Livres

Poète urbain devenu romancier pyrotechnique, Paul Beatty est enfin traduit en français

Contrairement aux apparences, il faut parfois attendre longtemps avant qu'un excellent auteur américain soit finalement traduit en français. C'est le cas de Paul Beatty, l'une des figures de la nouvelle scène littéraire africaine-américaine dont l'extraordinaire troisième roman, Slumberland, paraît en cette rentrée.

Sylvain Bourmeau

On a beau avoir l'agent le plus puissant de la planète, être publié par les meilleurs éditeurs, salué par les journaux les plus influents, écrire en anglais et être détenteur d'un passeport américain: on n'est pas automatiquement traduit en français. Cette petite histoire, somme toute pas si rare, pour mieux souligner les limites de ce que certains dénoncent comme la mondialisation-merchandisation de la littérature, évoquant parfois l'avènement d'une world fiction qui écraserait tout sur son passage. Il existe donc d'excellents auteurs US encore inconnus ici, en dépit du nombre considérable de traductions ici de livres écrits et publiés là-bas – au bas mot les deux tiers des romans étrangers qui paraissent en cette rentrée. C'est à la fois une mauvaise et une bonne nouvelle. Mauvaise tant il est rageant de voir de si bons livres ne pas traverser l'Atlantique quand les mauvais prolifèrent plus vite que les algues vertes. Bonne car cela signifie qu'il en reste encore à véritablement découvrir, comme cet impressionnant Paul Beatty, dont le maniement pyrotechnique de l'anglais et du sens de l'humour l'ont probablement conduit à nous être si longtemps interdit.

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