2017-2022 : le bilan Macron au scanner de Mediapart

Il proposait un « nouveau monde », mais n’a cessé de flatter l’ancien. Il voulait « réconcilier le peuple français avec ses dirigeants », mais a agrandi le gouffre qui les sépare. Il se voulait progressiste, mais s’est révélé conservateur. Emmanuel Macron est candidat à sa réélection. Avec un programme et un bilan – à retrouver aussi en vidéo.

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L’égalité femmes-hommes, la « grande cause » devenue toute petite

En 2017, Emmanuel Macron a été élu avec la promesse de s’attaquer en profondeur aux inégalités de genre et aux violences sexistes. Mais les mesures prises se sont heurtées au manque de moyens, les associations spécialisées réclamant un milliard d’euros qui n’est jamais venu. Malgré quelques avancées – tardives – comme la PMA pour toutes, l’allongement des délais permettant une IVG, l’extension de la gratuité de la pilule contraceptive jusqu’à 25 ans, le bilan du quinquennat se fracasse la persistance des inégalités économiques et sur son échec en matière de luttes contre les violences sexuelles. La nomination de Gérald Darmanin au ministère de l’intérieur alors qu’il était encore visé par une plainte pour viol donne la mesure du désintérêt d’Emmanuel Macron pour cette question.

Lire l’analyse de Lenaïg Bredoux

© Photo Philippe Wojazer / Pool / AFP

Lors de la photo du premier gouvernement d’Edouard Philippe au Palais de l’Elysée, le 18 mai 2017.

Le quinquennat de l’inaction climatique

Il y a bien eu une loi dite « climat », votée au printemps 2021. Mais elle a réduit comme peau de chagrin les 149 propositions de la Convention citoyenne que le président s’était engagé à respecter. Le lobbying des industriels et le peu de temps parlementaire accordé au texte ont annihilé les travaux de la convention. Le résultat ? La loi permet d’effectuer moins de 10 % du chemin à parcourir d’ici à 2030 pour freiner le réchauffement planétaire. Tant et si bien que la France est le seul pays européen à n’avoir pas atteint ses objectifs en termes d’énergies renouvelables en 2020.  Et que l’État a été condamné deux fois, par le tribunal administratif de Paris et par le Conseil d’État, pour son inaction climatique. Le candidat Macron mise désormais... sur le nucléaire.

Lire l’analyse de Mickaël Correia

© Photo Phil Noble / Pool / AFP

Emmanuel Macron au sommet de l'ONU sur le climat à Glasgow, le 1er novembre 2021.

Un bilan économique largement surestimé

En 2021, si la croissance économique atteint 7 %, ce chiffre ne s’explique que par la baisse de 8 % du PIB survenue l’année précédente, première de la pandémie. Sur le quinquennat, la croissance a atteint 0,43 % par an en moyenne. C’est plus que sous Sarkozy (0,29 %), mais moins que sous Hollande (0,76 %). 5,65 millions de personnes en recherche d’emploi fin 2021 : c’est le plus faible chiffre depuis la mi-2015. Cependant, la qualité des emplois créés, souvent dans les services, pose la question des conditions de travail et des salaires, que l’inflation rend encore plus brûlante. La baisse des impôts sur le capital et celle des impôts sur les entreprises ont provoqué un enrichissement considérable de ceux qui les détiennent, et des actionnaires. Le quinquennat des ultra-riches.

Lire l’analyse de Romaric Godin

© Photo Eric Piermont / AFP

Malgré l’optimisme de Bruno Le Maire, le retour à la croissance ne règle pas tout.

Contre le chômage, le président a arraché une victoire, à tout prix

Les derniers chiffres du chômage du quinquennat confortent le récit du président-candidat sur sa réussite dans ce domaine sensible. Mais si le chômage a incontestablement baissé, la précarité continue de s’accroître : le nombre d’inscrits à Pôle emploi dans les catégories B et C diminue peu, et les moins diplômés sont les grands perdants de la période. L’Observatoire français des conjonctures économiques vient aussi de pointer un fait jusque-là peu remarqué : la bonne santé de l’emploi s’explique avant tout par l’explosion de l’apprentissage, subventionné à plein par le gouvernement. Difficile de dire comment évolueront les chiffres une fois ce très coûteux dispositif débranché. L’exécutif a en tout cas redécouvert les vertus des emplois aidés, qu’il avait supprimé à l’été 2017.

