La lutte contre les réservoirs d’eau artificiels à destination agricole ne cesse de monter en puissance. Le mouvement, qui rassemble syndicats, politiques, associations environnementales, zadistes… a mis en lumière l’accaparement d’une ressource au profit de quelques-uns, mais fait l’objet d’une vive répression. Nos articles, révélations et reportages.
Le procès de neuf personnes poursuivies pour l’organisation de manifestations interdites à Sainte-Soline a dû être suspendu, vendredi 8 septembre, en raison du trop grand nombre de personnes à entendre. Au fil de l’audience, la pression judiciaire est montée, inexorable, sur les prévenus.
Neuf personnes doivent être jugées vendredi, notamment pour l’organisation de deux manifestations interdites contre la mégabassine de Sainte-Soline. L’enquête, consultée par Mediapart, veut démontrer que c’est leur « entêtement » à maintenir le rassemblement qui est responsable des violences et des blessés.
Vendredi 18 août, un « Convoi de l’eau » formé d’opposants aux mégabassines est parti à vélo et en tracteur depuis les Deux-Sèvres pour dénoncer l’accaparement de l’eau par l’agro-industrie. Le cortège, qui sillonnera cinq départements, rejoindra Paris le 26 août pour une action surprise.
Quatre personnes ont été condamnées, jeudi 27 juillet, à des peines de prison à l’issue d’une longue audience sur des faits commis lors de la manifestation contre les mégabassines en mars dernier.
Alors que le niveau de deux tiers des nappes phréatiques en France est sous la normale, Mediapart et le collectif Mémoire vive ont élaboré une cartographie régulièrement mise à jour pour suivre l’alimentation en eau des 165 principales mégabassines françaises et la disponibilité en eau sur leur territoire.
Le rapport des observateurs dépêchés par les ONG pour surveiller la manifestation du 25 mars, durant laquelle 200 personnes ont été blessées, dénonce le recours massif à la force contre des manifestants souvent pacifiques, l’absence de sommation et une entrave aux secours dans au moins un cas.
Six personnes ont été placées en garde à vue, mercredi, accusées d’avoir organisé une manifestation interdite. Parmi eux, des porte-parole des Soulèvements de la terre et de Bassines non merci, mais aussi deux responsables de la Confédération paysanne. Deux autres syndicalistes étaient convoqués en audition libre.
L’étude montre qu’il n’y a tout simplement pas assez d’eau pour remplir les trente mégabassines programmées dans la Vienne. Mais la préfecture ne « valide pas » ce constat objectif car les impacts socio-économiques ne sont pas pris en compte. Un raisonnement par l’absurde qui sape un travail scientifique inédit.
Cette société publique-privée, très discrète, est au cœur du développement contesté des mégabassines en France. La dernière trouvaille d’une structure dont le modèle d’un autre temps reste tourné vers l’irrigation, quitte à aller droit dans le mur.
Grièvement blessée à Sainte-Soline, une jeune femme souffre aujourd’hui d’une paralysie faciale. Le procureur de la République de Rennes a ouvert une enquête pour « violence par personne dépositaire de l’autorité publique ». Elle raconte à Mediapart son calvaire et dit surtout sa colère.
Mediapart a enquêté sur les douze agriculteurs directement raccordés à la mégabassine de Sainte-Soline. Ces exploitants, qui possèdent de grandes surfaces, veulent coûte que coûte maintenir leurs rendements, en répondant aux exigences de l’agro-industrie.
De nombreuses personnes blessées à Sainte-Soline lors de la manifestation contre les mégabassines le 25 mars ont fui les hôpitaux les plus proches par peur de se faire arrêter ou ficher par la police. Le procureur de la République a fait saisir les noms des blessés graves ainsi que les vêtements d’un manifestant hospitalisé.
Clément, journaliste indépendant, a été placé en garde à vue durant 28 heures, après que des gendarmes ont relevé la trace d’un produit marquant sur sa main. À Sainte-Soline, les gendarmes ont fait usage de fusils de paintball dans des conditions troubles.
« À l’air libre » revient sur la manifestation de Sainte-Soline. Dix jours après les violences, observateurs et militants contre les mégabassines demandent des comptes à l’État et au ministre de l’intérieur, qui sera auditionné ce mercredi par la commission des lois de l’Assemblée nationale.
Lucas, étudiant en environnement, était présent à Sainte-Soline le 26 mars. Pour sa première manifestation de ce genre, il en est venu à jeter des pierres sur les gendarmes. Il raconte l’affrontement.
À Sainte-Soline, le ministère de l’intérieur a validé un plan de maintien de l’ordre mortifère, mêlant grenades explosives et repli tactique autour de la bassine, pour, selon un gendarme, « faire apparaître le côté très violent d’une partie des manifestants ».