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MaMaMa, des « bénévoliaires » pour aider les femmes en difficulté

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L’association MaMaMa s’est lancée pendant le premier confinement avec quelques palettes de biberons et de Blédina, beaucoup de coups de fil et un tweet : « SOS, on a vraiment besoin de couches ». Depuis, cette association dédiée aux mères isolées avec de très jeunes enfants a fait du chemin, distribuant plus de 70 tonnes de colis. Elle veut aujourd’hui sortir de l’incertitude et ne plus dépendre exclusivement des dons.

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    © Isabelle Eshraghi

    Local de l’association MaMaMa à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), 23 août 2021. Je me souviens, c’était l’hiver. @AssoMaMaMa annonçait sur sa page Twitter des portes ouvertes le dimanche 17 janvier 2021 : « Découvrir MaMaMa, devenir bénévole, déposer directement vos dons dans nos locaux. » Je découvris cet immense hangar de 1 400 m2 où des bénévoles s’affairaient entre les stocks et le salon d’accueil des mères accompagnées de leurs nourrissons. Il faisait froid, tout le monde grelottait.

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    © Isabelle Eshraghi
    Une pile de paquets avait retenu mon attention, des donateurs avaient apporté des cadeaux emballés, Noël était passé trois semaines auparavant (photo à droite)…

    L’association MaMaMa a connu une ascension fulgurante : née officiellement le 6 mai 2020, au début de la crise sanitaire, en recevant comme premier don quatre palettes de biberons Mam Baby et 13 tonnes de nourriture bébé Blédina, elle est, 16 mois plus tard, toujours hébergée dans cet entrepôt qui fut tour à tour parking pour les véhicules de propreté de plusieurs communes du 93, salle des fêtes et de mariage, centre d’examen, plateau de production cinématographique.

    Mais pour Magali Bragard, cofondatrice de l’association, un des principaux enjeux est de trouver un local pérenne.

    © Isabelle Eshraghi

    MaMaMa a été créée « par des femmes pour des femmes » par Magali, Marielle, Marguerite et Aïcha (les 3 M et le A de MaMaMa). Amies et bénévoles dans le cadre du suivi téléphonique de la plateforme Covidom à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), elles se sont rendu compte d’une grande détresse. Le problème majeur des mamans qu’elles avaient au bout du fil, c’était d’acheter du lait pour leur nourrisson, le Covid passait ensuite. C’est ainsi qu’elles ont décidé d’y remédier. Le Dr Ghada Hatem, de La Maison des femmes à Saint-Denis, a aussitôt soutenu leur projet et leur a permis de sonner à toutes les portes sous sa recommandation. Toutes bénévoles au sein de l’association, elles y siègent au conseil d’administration et poursuivent par ailleurs leur métier (Magali est photographe ; Marielle, scripte ; Aïcha, pédiatre et Marguerite, business analyste).

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    © Isabelle Eshraghi

    Flora et ses deux fils Yael et Dylan, 24 août 2021. Flora vient pour la deuxième fois : « C’est mon assistante sociale qui m’a conduite ici. Quand je suis venue au mois de mai, Yael avait un mois et demi. J’ai trouvé que l’accueil était très chaleureux, que les gens avaient vraiment le temps pour nous conseiller, nous expliquer certaines choses, c’est très important de voir des personnes aussi aimables. Ça fait plaisir et ça aide vraiment. Avec les couches et le lait, j’ai de quoi tenir un mois. » 

    Flora habite à Villepinte, elle est venue par le RER B et le bus. Dylan l’aide à porter les dons de l’association. Il repart avec de nouvelles chaussures pour la rentrée des classes et des jeux. Le prochain rendez-vous sera le 6 octobre. Elle demande si elle peut téléphoner au cas où elle aurait des besoins avant. « Non, lui répond la bénévole, on ne fait plus ça, car on reçoit beaucoup de demandes, et on traite les demandes chacune son tour, c’est pour la gestion des stocks. Pour avoir un nouveau colis, il faut venir sur rendez-vous. » L’association organise 22 rendez-vous par jour, théoriquement de 30 minutes. Mais, dans la réalité, le temps passé avec les femmes est d’une heure, voire plus. 