Lire l’analyse de Dan Israel

© Photo Thibaut Durand / Hans Lucas via AFP

Des demandeurs d’emploi font la queue a l’accueil d’une agence Pôle emploi, à Gap en mars 2022.

Les exilés ont été sans cesse maltraités

En matière migratoire, les mesures d’éloignement auront constitué la colonne vertébrale de la politique d’Emmanuel Macron. La loi Collomb a acté un net recul des droits des étrangers et demandeurs d’asile, tandis que le plan immigration de 2019 a eu pour but de « reprendre le contrôle de la politique migratoire » et lutter contre le « tourisme médical ». La dématérialisation des démarches en préfecture a été vécue comme un cauchemar par celles et ceux qui, durant des mois, n’ont pas pu obtenir un rendez-vous en ligne. La violence à l’égard des exilés n’aura pas été seulement institutionnelle et sans cesse les migrants et bénévoles à leurs côtés auront été harcelés, en particulier à Calais et dans le Briançonnais. Rien n’a été entrepris pour réduire les naufrages en Méditerranée ou dans la Manche.

Lire l’analyse de Nejma Brahim

© Photo Nejma Brahim / Mediapart

Des exilés en attente d'une solution d'hébergement, installés dans un campement lors d'une action à Paris, en 2021.

Politique étrangère : des fiascos en cascade

Pris à revers par Vladimir Poutine dans le dossier ukrainien, Emmanuel Macron est aussi, en ce début d’année 2022, contraint de retirer l’armée française du Mali et de redéfinir au Sahel une opération Barkhane mal en point. Une fin de mandat dans la continuité des déboires qui ont émaillé sa diplomatie tout au long du quinquennat. En Libye, la reconnaissance officielle du régime de Tripoli et l’appui simultané à son ennemi, Khalifa Haftar, ne pouvait qu’échouer. Au Liban, celui qui se voulait sauveur d’un pays à la dérive aura fait chou blanc. Alors qu’il avait fait du processus de réconciliation avec l’Algérie l’une de ses priorités, la France affronte avec Alger une crise diplomatique sans précédent. Il aura aussi tenté, avec une réforme encore en cours, de pérenniser la marginalisation du Quai d’Orsay au bénéfice de l’Élysée.

Lire l’analyse de René Backmann

© Photo Thibault Camus / Pool / AFP

Emmanuel Macron à Beyrouth après l’explosion massive dans le port de la ville, le 6 août 2020.

Des grandes promesses mais des pauvres toujours pauvres

Freinées par le Covid-19, les mesures de lutte contre la pauvreté issues du plan du même nom n’ont pas toutes été appliquées, sans être tout à fait compensées par les dispositifs exceptionnels ou mis en œuvre au coup par coup. On compte ainsi en cette fin de quinquennat autant de personnes sans-abri qu’au début... Quatre millions restent mal-logées, et douze millions en situation de précarité énergétique malgré le dispositif Ma prime rénov’. La construction de logements HLM a d’abord décru puis s’est effondrée avec la crise sanitaire. Les aides aux familles et aux étudiantes et étudiants, comme la cantine ou les repas à un euro, sont loin de répondre aux besoins. Au total, 9,2 millions de personnes vivaient au-dessous du seuil de pauvreté monétaire en 2019.

Lire l’analyse de Faïza Zerouala

© Photo Magali Cohen / Hans Lucas via AFP

Distribution d’aide alimentaire et de produits d’hygiène pour les étudiants précaires à Paris, le 11 février 2021.

Déontologie dans la police : cinq ans de déni

La thématique des violences policières a traversé tout le quinquennat et occupé une place primordiale dans le débat public. Le mouvement des « gilets jaunes », en 2018 et 2019, a entraîné une radicalisation inédite du maintien de l’ordre, et produit un nombre de blessés très élevé parmi les manifestants. Des affaires de violences plus individuelles, mais hautement symboliques, ont aussi émaillé le quinquennat, comme le décès de Zineb Redouane à Marseille, la mort de Steve Maia Caniço à Nantes, celle de Cédric Chouviat à Paris, ou encore le passage à tabac du producteur de musique Michel Zecler, à Paris également. Sous pression des syndicats policiers, Emmanuel Macron a écarté la réforme de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Mais il a rallongé à douze mois la formation en école de police, réduite à huit mois en 2020.

