Basée sur des documents confidentiels issus d’un piratage d’Alp Services et obtenus par Mediapart, la série d’enquêtes « Abu Dhabi Secrets » a été menée par les membres du réseau de médias European Investigative Collaborations (EIC), avec Heidi.news et RSI Television (Suisse), «Domani» (Italie) et Daraj (Liban). Nos enquêtes révèlent les opérations spéciales menées par Alp Services pour le compte des Émirats arabes unis : fichage de personnes ou d’organisations, opérations d’influence en ligne, plaidoyers auprès d’élus du Rassemblement national, utilisation de journalistes rémunérés.
Des courriels d’un agent secret émirati montrent l’embarras d’Abou Dhabi sur le traitement par les médias de deux femmes emprisonnées arbitrairement : la princesse Latifa al-Maktoum, fille de l’émir de Dubaï, mais aussi une simple étudiante qui avait été soutenue par l’ONU.
Enquête sur les experts de l’ONU sur le Yémen, instrumentalisation de personnalités opposées au Qatar, tentatives de renseignement et d’influence jusqu’à l’Élysée : les courriels d’un agent secret émirati révèlent les coups tordus d’Abou Dhabi.
À la différence de ses homologues européens, Paris n’a pas réagi aux révélations sur les opérations d’ingérence des Émirats arabes unis. Même silence du côté des directions d’Europe 1, « Valeurs actuelles » et du « Point » concernant les liens de journalistes avec les barbouzes d’Abou Dhabi.
Plusieurs journalistes professionnels sont mentionnés comme « sous-traitants » rémunérés par l’agence du détective Mario Brero pour ses missions au service des Émirats arabes unis. Parmi eux, Louis de Raguenel (Europe 1, ex-« Valeurs actuelles »), mais aussi Ian Hamel, qui collabore notamment avec « Marianne » et « Le Point ».
L’agence de renseignement privée Alp Services a vendu aux services émiratis un projet de guerre totale contre les lobbies du Qatar au sein de l’Union européenne. Mais à part sur son concurrent Avisa, Alp n’a pas découvert grand-chose et s’est vanté d’une influence imaginaire auprès d’élus du RN.
Mediapart révèle qu’une officine privée suisse a envoyé aux services de renseignement d’Abou Dhabi les noms d’un millier d’Européens en les qualifiant, souvent à tort, d’islamistes proches des Frères musulmans. Parmi les victimes de ce fichage absurde figurent Benoît Hamon, Samia Ghali, le CNRS ou La France insoumise.