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    Assanatou et son bébé Chance, à l’accueil, 24 août 2021. Assanatou repart ravie avec un stérilisateur de biberon. Elle prend son prochain rendez-vous avec Sira, la bénévole. Entre elles, elles échangent en bambara. « Si c’est le matin, tu ne vas pas venir ! » Elles éclatent de rire. Avec la petite, c’est difficile pour la mère de venir le matin. Rendez-vous est pris pour 16 h 30, le 4 octobre. Assanatou a trois filles, une de 14 ans, une autre de 8 ans et Chance, qui a 7 mois. « Les grandes vont à l’école, elles ne sont pas ici, elles sont en Afrique. » La bénévole l’interroge pour savoir si elle pense les faire venir. « Non, pour le moment il n’y a pas de solution, vu qu’on n’a pas de maison, pas de papiers. »

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    © Isabelle Eshraghi

    La salle des mamans, 24 août 2021. Une fois l’entretien terminé, le colis « bébé » remis avec les conseils d’utilisation, les bénévoles proposent aux mamans d’aller dans le vestiaire femmes, pour prendre des vêtements. Émerveillées et avec coquetterie, elles choisissent avec soin comme dans une vraie boutique. La quantité par personne est limitée à deux hauts, deux bas, un manteau, deux slips, deux soutiens-gorge, une paire de chaussures et des chaussettes. Il y a même des bijoux, c’est tout nouveau. Au tout début de l’association, Magali, l’une des cofondatrices, se souvient d’un fait qui l’avait marquée : « La première fois que l’on a eu un don de sous-vêtements, de la marque Etam, on les a proposés dans le vestiaire. Certaines femmes les mettaient tout de suite sur elles, c’était du luxe d’avoir du neuf, elles étaient super contentes ! »

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    Sira, 37 ans, bénévole, 24 août 2021. Sira aide depuis l’automne dernier. La première fois qu’elle est venue, c’était comme bénéficiaire. « Il faisait froid, il n’y avait pas de chauffage dans ce local. J’étais venue avec une cousine qui venait d’avoir des jumeaux, j’étais assise sur ce canapé. J’ai eu envie de revenir pour aider les autres mamans. » Sira est mère de quatre filles, élever des enfants, elle sait ce que c’est. Elle repère les enfants qui sont en sous-poids et n’hésite pas à donner des conseils aux jeunes mères en leur disant qu’après la tétée, elles peuvent ajouter un biberon, si la mère n’a pas assez de lait maternel et que l’enfant a encore faim. 

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    Apolline, 24 ans, chargée de la logistique, 24 août 2021. Apolline passe plus de temps dans l’entrepôt ou sur les routes d’Île-de-France à conduire le camion mais, ce matin, elle est à l’accueil. À MaMaMa, la polyvalence prime. L’engagement d’Apolline a débuté en novembre 2020 en tant que bénévole pour les distributions du week-end ; durant la semaine, elle suivait un stage dans une entreprise d’ingénierie dans l’aménagement urbain. Il était prévu qu’elle parte en Australie poursuivre ses études. La pandémie a fermé les frontières et Apolline suit, depuis, les cours en ligne de chez elle. « J’ai continué à m’investir chez MaMaMa et je suis en service civique depuis le 15 mars pour 9 mois. J’ai trouvé ici des compétences que je développe et qui me sont bénéfiques. » Apolline gagne 585,62 euros par mois.

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    Le tri des dons par les « bénévolières », 25 août 2021. Cet été, MaMaMa a reçu des centaines de casiers de Manutan, une société de fournitures et d’équipements industriels. Les « bénévolières », comme aime les nommer Magali Bragard, l’une des cofondatrices, trient les dons. Parmi elles, beaucoup de mères isolées. « La durée de bénévolat est variable, certaines viennent plusieurs fois par semaine, d’autres un jour. » « Il y a à peu près 600 personnes qui ont aidé à un moment ou à un autre, de plein de façons différentes, qui ont prêté une voiture, qui sont venues faire du tri, qui nous ont aidées quand on faisait des collectes en supermarché, qui passent des coups de fil pour donner des rendez-vous aux maires, qui nous aident à répondre aux messages sur Facebook. Il y a mille façons d’aider l’association et c’est comme ça que l’on y arrive ! »

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    © Isabelle Eshraghi

    Salomé, 37 ans, et son fils Daniel, 10 mois, 2 septembre 2021. Salomé vit avec son fils dans un hôtel, près de Barbès. Bénévole depuis le printemps dernier, elle vient aider quatre jours par semaine. « Ça me change les idées et me permet de rencontrer de nouvelles personnes. Ici, je fais de tout, l’accueil, le tri, la préparation des colis. » Elle aimerait travailler dans le social.