Lire l’analyse de Camille Polloni

© Photo Fabien Pallueau / NurPhoto via AFP

Lors de la manifestation contre la loi de sécurité globale, à Paris, le 12 décembre 2020.

À l’école, des inégalités toujours prégnantes

Dresser le bilan d’Emmanuel Macron en matière d’éducation, c’est en réalité faire celui de Jean-Michel Blanquer, resté à la tête du ministère de l’éducation nationale du début à la fin du quinquennat. Un record de longévité qui s’achève en conflit avec la totalité des organisations syndicales. Pendant cinq ans, les réformes n’ont pas manqué. Parmi les plus importantes, le dédoublement des classes du CP au CE2 dans l’éducation prioritaire, pour un bilan mitigé. Et la réforme du baccalauréat et des années de lycée qui le précèdent : la promesse simplificatrice a abouti à une usine et gaz et littéralement désorienté les élèves – sauf les plus favorisés. Enfin, le ministre aura piloté sans conviction l’éducation nationale en temps de Covid, de l’annonce de la fermeture des écoles à des protocoles de plus en plus illisibles.

Lire l’analyse de Faïza Zerouala

© Photo Christophe Ena / Pool / AFP

Emmanuel Macron et Jean-Michel Blanquer dans une école maternelle à Paris en mars 2018.

Aucune « révolution » institutionnelle

À rebours de ses promesses de campagne, le chef de l’État a, cinq années durant, poussé à son paroxysme la logique de la monarchie républicaine, dans un exercice solitaire du pouvoir rendu manifeste, sinon aveuglant, par la crise sanitaire, gérée dans le secret du Conseil de défense. Aucune des réformes annoncées, voire plus ou moins esquissées, n’a donc atteint son terme. Pas de proportionnelle pour les élections législatives. Pas de renforcement du contrôle parlementaire sur le gouvernement. Au contraire, le recours au 49-3 pour s’affranchir de débats désagréables au pouvoir et un gouvernement par ordonnances. Même la Convention citoyenne pour le climat, pourtant installée à la suite des revendications du mouvement des gilets jaunes, a fini par être trahie, et du même coup les outils de démocratie participative abîmés.

Lire l’analyse d’Ellen Salvi

© Photo Etienne Laurent / Pool Epa / AFP

Emmanuel Macron à son arrivée au château de Versailles pour le congrès réunissant l’Assemblée nationale et Sénat, le 3 juillet 2017.

Dix années de désindustrialisation

En dix ans (de Macron secrétaire général adjoint de l’Élysée sous François Hollande à Macron candidat à sa réélection), l’économie française a perdu plus d’un million d’emplois industriels. La part de l’industrie dans le PIB est passée de 20 % à 10 %. Vendre, acheter, fusionner, scinder, démanteler, c’est la grammaire financière du président Macron. L’électromécanique d’Alstom vendue à General Electric, Alcatel à Nokia. Engie, l’ancien GDF, a été vendu à la découpe à Total, Bouygues, Veolia et autres fonds. EDF affaibli, endetté et menacé d’être démantelé. Le plan « France 2030 » ? 30 milliards d’euros surtout saupoudrés en de multiples projets, sous la responsabilité du privé. L’État, sans droit de regard ni effet d’entraînement, ne demande aucune contrepartie. L’après-pandémie du même tonneau que l’avant.

Lire l’analyse de Martine Orange

© Photo Philippe Huguen / AFP

Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie dans l’usine de verrerie « Arc International » à Arques (Pas-de-Calais), le 27 juin 2016

Macron n’a pas été pas le « président des jeunes »

Emmanuel Macron n’a eu de cesse de mettre en avant son jeune âge comme étant une qualité en politique, allant jusqu’à se faire appeler « le président des jeunes ». Ils auront multiplié les incursions ratées sur les plateformes Twitch et TikTok mais la réalité de leur bilan est bien maigre. Ce gouvernement est celui qui a refusé de rendre accessible le RSA dès 18 ans, lui préférant une version réchauffée de la « garantie jeunes » mise en place sous le quinquennat précédent. Et en termes d’aides à l’entrée sur le marché du travail, ils auront multiplié les cadeaux aux entreprises pour réduire, toujours plus, le coût du travail des jeunes, ils auront empilé les dispositifs dérogatoires au droit du travail et, finalement, ils n’auront fait qu’allonger le long périple des jeunes, à travers stages et autres services civiques, jusqu’à l'emploi stable.

