Le phosphate est essentiel pour la fabrication d’engrais. Sa présence est concentrée dans quelques pays, dont la Tunisie. Avec des prix d’exportation record en 2023, le président Kaïs Saïed a promis de relancer la production des phosphates tunisiens. Mais son extraction, au cœur des luttes sociales du bassin minier de Gafsa depuis l’époque de Ben Ali, n’est pas sans conséquences.
Métlaoui, le 18 novembre 2023. En fonction depuis 1985, la mine de Kef Eddour, située à quelques kilomètres à l’intérieur des montagnes surplombant la ville de Métlaoui, est actuellement l’une des mines du bassin minier de Gafsa les plus exploitées par la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG). Lors du processus d’extraction du phosphate à ciel ouvert, la quantité de résidus est supérieure à celle du minerai extrait. Les déchets s’accumulent ainsi autour de la mine, modifiant le paysage. Quant au phosphate, il est ensuite acheminé vers l’une des laveries du bassin minier, où les roches sont lavées et traitées avec des produits chimiques pour les séparer des impuretés, avant d’être transportées vers les raffineries. Les eaux usées des laveries sont rejetées dans la nature et s’écoulent sous forme de boue polluante le long des gorges de Selja.