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    © Isabelle Eshraghi

    Sarah, 41 ans, bénévole, prépare les livraisons pour les PMI (protections maternelles et infantiles), 2 septembre 2021. De retour de vacances en Crète, Sarah (à droite) reprend son bénévolat. Le stock de couches a baissé durant l’été. Luisa (à gauche) ouvre le premier carton des 33 palettes livrées mi-août. « Ça a été super facile de devenir bénévole à MaMaMa. J’ai rempli un formulaire en ligne et j’ai commencé lors des collectes dans les supermarchés de Saint-Denis et de Paris en novembre 2020. » Le premier travail de Sarah, titulaire d’une licence de tourisme, fut «chargée d’assistance médicale” chez Allianz » : « J’aidais à rapatrier des gens qui étaient à l’autre bout du monde. Ensuite, j’ai gravi les échelons jusqu’à devenir responsable des grands comptes banques et assurances. J’avais l’impression de ne pas être au bon endroit. À la suite de mon deuxième congé maternité, j’ai pris la décision de ne pas revenir et de m’orienter vers le monde associatif. Plutôt que de suivre une formation longue, j’apprends ici, sur le terrain. » Bénévole à 100 %, elle vient une fois par semaine au local.

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    Parissa, 40 ans, et Narizah, 9 mois, 2 septembre 2021. C’est la psychologue de la maternité où elle a accouché qui l’a inscrite à MaMaMa, afin qu’elle obtienne de l’aide pour son bébé, son premier enfant. « C’est très cher dans les supermarchés, les pharmacies. Pour une maman qui est isolée et qui ne travaille pas, ce n’est pas facile. » C’est la quatrième fois qu’elle vient chercher un colis et, aujourd’hui, elle a pu venir accompagnée de sa fille grâce à la poussette que lui a prêtée une amie.

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    Parissa, originaire de l’île Maurice, est en France depuis sept ans et a obtenu ses papiers au mois de mai. « Quand ma fille ira à l’école, je devrai travailler. Travailler pour avoir un petit peu plus, comme tout le monde. » Elle ne sait pas comment faire pour trouver du travail, à qui s’adresser.

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    © Isabelle Eshraghi

    Préparation des colis alimentaires pour les enfants, 2 septembre 2021. Sur une grande table, les « bénévolières » préparent les boîtes de lait pour les colis. Chaque sac contient tout le nécessaire suivant les âges. Depuis la création de l’association, 74 tonnes de produits alimentaires ont été distribuées grâce aux dons des entreprises.

    Dans ses chantiers prioritaires pour 2022, MaMaMa veut développer l’insertion grâce au projet de fabrication de petits pots à partir de légumes hors calibre.

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    « Ça nous permettra d’offrir un débouché à une partie des femmes que l’on reçoit, de créer des emplois, de devenir un chantier d’insertion », poursuit Magali. Et quand un bailleur leur demande quel est leur business plan, elles répondent : « Donner gratuitement de l’alimentation de grande qualité à des enfants qui en ont besoin, des produits d’hygiène à des femmes ! Si on a les moyens d’investir pour avoir le bâtiment et la fabrique de petits pots, on compte en distribuer aux bénéficiaires de MaMaMa mais aussi en vendre une partie. Chaque petit pot acheté permettra d’aider d’autres familles. Mais pour tout ça, il faut de la stabilité et des investissements. » À ce jour, elles ne savent pas si à la fin de l’année, elles devront quitter leur local. « Si ça arrive, tout s’écroule. »

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    © Isabelle Eshraghi

    Luisa reçoit Amina, enceinte de 5 mois, et sa fille de 8 mois, 2 septembre 2021. Les rendez-vous permettent aux femmes de parler de plein de choses. Amina (à gauche) a eu son premier rendez-vous pour son deuxième accouchement, à l’hôpital de Gonesse. Inquiète, elle se confie à Luisa : « Mon souci, c’est qu’ils nous déplacent souvent. » Logée en hébergement d’urgence (hôtels, centres, gymnases), elle ne peut rien maîtriser.