Lire l’analyse de Khedidja Zerouali

© Capture d’écran Youtube

Emmanuel Macron, président des jeunes.

Probité, transparence : les promesses oubliées

Un succès : la loi « sur la confiance dans la vie politique » comporte quelques avancées indéniables, comme la fin des emplois familiaux pour les parlementaires et le contrôle de leurs frais professionnels. Beaucoup de ratés : le verrou de Bercy, qui freine les poursuites en cas de fraude fiscale, ni la Cour de justice de la République, qui juge les ministres poursuivis dans le cadre de leurs fonctions, ni le parquet, subordonné à l’exécutif, n’ont été réformés. Une certaine idée de la justice, au contraire, a été défendue par le président : « La justice est une autorité, pas un pouvoir. Je ne laisserai pas la justice devenir un pouvoir. » Et beaucoup d’affaires : par ordre alphabétique, Bayrou, Benalla, Buzyn, Darmanin, Dupont-Moretti, Dussopt, Ferrand, Griset, Kohler, Solère…

Lire l’analyse de Michel Deléan

Photo Arthur Nicholas Orchard / Hans Lucas via AFP

François Bayrou, au Palais de l'Elysée, le 21 Novembre 2017.

Le bouleversement du Code du travail a ravi le patronat

Dès le début de son quinquennat, pour lever « la peur d’embaucher », Emmanuel Macron a fait tomber des pans entiers du Code du travail, par ordonnances, sans rencontrer d’opposition majeure. Désormais, un barème (que doit valider la Cour de cassation fin mars) définit étroitement les sommes que les salarié·es peuvent toucher en cas de licenciement jugé abusif par la justice. Des accords d’entreprise, les accords de performance collective (APC), permettent de modifier le salaire (à la baisse), le temps ou le lieu de travail avec l’aval des syndicats majoritaires ou d’un référendum. Autre réforme sociale majeure, le brutal remaniement des règles de l’assurance-chômage devrait occasionner 2,3 milliards d’euros d’économies par an. Aux dépens des chômeurs.

Lire l’analyse de Dan Israel

© Photo Etienne Laurent / Pool / AFP

Emmanuel Macron avec Pierre Gattaz, alors président du Medef, au Palais de l'Élysée, le 12 octobre 2017.

La casse de l’enseignement supérieur

Pendant cinq ans, l’université a été réformée de fond en comble : Parcoursup, Bienvenue en France, la réforme du DUT, la loi programmation de la recherche... Au grand dam des enseignants qui estiment que ces réformes ont installé une sélection et une concurrence toujours plus féroce, entre les étudiants d'abord mais aussi entre les enseignants. Pendant ce temps, les promesses faites aux étudiants sont souvent restés lettre morte, à commencer par la réforme des bourses qui a été promise à plusieurs reprises et qui n’a jamais été faite. Enfin, ce quinquennat a été celui où la ministre de l'enseignement supérieur s'est attaqué frontalement aux libertés académiques et aux sciences sociales, orchestrant une chasse aux sorcières contre les tenants de l’« islamo-gauchisme », irritant jusqu’aux plus tièdes des instances représentatives.

Lire l’analyse de Khedidja Zerouali

© Photo Noémie Coissac / Hans Lucas via AFP

Frédérique Vidal.

Les droits des LGBT+, loin d’avoir été une priorité

Après la communication prometteuse du candidat Macron, il y a la réalité : il y a bien eu des progrès (comme les « thérapies de conversion » enfin interdites) et quelques discours prononcés par la majorité, mais de nombreuses requêtes des associations restent oubliées. Promise depuis dix ans, censée être votée en 2019, la PMA pour toutes a finalement été adoptée en juin 2021. Cette véritable avancée laisse malgré tout un goût amer. Si la loi de bioéthique votée ouvre désormais l’accès à la PMA aux couples de femmes lesbiennes et aux femmes seules, de nombreuses personnes en sont toujours exclues. Plusieurs associations n’ont aussi cessé d’alerter sur la recrudescence des agressions LGBTphobes. Et comme pour les femmes victimes de violences sexuelles, l’accueil des victimes dans les commissariats a régulièrement été dénoncé.

Lire l’analyse de David Perrotin

© Photo Lucas Boirat / Hans Lucas via AFP

Marche contre la Manif pour Tous. Paris, 31 janvier 2021.

