Si la question des disparus du régime est un enjeu majeur de justice transitionnelle pour la Syrie, qu’en est-il de ceux qui ont disparu aux frontières de l’Europe ? La diaspora veut se faire entendre des nouvelles autorités syriennes et pousser les États européens à agir.
En octobre 2024 avait lieu l’un des pires naufrages impliquant des exilés dans la Manche. Malgré la création d’une cellule d’identification, neuf corps retrouvés sur le littoral n’ont toujours pas été formellement identifiés. En Syrie, Mediapart a rencontré l’une des familles sans nouvelles de leur proche.
C’est un décompte inédit révélé par Mediapart : entre 2020 et 2024, au moins 46 exilés qui voulaient rejoindre le Royaume-Uni ont disparu le long du littoral nord de la France ou en Manche sans que l’on retrouve leur corps. Une disparition par mois, dans le silence assourdissant des autorités.
Tous espéraient pouvoir poser leurs valises en Europe et construire un semblant de vie normale. Ils venaient d’Érythrée, d’Afghanistan ou du Soudan, et ont disparu en tentant de traverser la Manche. Contre l’oubli, Mediapart publie leurs noms et retrace l’histoire de six d’entre eux.
Procédures interminables, manque de coordination entre les services de police, absence de partage d’informations avec les proches : l’identification des corps d’exilés anonymes retrouvés sur les côtes de la Manche reste très laborieuse. Et repose essentiellement sur le travail des associations.
Officiellement, le 23 octobre, trois exilés ont trouvé la mort dans la Manche. Mais treize personnes restent portées disparues, ce qui pourrait en faire le pire naufrage de l’année, dans le secteur. Leurs proches restent en attente d’un corps, et de réponses de la part des autorités françaises.
La Bulgarie vient de valider un ordre d’expulsion vers l’Arabie saoudite du défenseur des droits humains, opposant politique et journaliste, Abdulrahman al-Khalidi. « Je suis profondément blessé et humilié par la façon dont je suis traité par les autorités bulgares », réagit-il depuis sa prison.
Un zodiac transportant une vingtaine d’exilés a été volontairement percuté par un bateau de plaisance fin septembre, à Grand-Fort-Philippe, dans le Nord. Les forces de l’ordre, présentes lors des faits, sont accusées d’inaction, dans un contexte de fortes tensions à la frontière franco-britannique.
C’est un embarquement qui a tourné au drame, début mars dans le Nord, sous les yeux de policiers voulant empêcher un groupe d’exilés de prendre le départ. Le Syrien reste introuvable, mais les autorités ont conclu à l’absence de disparition. Ses proches veulent savoir.
Sa femme et sa fille réclament l’exhumation de cet exilé d’origine kurde installé en France, interpellé lors d’un séjour en Belgique et décédé en cellule d’isolement, dans des circonstances troubles, alors que la France refusait son retour sur le territoire.
Le ministère des armées a signé un marché avec l’entreprise SeaOwl, qui fournit, depuis le printemps, deux bateaux pour des missions de sauvetage au large de Dunkerque et de Calais. Une première. D’après nos informations, des questions émergent autour de la formation des équipages et des performances des navires.
L’association Aeré pour les réfugiés, dirigée par une responsable du Conseil pour l’Afrique d’Emmanuel Macron, se vante de « résultats extraordinaires » en termes d’intégration. Mais les alertes sur sa gestion se multiplient, alors qu’elle a déjà encaissé 1,7 million d’euros de fonds publics.