    Luisa a étudié la sociologie, elle suit un Master 2 de coopération et développement à l’Institut des hautes études d’Amérique latine. Sa fac à La Plaine Saint-Denis lui a parlé de MaMaMa. Elle y a fait un stage de trois mois et poursuit aujourd’hui en service civique d’un an. Elle se charge d’assurer les rendez-vous des mamans, de tenir le planning des bénévoles et de former les nouvelles. Les plus grandes inquiétudes des femmes accueillies sont le logement, les papiers et l’intégration sociale. « Sans ressources, on ne peut rien faire. Leur seul rôle social, c’est d’être maman. Parfois certaines veulent apprendre le français, elles ne connaissent personne. En tant que migrante, pour avoir un titre de séjour, il faut prouver que tu as travaillé, et sans titre de séjour tu ne peux pas travailler, c’est difficile à surmonter. Celles qui sont dans les situations très difficiles, on les oriente vers La Maison des femmes. » « Le rapport que l’on établit doit être un rapport humain, poursuit Luisa, et pas juste donner un colis. Je suis une personne, et la personne devant moi, c’est un être humain avec une histoire de vie. Elles sont des femmes migrantes, c’est important qu’elles sachent que l’on est là pour elles. »

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    © Isabelle Eshraghi

    Gare de l’Est, à l’inauguration du « Train de la relance », 6 septembre 2021. Magali Bragard échange avec Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, et le préfet de la région d’Île-de-France, préfet de Paris, Marc Guillaume. Magali et Lara ont reçu l’invitation au « Train de la relance » trois jours auparavant. Magali se souvient d’avoir rigolé en lisant le courriel : « Il y avait écrit : “Rendez-vous gare de l’Est voie 6” ! Ça fait tellement comme dans Harry Potter. » Depuis la création de MaMaMa, des personnalités, elles en ont vu, elles ont même été reçues par Jean Castex, le 1er juillet, pour célébrer les 120 ans de la loi du 1er juillet 1901 (relative aux associations). Magali tient à préciser : « Le tout premier qui est venu nous voir, c’est l’ancien maire de Saint-Denis, Didier Paillard [maire de 2004 à 2016 – ndlr]. Il était accompagné de Laurent Russier [maire de 2016 à 2020 – ndlr]. Lorsqu’ils nous ont prêté le local, c’était l’entre-deux-tours des municipales. »

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    © Isabelle Eshraghi
    Au stand de la Mission locale de Paris du « Train de la relance », elles en profitent pour se renseigner sur les embauches. Ainsi ont-elles pu monter un dossier pour un bénévole, Paul (photo à droite), afin d’obtenir des aides à l’embauche des personnes en minima sociaux. La première étape vient d’être acceptée par l’antenne Pôle emploi de Paul. « On ne peut pas fonctionner qu’avec des bénévoles, poursuit Magali. Prendre en compte la précarité des femmes doit concerner tout le monde, parce que c’est une notion de santé publique, la malnutrition des enfants a un impact sur la santé, sur le développement, sur la vie, sur les maladies futures de ces milliers d’enfants. En nous aidant à nourrir correctement ces enfants-là, on gère un problème de santé publique de grande ampleur et ça ne peut pas être simplement sur nos petites épaules de bénévoles. Il faut que l’on embauche des gens, avec des compétences. On veut embaucher des ingénieurs agronomes pour fabriquer les petits pots. Travailler sur de meilleures offres nutritionnelles. » Juste avant de partir, elles ont pu échanger leurs coordonnées avec Faouzia Fekiri, sous-préfète à la relance du Val-de-Marne, et Clémence Choutet, son homologue de Seine-Saint-Denis.

