afin de solutionner ce manque patent de logements.

11) Deux salariés qui ont travaillé dans votre exploitation entre décembre 2017 et février 2018 affirment, quant à eux, ne pas avoir été logés du tout lors de leur passage à la ferme par manque de place. Ils ont alors campé pendant plusieurs semaines dehors, et ce malgré le froid hivernal, et avant que la situation de l’un d’entre eux ne soit régularisée. 

- Aviez-vous connaissance de cette situation ? 

- Sinon, comment est-ce possible ?

- Si oui, qu’estimez-vous avoir mis en œuvre pour régulariser la situation de ces deux salariés ?

Nous n’avons pas été alerté de cette situation.

Nous proposons une solution de logement à toute personne qui en fait la demande dans la mesure de nos capacités d’accueil.

À propos de la paie et de la contractualisation 

12) D’après nos informations, le groupe Larrère, pour embaucher des saisonniers, a créé, avec d’autres entreprises de la région, plusieurs groupements d’employeurs (G32, Terrapin) qui travaillent en étroite relation avec plusieurs agences de travail temporaire, en particulier l’agence Gena. L’ensemble de ces structures sont d’ailleurs domiciliées à la même adresse, à Pissos. 

- Pourquoi avoir recours à une structure de ce type (groupement d’employeurs qui recrute auprès d’une agence d’intérim) ? 

- Cela a-t-il toujours été le cas ? 

Les salariés sont recrutés directement par le groupement d’employeurs, qui possède ces propres recruteurs.

À ce jour, notre structure ne nous permet pas de gérer le volume de salariés nécessaires pour les pics d’activité. En effet Gena offre la particularité d’être présent sur plusieurs bassins, proposant ainsi des contrats saisonniers au fil des saisons et sur plusieurs régions de France. Il nous serait impossible de recruter ces travailleurs saisonniers en direct du fait du manque d’interactions et de la lourdeur administrative. Ce sont donc ces prestataires qui s’en chargent. Nous avons recours à un groupement d’employeurs depuis 2015.

13) Plusieurs sources affirment que votre groupe travaillait autrefois avec l’agence espagnole Safer Temporis.

- Est-ce exact ? 

- Si oui, qu’est-ce qui vous a poussés à cesser cette collaboration ?

Oui nous avons collaboré avec cette société

Nous avons cessé le recours à Safer Temporis car les salariés n’étaient pas salariés en France. Nous voulions que les personnes travaillant sur le sol français soient soumises au régime français

14) Plusieurs saisonniers témoignent de l’important turnover dans les champs.

- Comment se passe la collaboration : l’entreprise Gena est-elle missionnée pour embaucher un nombre précis de salariés chaque semaine ? Chaque mois ? 

- À combien estimez-vous l’arrivée de nouveaux salariés chaque semaine ?

- Combien de personnes sont embauchées par votre entreprise selon ce modèle ? Combien sont salariées directement par le groupe Larrère ? 

Le nombre de saisonniers est défini d’après l’assolement. Nous modélisons le besoin en main-d’œuvre sur l’année : cette modélisation est fournie au Gena afin qu’ils puissent caler leurs campagnes de recrutement sur notre besoin. 

Le nombre de salariés nécessaire est variable selon l’avancée des cultures, les conditions climatiques ainsi que le présentiel.

Nous sommes touchés par ces personnes qui traversent les frontières pour changer de vie. Aucun saisonnier n’est salarié directement par le groupe Larrère, cependant certains basculent chez nous en CDI à l’issue de leur saison ; nous avons de vraies belles histoires avec de multiples nationalités embauchées, européennes, kurdes, sud-américaine. Nous avons donc arrêté tous les prestataires qui n’offraient pas la garantie d’embaucher en France. Ce choix nous a apporté à l’inverse la complexité du logement, car ils s’occupaient du logement.

15) Un salarié a témoigné ne pas avoir signé de contrat pendant la durée de son travail à la ferme, malgré, affirme-t-il, de multiples relances. Au terme de son passage à Larrère, l’entreprise Gena lui a fait parvenir un contrat. Elle a conditionné le versement de la dernière partie de son salaire à sa signature. 

- Aviez-vous connaissance de cette situation particulière ? 

- Qu’en pensez-vous ?

Nous avons connaissance des difficultés de signature des contrats lors du confinement, nous avons d’ailleurs fait part au Gena de tous les cas dont nous avons eu connaissance.

Par contre, nous n’avons pas du tout connaissance de cette pratique de conditionner le versement de la dernière partie du salaire à la signature des contrats, nous trouvons cette pratique inacceptable et nous mettrons tout en œuvre pour que cela ne se produise pas.

[…]

Pour conclure, j’espère avoir répondu à vos questions. Je suis prêt à m’entretenir avec vous. Je pense avoir, dans cette réponse que j’ai formulée moi-même, exprimé ce qui m’anime, ce qui anime nos équipes, ma famille. Sachez que cette situation nous choque profondément. Nous ne revendiquons pas d’être parfaits sur tout. Par contre, nous sommes en amélioration constante, parmi les plus innovants nous faisons partis de ceux qui portent des solutions, de ceux qui, passionnés, croient en l’avenir de l’agriculture en restant bienveillants, ouverts, constructifs. Nous sommes de ceux qui n’opposent pas les modèles. Nous sommes de ceux qui croient aux vertus du collectif et que l’agriculture a de l’avenir. Nous sommes de ceux qui croient que ce qui se passe en Espagne et dans d’autres pays avec les travailleurs saisonniers est abominable. Nous espérons que notre idée de charte et d’audit inopiné par un cabinet puisse être mise en place, pour apporter de la réassurance, et puisse être inspirante pour d’autres dans le monde agricole.

Nous allons donc attendre, la boule au ventre, votre verdict, notre possible mise au pilori ; Mediapart a révélé tant de scandales et être mis sous pression ainsi nous marque profondément. C’est le symbole de la non-compréhension entre les journalistes et les agriculteurs. 60 ans d’histoire, de combat, de joies et larmes sont entre vos mains ; je vous prie d’en avoir conscience, par respect pour nous producteurs et les milliers de mains passées en 60 ans aux fermes Larrere et qui vous ont nourris.

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