Ci-dessous, les éléments de réponses envoyés par Syngenta et BASF, le 23 septembre 2024 :
- Syngenta
Mediapart : Des analyses effectuées dans les eaux de rejet de l’usine Syngenta de Saint-Pierre-la-Garenne indiquent un taux de thiaméthoxame égal à 0,148 microgramme/litre (soit 48 % de plus que la norme de qualité recommandée), un taux de cyproconazole de 0,165 microgramme/litre (soit 65 % supérieur à la norme recommandée), et un taux d’oxadixyl de 0,196 microgramme/litre. Au niveau des puits reliés à la nappe phréatique, ont été trouvées, outre ces trois produits, des traces d’atrazine et de diuron. Dans un échantillon d’eau du robinet prélevé dans une commune en aval de l’usine, des traces de propiconazole.
– Confirmez-vous la présence de ces substance et ces taux ?
– Je note que cette usine a exporté 22 tonnes de thiamétoxame en 2023. Confirmez-vous ce chiffre ?
– Comment se fait-il que cette usine produise encore les six substances mentionnées ci-dessus, alors qu’elles sont interdites dans l’agriculture française ?
Syngenta : « Syngenta agit dans le plus strict respect des lois et des règlements des pays dans lequel il opère. Les exports de certains produits phytosanitaires sont soumis à déclaration et approbation par différentes autorités. Ce suivi réglementaire me permet de vous confirmer qu’il n’y a pas eu d'expédition de thiaméthoxame depuis le site de Saint-Pierre-la-Garenne en 2023. La dernière datant de mai 2022.
Le site industriel Syngenta de Saint-Pierre-la-Garenne a maintenant plus de 70 ans. Depuis, les productions de ce site n’ont cessé d'évoluer. En l’occurrence, la production de produits à base de thiaméthoxame a été arrêtée en 2022, ceux à base de cyproconazole en 2020 et ceux à base d’oxadyxil au début des années 2000. En ce qui concerne l’atrazine, le diuron et le propiconazole, ces substances actives n’ont jamais été utilisée pour une formulation sur le site de Saint-Pierre-la-Garenne.
Il n’est pas rare que des résidus de substances puissent être détectés à l’état de traces avec les méthodes de détection les plus modernes, ce qui ne signifie pas qu’ils représentent un danger pour la santé. Syngenta a connaissance de la présence de résidus de substances actives dans les sols de ce site depuis 2003 suite à des études réalisées par l’entreprise, il y a donc plus de 20 ans.
Depuis lors, différentes actions ont été mises en place pour suivre et réduire les concentrations de molécules phytosanitaires dans les eaux souterraines en coordination et transparence avec les autorités locales, les services préfectoraux et les autorités administratives. À ce titre, la DREAL qui, sous l’autorité du préfet de région, contribue notamment à l’aménagement durable des territoires en tenant compte de la préservation de l’environnement, est pleinement et régulièrement informée de l’évolution de la situation.
Nous tenons cependant à préciser que les analyses que nous réalisons et communiquons à la DREAL concernent les eaux souterraines, dites “eaux brutes”, auxquelles s’appliquent des limites réglementaires de potabilisation, qui ne doivent pas être confondues avec les limites réglementaires de qualité des eaux distribuées.
En résumé : les autorités sont pleinement et régulièrement informées de cette situation. En outre, l’eau du robinet consommée à proximité du site respecte les limites réglementaires de potabilité.
Nous nous engageons à respecter les normes de sécurité les plus strictes au niveau mondial, en veillant à ce que nos produits et nos pratiques protègent à la fois les personnes et l’environnement tout en respectant des exigences réglementaires rigoureuses. »
- BASF
Mediapart : Des analyses effectuées dans les eaux de rejet de l’usine BASF de Saint-Aubin-lès-Elbeuf indiquent un taux de fipronil égal à 0,259 microgramme/litre, soit un taux 336 fois supérieur au seuil de risque environnemental.
– Confirmez-vous ce taux ?
– Je note que cette usine a exporté 1 428 tonnes de fipronil en 2023. Confirmez-vous ce chiffre ?
– Comment se fait-il que cette usine produise encore du fipronil, alors que cette substance est interdite en France depuis 2004 ?
BASF : « L’exploitation de notre site de Saint-Aubin-lès-Elbeuf et en particulier de nos rejets fait l’objet d’un encadrement précis, au titre de la réglementation relative aux Installations Classées pour la Protection de l’Environnement. Nous sommes en particulier soumis au respect de valeurs limites de rejet sur des substances données, et dans des conditions précises imposées par l’administration préfectorale. Nous opérons une autosurveillance régulière de nos rejets en étroite coordination avec cette administration et faisons l’objet de visites d’inspection au titre de cette réglementation. S’agissant de la valeur avancée par l’émission “Vert de rage”, les informations reçues à ce stade ne sont pas suffisamment détaillées pour nous permettre de commenter.
S’agissant du dispositif de la loi Egalim qui a interdit la production, le stockage et la circulation en France de certains produits phytopharmaceutiques non autorisés en Europe, nous vous indiquons que celui-ci ne concerne pas les substances actives, ni les produits finis autres que les produits phytopharmaceutiques. Le Fipronil est une substance active et sa fabrication en France n’est donc pas réglementée par la loi Egalim. »