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    © Isabelle Eshraghi

    Centre PMI Henri-Barbusse à Saint-Denis, 7 septembre 2021. MaMaMa travaille avec 70 PMI du 93. Naima Raux dirige une équipe composée d’une sage-femme et de trois puéricultrices qui, lors du premier rendez-vous, repèrent les mamans dans le besoin. Avant l’existence de MaMaMa, explique Brigitte, puéricultrice, la PMI envoyait les mères à l’assistante sociale de la mairie pour obtenir des bons afin qu’elles puissent chercher de l’aide alimentaire à la Croix-Rouge, au Secours catholique ou au Secours islamique France. Durant l’été, quand tout est fermé, elles devaient aller à Paris. « Puis est arrivée MaMaMa, créée avec l’arrivée du coronavirus. Depuis, on peut donner aux mères nécessiteuses. Il suffit de commander sur leur site, l’interface PMI est très simple. En 48 heures ou au plus tard 72 heures, quelqu’un nous appelle et nous annonce qu’il passera. »

    En juin 2020, la PMI commandait six colis par mois. Au mois d’août 2021, c’est passé à 17 colis. Depuis que MaMaMa existe, 12 colis par mois en moyenne sont distribués.

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    Hind, coordinatrice de l’antenne du Val-d’Oise, 8 septembre 2021. Karidjatou, 28 ans, vient pour la première fois chercher un colis avec ses deux filles, Marie, 3 mois et Fanta, 15 mois. Ce matin, Hind, 27 ans, sage-femme à l’hôpital Simone-Veil à Eaubonne, n’est pas de garde, elle vient de finir une vacation en échographie et reçoit dans le hall de l’hôpital. C’est la pionnière de MaMaMa dans le département. Ce jour-là, elle livre le 95e colis, après six mois d’activité dans le Val-d’Oise.

    À la maternité, il était difficile de prendre en charge les femmes en situation de précarité, c’était l’assistante sociale qui devait tout gérer. « Je me suis rendu compte que les dames venaient à la maternité et elles n’avaient rien pour accueillir leur bébé avec dignité, pas de couches, pas de vêtements. J’ai commencé seule en confectionnant moi-même des colis en récupérant des dons. Puis la rencontre avec MaMaMa est bien tombée. J’ai modifié les questions du formulaire afin qu’il soit adapté au kit de maternité, j’ai besoin de savoir par exemple si la mère allaite ou pasEt sans la confiance de mes supérieurs et l’aide de mes collègues de l’hôpital qui me prêtent un petit local pour stocker les dons, ce projet n’aurait pas pu aboutir. »

    © Isabelle Eshraghi

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    © Isabelle Eshraghi

    Lara, 27 ans, chargée de mission, 24 août 2021. Souvent les mamans se perdent, ne trouvent pas l’adresse du local. Lara n’hésite pas à aller les chercher dans la rue. Grâce à la mise en place d’un fonds d’aide spécial de la Fondation des femmes, Lara a pu être embauchée à MaMaMa, c’est la toute première salariée en CDD.

    En novembre dernier, alors qu’elle était au chômage, cherchant à se reconvertir après des études de commerce et un emploi dans une agence de relations presse, elle s’était connectée sur le site de la réserve civique, cherchant une mission de bénévolat d’aide aux femmes. Elle a rencontré Magali en décembre, ont déplacé des palettes ensemble et attendu la réponse des autres cofondatrices, Marguerite, Marielle et Aïcha. « Comme l’asso est récente, on découvre en permanence, j’aime vraiment, et tout ce que l’on fait prend du temps. »

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    Magali, Apolline et Lara, l’équipe de terrain dans le camion de livraison, 24 août 2021. En route vers le garage Renault à Pantin, pour aller chercher un camion de prêt, en attendant que celui qui est tombé en panne rempli du stock de dons (vêtements et de matériel de puériculture) en provenance de l’entrepôt de Meudon soit réparé. « Au début, on n’avait pas de véhicule. Il y a eu le boulanger au coin de ma rue, Mourad, qui nous a prêté sa camionnette, ensuite on a eu Théo, le dog-sitter en confinement qui nous a passé son camion plein de laisses de chiens. On remplissait tous ces véhicules les plus improbables les uns que les autres. L’été dernier, on a eu un Kangoo de la mairie de Saint-Denis complètement défoncé, ensuite un véhicule du patrimoine de la ville de Paris pendant le deuxième confinement. On a eu aussi la Twingo de l’association de tagueurs. On jonglait avec jusqu’au prêt régulier et de qualité des deux camions Renault par la société ALD. »