« Un micro au tribunal » est la première série de podcasts de Mediapart. Alors que la justice ne se donne normalement pas à entendre, la rédaction a été autorisée, à titre exceptionnel, à diffuser des audiences enregistrées. La justice du quotidien y est mise à nu d’une façon inédite.
Tribunal pour enfants de Nanterre, juin 2018. Sara, 18 ans, comparaît pour trafic de stupéfiants. Les faits remontent à deux ans. Elle vivait alors dans la rue. Durant l’audience, son éducatrice témoigne de la volonté qu’elle a de s’en sortir et demande aux juges qu’elle soit placée sous protection judiciaire, n’ayant personne sur qui compter.
Tribunal pour enfants de Nanterre, mai 2018. En détention, Jean, 17 ans, aurait dû sortir il y a deux mois. Mais les foyers rechignent à accueillir ce mineur qui souffre d’hyperactivité. Il se présente menotté au tribunal où il va être jugé notamment pour des casses dans des parkings.
Tribunal pour enfants de Nanterre, mai 2018. Éric, 12 ans, vit chez sa mère. La juge le reçoit avec ses parents qui viennent de divorcer. Un rapport de l’éducateur signale que le mineur encourt des dangers au domicile maternel. La juge va devoir prendre une décision qu’elle annoncera en cours d’audience, sans avoir pu y préparer la famille, faute de temps.
Tribunal pour enfants de Nanterre, mai 2018. Depuis le décès de leur mère, il y a un an, Marie, 31 ans, veille sur son frère, Keny, 12 ans. Le père de Keny étant pour la plupart du temps aux abonnés absents, c’est Marie gère le quotidien, mais dans l’illégalité. Elle est reçue par la juge pour enfants pour que soit trouvée une solution.
Tribunal pour enfants de Nanterre, mai 2018. Sofiane, 14 ans, vient de sortir de garde à vue et va être présenté à la juge pour enfants. Une jeune fille de 13 ans lui a pratiqué une fellation tandis qu’un de ses amis filmait la scène pour la diffuser sur les réseaux sociaux.
Tribunal pour enfants de Nanterre, mai 2018. Mathieu, 17 ans, est dépendant du cannabis. Ses parents ont sollicité la juge pour qu’il soit suivi par un éducateur. Driss, 17 ans, a conduit un scooter sous l’emprise de stupéfiants. À l’issue de sa garde à vue, il passe devant la juge qui doit décider des suites à donner.
Tribunal d’instance de Pontoise, novembre 2017. Au service d’accueil du tribunal, Laetitia vient solliciter un permis de visite pour voir son mari en détention. Au guichet voisin, Ahmed attend que la greffière retrouve sa demande d’effacement des condamnations de son casier judiciaire. Il vient de créer sa société et la perte de son dossier serait catastrophique pour lui.
Tribunal d’instance de Pontoise, décembre 2017. Pour financer une formation qui s’est révélée être une escroquerie, Laetitia, 24 ans, a contracté un prêt au Crédit lyonnais. La banque a saisi le juge afin qu’elle rembourse le montant du crédit ou soit saisie directement sur son salaire. Laurence passe devant le juge pour un emprunt qu’elle a fait il y a 14 ans. Elle doit 3 000 euros à son créancier et ne sait pas comment elle va pouvoir rembourser une telle somme.
Tribunal d’instance de Pontoise, décembre 2017. Une femme, la trentaine, est atteinte de troubles psychiatriques qui ont nécessité sa mise sous curatelle renforcée. Au cours de l’audience, elle fait part de ses difficultés à subvenir à ses besoins, avec les 40 euros qui lui sont alloués par semaine. Lors de l’audience suivante, une jeune femme handicapée vient d’hériter de 27 000 euros de la part de son oncle. Son curateur, qui n’est autre que son père, souhaite récupérer l’héritage.
Tribunal de grande instance de Nanterre, décembre 2018. Les permanences du parquet sont le début de la chaîne judiciaire. Dans un bureau, plusieurs procureurs prennent les appels des commissariats. Les policiers présentent les cas d’interpellations et demandent la suite à y donner. En décembre, le parquet a décidé de mettre un coup d’arrêt aux manifestations lycéennes. Bilan : un lycéen est poursuivi pour jet d’œuf, un autre pour avoir dit dans un mégaphone : « C’est la révolution, on va tout brûler. »