The Hunter, en salles mercredi 16 février, n'aurait jamais dû être tourné. Mais le bureau de la censure à Téhéran, sans doute convaincu (à tort) de l'imminente défaite de Mahmoud Ahmadinejad à l'élection présidentielle de 2009, peut-être aussi porté par une euphorie «verte» qui gagnait la capitale, a relâché sa garde. Les fonctionnaires du ministère de la culture, pris d'un étonnant accès de laxisme, ont donc autorisé Rafi Pitts à réaliser son quatrième film de fiction, dans les rues de Téhéran et ailleurs, à quelques semaines des «émeutes» de juin 2009. The Hunter est un film rescapé, passé entre les griffes de la censure, jamais encore projeté à Téhéran (même s'il y circule sous le manteau).
Rafi Pitts incarne un veilleur de nuit, tout juste sorti de prison, qui, à la suite d'un drame personnel, va se transformer en tueur (le «chasseur» du titre). Œuvre grise, brumeuse, d'une grande élégance, The Hunter croise les préoccupations sociales du «jeune cinéma iranien» des années 1990 et 2000, avec l'imaginaire du cinéma américain des années 1970 –voir la scène pivot du film, l'assassinat de deux policiers, de sang-froid, sur une autoroute de Téhéran. Dans l'entretien vidéo qu'il nous a accordé (huit minutes, ci-dessus), Rafi Pitts raconte le tournage en forêt, parle de Kennedy et du Caire, et détaille les manières de s'y prendre pour critiquer le régime d'Ahmadinejad.
«The Hunter», film rescapé de l'Iran d'Ahmadinejad
Influencé par le cinéma américain des années 1970, le film de Rafi Pitts, passé on ne sait comment entre les griffes de la censure de Téhéran, sort aujourd'hui en salles. Entretien.
Vidéo réservée aux abonné·es
Enquêtes exclusives, reportages, documentaires, entretiens…
Résiliable en 3 clics
Le lien vers la page a été copié