La culture en cadette de ses soucis

Symboles du « quoi qu’il en coûte », 14 milliards ont été débloqués en faveur du domaine culturel en 2020 et 2021. Une telle manne a représenté, pour ces deux années, le double du budget habituel du ministère de la Culture. Cela n’aura pas empêché les acteurs du secteur de se sentir dévastés. Quelques moments d’une politique présidentielle sans fil rouge : œuvres pillées par la France coloniale parfois restituées, patrimoine fétichisé, réparation de Notre-Dame-de-Paris instagrammée et, « en même temps », Samaritaine inaugurée. Reste de ce quinquennat hypercapitaliste affermant l’art au marché, un passe culture de 300 euros pour la jeunesse de 15 à 18 ans, un Institut national supérieur de l’éducation artistique et culturelle, ainsi que le projet d’une Cité internationale de la langue française. Mais d’intelligence et de générosité, point.

Lire l’analyse d’Antoine Perraud

© Photo Sébastien Calvet / Mediapart

Emmanuel Macron lors de la visite de l'exposition Picasso 1931 : Année érotique au musée Picasso à Paris, le 8 octobre 2017.

Justice : un quinquennat de défiance

Le fossé s’est creusé, au fil du mandat d’Emmanuel Macron, entre ministres (Nicole Belloubet puis Éric Dupond-Moretti) et fonctionnaires de la justice, avant d’aboutir à une mobilisation massive et inédite de ces derniers en décembre 2021. Les justiciables doivent se contenter d’une des administrations les plus pauvres d’Europe et en sous-effectif chronique. Dans la foulée répressive de ses prédécesseurs, Emmanuel Macron a fait aboutir de nombreuses réformes en matière de justice pénale, pour accroître les pouvoirs de la police et du parquet, créer de nouveaux délits et aggraver les peines existantes. Si les prisons, qui consomment la moitié du budget du ministère selon les syndicats, ont momentanément dégonflé à la faveur du Covid, le nombre de détenus est rapidement remonté au delà du nombre de places disponibles.

Lire l’analyse de Camille Polloni

© Photo Sébastien Calvet / Mediapart

Manifestation des magistrats greffiers et avocats à Paris, le 15 décembre 2021.

Cannabis : dépénalisation douce, répression forte

En 2017, le candidat Macron croyait à « une forme d’efficacité » de la dépénalisation de la consommation de cannabis, que son quinquennat n’aura pas permis de vérifier. Au lieu de quoi, c’est une amende forfaitaire délictuelle qui a été mise en place en septembre 2020. La consommation de cannabis est désormais punie de 150 euros à 450 euros d’amende, avec inscription au casier judiciaire. En un an, environ 100 000 amendes ont été distribuées. La lutte contre les trafics, censée être dopée par la création de l’Office anti-stupéfiants (Ofast), a connu en 2021 des résultats stables par rapport à 2019, malgré la volonté affichée par le très répressif ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin. Et c’est au contraire la France qui a été condamnée par l'Union européenne pour sa politique d’interdiction de la vente des fleurs et feuilles de chanvre.

Lire l’analyse de James Gregoire

© Photo Romain Longieras / Hans Lucas via AFP

Le bilan d’Emmanuel Macron sur la question du cannabis reste ambigu.

Cinq ans de cadeaux à l’agro-industrie

C’est simple : le ministère de l’agriculture n’a pris aucune orientation significative en faveur d’un désengagement des produits toxiques, ni aucune mesure concrète pour favoriser les méthodes plus respectueuses des écosystèmes et des emplois. Le glyphosate, interdit chez les particuliers, est toujours autorisé dans les champs. Les néonicotinoïdes, insecticides tueurs d’abeilles, ont ressuscité après l’interdiction prononcée en 2016. Les aides à l’agriculture biologique, via la PAC, ont été réduites. Face aux épidémies successives de grippe aviaire, l’élevage industriel a été privilégié, malgré sa responsabilité en la matière. Enfin, contre les effets climatiques de l’agriculture productiviste, la seule voie mise en avant a été celle des solutions technologiques, vers une sorte d’« agriculture 2.0 ».

Lire l’analyse d'Amélie Poinssot

© Photo Thierry Zoccolan / AFP

La présidente de la FNSEA Christiane Lambert aux côtés du ministre de l'agriculture Julien Denormandie, au salon de l'élevage à Clermont-Ferrand, octobre 2021.